AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,26

sur 78 notes
Jean Rolin est un auteur selon mon coeur, mais en parler s'avère compliqué. J'ai lu Les événements et La ligne de front, et aussi La traversée de Bondoufle et le pont de Bezons (curieusement je ne le trouve pas sur Goodreads, pourtant je m'en souviens...); Ces deux derniers narrent les pérégrinations de l'auteur en région parisienne, dans des coins que je ne visualise pas du tout du tout, mais Myriam, qui semble être la régionale de l'étape, en parle ici et là. D'ailleurs je sens la fan de Jean Rolin, puisqu'elle a parlé de ce Traquet kurde ici.

La bestiole, d'abord. Pas très gros, et dans les 15 cm. (En fouinant sur internet pour dégoter des photos libres de droits, j'ai découvert tout un monde de fanas d'oiseaux, qui les traquent partout et notent tout, lieu précis, etc.)

"Perché sur la crête d'un long affleurement rocheux, un oiseau qu'à ses joues noires, son dos bige, son sourcil blanc et son ventre également blanc, mais distinctement teinté de roux à la base de la queue, celle-ci noire et blanche une fois déployée, nous avons reconnu sans risque d'erreur comme un spécimen de traquet kurde, le premier qu'il m'ait été donné de voir dans la nature."

Jean Rolin est un ornithologue averti, bien équipé pour les observer et les photographier, ce qui pourrait donner lieu à des incompréhensions.

Oui, car dans Traquet kurde, il y a kurde, et notre auteur muni de jumelles a traîné ses chaussures et son matériel dans des zones pas tellement tourist-friendly. Gare aux mines le long du chemin, gare aux militaires sourcilleux. Mieux vaut posséder un guide ornithologique pour les amadouer.

A part l'équipée chez les kurdes, l'auteur nous dit tout sur ce Traquet, découvert par deux ornithologues, Hemprich et Ehrenberg, au cours du 19ème siècle. Mais dans ce livre on croise du beau monde, Lawrence d'Arabie, Philby le père de l'espion, Thesiger et un certain Richard Meinertzhagen. Soldat britannique, officier des renseignements et ornithologue (oui il semble que ces caractéristiques vont bien ensemble), et soupçonné de vol et de fraude. Sur les oiseaux! On parle d'une époque où s'intéresser aux oiseaux de près impliquait de leur tirer dessus et de les ramener dans un musée.

Bien évidemment pas besoin de s'intéresser à fond à l'ornithologie pour apprécier ce livre, heureusement, grâce surtout à l'humour très second degré et aux remarques de Jean Rolin.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
Commenter  J’apprécie          20
Si vous aimez les récits structurés, ordonnés, passez votre chemin !
Tout le charme et le plaisir de la lecture de ce petit livre se trouve justement dans la digression, les chemins détournés. Chaque chapitre est une nouvelle surprise avec comme fil rouge ce petit passereau, le traquet kurde dont l'observation incongrue au sommet du Puy de Dôme permet à Jean Rolin une chronique journalistique (un récit de voyages, je ne sais comment le qualifier...) surprenante, érudite, sur un ton pince-sans-rire alternant parfois avec des instants de poésie pure.
Vous irez du muséum ornithologique de Tring en Angleterre, en passant par l'île d'Ouessant, du Rub-al-Khali dans la Péninsule arabique à Villedieu-les- Poêles chez un pépiniériste d'origine Kurde ; vous voyagerez à travers le temps dans l'empire colonial britannique en compagnie de militaires férus d'ornithologie et d'espionnage puis vous rendrez, sur les traces de l'auteur dans le Kurdistan sous la menace de l'Etat islamique et de la répression perpétuelle de la Turquie pour finir sur la côte Mauritanienne, au banc d'Arguin en écoutant le chant étrange du sirli du désert.
Vous croiserez un célèbre ornithologue britannique mythomane, falsificateur, voleur et probablement meurtrier, ainsi que l'auteur des Sept Piliers de la Sagesse., son compatriote et adversaire St. John Philby, espion et père d'espion, arabophile et explorateur mais aussi un évêque de l'Eglise syrienne-orthodoxe dans une forteresse-monastère proche de Mossoul, et enfin un prêtre français, grand résistant ayant débarqué en Normandie avec le commando Kieffer et devenu lui aussi un grand ornithologue sur le tard.
Un vrai coup de coeur à lire et à relire en compagnie du chant des oiseaux...
Commenter  J’apprécie          20
Pantoise je suis car je ne m'y attendais pas. Je ne m'attendais pas à un récit aussi éparpillé, désordonné, bancale je dirais. Il va dans tous les sens, vole et virevolte comme un oiseau déboussolé. On le suit par curiosité, on l'observe par fidélité et on finit par être étonné. Bon sang mais où va cet oiseau? Que fait-il? Pourquoi s'agite-t-il tant? Pourquoi ne vole-t-il pas droit? On ne le sait guère et il en va de même pour le récit. le traquet kurde est censé être au coeur de ses pages mais à l'instar du narrateur qui peine à le rencontrer au Sud du Kurdistan (Kurdistan dit irakien), on désespère de ne jamais le percevoir dans ce livre. L'auteur préfère nous raconter le passé trouble d'un ornitologue anglais du siècle passé; se plait à nous parler des activités obscures de certains ornitologues qui sont souvent militaires et/ou espions en pays étrangers; écrit une excursion sur l'île d'Ouessant ou le continent africain.... autant de sujets qui peuvent intéresser mais qui finissent par interroger; mais quel rapport avec le sujet? Je réfléchis encore.

Alors, vous êtes prévenus; si comme moi, influencée par le titre et la quatrième de couverture, vous cherchez le traquet kurde, vous serez déçue de ne le trouver que vers la fin du récit car c'est en fin de parcours, en quelques pages seulement, que l'auteur aborde le sujet. Et je ne peux dire que l'attente en valait la peine. Si. Un peu, sans doute car l'auteur raconte tout de même le Kurdistan mais dans la mesure où je m'attendais moi à ce qu'il en parle davantage, tout au long du récit en fait, je ne peux pas dire que j'ai été grandement satisfaite.

Bref, passez votre chemin si vous n'avez pas l'âme d'un ornitologue mais lisez si vous voulez découvrir un objet littérature loufoque car non identifié.
Commenter  J’apprécie          60
Je termine ce petit bouquin mais reste sur ma faim... L'écriture est belle même si la longueur des phrases toutes en circonvolution rend la compréhension du récit parfois (souvent) très difficile.
L'auteur prends comme point de départ, la découverte d'un oiseau migrateur (le Traquet kurde) exceptionnellement observé en France en 2015. L'auteur part donc à la recherche de ce petit oiseau au travers de la littérature (il nous parle de ces militaires/ornithologues/explorateurs qui ont marqué l'histoire) et sur le terrain jusque sur ses terres de nidification (Irak-Syrie-Turquie). Je vais mettre quelques étoiles pour cette très belle recherche documentaire. Mais il va falloir que je relise ce livre... je n'arrive toujours pas à voir où voulait en venir l'auteur... comme ces 2 derniers chapitres traitant de Dakar et du Banc d'Arguin qui clôture le livre d'une bien étrange manière sans aucun lien avec le Traquet kurde.
Commenter  J’apprécie          00
Autant le dire tout de suite, j'ai adoré « Le traquet kurde » de Jean Rolin ! Je n'ai pas lu tous les livres de cet auteur prolifique mais dans celui-ci on retrouve bien la manière de l'auteur.
Tout part d'un fait qui pourrait paraître négligeable à tous mais pas à Jean Rolin : on repère sur le Puy de Dôme un oiseau qui n'a rien à faire là , un traquet kurde donc.
A partir de cette anecdote, l'auteur fait voyager son lecteur dans le temps et dans l'espace, ce qui est me semble-t-il une part significative du rôle de la littérature, n'est-ce pas ? Autre caractéristique très importante de ce livre : il est écrit par un journaliste c'est-à-dire quelqu'un de curieux et qui s'intéresse aux gens que son enquête l'amène à rencontrer. Plus qu'une enquête à vrai dire, c'est une véritable quête qui habite l'auteur de ce livre puisqu'il se déroule principalement et pour une part dans un musée ornithologique anglais et pour une autre part au Kurdistan, aussi bien en Irak qu'en Turquie. Ah oui, parce que l'auteur s'est mis dans la tête, et par la même occasion dans la mienne, d'observer ce petit oiseau, le traquet kurde, dans son habitat naturel au Kurdistan.
Faisant montre d'un savoir ornithologique impressionnant, l'auteur multiplie les références à des ouvrages savants et des revues spécialisées. Ces rencontres livresques et surtout humaines fournissent la matière à beaucoup de notations, sérieuses aussi bien que loufoques ou humoristiques. Mais il ne faut pas s'y tromper, derrière cet humour pince-sans-rire, c'est l'histoire qui apparaît : celle du Moyen-Orient au cours de la dernière centaine d'années et le rôle qu'y ont joué la France, un peu, la Grande-Bretagne, beaucoup et des personnages aussi intéressants que T.E.Lawrence ou les Philby, père et fils.
Comme pour mes précédentes lectures de livre de Jean Rolin, j'ai apprécié la construction et l'écriture, faite de beaucoup de parenthèses, de digressions, de descriptions minutieuses et de renvois savoureux.
Recommandé !
Commenter  J’apprécie          60
Certains grands pontes de l'ornithologie britannique se servent de leur passion pour couvrir leurs activités d'espionnage. Jean Rolin se sert de cette même passion enfantine pour assouvir une obsession de l'obsession, en témoigne cet extrait – lorsque l'auteur a 12 ans : « Je tenais alors un agenda de très petit format, à couverture rouge, dans lequel je consignais jour après jour les faits qui me paraissaient importants. Ainsi, dans les premiers mois de l'année 1961, ai-je noté à la date du vendredi 27 janvier : «M. et Mme Ponchardier et M. de Fornel se sont écrasés en avion », à celle du lendemain : « Olivier (mon frère) à pêché deux poissons-trompettes » (avec entre parenthèses les mensurations de ces derniers, 90 cm et 1,10m), à la date du 3 avril : « les fêtes de l'Indépendance ont commencé (...), 4 jours plus tard : « j'ai approché un singe à 7 mètres » (quels que soit les instruments dont je disposais pour mesurer avec une telle précision la distance me séparant du singe). »
Une passion de l'observation ici comblée avec la myriade de trouvailles qui accompagnent la traque du passereau, de tout ce que 25 grammes de traquet peuvent générer d'intrigues, de ruses, d'associations d'idées et de faits, de sorte que voir l'oiseau c'est aussi scruter autant que décrire son invraisemblance depuis le sommet du puy de Dôme jusqu'au tréfonds des tiroirs du British Museum, où ce que l'on observe n'est pas rigoureusement ce qui est conservé. En ce sens, Jean Rolin révolutionne la fiche d'observation scientifique. le tout avec un humour racé - qui est encore un camouflage, avec des plumes ?
Commenter  J’apprécie          20
Le style tout en digressions et circonvolutions confère un charme suranné à ce petit roman-reportage-essai-autobiographie (on ne sait pas très bien au juste de quoi il s'agit, même après avoir refermé la dernière page).
On découvre, si on ne le savait pas, que certains naturalistes du début du XXe siècle confondaient études des animaux et boucherie...
En partant sur les traces du traquet kurde, avec force érudition, Jean Rolin rend en effet un hommage cynique à ces hommes qui massacrèrent des populations d'oiseaux pour s'illustrer et enrichir les collections des particuliers et des muséums au nom de la science.
Comme le parcourt édifiant de ce militaire anglais qui laisse sans voix. Un parangon de bêtise humaine (mégalomane, mythomane, raciste) qui semble avoir choisi l'ornithologie pour assouvir sa soif de possession, de reconnaissance et de pouvoir. L'ego, toujours l'ego... et pauvres oiseaux !!!
Puis le récit prend du recul et devient une métaphore de la guerre et de l'exode avant revenir sur la piste du traquet au Kurdistan.
Au final, un livre qui laisse peu de place à l'espoir tant on ne voit que les aspects cruels de l'espèce humaine (L'espoir, cependant, transparaît en filigrane, avec la résilience du reste de la nature) et qui finit "en eau de boudin" !
Un peu trop démoralisant pour moi, malgré la qualité de l'écriture.
Commenter  J’apprécie          60
Texte inclassable s'il en est, le Traquet kurde est bien loin de ce à quoi je m'attendais. Il s'agit au départ de l'observation par un ornithologue amateur d'un petit oiseau au sommet du Puy -de Dôme. Jean Rolin, ornithologue dans l'âme , relève le fait; Que venait donc faire ce Traquet kurde aussi loin de son habitat naturel à la frontière turco-irakienne..
Jean Rolin mène l'enquête. D'abord il nous présente les ornithologues prestigieux du XXè siècle en particulier le sulfureux Richard Meinertzhagen prêt à tout pour enrichir ses collections. de page en page, de lieu en lieu nous le retrouvons à la frontière en pleine guerre. L'observateur des oiseaux observe aussi les hommes.
Choisi une fois encore pour valider un challenge ce texte comme d'autres m'a surprise, intriguée et fort intéressée. N'est-ce pas là l'essentiel?
Commenter  J’apprécie          250
C'est au Moyen-Orient que Jean Rolin nous transporte cette fois-ci, sur les traces du traquet kurde : un oiseau qui, comme le suggère son nom, ne se rencontre que dans les régions kurdes, et plus particulièrement en Irak et en Turquie.

C'est l'anecdote d'un ornithologue amateur qui croise un traquet kurde en France qui semble donner prétexte à ce voyage à travers l'espace et le temps, à la suite des ornithologues les plus célèbres qui parcoururent le Moyen-Orient pour observer les oiseaux qui les peuplent.

Quand les oiseaux font l'histoire
Amateurs de descriptions et de nature, ce livre est fait pour vous ! le lecteur suit tout un narrateur qui utilise la première personne du singulier et dont on ne connaîtra jamais le nom. Il nous conte les aventures des plus grands ornithologues de l'histoire, leurs découvertes, mais aussi leurs tricheries. Et c'est à Richard Meinertzhagen que s'intéresse le plus le narrateur : ce colonel britannique, reconnu dans le monde de l'ornithologie et ayant fait don de toute sa collection d'oiseaux au Museum d'histoire naturelle britannique, est accusé d'avoir volé des oiseaux et d'avoir falsifié les dates et lieux de leur découverte pour se les attribuer.

Le narrateur se sert de nombreux ouvrages rédigés dans les dernières décennies pour étayer son propos, et offre au lecteur une multitude d'anecdotes croustillantes sur la vie de cet homme : ses exploits militaires qui semblent largement exagérés, ses amitiés avec des personnages célèbres en grande partie inventées, ou encore ses prouesses ornithologiques. Et chacune des ces anecdotes est l'occasion pour le narrateur de décrire amplement les décors des voyages de Meinertzhagen, ainsi que les oiseaux qu'il observe. On sent même poindre une forme de fascination pour ce personnage qui semble avoir construit toute sa vie et sa réputation sur des mensonges.
Lien : http://untitledmag.fr/traque..
Commenter  J’apprécie          30
Mince ouvrage (171 p) qui commence légèrement comme la vingtaine de grammes de ce petit oiseau et qui raconte la traque de ce passereau improbable en Europe occidentale,  originaire du Kurdistan rappelant l'actualité quand les images du siège de Kobané occupait les journaux télévisés. 

Le narrateur, un ornithologue amateur, intrigué commence sa recherche en Angleterre dans la collection ornithologique du British Museum et y croise les souvenirs d'un étrange personnage Meinerzhagen qui deviendra, plus que l'oiseau, le sujet principal du roman. 


Meinerzhagen, savant et espion, tricheur mais ornithologue réputé fait partie de toute cette compagnie de britanniques, entre Egypte et Route des Indes, qui ont intrigué dans les sérails et les congrès autour de la Première Guerre mondiale. Archéologie et ornithologie étaient des couvertures parfaites pour les Services Secrets. On y croise T E Lawrence, Philby espions de père en fils, les plus connus, mais aussi Thesiger que je ne connaissais pas. Les 100 premières pages du Traquet kurde font penser aux romans anglais, entre Somerset Maugham et Durrell avec ironie, légèreté et humour british. Je me suis régalée de leurs aventures dans un Proche Orient qu'on explorait avec la bénédiction des souverains, ou clandestinement, selon....et dont les mission menaient les savants jusqu'en Espagne pendant la Guerre civile, puis en Allemagne. 

Abandonnant ces espions-ornithologues qui ont offert les dépouilles des oiseaux au British Museum, le narrateur arrive en Irak et cherche son oiseaux au Kurdistan irakien puis en Turquie. La légèreté n'est plus de mise quand il raconte les dévastations de la guerre, les populations sur les routes de l'exil. Randonnée hasardeuse dans les montagnes kurdes : l'oiseau a une préférence pour les altitudes élevées. La piste est abandonnée, peut-être minée mais rien ne décourage l'ornithologue, il note les espèces rencontrées et poursuit sa quête du Traquet. En route, il rencontre aussi des hommes dont un évêque syro-orthodoxe dans un monastère suspendu au- dessus de la plaine dominant Mossoul. Avec ses jumelles, on pourrait le prendre pour un espion....

Curieux contraste entre les deux parties du livre, et pourtant une parfaite cohérence, une lecture agréable. Un livre qui fait voyager. 






Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (172) Voir plus



Quiz Voir plus

Les titres de Jean Rolin

Chemins...

...de terre
...d'eau
...de feu
...d'air

10 questions
7 lecteurs ont répondu
Thème : Jean RolinCréer un quiz sur ce livre

{* *}