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Citations sur Dictionnaire amoureux de Jean d'Ormesson (11)

Fethiye, baie de

Si le paradis existe, Jean aurait aimé qu'il ressemble un tant soit peu à cette baie enchantée de la côte turque. Ce lieu d'une extrême douceur avec ses pins qui couvrent les collines était pour lui, avec Saint-Florent, un des buts qu'il se fixait chaque année. Ses livres témoignent de cette ivresse qu'il se promettait de retrouver au mois de septembre. Un rendez-vous que pour rien au monde il n'aurait manqué. Quand il se baignait dans ses eaux transparentes, il semblait que plus rien d'autre ne comptait que cette caresse de l'eau tiède, dans ce qu'il considérait comme l'un des plus beaux, sinon le plus beau paysage du monde.
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. Le fond des choses tient peut-être à ce qui était son unique passion, la littérature, qui rendait – souvent – illusoires les satisfecit de la société. Être un écrivain était son ambition première, celle qui supplantait toutes les autres, sa hantise, son obsession. Et il savait, il était trop cultivé pour l’ignorer, à quel point les honneurs et le talent ne font pas forcément bon ménage. Souvent du haut de sa brillante réussite sociale, il pensait à la misère d’un Verlaine, à l’incompréhension qui avait été le salaire de Baudelaire, de Stendhal, de Balzac. Souvent il me demandait de lui répéter la sentence d’Henry James que lui, pourtant doué d’une mémoire éléphantesque, avait du mal à retenir : « Nous vivons dans l’obscurité. Nous faisons ce que nous pouvons. Le reste est la folie de l'art.
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Ses livres étaient-ils lus comme des contes de fées pour adultes faisant rêver une société qui sent qu’elle est à son crépuscule ? Qui d’autre que lui aurait pu accomplir le miracle de devenir populaire en faisant de Chateaubriand le centre de l’univers ?
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Il aimait qu’un écrivain soit du côté de la lumière et non de ses hontes. D’où la place de choix qu’il accordait à Chateaubriand et son peu de goût pour Rousseau.
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C’est le malheur qui nourrit le roman, l’humiliation qui l’irrigue. « Les sources d’un écrivain, ce sont ses hontes », écrit Cioran. D’où le malheur des écrivains ignorés ou maltraités par la critique : ce n’est pas leur style qu’on critique, c’est leur sang qu’on insulte.
C’est ce thème de la souffrance, du malheur, qui nous rendait, Jean et moi, pourtant si proches, littérairement si dissemblables.
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Je me suis beaucoup interrogé sur les raisons de cette distorsion entre sa folle passion pour la littérature et sa relative inappétence pour le genre romanesque. L’une des raisons me semble tenir à lui-même, à sa complexion d’homme à qui les souffrances sont épargnées. Il était heureux. Comme Montesquieu ou La Fontaine, tout l’enchantait, la lumière du jour, et il ne connaissait aucun « malheur qu’une heure de lecture n’ait dissipé ». Heureux avec lui-même, insensible à la mélancolie, il était de plus en accord avec le monde qui l’entourait et la société dans laquelle il vivait.
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Si j’ai une chance dans la vie, c’est bien d’avoir rencontré des hommes et des femmes remarquables, parfois trop brièvement, et d’avoir pu nouer avec eux une relation d’amitié profonde. Mais les deux piliers qui ont soutenu ce que je n’ose appeler mon destin, ma vie, pour ne pas employer l’affreux mot de carrière qui blesse l’idée que je me fais d’une aventure littéraire, sont des hommes à la fois très proches et mystérieusement opposés : Philippe Tesson a été pour moi le complément de Jean d’O. Ce qui manquait à Jean, je le trouvais chez Tesson : celui-ci témoignait de la parfaite adaptation d’une sensibilité artistique et littéraire à un mode d’expression journalistique. Il a hissé le journalisme à un niveau d’excellence littéraire qu’il aura très rarement atteint, ce qu’ont réussi Bernanos, Camus ou Mauriac, sans pour autant être lui-même un écrivain. Pourtant si Jean d’O et Tesson s’estimaient à distance, ils ne s’entendaient pas vraiment. Ils s’observaient comme deux monarques mystérieusement rivaux, régnant chacun sur son territoire, qui se jaugent sans se fréquenter.
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Certes, Jean d’Ormesson n’a pas fait semblant d’être académicien à l’Académie. Mais comme en tout il a pris son rôle au sérieux en le dépouillant de tout esprit de sérieux. De la même manière qu’il avouait que rien ne lui était plus désagréable que les ambitions insatisfaites, il reconnaissait qu’il s’était « débarrassé du problème en y entrant ». Et, en ayant accepté l’honneur, il en a aussi accepté les devoirs et les servitudes sans se dissimuler que cette institution, malgré tout son prestige, ne suffit pas à donner à ses élus, ni un brevet d’immortalité, ni un certificat de gloire, ni même un brevet de talent.
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Les amitiés littéraires se nouent la plupart du temps sur une connivence de goûts et une même conception esthétique. Si Jean d’O était pour moi sur bien des points un incomparable alter ego, un modèle, une image fraternelle, je divergeais avec lui sur la question du roman. Romancier par raccroc, sans véritable attrait pour le genre qu’il jugeait à bout de souffle, sclérosé, il a inventé un modèle romanesque à part qui tient beaucoup du conte philosophique à la Voltaire avec des orchestrations biographiques.
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Une métamorphose a transfiguré le jeune auteur, dressé sur ses ergots, qui réagissait par l’arrogance à l’insuccès de ses livres, et à la condescendance de ses amis Hussards, et le vieux sage pétulant et débonnaire, adolescent tardif, éclairé par une célébrité qu’il savourait sans en être dupe. Ce qui n’a pas changé chez lui, c’est l’amour de la vie, la curiosité pétillante, cette distance amusée qu’il introduisait en tout, comme pour relativiser ce sérieux que nous plaçons trop gravement dans les péripéties de nos vies. Il allégeait l’instant, le fructifiait de fantaisie, pour l’arracher à la banalité et le rendre délectable.
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