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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une phrase, un Pernod. Régime sec.
- Santé !
- Surement pas ! A la vôtre, d'accord, pour la mienne, c'est trop tard.
J'imagine ainsi Joseph Roth, en couple avec la bouteille, écrire ce dernier texte dans un bar en 1939 à Paris, un cendrier, tombeau de ses 80 cigarettes quotidiennes, à ses bas cotés. 45 ans qui comptent double, comme au scrabble, après une vie d'errance et de tourments. L'écrivain et ancien journaliste a fui les nazis mais il n'a pas réussi à semer l'alcool et la misère. Il n'est pas davantage parvenu à débusquer succès et fortune. Son ami, Zweig, ne peut plus rien pour lui. Sa gloire sera post-mortem diagnostiquera le légiste.
Joseph Roth a fait de cette nouvelle « miroir », son testament littéraire. Mort solitaire. Publiée à titre posthume, l'écrivain tourmenté, éternel Caliméro, nous offre un personnage à son image, reflet dans la flaque, en bout de course, la reconnaissance en déshérence rance.
Andreas, ancien mineur, émigré polonais, clocharde sous les ponts de la Seine. Verbe éventé et inventé. Un mystérieux inconnu lui offre 200 francs contre la promesse de rendre cet argent en l'offrant à la petite Sainte Thérèse à l'église des Batignolles lors de la messe du dimanche. Aumône miraculeuse ou peau de chagrin ?
Mais le jour du seigneur, ce n'est pas demain la veille et le temps saigne son pécule. L'argent lui brûle les doigts et l'oesophage. Il s'offre un bon repas, du bon vin, quelques menus plaisirs et un peu de compagnie. Il se retrouve à nouveau sans un sou en poche… trouée mais dans les jours qui suivent, le miracle se reproduit et de bonnes âmes ou d'anciennes connaissances providentielles lui offre du travail, un logis et de l'argent. Dieu en prêteur sur gages. Baroud d'honneur, purgatoire festif, cette quarantaine de pages magiques entrainent le lecteur dans un solde de tout compte onirique. Hic.
Si la Marche de Radeztky, son chef d'oeuvre, décrivait la chute de l'empire austro-hongrois sur trois générations, la légende De Saint buveur raconte le dernier sursaut, l'ultime râle de vie d'un homme ayant sombré corps et âmes dans le Pernod. Pas de retraite pour Jean Pierre.
Le propos est triste mais la lecture est légère, comme un vagabondage de sortie de boîte où l'alcool floute la vue et transforme la marche en exercice de lévitation. La fin est douce.
Cette quête absolue de rédemption auprès de la petite Thérèse m'a rappelé le vieux de Balavoine qui s'invente un Dieu pour tout se faire pardonner. Il demande l'addition et règle son ardoise. L'histoire est courte mais participe à la légende de son auteur, plus menteur que saint, mais bon dieu, quel écrivain !
Commençons par la fin.
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Plonge dans un pave, je le coupe par de courts livres. Cette fois c'est une relecture. J'avais deja poste un billet sur ce petit livre. J'essaie un deuxieme, different quant aux mots, mais surement conforme a l'impression que m'avait laisse ma premiere lecture, une impression que je crois n'avoir pas change.


Sous les ponts de la Seine campe Andeas Kartak. C'est la que l'accoste un monsieur bien habille et lui propose 200 francs pour sortir momentanement de l'indigence, a condition qu'il les rende un jour a sainte Therese de Lisieux, c.a.d. a sa statuette sise en l'eglise de Ste. Marie des Batignolles. A partir de la nous assistons aux nombreux essais de l'honnete clochard de rendre cet argent, essais contraries toujours par des rencontres qui l'incitent a depenser et surtout a boire, jusqu'au denouement/reussite, attendu et surprenant a la fois, par son cote prodigieux, romanesque, miraculeux.


La legende du saint buveur est un texte tres bref, un conte, une parabole. C'est la chronique d'une defaite annoncee, d'une descente aux abimes de l'addiction. Notre clochard, entraine par les circonstances, succombe chaque fois a la tentation malgre son pur et scrupuleux desir de tenir sa promesse. Il faudra un miracle – un miracle laic, dirais-je – pour qu'il la tienne.


C'est la derniere oeuvre que Roth ait ecrit, et elle n'a ete publiee qu'apres sa mort. On ne peut s'empecher de faire le parallelisme avec sa proper vie, du moins les dernieres annees de sa vie. Andreas Kartak, comme Roth, vient des confins de l'empire Austro-Hongrois, et vivote – ou malvivote – a Paris, de bouteille en bouteille. L'alcool les tuera tous les deux. Tous les deux essaieront sans arret de s'approcher de l'Eglise, sans succes. Car meme après sa conversion, Roth sent qu'en ces temps ou Hitler est au faite de son pouvoir, l'oecumenisme tant reve de l'Eglise est plus que jamais en question.

Le parcours d'Andreas est une descente vers l'abime. Je ne sais si voulue, surement pas programmee, mais certainement preferee a tout sauvetage exterieur, la salvation etant justement dans l'abime. A un moment Andreas entre dans un cinema, ou l'affiche annonce un heros qui va se perdre en une aventure exotique. Andreas s'identifie a l'homme qui avance, brule par le soleil, dans le desert, mais quand arrive une caravane qui le sauve et le ramene a la civilisation, il perd tout interet et sort de la salle. le retour a la "civilisation" est justement la perdition. Pour Andreas comme pour Roth, qui assiste, impuissant et triste, a la barbarisation de sa civilisation, qui se degrade et se perd dans les meandres nauseabonds des fascismes, nazismes et communismes totalitaires. Pour Andreas comme pour Roth sombrer dans des abimes d'alcool est preferable.


La legende du saint buveur traine un petit air d'irrealite, malgre le realisme des decors physiques, des lieux. Quelqu'un a ecrit que ce livre exige du lecteur "la suspension de l'incredulite", vu le nombre d'apparitions "miraculeuses" et de coincidences plus qu'improbables que Roth y introduit. En fait le style de Roth, a la limite de la simplicite, permet cela et sert magnifiquement la fuite en avant, vers l'autodestruction, qu'il decrit, jusqu'a la phrase finale: "Gebe Gott uns allen, uns Trinkern, einen so leichten und shönen Tod." Et dans mon essai de traduction: "Dieu donne a nous tous, buveurs, une si legere et belle mort."


Un conte. Une parabole? Un texte tres simple, teinte de naivete. Un texte tres fort.Une lecture magique.
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Ce court récit, dernier écrit de Joseph Roth, publié à titre posthume, est une sorte de conte triste, écrit sur un ton léger. Andreas, émigré polonais, clochard qui dort sous les ponts , c'est un peu le double de l'auteur, dont la vie à Paris était très difficile depuis qu'il avait fui l'Allemagne. C'est très agréable à lire, un brin désuet, plein de charme. Andreas a de la chance, et visiblement la chance appelle la chance, mais c'est un panier percé qui ne sait pas compter, qui carbure au Pernod et qui se laisse ballotter par les événements la plupart du temps. Ce qui fait de cette histoire un récit lumineux c'est qu'Andreas n'est jamais désespéré, jamais inquiet de l'avenir, toujours confiant. Une belle découverte qui me donne envie de lire La crypte des Capucins ou La Marche de Radetzky.
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Un homme, qui n'a que sa qualité d'homme puisqu'il n'a plus ni toit, ni famille, ni nom, rencontre à plusieurs reprises la chance en de mystérieuses circonstances contre le seul engagement de s'acquitter d'une dette envers Sainte Thérèse de Lisieux. Son ivrognerie et une série de contre-temps l'en empêchent, mais la Grâce qui l'appelle ne lui sera pas refusée.
On peut voir dans cette nouvelle l'influence de la conversion de Joseph Roth à la fois catholique vers la toute fin de sa vie. Mais ce qui est le plus marquant, c'est que jamais l'espérance ne déserte ce clochard à la dérive, malgré ses excès et une errance sans fin vers l'inéluctable : la petite Sainte ne l'abandonnera pas, car la Grâce n'abandonne pas celui qu'elle désigne.
C'est une très belle histoire, triste et lumineuse à la fois.
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Une mélancolie douce émane de cette nouvelle, un peu à l'image de la Petite fille aux allumettes, sauf qu'ici, la Petite fille est un vieux monsieur rongé par l'alcoolisme et la vie dans la rue, Andreas. Quelle triste histoire ! Elle est bien amenée, car la fin paraît logique sans toutefois être trop téléphonée.
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