Une merveilleuse lecture à l'image des toiles lumineuses, joyeuses, faussement naïves du peintre
Jean Hugo, Héros de cette « promenade buissonnière » !
En souhaitant relire les Mémoires de
Jean Hugo, je suis tombée par hasard, dans mes recherches sur cet ouvrage de
Marie Rouanet dont je ne connaissais pas l'existence…
Une évocation libre et bienveillante de cet artiste aux mille talents, arrière-petit-fils du Grand Hugo !!
Marie Rouanet nous raconte sa première rencontre avec une oeuvre de
Jean Hugo, à travers les décors qu'il avait créés pour l'opéra-ballet « Daphnis et Alcimadure » [écrit originellement par Cassanéa de Mondoville en 1754, sur un livret en occitan]
Une admiration infinie…enrichie de points communs : La langue d'Oc, Mistral et le Félibrige, la Foi… les beautés du Languedoc : les paysages, sa Poésie et sa langue !
« Vous, Jean, avez revendiqué ce nom illustre et gênant et avez posé votre signature, lisible comme une écriture d'enfant, au bas de vos toiles lumineuses. Aussi silencieux que Victor était tonitruant, aussi modeste qu'il était orgueilleux, aussi discret que le trisaïeul se mettait en scène, aussi transparent qu'il était noir et tragique avec ses
dessins de falaises infranchissables, d'ouragans et de maelströms où se devinaient des monstres. (p. 18)”
Jean Hugo (1894-1984) Arrière-petit-fils de
Victor Hugo, déploya avec infiniment plus de modestie que son aïeul tous les talents : peintre, décorateur de théâtre, créateur de costumes de l'entre-deux-guerres. Il collabora avec les plus grands artistes de l'époque :
Cocteau,
Radiguet, Satie, Picasso, Satie, le cinéaste Théodore Dreyer…
Une trajectoire qui varie sur un point essentiel par rapport à son aïeul, « bouffeur de curés », c'est sa conversion à la foi catholique….sûrement influencé et durablement marqué par les années de la première guerre où il était un très jeune homme, période dramatique où il rencontra « des aumôniers compatissants, des religieuses comme des anges » qui adoucirent, soignèrent tous ces soldats tragiquement blessés et abîmés…par l'effroyable "boucherie"
Marie Rouanet, avec sa plume légère et colorée… nous fait revivre les principaux jalons, rencontres,
oeuvres de cet artiste,ainsi que les abondantes raisons qu'elle énumère pour lesquelles elle admire et aime et la personnalité et l'esprit créatif de
Jean Hugo.
Après cet ouvrage lumineux, je vais me glisser dans les mots de
Jean Hugo, avec son « Regard de la mémoire »…avec dans la tête l'envie d'aller aux beaux jours « redécouvrir » le
Musée Favre de Montpellier, possédant des toiles de ce créateur !
Je termine sur une phrase de son ami
Cocteau le décrivant merveilleusement dans sa singularité :
« «
Jean Hugo a mêlé son calme presque monstrueux au tumulte des entreprises de notre jeunesse. II était, il reste l'image même de cette modestie parfaite des enlumineurs, chez qui la vérité quotidienne l'emporte sur les grâces décoratives. Sa main puissante, son gros oeil jupitérien, son olympisme en quelque sorte, n'usent pas de foudres, mais de petites gouaches si vastes qu'on dirait que leur taille résulte d'un simple phénomène de perspective. Oui, c'est à distance qu'il semble voir la mer de Bretagne, et la garrigue par le gros bout de la lorgnette, ce qui ne l'empêche pas d'attirer autour de nous la mystérieuse odeur des algues et des simples.
Jean Hugo, paysan subtil, moine médiéval, chasse l'ange du bizarre à force de connaitre ses ruses par coeur. »