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EAN : 9782072785269
208 pages
Gallimard (01/03/2018)
3.08/5   50 notes
Résumé :
Pourquoi le destin s'acharne-t-il sur la comtesse Berdaiev ? Aristocrate très belle et très libre, elle appartient à la communauté des Russes blancs, ces exilés qui ont fui l'Union soviétique après la révolution de 1917. Personnalités fantasques et passionnées, minées par la nostalgie et songeant à des projets impossibles, ils ont du mal à trouver leur place dans une société française qui les regarde comme des vestiges anachroniques. Cherchant dans l'amour et dans l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Sachez qu'avant de connaître la vérité, vous allez vivre un certains nombres de menteries, de médisances et de calomnies dans le Paris élégant, raffiné mais surtout hypocrite et sournois des milieux aristocratiques et politiques des années 50.

Maria Berdaiev qui a l'honneur tragique d'être russe, exilée, belle et malheureuse en est l'héroïne, l'axe séduisant de ce roman.
« Plus encore que de dénuder son corps, on avait envie de déshabiller son maintien aristocratique et, sous les dehors de la plus parfaite courtoisie, cette arrogance souveraine qu'on rêvait d'humilier. »

Maîtresse du président Marchandeau qui a le malheur de rêver à l'accession à la charge suprême de chef de l'Etat, la comtesse sera sa pécheresse, son défaut, sa défaite.

Avec des mots choisis et un balayage classieux d'une époque aux charmes surannés, Jean-Marie Rouart d'un kaléidoscope de personnages secondaires pathétiques, truculents ou graves nous emporte dans les obscures manigances de l'Etat.
Conduit comme un véritable puzzle, chaque protagoniste une fois imbriqué dans son rôle nous fait appréhender la lugubre et inéluctable marche du pouvoir.

J'ai apprécié retrouver dans cette période les balbutiements d'une V ème république qui m'a vu naître et qui me rappelle les crises que déjà prenaient mon père à écouter les infos du moment à la radio puis devant le noir et blanc de la télé qui le mettait dans une colère noire et une rage blanche à entendre les mystifications et les inepties distillées par les journalistes sous contrôle.

Aujourd'hui, rien de changé devant l'écran 4K : Konneries, Kafouillages, Kautères et autres Kouillonades.
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Une fiction historique – enfin pas tout à fait une fiction – écrite avec humour et nostalgie dans un style étincelant.
Un monde décadent, clinquant, de richesse affichée, celui des restaurants tsiganes où viennent se retrouver les émigrés russes, des galeries d'art où il convient de se montrer et, si on est malin, commander son portrait au pastel par l'artiste du moment, la sublime comtesse Berdaiev qui se trouve être aussi la maîtresse officielle du président de l'Assemblée nationale : Marchandeau. Lui, en cette année 1958, se voit déjà à la présidence de la République.
Belle, elle suscite immédiatement le désir des hommes qui la croisent. Marchandeau l'a installée dans un appartement de la Ville de Paris destiné à l'origine à une association d'aide aux veuves de la Résistance … Tiens, tiens, cela me rappelle une autre affaire du même genre, mais le ministre en question se l'était approprié pour lui-même rue Guynemer, avant de briguer lui aussi la magistrature suprême.
Car ce court roman est une oeuvre à clés. Marchandeau, c'est André le Troquer, résistant, amputé d'un bras pendant la Grande Guerre … Seules les personnes de ma génération se souviennent de ce scandale de pédopornographie, qu'un journaliste avait appelé « Ballets roses ».
Mais il est vrai qu'à l'époque, les scandales politiques fleurissaient : l'affaire Lacaze, le putsch des généraux d'Alger, l'irrésistible retour au pouvoir du Général …
Une étude de moeurs fondée sur des personnages réels : la belle comtesse s'appelait en réalité Elisabeth Pinajeff. Elle avait un passé de starlette de cinéma reconvertie en pastelliste mondaine. Dans le roman, elle est censée être née en 1916, elle aurait donc 52 ans mais serait toujours aussi séduisante.
Dans la vraie vie, Elisabeth Pinajeff en avait 6 de plus. Marchandeau, lui, est un « ambitieux humilié » selon son biographe Benoît Dutertre. Jean-Marie Rouart le plaint : « Quelle idée présomptueuse avait le président Marchandeau, brave don Quichotte départemental, héros des congrès de la SFIO, très respecté au Grand Orient, de se mettre en travers de la route d'un monument qui avait l'histoire avec lui ? »
Et en plus, il lui a attribué un nom qui fleure bon le génial film « La traversée de Paris », hurlé par Jean Gabin …
Tout commence en effet de façon banale : un vol de soutiens-gorges au Bon Marché par une adolescente délurée. Pour se dédouaner, la donzelle tend au policier la carte de Marchandeau. Pas de chance, son affaire tombe entre les mains d'un procureur zélé à l'appétit de considération immense. Et puis cette affaire permet de se débarrasser d'un obstacle gênant …
Un court roman, mais des personnages secondaires intéressants. J'ai pu en reconnaître certains qui hantent le monde politico médiatique actuel. Mais chut … Je peux me tromper !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Jean-Marie Rouart est un écrivain classique. C'est pour moi une belle qualité. Souvent complice de Jean d'Ormesson et doté de pas mal d'esprit, chose pas si fréquente, il a fréquenté des comtesses. Moi, moi, les comtesses, bien que le pseudo ancestral y fasse référence, je n'en ai pas connu sauf Maria Vargas la Comtesse aux pieds nus, et ses obsèques sous la pluie de la côte napolitaine. La comtesse de l'académicien est une Russe, dite blanche, de la communauté exilée qui a fui la révolution bolchevique de 1917.

L'auteur s'est inspiré du scandale dit des ballets roses, belle expression pour une bien sordide affaire, à la toute fin de la Quatrième République, quand valsaient les cabinets ministériels. Dans une très belle langue française on retrouve politiciens retors, pas forcément si vénaux ni véreux, pas non plus des parangons de vertu, un photographe aux relations troubles, du goût pour les jeunes filles, à une époque où la majorité attend 21 ans. Des magistrats aussi, plus ou moins aux ordres. Mais c'est parfois facile au citoyen lambda de juger ceux qui jugent. Savez-vous que parfois le notaire est innocent et l'ouvrier agricole coupable? Mais cest mal vu, que le notable soit innocent et vice-versa.

Il y a dans La vérité sur la comtesse Berdaiev de vraies passions amoureuses tout aussi nobles dans le haut du pavé. Après tout on peut se consumer d'amour sur son lit de soie en sirotant un millésime. Mais ces sentiments se heurtent aux luttes des pouvoirs qui se contrefichent de la gauche comme de la droite. Et voguent ainsi les destins, la Roche Tarpéienne et le Capitole copinant pour le meilleur et pour le pire. Rouart nous attache particulièrement à ces Russes défaits par la faucille et le marteau, pas tous chauffeurs de taxi sur la Côte d'Azur, mais qui surent souvent garder certaines saveurs et traditions de l'empire des tsars.

Un président de la Chambre des Députés se voit photographié tel que l'honnêteté et la décence m'interdisent de le préciser davantage. Les scandales sexuels n'ont pas attendu Harvey Weinstein ni Me too. L'occasion pour le très fin Jean-Marie Rouart de dresser de beaux portraits de dignitaires en difficulté, de demi-mondaines en appartements sponsorisés, bien que le terme demi-mondaine fasse plus référence à la Troisième qu'à la Quatrième (je parle de la République), et que le terme sponsors puise être avantageusement remplacé par, disons protecteurs. Heureux temps passé, celui des arrangements, des chapeaux qu'on porte et qu'on fait porter, de Jeanne Moreau offusquant dans le lit des Amants de Lous Malle. Comme un vague souvenir pour moi, j'avais huit ans et croyais que les ballets rowses concernaient les petits rats de l'Opéra.
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Lu avant tout pour l'élégance du style, pour la belle ouvrage quoi !
N'est-il pas plus agréable de lire « grande horizontale » que « pute » par exemple ?
Hormis de belles figures de style, Rouart plonge avec délices dans les commencements de la Ve République non exempte de scandales, « les ballets roses » par exemple.
La fuite des Russes Blancs vers la France renvoie le lecteur dans un milieu raffiné qui ne brille plus que par ses derniers feux. Une jeune femme, comtesse Berdaiev par mariage malheureux, tente de maintenir son rang du mieux qu'elle le peut, avec subterfuges si nécessaire.
Cette plongée dans ce monde disparu , mais dans lequel l'auteur nous donne les clés des dessous de la République me laisse le souvenir d'une belle lecture.
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Un roman inspiré d'un scandale politique et historique.

Ce roman est l'occasion de mettre en avant les rouages du pouvoir et les éléments qui viennent en perturber le bon fonctionnement.
La comtesse Bourdaiev était une de ces femmes qui exerce un pouvoir d'attraction sur les hommes. Et elle fera des ravages, au point d'en bouleverser la vie politique.

Plongés en plein coeur de la vie parisienne de 1958 et de ses frasques politiques : René Coty est à la Présidence, en fin de mandat. Parmi les candidats à sa succession, on retrouve Marchandeau, Président de la Chambre des députés.

Mais un fait divers vient perturber ses plans. Une jeune mineure a commis un vol de lingerie féminine dans un grand magasin réputé. Au lieu de faire profil bas, elle plante un tournevis dans le coeur de l'agent de sécurité.
Elle se retrouve au Commissariat de police et sort la carte de visite de Marchandeau.
L'affaire devient vite une Affaire, le député est vite rattrapé par ses pratiques douteuses en matière de sexualité. Il est attiré par les jeunes mineures et la comtesse Berdaiev n'est autre que sa maîtresse.
La comtesse, condamnée à l'exil, mène une vie des plus légères pour tenter d'alléger ses souffrances : fête, alcool et sexe sont au rendez-vous.

Un écho au scandale des Ballets roses qui ruina la carrière d'André le Troquer à l'époque.
Une lecture qui peut faire écho aux scandales politiques contemporains... le temps passe mais les esclandres sont toujours présents.
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
04 avril 2018
Un beau roman à clés de Jean-Marie Rouart sur la France de 1958.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LePoint
15 mars 2018
À travers le destin d'une Russe blanche, l'académicien Jean-Marie Rouart dépeint l'intrusion de la brutalité politique dans la vie privée.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Eric s'éloignait d'elle. Il n'était plus ce chevalier servant, toujours disponible, toujours aimant en dépit des rebuffades.
Le désarroi de Maria Berdaiev avait une cause plus profonde : le succès qu'elle connaissait n'était plus celui qu'elle avait souhaité. Ce n'était pas son art qu'on applaudissait, mais sa personnalité factice, mondaine, qu'elle avait si habilement mise en scène. Être reconnue comme une grande artiste, ce rêve n'était pas au rendez-vous. Elle s'était trahie, elle avait trahi ce qui avait le plus compté pour elle : la probité artistique, l'élan pur vers un idéal sans concessions. Pourtant, c'était le but qu'elle recherchait quand elle prenait des leçons de Dunoyer de Segonzac à la Grande chaumière, qu'elle passait ses journées au Louvre à copier les maîtres.
Quand elle jugeait sa production de pastels, si plaisants mais si mièvres, de la sucrerie mondaine dépourvue de force et de caractère, elle en souffrait comme d'une prostitution. .
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Merci à @Sertorius
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Elle s’amusait avec un brin de satisfaction de son habileté à se soustraire aux sollicitations de ses admirateurs. Elle se comparait à un ministre des Affaires étrangères qui doit sans cesse composer avec les directives du gouvernement, les exigences des chancelleries, l’opinion publique, en évitant l’écueil des drames, des ruptures tumultueuses et avant tout le scandale. Sa dextérité lui procurait une sorte de griserie. Mais elle n’ignorait pas, elle en avait une conscience aiguë, que le capital dont elle disposait, qui lui procurait tant de dividendes, était fragile : sa beauté. Aussi fragile que l’emprunt russe, la fidélité en amour, que l’amour lui-même, que la vie ! Surtout, il fallait, dans les emportements amoureux, éviter les faux pas. Elle savait combien les femmes les paient cher. La vie, si clémente aux hommes, ne leur pardonne rien.
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Il ne trouvait pas convenable comme socialiste prônant l’égalité de s’asseoir sur la banquette arrière de la DS comme faisaient les banquiers, les présidents-directeurs généraux et les hauts dignitaires des deux cents familles. Assis à côté de Roger, il restait près du peuple des travailleurs. Cela ne le satisfaisait qu’à demi. Du moins était-il en accord avec une casuistique en usage dans les congrès de gauche. Le mieux eût été bien sûr de ne pas avoir de chauffeur du tout et de conduire la voiture lui-même. Mais il n’avait jamais réussi à passer son permis. Avoir un chauffeur faisait partie de ses contradictions idéologiques qu’il assumait mal : élu d’une banlieue ouvrière, il n’en habitait pas moins un palais national ; prônant l’égalité, il était servi dans ce palais par une multitude de serviteurs, de cuisiniers et d’huissiers ; favorable à la redistribution des richesses, il vivait somptueusement comme le plus nanti des nantis, damant le pion à ces potentats de la grande bourgeoisie et de la finance dont il stigmatisait les privilèges dans ses discours.
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Rien de plus dangereux d’annoncer comme l’avait fait Maria Berdaiev qu’elle était son genre. Et elle avait savamment distillé pendant des semaines des indices propres à piquer sa curiosité et à allumer son âme romanesque. Pas seulement cette réputation de faire des ravages auprès des hommes connus, qui dope toujours les réflexes assoupis de mâle dominant, mais l’éclat de la légende qu’elle traînait comme un sillage lumineux à Megève, à Marbella et au club Suvretta de Saint-Moritz. Éric s’interrogeait sur les raisons qui incitaient subitement Maria Berdaiev à le pousser dans les bras de son amie. Elle n’avait jamais supporté sa liaison avec Sylvie, la petite actrice avec laquelle il vivait, qui peignait comme elle, concurrence qui n’arrangeait pas les choses. Des œuvres naïves, colorées, qui avaient le mérite d’être originales, alors que les pastels de Maria, d’une excellente technique, n’avaient pas de personnalité.
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Videos de Jean-Marie Rouart (44) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Marie Rouart
Jean-Marie Rouart vous présente son ouvrage "La maîtresse italienne" aux éditions Gallimard. Entretien avec Jean-Claude Raspiengas. Rentrée littéraire janvier 2024.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2979979/jean-marie-rouart-la-maitresse-italienne
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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