Citations sur La Guerre du feu (70)
Cette vie n'était point gratuite, mais dure et pleine de menace.
Tout ce qui la construisait pouvait la détruire; elle ne persisterait que par la vigilance, la force, la ruse, un infatigable combat contre les choses.
Le fleuve roulait dans sa force. A travers mille pays de pierre, d'herbes et d'arbres, il avait bu les sources, englouti les ruisseaux, dévoré les rivières. Les glaciers s'accumulaient pour lui dans les plis chagrins de la montagne, les sources filtraient aux cavernes, les torrents pourchassaient les granits, les grès ou les calcaires, les nuages, dégorgeaient leurs éponges immenses et légères, les nappes se hâtaient sur leurs lits d'argile. Frais, écumeux et vite, lorsqu'il était dompté par les rives, il s'élargissait en lacs sur les terres plates, ou distillait des marécages; il fourchait autour des îles; il rugissait en cataractes et sanglotait en rapides. Plein de vie, il fécondait la vie intarissable.
Et la nuit éploya son aile de cendre; elle couvrait déjà l'orient, tandis qu'à l'occident persistait une pourpre fine; un rugissement tonna sur l'étendue.
[Naoh] était l'émanation de la race ,la puissance humaine devant le mystère cruel de l'Univers , le refuge qui les abriterait , tandis qu'ils lanceraient le harpon ou abattraient la hache.Et , parfois, lorsqu'il marchait devant eux , dans l'ivresse du matin,joyeux de sa stature et de sa grande poitrine ,ils frémissaient d'une exaltation farouche et presque tendre , tout leur instinct épanoui vars le chef comme le hêtre vers la lumière.
Comme le feu, l’eau semblait à Oulhamr un être innombrable ; comme le feu, elle décroît, augmente, surgit de l’invisible, se rue à travers l’espace, dévore les bêtes et les hommes ; elle tombe du ciel et remplit la terre ; aucune plante, aucun animal ne peut vivre sans elle ; elle passe où ne passerait pas le plus chétif insecte ; on l’entend sous la terre ; elle est toute petite dans la source ; elle grandit dans le ruisseau ; la rivière est plus forte que les mammouths, le fleuve est aussi vaste que la forêt.
" Quand il eu fini, il regarda le soleil couchant, puis se coucha sur le sol, tandis que sa trompe s'enroulait à demi autour du torse de l'homme. Naoh en conclut que l'alliance était complète, qu'il pouvait attendre sa guérison et celle de Gaw dans le camps des mammouths, à l'abri des Kzamms, du lion, du tigre et de l'ours gris."
Ils ont la jeunesse d'un monde qui ne reviendra plus. Tout est vaste, tout est neuf...Eux-mêmes ne sentent jamais la fin de leur être, la mort est une fable effrayante plutôt qu'une réalité. Ils la craignent brusquement, dans les moments terribles ; puis elle s'éloigne, elle s'efface, elle se perd au fond de leurs énergies.
De grosses étoiles s'allumèrent dans les eaux du firmament. Puis l'étendue palpita tout entière de ces petits feux immuables et l'archipel de la voie lactée précisa ses golfes, ses détroits, ses îles claires.
De toutes parts, les mammouths accoururent. On voyait leurs grosses têtes s'avancer et leurs yeux luire d'inquiétude. Les nerveux barrissaient. Car ils connaissaient le Feu! Ils l'avaient rencontré sur la savane et dans la forêt, quand la foudre s'était abattue; il les avait poursuivis, avec des craquements épouvantables; son haleine leur cuisait la chair, ses dents perçaient leur peau invulnérable; les vieux se souvenaient des compagnons saisis par cette chose terrible et qui n'étaient plus revenus.
Il s’élevait une colline, il se creusait une combe; une mare stagnait, pullulante d'insectes et de reptiles; quelque roc erratique dressait son profil de mastodonte; on voyait filer des antilopes, des lièvres, des saïgas, surgir des des loups ou des chiens, s'élever des outardes ou des perdrix, planer des ramiers, les grues et les corbeaux; des chevaux, des hémiones et des élans galopaient en bandes.