Ce tome contient les 8 épisodes de la minisérie, initialement parue en 2007/2008. Ils forment une histoire complète et qui peut être lue indépendamment de toute autre. Elle a entièrement été réalisée par
Duncan Rouleau : scénario, dessins et encrage. La mise en couleurs a été réalisée par
Moose Baumann et Pete Pantazis.
En 411 après JC (soit 1643 années après la seconde chute d'Atlantis), Zosimus (un alchimiste) essaye de dérober la Roue du monde à un individu à tête de pyramide. Il échoue. de nos jours, les
Metal Men passent à l'action contre une intelligence collective appelée U.N.I.O.N., capable de s'infiltrer et de posséder tous les appareils électroniques. L'équipe se compose de robots dont la personnalité est fortement inspirée par les propriétés physiques et chimiques du métal dont ils portent le nom : Gold (or, le chef), Platina (platine), Mercury (mercure), Iron (fer), Lead (plomb), Tin (étain), et Copper (cuivre).
De loin, le docteur Will Magnus observe ses créations en action. Il se souvient la première fois qu'il les a présentées au public, dans des versions plus primitives, et comment il avait refusé de travailler pour la société Magnatech, malgré la proposition du professeur Thomas Oscar Morrow. Il se souvient aussi ne pas avoir réussi à faire une demande en mariage à Helen Garin. Quelque part à l'écart du flux du temps, ses actions sont observées par David Magnus, le frère de Will. Afin de pouvoir financer ses recherches, Will Magnus avait accepté le financement de Solomon Kahn, un mystérieux mécène.
C'est en 1962 que les
Metal Men sont apparus pour la première fois dans le mensuel "Showcase", voir Showcase Presents:
Metal Men – Vol. 01. Ils ont été créés par
Robert Kanigher (scénario) et
Ross Andru (dessins). Régulièrement, les responsables de publication de DC Comics essayent de les remettre au goût du jour. En 2007, c'est donc au tour de
Duncan Rouleau d'essayer de confectionner une version capable de retenir l'attention du public, et capable de rendre les
Metal Men moins ridicules, moins unidimensionnels.
Pour un lecteur connaissant déjà ces personnages, il retrouve donc la personnalité dérivée (plus ou moins) des propriétés du métal dont le personnage porte le nom. Il retrouve également la figure du savant un peu détaché des contingences matérielles, tellement à ses recherches, qu'il néglige sa plus proche amie. Les responsomètres sont de la partie, à savoir les dispositifs technologiques qui fournissent l'intelligence artificielle aux robots. le Professeur TO Morrow (jeu de mot sur "tomorrow") est l'un des principaux ennemis. Rouleau intègre également quelques références pointues à l'univers partagé DC, tel que le robot L-Ron (en provenance de la série Justice League International de JM DeMatteis &
Keith Giffen). Il y a également la participation d'un Manhunter, personnage emprunté à la série Green Lantern. Au final, ces 2 personnages sont sous-employés.
Duncan Rouleau respecte donc bien les caractéristiques principales des personnages et l'historique de leur série, sans être passéiste pour autant. le lecteur prend rapidement conscience que le scénariste ne souhaite pas se confronter aux limites inhérentes des personnages, dont la personnalité n'évolue pas et reste unidimensionnelle (il faut dire que c'est quand même dans leur définition). de même le personnage de Will Magnus est lui aussi dessiné à gros traits, l'auteur préférant évoquer ses choix de chercheur (à quel mécène s'affilier), plutôt que de creuser la psychologie du personnage. Ainsi les remarques relatives à ses actes manqués vis-à-vis d'Helen Garin se limitent à un ressort de l'intrigue, sans faire l'objet d'une analyse psychologique. TO Morrow reste un méchant d'opérette, sans épaisseur. Il en va de même pour l'intelligence artificielle U.N.I.O.N. qui pourtant laissait entrevoir du potentiel.
L'intérêt de la lecture repose donc essentiellement sur l'intrigue.
Duncan Rouleau se montre ambitieux puisqu'en 8 épisodes, il présente tous les personnages pour qu'ils soient accessibles aux nouveaux lecteurs. Il raconte les étapes qui ont conduit Magnus à concevoir et construire la version actuelle des
Metal Men. Il met en scène des combats contre plusieurs ennemis successifs. Enfin il s'amuse à intégrer une nouvelle itération des
Metal Men, version métaux lourds (les Heavy
Metal Men), un groupe de robots ennemis (un Manhunter, Warbox, L-Ron et Body-X), une nouvelle version de Chemo.
Tous ces éléments s'intègrent dans une intrigue complexe se déroulant à plusieurs époques, avec des voyageurs temporels intervenant de manière non linéaire. Arrivé à la moitié du récit, le lecteur renonce à rétablir la logique chronologique des interventions, parce que le récit devient trop éclaté. Il n'est plus possible de savoir si le scénariste s'avère particulièrement adroit dans ces sauts temporels, ou s'il roule le lecteur dans la farine. Les personnages pas assez développés n'arrivent pas à générer un niveau d'empathie suffisant. Pour autant,
Duncan Rouleau sait insuffler un rythme tel que le lecteur continue à tourner les pages avec plaisir.
Il a également développé un univers visuel très agréable. Rouleau utilise un encrage assez appuyé qui peut rappeler celui de
Chris Bachalo par moment. Il emploie régulièrement une mise en page sur la base de cases de la largeur de la page, dont il utilise toute la place (pas juste une tête au milieu de la case). Il fait des efforts pour dessiner régulièrement des arrières plans, permettant au lecteur de conserver à l'esprit où se déroule la séquence. Cet encrage parfois un peu conceptuel rend le déchiffrage d'une poignée de cases un peu plus difficile.
En cohérence avec le scénario, Rouleau conçoit ses dessins pour mettre en valeur l'intrigue, quitte à ce que les personnages ne tiennent pas le devant de la scène. C'est assez singulier comme mise en scène, car finalement les
Metal Men ne monopolisent pas le devant de la scène. Will Magnus jour à part égale avec le groupe de robot, et de nombreux autres personnages. Ce parti pris du réalisateur renforce l'impression que les personnages sont secondaires dans l'intrigue (sans aller jusqu'à être interchangeables quand même).
Chaque séquence est très vivante, avec un bon niveau d'énergie. le travail de
Moose Baumann et Pete Pantazis est remarquable, car les couleurs permettent d'établir une ambiance chromatique pour chaque séquence. Elles aident aussi à contraster les différentes surfaces les unes par rapport aux autres, améliorant la lisibilité de chaque case.
Cette histoire constitue une lecture déroutante. Dans un premier temps le mystère est très intrigant, les personnages sont sympathiques, et les situations sont très animées.
Duncan Rouleau maîtrise l'historique des
Metal Men, ainsi que leur nature, et la personnalité de Will Magnus. L'histoire gagne en épaisseur, et en complexité au fur et à mesure des épisodes, avec des interventions temporelles montrées dans un savant désordre chronologique.
Mais après 4 épisodes, le lecteur constate que les personnages restent superficiels, et qu'il devient impossible de reconstituer le déroulement chronologique des événements. le rythme du récit reste entraînant, mais le lecteur a bien du mal à s'impliquer ou s'inquiéter pour ces personnages.