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Citations sur Murmures pour Jean Hugo (15)

Souvenirs d'Afrique- s'est perdu dans les méandres de l'histoire. Mais j'ai pu lire la plaquette à emporter dans la poche: - Mon grand-père. Cet ouvrage vaut plus que sa taille. Original. Délicat. Il y apparaît un Hugo inconnu, intime. Un vrai grand-père. C'est un autre visage du grand homme, un autre homme aussi que le poète de -L'Art d'être grand-père-. Le petit chef-d'oeuvre de Georges
[Hugo ] est pratiquement inconnu. Il fait regretter que son auteur n'ait pas eu plus d'audace à s'affirmer écrivain ou peintre. Paresse peut-être mais paresse devant l'énormité de la chape de plomb à soulever. (p. 18)
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Dans la grande bourgeoisie, comme celle des Hugo, les maîtres traitent leurs domestiques avec une politesse exquise. Elle m'a souvent fait frémir car elle m'est apparue comme une distance infranchissable. A condition qu'ils soient dévoués, durs à la peine, disponibles, n'exigeant jamais aucun droit, on leur concède de la classe, une noble beauté, on les estime, on les soigne s'ils sont malades. La petite bourgeoisie a pu être grossière avec eux, la grande jamais. Il n'empêche : le fossé énorme est là. (p. 30)
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De petits pinceaux de poils de martre pour peindre les trente-quatre gouaches minuscules du -Voyage à Moscou et Leningrad-. Vous avez travaillé avec la loupe du monocle à l'oeil. Rendre compte d'espaces immenses, de paysages jusqu'à l'horizon comme il en existe en Russie, projeter dans un petit espace, neuf centimètres sur sept, l'immense , la couleur, y loger le sens et son propre monde intérieur, rapetisser et laisser vaste: vous ne vous êtes jamais expliqué sur cette démarche étrange. Faut-il y voir le bonheur de posséder un univers à la mesure de son oeil, de sa main, de sa poche, de pouvoir l'englober entièrement ? (p. 132)
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Vous, Jean, avez revendiqué ce nom illustre et gênant et avez posé votre signature, lisible comme une écriture d'enfant, au bas de vos toiles lumineuses. Aussi silencieux que Victor était tonitruant, aussi modeste qu'il était orgueilleux, aussi discret que le trisaïeul se mettait en scène, aussi transparent qu'il était noir et tragique avec ses dessins de falaises infranchissables, d'ouragans et de maelströms où se devinaient des monstres. (p. 18)
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Les paquets ficelés attendent d'être déposés dans quelques archives. Mais, comme les musées et leurs réserves, les archives sont des tombeaux, à peine moins clos que ceux où se dilue la chair. Les sociétés sassent les mémoires des célébrités avec des tamis de plus en plus fins à mesure que passe le temps. Elles désherbent les bibliothèques, les dictionnaires-on y entre, on en sort, fugace passage. Ceux qui furent célèbres sont balayés, jetés hors des rubriques et envoyés dans les caves de la mémoire collective où les gloires ternissent sous la poussière de l'oubli. (p. 20)
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Les crayons encre ont été utilisés aussi pendant la dernière guerre, dans la plupart des lettres des prisonniers. Du bout du doigt il fallait mouiller le papier de salive, ni trop ni trop peu. Au contact de la mouillure la pâte de la mine devenait de l'encre. Violemment violette au début sur le papier mouillé, l'encre devenait peu à peu pâle jusqu'à l'effacement des mots. Cette écriture par bouffées, ces phrases nettes suivies de bribes évanescentes ressemblaient à une voix qui crie, s'enroue ou se tait. De telles lettres, Jean, vous en retrouviez, délayées en mauve pâle dans les feuillées. Car il faut bien se torcher. Tant de mots d'amour et d'espérances, tant de nouvelles rassurantes pour épargner les siens, partis, dissous dans les obligatoires déjections des hommes.
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La guerre n'a fait que confirmer ce que vous savez : il n'y a ni milieu, ni pays, ni hommes en friche. Partout, vous faites votre miel. La notion de "pittoresque"-au sens d'une particularité amusante-vous est étrangère. Tot es igual, disait un poète catalan. Egal en valeur: galoubet ou piano, peintre naïf ou peintre abstrait, poésie de Char ou poésie des ex-voto, il n'y a pas de hiérarchie dans l'art. (p. 58)
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Peindre tout seul

Certes vous n'avez suivi les cours d'aucune académie, jamais été l'élève d'un maître. Il paraît que dès votre dixième année vous alliez au Louvre, visiteur assidu, pour regarder et copier les oeuvres anciennes. Il ne reste rien de ces premiers essais. On aimerait pourtant. Il semble toujours qu'il manquera quelque chose d'essentiel si l'auteur fait disparaître les balbutiements et les griffonnages. Nous aimerions tant saisir la première étincelle.
Il faudra nous contenter de vos carnets de guerre, de 1915 à 1918. (p. 41)
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Le commun des mortels ne laisse qu'une écume : état civil, lettres, livret militaire, diminués de génération en génération, transformés par la transmission, devenus fantomatiques. Si peu de choses par rapport au fouillis du vivre.
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C'est le travail du langage d'entrer dans l'épaisseur de la pensée. La peinture ne parle pas, elle donne une multitude d'instants. Elle n'a pas à les raconter. Elle les projette vers nous pour provoquer des remous fugaces, des images, des êtres, des fulgurances, douleurs et douceurs. Elle parle une autre langue que celle des mots.
Gardons-nous de trop parler à sa place et surtout de la vôtre qui se refuse à la glose. (p. 113)
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