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EAN : 9782226248428
189 pages
Albin Michel (29/05/2013)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Jean Hugo (1894-1984), arrière-petit-fils de Victor Hugo, fut peintre, décorateur e théâtre et créateur de costumes dans l'entre-deux-guerres. Il travaille avec les plus grands artistes de l'époque tels Cocteau, Radiguet, Picasso, Satie, Poulenc. Quand il décide d'embrasser la foi catholique et de s'installer en Languedoc dans le domaine familial de Fourques, il renoue avec la nature provençale, la poésie de Frédéric Mistral, et le "monde de la bouvine".
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une merveilleuse lecture à l'image des toiles lumineuses, joyeuses, faussement naïves du peintre Jean Hugo, Héros de cette « promenade buissonnière » !

En souhaitant relire les Mémoires de Jean Hugo, je suis tombée par hasard, dans mes recherches sur cet ouvrage de Marie Rouanet dont je ne connaissais pas l'existence…

Une évocation libre et bienveillante de cet artiste aux mille talents, arrière-petit-fils du Grand Hugo !! Marie Rouanet nous raconte sa première rencontre avec une oeuvre de Jean Hugo, à travers les décors qu'il avait créés pour l'opéra-ballet « Daphnis et Alcimadure » [écrit originellement par Cassanéa de Mondoville en 1754, sur un livret en occitan]

Une admiration infinie…enrichie de points communs : La langue d'Oc, Mistral et le Félibrige, la Foi… les beautés du Languedoc : les paysages, sa Poésie et sa langue !

« Vous, Jean, avez revendiqué ce nom illustre et gênant et avez posé votre signature, lisible comme une écriture d'enfant, au bas de vos toiles lumineuses. Aussi silencieux que Victor était tonitruant, aussi modeste qu'il était orgueilleux, aussi discret que le trisaïeul se mettait en scène, aussi transparent qu'il était noir et tragique avec ses dessins de falaises infranchissables, d'ouragans et de maelströms où se devinaient des monstres. (p. 18)”

Jean Hugo (1894-1984) Arrière-petit-fils de Victor Hugo, déploya avec infiniment plus de modestie que son aïeul tous les talents : peintre, décorateur de théâtre, créateur de costumes de l'entre-deux-guerres. Il collabora avec les plus grands artistes de l'époque : Cocteau, Radiguet, Satie, Picasso, Satie, le cinéaste Théodore Dreyer…

Une trajectoire qui varie sur un point essentiel par rapport à son aïeul, « bouffeur de curés », c'est sa conversion à la foi catholique….sûrement influencé et durablement marqué par les années de la première guerre où il était un très jeune homme, période dramatique où il rencontra « des aumôniers compatissants, des religieuses comme des anges » qui adoucirent, soignèrent tous ces soldats tragiquement blessés et abîmés…par l'effroyable "boucherie"

Marie Rouanet, avec sa plume légère et colorée… nous fait revivre les principaux jalons, rencontres, oeuvres de cet artiste,ainsi que les abondantes raisons qu'elle énumère pour lesquelles elle admire et aime et la personnalité et l'esprit créatif de Jean Hugo.

Après cet ouvrage lumineux, je vais me glisser dans les mots de Jean Hugo, avec son « Regard de la mémoire »…avec dans la tête l'envie d'aller aux beaux jours « redécouvrir » le Musée Favre de Montpellier, possédant des toiles de ce créateur !

Je termine sur une phrase de son ami Cocteau le décrivant merveilleusement dans sa singularité :

« « Jean Hugo a mêlé son calme presque monstrueux au tumulte des entreprises de notre jeunesse. II était, il reste l'image même de cette modestie parfaite des enlumineurs, chez qui la vérité quotidienne l'emporte sur les grâces décoratives. Sa main puissante, son gros oeil jupitérien, son olympisme en quelque sorte, n'usent pas de foudres, mais de petites gouaches si vastes qu'on dirait que leur taille résulte d'un simple phénomène de perspective. Oui, c'est à distance qu'il semble voir la mer de Bretagne, et la garrigue par le gros bout de la lorgnette, ce qui ne l'empêche pas d'attirer autour de nous la mystérieuse odeur des algues et des simples. Jean Hugo, paysan subtil, moine médiéval, chasse l'ange du bizarre à force de connaitre ses ruses par coeur. »



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Jean Hugo (1894-1984), arrière-petit-fils de Victor Hugo, fut peintre, décorateur de théâtre et créateur de costumes dans l'entre-deux-guerres. Il travaille avec les plus grands artistes de l'époque tels Cocteau, Radiguet, Picasso, Satie, Poulenc. Quand il décide d'embrasser la foi catholique et de s'installer en Languedoc dans le domaine familial de Fourques, il renoue avec la nature provençale, la poésie de Frédéric Mistral, et le « monde de la bouvine ».

C'est, en éclats somptueux, la trajectoire qu'évoque Murmures pour Jean Hugo, celle du peintre aux amitiés scandaleuses ou mondaines puis du patriarche retiré dans un monde paysan qui n'a quasiment pas changé depuis des siècles.

Ce livre est une rencontre, la rencontre posthume d'un peintre et d'une écrivaine. le peintre c'est Jean Hugo, arrière petit-fils du géant Victor. L'écrivaine, Marie Rouanet née à Bézier en 1936,ethnologue et spécialiste de la culture occitane, ne pouvait que s'intéresser à Jean Hugo qui s'installa dans les années 30 à Lunel dans l'Hérault et fit du domaine de Fourques un lieu de rassemblement de tout ce que la France comptait de d'intellectuels et d'artistes surréalistes.

Dans une prose minimale d'une merveilleuse justesse, Marie Rouanet embrasse le siècle et la vie de cet homme discret. Rien n'est oublié : la famille tendrement écrasante, la guerre de 14 ou Jean sera brutalement confronté au vrai peuple, la rencontre avec Cocteau qui lui mettra le pied à l'étrier en lui donnant à réaliser les décors de ses pièces de théâtre et qui l'entrainera dans la vie mondaine et intellectuelle de l'entre deux guerre, Picasso, Radiguet, Eric Satie, André Breton, Max Jacob, tout le Paris surréaliste lui est présenté, la rencontre avec Dreyer sur le tournage de Jeanne d'Arc dont il réalise les décors et les costumes remarquables, la conversion au catholicisme pour se libérer d'un arbre généalogique trop écrasant, n'oublions pas qu'il est issu d'une longue lignée de bouffeur de curé, c'est à partir de cet engagement qu'il signera ses toiles du nom d'Hugo ce que son propre père n'a jamais osé faire.

Une multitude de micro biographies se dessine tout au long de ce très bel ouvrage sorti le 6 juin dernier, aux Editions Albin Michel.

Lorsque touché par la grâce à 35 ans, Jean Hugo se retire à Lunel , c'est tout Paris qui se déplace faisant du domaine de Fourques une extension des salons parisiens. Cocteau y écrira « les enfants terribles ». le contraste est surréaliste , Jean Hugo se lève tôt tous les jours pour assister à la messe et il croise nombre de ses invités qui eux vont se coucher. C'est en Languedoc qu'il fondera une famille, famille qui vit d'ailleurs toujours à Lunel.

Marie Rouanet a inventé la biographie chuchotée, un joli livre qui donne envie de découvrir les toiles du peintre et le musée Fabre de Montpellier.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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De ma petite virée à la célèbre foire du livre de Brive la Gaillarde ce week-end, ma plus agréable rencontre fut celle avec Marie- Rouanet dont j'ai déjà dit ici tout le plaisir de mes lectures de deux ou trois de ses ouvrages.
J'en rapporte ce petit livre," Murmures pour Jean Hugo", dont je ne connaissais l'existence jusqu'ici, ni du livre, ni du Jean, mais que dans un murmure elle a su me rendre évident que ce modeste, face à son immense ancêtre, deviendrait mon ami d'esprit, de coeur et d'âme ...
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Livre très agréable à lire, qui donne à découvrir un homme complexe et sensible, ses relations qui nous plongent dans le plein milieu, artiste et intellectuel, du 20è siècle. On regrette que les commentaires de tableau ne soient pas complétés par des reproductions. Il va falloir se déplacer au musée !
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Les crayons encre ont été utilisés aussi pendant la dernière guerre, dans la plupart des lettres des prisonniers. Du bout du doigt il fallait mouiller le papier de salive, ni trop ni trop peu. Au contact de la mouillure la pâte de la mine devenait de l'encre. Violemment violette au début sur le papier mouillé, l'encre devenait peu à peu pâle jusqu'à l'effacement des mots. Cette écriture par bouffées, ces phrases nettes suivies de bribes évanescentes ressemblaient à une voix qui crie, s'enroue ou se tait. De telles lettres, Jean, vous en retrouviez, délayées en mauve pâle dans les feuillées. Car il faut bien se torcher. Tant de mots d'amour et d'espérances, tant de nouvelles rassurantes pour épargner les siens, partis, dissous dans les obligatoires déjections des hommes.
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Souvenirs d'Afrique- s'est perdu dans les méandres de l'histoire. Mais j'ai pu lire la plaquette à emporter dans la poche: - Mon grand-père. Cet ouvrage vaut plus que sa taille. Original. Délicat. Il y apparaît un Hugo inconnu, intime. Un vrai grand-père. C'est un autre visage du grand homme, un autre homme aussi que le poète de -L'Art d'être grand-père-. Le petit chef-d'oeuvre de Georges
[Hugo ] est pratiquement inconnu. Il fait regretter que son auteur n'ait pas eu plus d'audace à s'affirmer écrivain ou peintre. Paresse peut-être mais paresse devant l'énormité de la chape de plomb à soulever. (p. 18)
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De petits pinceaux de poils de martre pour peindre les trente-quatre gouaches minuscules du -Voyage à Moscou et Leningrad-. Vous avez travaillé avec la loupe du monocle à l'oeil. Rendre compte d'espaces immenses, de paysages jusqu'à l'horizon comme il en existe en Russie, projeter dans un petit espace, neuf centimètres sur sept, l'immense , la couleur, y loger le sens et son propre monde intérieur, rapetisser et laisser vaste: vous ne vous êtes jamais expliqué sur cette démarche étrange. Faut-il y voir le bonheur de posséder un univers à la mesure de son oeil, de sa main, de sa poche, de pouvoir l'englober entièrement ? (p. 132)
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Les paquets ficelés attendent d'être déposés dans quelques archives. Mais, comme les musées et leurs réserves, les archives sont des tombeaux, à peine moins clos que ceux où se dilue la chair. Les sociétés sassent les mémoires des célébrités avec des tamis de plus en plus fins à mesure que passe le temps. Elles désherbent les bibliothèques, les dictionnaires-on y entre, on en sort, fugace passage. Ceux qui furent célèbres sont balayés, jetés hors des rubriques et envoyés dans les caves de la mémoire collective où les gloires ternissent sous la poussière de l'oubli. (p. 20)
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Dans la grande bourgeoisie, comme celle des Hugo, les maîtres traitent leurs domestiques avec une politesse exquise. Elle m'a souvent fait frémir car elle m'est apparue comme une distance infranchissable. A condition qu'ils soient dévoués, durs à la peine, disponibles, n'exigeant jamais aucun droit, on leur concède de la classe, une noble beauté, on les estime, on les soigne s'ils sont malades. La petite bourgeoisie a pu être grossière avec eux, la grande jamais. Il n'empêche : le fossé énorme est là. (p. 30)
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