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Citations sur Vie de Tolstoï (16)

Tolstoi étudie les divers systèmes pédagogiques.
L’école spontanée, par opposition à l’école obligatoire, qu’il regarde comme néfaste et niaise, voilà ce qu’il veut fonder, ce qu’il essaye, à son retour à Iasnaia Poliana. Son principe est la liberté. Il n’admet point qu’une élite, « la société privilégiée libérale », impose sa science et ses erreurs au peuple, qui lui est étranger. Elle n’y a aucun droit. Cette méthode d’éducation forcée n’a jamais pu produire, dans l’Université, « des hommes dont a besoin la société dépravée : des fonctionnaires, des professeurs fonctionnaires, des littérateurs fonctionnaires, ou des hommes arrachés sans aucun but à leur ancien milieu, dont la jeunesse a été gâtée, et qui ne trouvent pas de place dans la vie : des libéraux irritables, maladifs ». Au peuple de dire ce qu’il veut ! S’il ne tient pas « à l’art de lire et d’écrire que lui imposent les intellectuels », il a ses raisons pour cela : il a d’autres besoins d’esprit plus pressants et plus légitimes. Tachez de les comprendre et aidez-le à les satisfaire ! (Page 49)
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Vie de Tolstoï (1911)

Il faut commencer par dire que l'écrivain Romain Rolland est brillant, c'est un esprit supérieur, son amitié est indéfectible, il est le personnage (littéraire) en vue en France et même au delà au tournant du 20e siècle. Il est honni des milieux de la droite classique et alors réactionnaire, avant grande guerre et surtout après. C'est un pur produit de la République (normalien, agrégé ..), issu de famille de notaires et de paysans (pas pauvres), Son Jean-Christophe, roman fleuve lui assure la célébrité. Son socialisme est généreux ..

Dans la France de 2020, patatras, qui se reconnaît en lui ? Parfois "Qui c'est celui-là ?". Non ce n'est pas patatras, sa lente érosion ne date pas d'hier, pourquoi ses nombreux livres lui survivent à peine, à part sa correspondance avec Stefan Zweig, à part ce Vie de Tolstoî qui est une référence quand on étudie Tolstoï ..
La droite l'a vite enterré. Il semblerait incarner une gauche béate, chimérique qui a fait flop, qui promet la lune et la paix des races et qui se retrouve avec la mine enfarinée devant un champ de ruines.
A un séminaire sur Tolstoï en 2017 animé par Jean-Marie Rouart, à une question (presque'immanquable) sur l'idée d'associer les amicales de Roman Romain et de Tolstoï à la faveur de tel événement, l'académicien répondit avec le délicieux humour et le discernement qui le caractérisent : "Oh ! Grand dieu, ne faites pas ça ..et de rappeler la "félonie" du français sur les choses de Staline ..Ce serait une honte et trahir la mémoire du géant Tolstoï" ..
Dans son livre anthologique (de JM Rouart) Ces amis qui enchantent la vie, Romain Rolland n'y figure pas.
Dans son livre Histoire de la Littérature de langue française de 1985, Pierre de Boisdeffre ne fut pas tendre avec notre auteur en question : " Etoiles éteintes qui ne nous envoient plus qu'une froide lumière"
Peut-être que Romain Rolland est mort incompris avec sa foi révolutionnaire par dessus, perso je n'ai pas envie d'en rajouter à ce chapitre, je préfère regarder du côté de cette amitié qui liait Romain Rolland à Tolstoï qui fut couronnée par ce livre Vie de Tolstoï. Pas de chance, ce livre fut publié en 1911, c'est Tatiana la fille de Tolstoï qui va répondre pour son père mort un an plus tôt à Romain Rolland..

Tolstoï au tournant du siècle est alors le romancier le plus célèbre au monde, il a déjà conquis les Etats-Unis, il est vieillissant, il écrit, écrit à Iasnaïa Poliana, à Moscou, défend des causes humanistes .. est bien entouré, de biographes et de secrétaires très dignes et exceptionnels, de médecins, se dépètre de ses disciples tolstoïens parfois bien envahissants, il connaît des problèmes de santé, il renonce à des voyages à cause de cette santé parfois déficiente, il est demandé de partout, visité comme une pièce rare de gens du monde entier, parfois rasoirs. Il fait du tennis, monte à cheval, l'extravagance de sa vie est au maximum. Lui qu'on dit abusivement avoir renoncé à la littérature, à la fiction qu'il dénonce - mais est-ce bien raisonnable de l'entendre - conserve caché son Diable, trouve le moyen d'écrire à 75 ans son roman exalté le plus pur, le plus maîtrisé où la femme toujours la femme obsédante est toujours présente : Hadji Mourat ! .. Quand il est séparé de Sophie au bout de quelques jours , il lui envoie des lettres d'amour (au bout de 40 ans de mariage), ça change un peu des versions de couple impossible, de couple qui s'entre-déchire comme Taylor Burton qu'on retrouve dans les journaux..
Ca change surtout de l'ami transi qui se joint parfois à la fête, l'ami français qui dans Vie de Tolstoï regarde le point de vue de Sophie avec distanciation !..

Si Romain Rolland brille dans les années 1900 de toute son aisance et de sa générosité humaniste, pacifiste sur l'intelligentsia française, qui va lui valoir le Nobel de 1915, au plan personnel, il divorce d'avec sa femme, il écrit énormément, il y trouve une forme de sacerdoce, il voyage beaucoup, cultive sa différence et comme signe distinctif qu'il fait valoir à tout le monde il est l'ami de Tolstoï et correspond avec lui, c'est un honneur immense pour Rolland qui voue une admiration sans bornes à ce prophète à la barbe blanche issu des frimas, c'est-à-dire pas comme lui, qui tient des discours singuliers auxquels il semble s'accrocher comme contre mauvaise fortune bon coeur. De la dénonciation du socialisme par la Maître de Iasnaïa Poliana, de son rejet de l'Eglise orthodoxe mais pas du message originel du Christ, de l'oeuvre littéraire de Tolstoï qui a tant glorifié la femme, la femme obsédante, Rolland semble traduire tout ça en amitié aveugle dans une forme d'allégresse proche du mysticisme
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Je suis preneur les yeux fermés de cette citation de Romain Rolland :
Ivan Iliitch est le représentant de cette bourgeoisie européenne de 1880, qui lit Zola, va entendre Sarah Bernhardt, et, sans avoir aucune foi, n'est même pas irréligieuse : car elle ne se donne la peine ni de croire ni de ne pas croire, - elle n'y pense jamais.
Aoùt 1928
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Je crois qu’à cette heure précise commence la grande révolution, qui se prépare depuis deux mille ans dans le monde chrétien , — la révolution qui substituera au christianisme corrompu et au régime de domination qui en découle le véritable christianisme, base de l'égalité entre les hommes et de la vraie liberté , à laquelle aspirent tous les êtres doués de raison.
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La vérité est horrible.... Sans doute, tant qu'existe le désir de la savoir et de la dire, on tâche de la savoir et de la dire. C’est la seule chose qui me soit restée de ma conception morale. C’est la seule chose que je ferai, mais pas sous la forme de votre art. L’art, c’est le mensonge, et je ne peux plus aimer le beau mensonge.
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Pourtant je croyais en quelque chose. En quoi? Je ne pourrais le dire. Je croyais encore en Dieu, ou plutôt je ne le niais pas. Mais quel Dieu? Je l'ignorais. Je ne niais pas non plus le Christ et sa doctrine; mais en quoi consistait cette doctrine, je n aurais su le dire.
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Il passait par ce qu’il nomme « le désert de l’adolescence ». Désert de sable, où souffle par rafales un vent brûlant de folie. Sur cette période, les récits d’Adolescence et surtout de Jeunesse sont riches en confessions intimes. Il est seul. Son cerveau est dans un état de fièvre perpétuelle. Pendant un an, il retrouve pour son compte et essaie tous les systèmes. Stoïcien, il s’inflige des tortures physiques. Épicurien, il se débauche. Puis, il croit à la métempsycose. Il finit par tomber dans un nihilisme dément : il lui semble que s’il se retournait assez vite, il pourrait voir face à face le néant. Il s’analyse, il s’analyse....
Je ne pensais plus à une chose, je pensais que je pensais à une chose....
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L'art et vie sont unis. Jamais oeuvre ne fut plus intimement mêlée à la vie; elle a presque constamment un caractère autobiographique; depuis l’âge de vingt cinq ans, elle nous fait suivre Tolstoï, pas à pas, dans les expériences contradictoires de sa carrière aventureuse. Son Journal, commencé avant l’âge de vingt ans et continué jusqu'à sa mort, les notes fournies par lui à M. Birukov, complètent cette connaissance et permettent non seulement de lire presque jour par jour dans la conscience de Tolstoï, mais de faire revivre le monde où son génie a pris racine et les âmes dont son âme s’est nourrie.
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L'influence personnelle de la comtesse Tolstoï fut précieuse pour l'art. Bien douée littéralement, elle était, ainsi qu'elle dit, "une vraie femme d'écrivain", tant elle prenait à coeur l'oeuvre de son mari. Elle travaillait avec lui, écrivait sous sa dictée, recopiait des brouillons". Elle tâchait de le défendre contre son démon religieux, ce redoutable esprit qui soufflait déjà, par moments, la mort de l'art. Elle tâchait que sa porte fût close aux utopies sociales. Elle fit plus : elle apporta à ce génie la richesse nouvelle de son âme féminine. A part de joiles silhouettes dans Enfance et Adolescence, la femme est à peu près absente des premières oeuvres de Tolstoï, ou elle reste au second plan. Elle apparaît dans Bonheur Conjugal, écrit sous l'influence de Sophie Bers.
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Surtout, ce que Tolstoï ne pardonnait point à ces littérateurs, c’était de se croire une caste élue, la tête de l’humanité. Il entrait dans son antipathie pour eux beaucoup de l’orgueil du grand seigneur et de l’officier vis-à-vis de bourgeois écrivassiers et libéraux. C’était aussi un trait caractéristique de sa nature, — il le reconnaît lui-même, — de « s’opposer d’instinct à tous les raisonnements généralement admis ». Une méfiance des hommes, un mépris latent pour la raison humaine, lui faisaient partout flairer la duperie de soi-même ou des autres, le mensonge.
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