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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Andrew déteste son père depuis longtemps, depuis qu'il a renversé sans état d'âme un homme, depuis qu'il le harcèle pour faire du sport, depuis qu'il frappe sa mère. Alors Drew se refugie dans des jeux vidéos, il se mutile pour se sentir vivant. Son amitié avec une jeune fille Sky l'aidera-t-il ? Ensemble ces deux écorchés vifs réussiront-ils à se parler, à se comprendre et à faire taire les cauchemars ?

Je pense avoir lu tous les titres de l'auteur, je savais que ce serait bien écrit, prenant et avec des vrais personnages. Andrew est un ado de 17 ans en souffrance, enfermé dans une spirale. On avance dans la lecture du roman avec une boule au ventre. Quelle issue ?

Un roman choc, percutant. On n'oubliera pas Drew...

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ce roman va être dur à chroniquer car moi-même je n'arrive pas à démêler ce que j'ai ressenti pendant ma lecture. Il faut dire qu'elle est très chamboulante : un bouquin sur le racisme, une bonne claque, ça vous dit ?

le roman alterne entre des passages de différents moments du passé de Drew, et le présent : Drew quand il était petit, quand il rencontre Sky, quand il découvre que son père est raciste etc. ça forme une mosaïque assez étrange et parfaitement coordonnée pour rendre le récit encore plus impressionnant. Dès le début, j'ai ressenti pas mal d'animosité pour le père de Drew, Cédric, qui ne fait aucun effort et a des préjugés sur toute personne qui semble un tant soit peu différente de lui. Pourtant, peu à peu on découvre certains moments de son quotidien à lui aussi, son point de vue sur sa vie (et celui de sa femme également), ce qui apporte une dimension encore plus riche au roman : on se rend réellement compte que ok, même s'il est raciste et qu'il paraît insensible, il reste un humain avec des moments d'affection ou d'esprit d'entraide, même si malgré tout cela ne justifie pas sa façon de penser. Cécile Roumiguière a eu dans ce roman une façon de voir les rapports humains tout à fait passionnante et plutôt inédite, je n'ai absolument pas l'habitude de découvrir le point de vue de quelqu'un qui est raciste.

En plus de ce thème fort, la relation de l'enfant aux parents et, par là-même, l'adolescence et le mal-être qu'il peut causer, sont très bien représentés. Durant toute ma lecture, j'ai ressenti un incroyable sentiment de poids à l'intérieur de moi et des sentiments mêlés tels que la pitié, la compassion et la reconnaissance (pas dans le sens de gratitude, mais de compréhension !). Si je devais représenter cette lecture par un symbole, ça serait donc par un petit nuage noir, mais parce que cette lecture ne m'a pas plu, au contraire ! Voir la situation où se retrouvent chacun de ces personnages m'a serré le coeur et fait réfléchir. (et juste comme ça, l'histoire se passe pas loin de chez moi, hehe)

Pour autant, je ne me suis pas particulièrement attachée au style de l'auteur. J'avais pas mal de recul, ce qui m'a empêché de considérer cette lecture comme un coup de coeur car je n'aimais pas ce que je lisais, pour me concentrer seulement sur l'aspect moral présent dans l'histoire. Je pense que j'ai donc du m'accrocher un peu pour lire l'histoire en entier, malgré mon coeur lourd (étrange, je sais). Je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, si ce n'est à Mariji, la grand-mère de Drew, d'une part par son tempérament fort à ce qu'il m'a semblé, parce qu'elle aime les livres, est indépendante et a proposé un marché ingénieux à Drew. En ce qui concerne Drew, j'ai partagé sa tristesse, souffrance, déni, solitude mais certaines de ses actions m'ont parues trop éloignées de ce que je peux concevoir pour que je m'attache vraiment à lui. Et je m'attendais vraiment, d'après le résumé, à ce que Sky prenne une place plus importante et pour le coup j'ai été déçue, ce n'est pas vraiment un personnage qui m'a marqué.

Ce roman, malgré son petit nombre de pages, c'est-à-dire 200 pages, décrit un nombre impressionnant d'événements, et de manière approfondie. La fin est particulièrement percutante ; je la redoutais depuis le début grâce aux analepses et tout qui annoncent déjà un dénouement tragique, et elle m'a marquée.

Les fragiles est un roman fort, mais qui en même temps nous rend fragiles (waouh, quel jeu de mots incroyable). Fragiles parce qu'on ne peut s'empêcher de se retrouver démunis face à de tels personnages, et surtout à de telles relations et mentalités. Cécile Roumiguière a donné un portrait très humain de ce que peut être la faiblesse, se méfier de tous et être raciste. C'est un beau livre qui mérite d'être lu, car même si je n'ai pas été touchée par l'écriture de l'auteure, il apporte un point de vue intéressant sur des choses que nous voyons quotidiennement dans notre vie et que nous condamnons souvent sans en approfondir la réflexion.
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Difficile de résumer ce livre parce qu'il se déroule sur trois temps qui s'entrecroisent, en faisant presque un récit à trois voix. Presque, parce que même si l'époque change, le narrateur reste le même.

Il y a d'abord Andrew à neuf ans, quand il prend le racisme de son père, Cédric, en pleine figure. Alors qu'il est venu chercher son fils après son entraînement de hand, Cédric renverse Ernest, le gardien du stade, et poursuit sa route sans s'arrêter, sans même se soucier de savoir si la victime respire encore. Andrew a honte des actes de son père mais que peut faire un gamin de neuf ans ? Il ne parvient pas à oublier, à surmonter ce traumatisme et va jusqu'à arrêter le hand pour ne plus avoir à croiser Ernest, au grand dam de son père. Ce père qui ne le comprend pas, qui ne supporte pas que son fils soit fétiche, malingre, mais surtout bien plus intelligent que lui. En quête de reconnaissance paternelle même s'il y a pas mal d'incompréhension entre eux, Andrew va jusqu'à rendre volontairement de mauvais devoirs afin d'être sûr de décrocher de mauvaises notes.

Il y a ensuite Andrew a dix-sept ans, qui se fait désormais appeler Drew. Fan de métal, joueur de guitare et amateur de jeux vidéos, le fossé entre son père et lui est plus immense que jamais. Heureusement qu'il peut compter sur le soutien de sa mère Cindy, même si l'adolescence les a un peu éloignés. Il y a aussi Mariji, cette grand-mère trop jeune qui accepte mal les responsabilités. Mais il y a surtout Sky, belle et douce Sky qu'il a rencontré l'été de ses treize ans et qui est devenue par miracle sa meilleure amie. Comme lui Sky cherche l'attention de son père et comme lui elle ne parvient pas à l'obtenir.

Et puis il y a ces quelques pensées de Drew, qui semble perdu en pleine hallucination et qui nous laisse entrevoir quelque chose d'horrible, quelque chose qui sonne presque comme un cauchemar. J'ai été un peu déstabilisée par ces passages à la première personne alors que tout le reste se déroule à la troisième. Les propos sont décousus parce qu'il stresse, parce qu'il panique, et les descriptions, les métaphores qu'il fait nous embrouillent, nous agacent et nous donnent envie de lui crier d'arrêter de délirer et d'être plus clair. Je les trouve presque trop courtes mais surtout trop ponctuelles, trop éparses.

Les trois récits s'entremêlent pour mieux nous dépeindre la vie d'Andrew, pour mieux nous faire comprendre comment il en est arrivé là. Ce découpage peu classique m'a d'abord agacé. Je ne voulais pas laisser le petit Andrew pour suivre le quotidien de Drew, je ne voulais pas partir en plein milieu un épisode qui me semblait inachevé. On finit néanmoins par s'y faire, par prendre le rythme. Au fil des pages les moments que nous offre l'auteur sont suffisant pour nous brosser la façon dont Andrew a été élevé et surtout le milieu dans lequel il a grandi. La frustration s'en va et laisse place à une attente, une appréhension qui ne fait que grandir à chaque fois que reviennent ces lignes en italiques.

La collection Exprim est connue pour ses romans forts et nous offre ici un récit amer, bourré de regrets et de non-dits, d'incompréhension, où deux générations ont du mal à communiquer. Les fragiles n'est pas et ça ne sera jamais un coup de coeur pour moi, sans doute parce qu'il sonne atrocement juste. La narration est fluide, les dialogues crédibles, mais il y a surtout ces tensions dans les interactions, ces mots que les personnages ne disent pas mais qu'ils meurent d'envie de crier. Il y a cette incompréhension entre eux, ce silence qui en devient presque assourdissant. Que ce soit Sky, Drew, Cédric ou Cindy, ils sont tous incapables d'exprimer leurs sentiments, de communiquer réellement. Si Cindy parvient à sortir de sa coquille et à prendre son envol, Drew et Sky se retranchent derrière ces murs qu'ils ont dressés depuis bien longtemps, qui les protègent du reste du monde mais surtout qui les isolent.

Ce qui me plaît dans Les fragiles c'est qu'il n'y a pas de véritable méchant, pas d'ennemi. Il n'y a que la haine de Cédric, cet homme qui a été élevé comme ça, dont l'esprit a été façonné par ses propres parents et par ses fréquentations. Un esprit étriqué où la différence est synonyme de rejet. On parle peu en littérature jeunesse de cette haine quotidienne, de ce racisme, de ce sexisme qui ne s'explique pas, qui est juste là, ancré profondément dans un être. Un être qui pense avoir raison parce que ses parents étaient déjà comme ça. Pour lui c'est ça la normalité. Je n'ai cependant pas réussi à lui pardonner sa façon d'être, je n'ai pas réussi à tolérer son racisme, sa violence, son machisme, ce qui m'a rendu totalement imperméable à ce personnage. L'auteur nous donne toutes les explications, toutes les clés pour que l'on comprenne le point de vue de Cédric, et ça marche. A défaut d'accepter son racisme, on le comprend. Mais ça n'a pas suffi pour que je m'attache à lui. Il ne me répugne plus, il m'indiffère.

Je n'ai pas été déçue par ce livre mais en le refermant j'avais dans la bouche l'amertume des regrets. Je n'ai pas pu m'empêcher de me dire « et si Cédric avait accepté d'écouter ? Et si Andrew avait trouvé le courage de parler ? ». Il y a tellement d'incompréhension entre ces personnages ! J'ai même, à un moment, espéré que Sky change la donne, qu'elle devienne pour Drew une raison de se battre, de se lever contre ce père à l'esprit étroit, qu'elle lui donne sinon l'espoir au moins la foi. Malheureusement les sentiments ne se commandent pas et si Drew se voit bien passer sa vie aux côtés de Sky, elle n'a que son amitié à lui offrir. Impossible donc de ne pas se prendre d'affection pour Drew, de ne pas se demander quand est-ce qu'on lui accordera enfin le bonheur.

Les fragiles est un roman qui ne cherche pas à enjoliver le monde et cela peut déplaire à certains. N'attendez pas une fin rose bonbon entrecoupée d'arc-en-ciel. La vie d'Andrew a mal commencé et malheureusement ça ne s'arrangera pas. Un récit intelligent et fort mais à ne pas lire si vous avez déjà le vague à l'âme.
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Andrew Castan, « Andy » pour sa mère et « Drew » pour les autres, a 17 ans, mais reste traumatisé par ce que son père a fait et a dit alors qu'il n'avait que 9 ans, ce jour où il a renversé le gardien du stade et, jetant une insulte, a pris la fuite. Ce jour-là, il s'est pris le racisme de ce dernier en pleine face.

Tous les personnages sont fragiles (logique, vu le titre). Drew est torturé et ne sait pas quelle est sa place, entre sa mère qui aime le voir réussir et son père qui voudrait un gros dur comme fils.
Quant à Sky, on en apprend un peu plus sur elle vers la fin du roman, alors qu'elle a 18 ans, mais dès le début, on comprend bien que sa vie n'est tous les jours celle d'un conte de fée avec un père qui l'ignore parfois sans qu'elle sache vraiment pourquoi. Cependant, jusqu'à ses 17-18 ans, j'ai trouvé que Sky aurait pu être un peu plus… concrète. Je n'ai pas réussi à m'attacher à elle car, finalement, elle est un peu insaisissable, même pour Drew puisqu'elle part et revient uniquement quand ça lui chante.
Le père de Drew, Cédric, déteste tous ceux qui ne sont pas comme lui : il est donc raciste, antisémite, homophobe, sexiste (le parfait connard en gros). Mais ce n'est pas le méchant suprême et diabolique. Il montre une haine ordinaire, comme on en croise souvent, qui peut causer des dégâts et des souffrances considérables.
Cindy, la mère de Drew, est impuissante face à son mari. Elle voit encore celui qui l'a séduite avec son sourire un peu perdu alors qu'ils étaient très jeunes. Elle essaie de défendre son fils quitte à se prendre quelques baffes, mais elle est toujours un peu perdue face à son fils et son mari qui, tous deux, s'éloignent peu à peu.
Heureusement qu'il y a Mariji, la (jeune) grand-mère cool et un peu hippie, qui apporte de la couleur et de la bonne humeur dans la vie de Drew.

La relation entre Drew et son père est vraiment complexe et l'auteure a parfaitement su l'écrire. Il y a une totale incompréhension entre le père et le fils. Son père projette sur Drew ses rêves avortés, notamment celui de devenir un sportif professionnel, et n'aime pas le voir réussir ses études alors que lui-même avait des difficultés et a arrêté avant le bac. Un fils sensible, bon à l'école, musicien, geek, ne rentrait pas vraiment dans ses plans. Alors, pour tenter de plaire à ce père qu'il déteste en même temps, Drew va donc se saborder lui-même à l'école pour ne pas décevoir avec de trop bonnes notes.
Toutefois, en se plaçant régulièrement du côté de Cédric, on voit peu à peu un autre homme sous le raciste, celui qui a laissé tomber ses rêves, celui qui aimerait retrouver l'amour qu'il éprouvait pour sa femme à leurs débuts, celui qui aime son fils en dépit de tout.

Derrière cette couverture minimaliste très jolie se cache donc un roman violent émotionnellement, pas franchement joyeux (et absolument pas une histoire d'amour comme pourrait le laisser penser le résumé de l'éditeur). La fin enfonce le clou et m'a laissé comme un poids sur l'estomac.

Chaque chapitre est construit avec trois temps :
- le déroulement du jour J où l'on suit parfois Drew, parfois son père ;
- Les flashbacks (8 ans, 6 ans, 3 ans, 1 an, 1 mois avant) qui relatent souvent un souvenir précis (une discussion avec un prof, la première bière, la rencontre avec Sky, une dispute…), mais qui, au fur et à mesure que Drew grandit, couvre une période de plus en plus large (quelques jours, quelques semaines…) ;
- Et enfin, le moment du drame, raconté à la première personne (ce qui tranche étrangement, au début de la lecture, avec le reste du roman), la conclusion de ce fameux jour J, l'instant où le sang coule sur le tapis.
A travers les flashbacks, on se rapproche, chapitre après chapitre, du jour J. Cette construction toute en allers-retours empêche de lâcher le roman. On veut en savoir plus sur l'adolescence de Drew, on veut poursuivre ce jour J dont l'action est plus ramassée, on veut savoir comment on est arrivé à ce drame, à ce sang qui coule (à ce meurtre ? car il faut attendre la toute fin pour savoir ce qu'il s'est réellement passé).

Les Fragiles est un roman digne de la collection Exprim' : ambitieux, percutant et totalement ancré dans le réel (et c'est ce qui le rend aussi dur).
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« Les Fragiles », c'est Drew, Sky et aussi les parents. C'est une intensité qui monte et qui ne lâche pas. Un personnage si fragile qu'on craint qu'il ne s'étiole et disparaisse. Une Sky qui enjambe le monde et les gens sans se rendre compte de ce qu'elle laisse derrière elle comme trace. C'est Cédric, le père, qui n'a pas la clé pour communiquer, qui n'arrive pas à être fier de son fils, qui ne comprend pas le potentiel de Drew. C'est Cindy, la mère, qui fait de son mieux. C'est Mariji, la grand-mère, qui déchiffre les bulles invisibles au-dessus des têtes, celles qui permettent de ne pas parler.

« Les Fragiles », c'est un roman en plusieurs temps, qui s'enchevêtrent et qui donnent les pièces du puzzle. Ce n'est pas simple, non, mais c'est intelligent. Toute la mécanique des personnages est mise en place et on se rend compte des faiblesses des uns et des autres. On n'arrive pas à détester ce père raciste, on le trouve lâche, répugnant mais il a peut-être ses raisons et on peut comprendre la haine que Drew peut ressentir pour lui.

Dès le début du roman , on sait qu'un drame est arrivé et au fil des pages, Cécile Roumiguières installe une ambiance pesante et décortique avec nous les événements qui conduisent Drew à commettre l'irréparable. La lecture n'est pas aisée, elle distille un sentiment de malaise et d'inconfort tout comme Drew peut le ressentir dans son existence.
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Je suis sans voix, je suis en colère face à cette injustice que subit Andy mais en même, abasourdie par son courage face aux épreuves de la vie. La vie n'est facile pour personne, mais il est toujours possible de se relever, de se faire aider, de trouver du positif ou des refuges dans une vie qui ne nous convient peut-être pas, mais l'important est de s'accrocher et de ne pas se laisser démonter. Lisez ce roman. Découvre Andrew. Plongez dans sa vie et parlez-en autour de vous. Un roman à ne pas louper, à la couverture simple mais sublime, à l'histoire riche en émotions et aux personnages incontournables. Bravo aux éditions Sarbacane pour ce nouveau roman de la collection Exprim' qui se fait une place parmi les incontournables...

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Haut les coeurs ! Chronique d'un roman beau et tuant.

C’est l’histoire d’Andrew qui grandit sous nos yeux. Andy devient Drew et, de gringalet, il passe à… gringalet. Drew est un poids plume, son cœur et son corps sont facilement tourmentés par la vie, qui aime bien lui souffler dans les bronches. Il est de ceux qui entrent dans le jeu avec des mauvaises cartes. Son père est un sale con et, depuis le jour où il s’en est rendu compte vers l’âge de 9 ans, ça le mine. Sa mère est paumée, son meilleur ami se fait la malle à l’autre bout du monde, et lui, vers 11 ans, il commence à s’écraser des mégots sur les bras.

Et puis il y a Sky. Tout n’est pas tout rose pour elle non plus, mais elle apporte un souffle bienvenu. Et puis il y a Mamie (qui ne veut pas qu’on l’appelle mamie, elle est trop jeune, penses-tu, elle a eu sa fille à seize ans). Ce n’est pas le génie de la lampe, mais pas loin non plus.

Alors comment en est-on arrivé là ? « Là », c’est presque la scène d’ouverture. « Là », c’est le Jour J, l’instant T, où du sang coule sur un tapis.

Je n’ai pas adoré ce titre (cf. points négatifs) mais il m’a plu (beaucoup), et je l’ai lu presque d’une traite. C’est un roman plus amer que doux mais, dans le monde en nuances de gris qu’il dépeint, il se démarque par des personnages qui éclatent l’écran.

Les plus :

*C’est bien construit. L’histoire se déroule sur deux grands temps parallèles :
-Celui du Jour J, le jour du drame/meurtre(?) (justement, tout le mystère est là…). C’est un temps très ramassé, dense, plus chargé en émotion, peut-être.
-Celui de la vie de Drew avant ce drame, sous forme de grandes analepses pointillées.
On revient régulièrement au Jour J, puis on nous renvoie en arrière, ce qui suscite notre intérêt de lecteur, nous pousse en avant, pour avoir le fin mot. Habile, Bill.

*Les personnages, donc ! C’est pour moi l’énorme + des Fragiles. Je ne me reconnais dans aucun d’eux, pourtant, je les aime tous. Ils sont écrits avec tendresse, avec humanité, même les plus imbuvables. (Exception : Norbert, prototype de bêtise. Ce qui est vachement triste pour un personnage portant le nom d’un adorable petit dragon.)

*Les méchants ne sont pas des méchants. Le père, cet antagoniste qui traverse le roman comme il traverse le salon du canapé au frigo pour aller se chercher une bière, ce père, n’est pas méchant. Il est juste habité d’une haine ordinaire. Raciste, un peu violent, sexiste, un peu égocentrique. Ce n’est pas un sectaire type KKK, pas un taré qui bat tous les soirs femme et enfant – non, c’est juste un con. Je ne saurais insister sur l’importance de faire figurer la haine ordinaire dans nos œuvres culturelles. Ici, c’est elle qui brise, qui gâche, qui traumatise. Et ces personnages haineux sont aussi des gens qui aiment et qui doutent ; des gens qui sauveraient un enfant des roues d’un bus, par exemple.

*Le choix de la 3e personne. Quel PLAISIR. Non, je ne suis pas contre le « Je » par principe, mais il devient, en littérature Young-Adult, le mode de narration par défaut, et n’est que rarement un choix réfléchi.
Ici, la 3e personne permet d’esquiver l’écueil du « Vous êtes dans ma tête mais vous ne savez pas que… » (Pb que j’évoquais dans ma critique des Hunger Games) Elle nous permet aussi de nous rapprocher du père en le mettant au même niveau d’importance que le fils ; cela nous invite à questionner son identité, sa personnalité.

Les moins :

*C’est pas gai-gai. C’est franchement pas gai-gai. Heureusement que je l’ai lu d’une traite, ce roman, je sais d’expérience que laisser traîner ce genre d’ambiance, mêlée d’espoirs fanés et de regrets amers m’aurait pesé. Pourtant, c’est contrebalancé par ces personnages qui essaient de bien faire. Pour certains lecteurs, c’est ça qui restera. Pour moi, c’est plutôt le gâchis monumental de leurs petits cœurs de beurre écrabouillés — mais je me projette.

*C’est un peu dommage que les problèmes de Drew ne soient pas plus tangibles au fil du roman. S’ils l’étaient davantage, la situation finale ne semblerait pas aussi dure. Mais c’est aussi le propos : ben oui, on ne prête attention aux signes qu’une fois qu’on les a identifiés comme tels.

*Les passages dans la tête de Drew m’ont semblé forcés. Ils tranchent énormément avec le reste du roman (par un point de vue interne à la première personne du singulier + l’expression d’émotion imagée et décousue sous le coup du stress + leur brièveté). Le contraste nous fait vraiment sortir de l’histoire et en redevenir spectateurs. Ce n’est pas mauvais en soi, surtout que ces scènes-là portent toutes sur l’instant meurtrier, mais quand même un peu balo vu leur charge émotionnelle ! Il aurait fallu soit les allonger, pour nous laisser le temps de nous imprégner de cette narration, soit les repasser à la 3e personne, peut-être.

À quoi ça m’a fait penser ? À un mélange de ces deux romans :
-Tous nos jours parfaits, de Jennifer Niven
-L'arbre et le fruit, de Jean-François Chabas

Si ces titres vous ont plu, vous devriez trouver votre compte dans Les Fragiles, un roman qui fait dans le social plutôt dur, sans s’enrouler dans une cape humoristique, sans non plus se suspendre par les deux bras à la branche « Romance », à laquelle il cueille néanmoins quelques fruits. Les Fragiles, c’est l’histoire d’un garçon tout abîmé et de ses proches tout abîmés eux aussi.

C’est une belle histoire. Le genre d’histoire qui rend un peu meilleur (même si elle rend un peu triste).

Bonne lecture,

Lupiot
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Un roman qui rentre dans l'adolescence comme aucun autre roman.

Drew est une personne sensible tout comme Sky, vite attachants, je me suis également mit dans la peau du père très mal vu, pour comprendre comment il vit les choses et que ce n'est pas simple pour lui également.

Le truc original dans ce roman d'une beauté inconditionnelle c'est que l'histoire ne se passe pas toute au présent ou toute au passé, on change de temps : soit le "Jour J", soit le passé (trois ans, deux ans avant...) ou le présent.

Si je met trois étoiles et demie c'est car ce roman est un très beau roman mais pas non plus un coup de coeur.
À vraie dire, c'est difficile de noter car ce roman n'a pas de note possible.
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Les Fragiles se présente en chapitres proposant un présent, un passé puis des réflexions. C'est-à-dire que le lecteur va découvrir une partie du Jour J, un souvenir daté de Drew, puis des pensées intimes (que l'on comprendra, bien sûr, à la fin du roman). J'aime beaucoup cette construction, où le lecteur assemble les pièces du puzzle de la vie du héros : l'autrice s'en est très bien servie, à aucun moment on est perdu et on découvre avec plaisir les bouts de vie de Drew.

Drew qui est d'ailleurs peu charismatique mais très attachant : le héros est un jeune homme plein de ressource, drôle et empli d'espoir. Si ses réactions et réflexions du Jour J peuvent parfois nous sembler abruptes, les flash-back nous l'expliquent correctement, ce qui en fait un protagoniste tout à fait pertinent et crédible. Blessé par l'attitude de son père envers lui et sa mère, Drew se fabrique de hauts murs pour se protéger du monde extérieur. Puis il rencontre Sky, une jeune fille fragile comme lui, qui va lui faire vivre par procuration drames et délices de l'adolescence. Leur relation, singulière et détonante, permet à Drew de tenir la barre. J'ai eu un peu plus de mal avec Sky, rebelle peu attentive et égoïste, tout en comprenant comment elle en était arrivée là ; je me suis beaucoup attachée à Drew, moins à sa copine. Par contre, les parents de Drew, et surtout sa grand-mère, ne m'ont pas laissée indifférente ! Avec leurs caractères très affirmés et leur passif détaillé, ils sont très présents et forment un paysage très complet autour de Drew.

Je dois dire que j'ai passé un très bon moment en lisant ce roman, qui montre un adolescent très réaliste, se posant des questions de son âge : amour, lien avec les parents, porno… Mais aussi harcèlement scolaire, racisme, addiction, violences et automutilation. Cécile Roumiguière évoque ces sujets sans les rendre glauques, plutôt de manière à entamer une conversation autour, ce que je salue. Il y a totalement dans ce roman de quoi discuter avec les ados (même si, je m'en souviens, ce n'est pas simple).

Par contre, j'ai quand même trouvé un petit couac pour moi, et c'est la fin. Je suis vraiment partagée sur la fin… D'un côté, plus le récit avance et plus on découvre les personnages ; on se rend compte que tous sont des fragiles, au même titre que Drew et Sky. Ça, c'est ce qui m'a plu. D'avoir des personnages en nuances, ni blancs ni noirs (non, ce n'est pas un jeu de mot avec l'histoire du racisme qui revient dans le roman). Toutefois, je ne sais pas comment interpréter le dernier chapitre. Je trouve que trop peu d'éléments nous ont amenés à cette manière de terminer, en tout cas pour Drew et son père. En tant que lectrice, je ne me suis pas sentie armée pour cette fin-là. Evidemment, je ne peux pas en parler trop ici, alors si vous l'avez lu, n'hésitez pas à m'envoyer un mail pour qu'on en débatte !

En conclusion, je dirais que j'ai trouvé les personnages remarquablement bien construits, l'histoire intéressante et pleine de réalisme, mais je reste un peu sceptique pour la fin du roman.
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Drew a 17 ans. À 17 ans, il devrait avoir la belle vie : virées entre copains, sortir avec des filles. Il devrait être plus musclé aussi, plus carré. Être bon en sport et nul en maths. Enfin, ça, c'est l'avis de son père. Cédric, plombier, nul en maths et raciste. Déçu par ce fils qu'il aurait voulu champion de hand.

Drew a 17 ans, et depuis qu'il a 9 ans, il déteste son père. Il hait son racisme, sa violence, ses préjugés, tout en cherchant désespérément à se faire aimer de lui. Aux côtés de la mystérieuse Sky, Drew va découvrir le métal, une musique qui lui parle enfin et se fait écho de ses sentiments. Et surtout, il trouve une épaule sur laquelle se reposer quand plus rien ne va. Mais Sky est insaisissable et la triste réalité finit toujours par le rattraper…
Pour bien parler des Fragiles, il est intéressant de penser à son point de départ. Cécile Roumiguière est parti de la phrase d'un élève de primaire qui a déclaré un jour que son père était raciste. Dans son roman, elle s'interroge et imagine : comment, aujourd'hui, grandit un enfant dont le père est raciste ? Comment réussit-il à concilier ce qu'il entend à la maison et le discours égalitaire et laïque qu'il entend à l'école ? Cédric est raciste, violent, macho. Face à ce père qu'il hait, Drew se sent déchiré et tente comme il peut de s'en faire aimer, quitte à ramener des mauvaises notes en maths alors qu'il adore jouer avec les chiffres. Drew est à l'image des autres personnages, empêtré dans ses contradictions, perdu quelque part entre ce qu'il souhaite et la réalité. La suite sur Keskonlit.fr...
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