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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Soutenir sa soeur, terrassée par une leucémie, être là jusqu'à sa fin, renouant avec les souvenirs et l'histoire familiale… Évoquer l'amour compliqué pour une mère que la colère habite, et un passé houleux de femmes qui cherchent encore leur place… Vivre, survivre, se tenir debout, face à soi et au monde entier…

Dans ce cours roman, Juliette Rousseau nous parle de femmes, de filles, de soeurs. Elle écrit leurs corps, meurtris, emprisonnés, égarés. Elle offre l'histoire intime d'une famille que la violence, la colère, les silences malmènent.

L'écriture est douce, fluide, poétique. Elle est à l'opposé des sentiments tumultueux qui accompagnent les souvenirs de la narratrice.

La vie têtue est une balade dans les tréfonds de l'âme, et c'est en confident discret que nous écoutons l'amour qui s'en détache avec force…
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116 pages découpées en parties courtes : prose et poésie de l'évocation de sa soeur disparue par l'auteure à travers des souvenirs d'enfance. En fait des destins de femmes parfois contrariés, violents et tendres ... celle de la grand-mère, de la mère, de la soeur et de la fille de l'auteure, de leurs relations complexe entre elles, où l'homme est peu présent, plutôt nocif ou vraiment très loin du récit, d'ailleurs quel rôle y jouerait-il devant ses relations de femmes et mères auxquelles il ne comprend pas grand chose. 

Thanos et Thanatos, un peu Eros sont ici convoqués pour évoquer ces vies et le retour de l'auteure dans son évocation de ces relations. Entre évocation des maladies, rapports au corps dans son évolution et ses maux, l'état d'esprit des mères sur plusieurs générations dans leur évolution profonde, ce sont de très beaux passages d'une écriture d'une grande sensibilité qui nous guident dans ses pages parfois difficiles. Ce sont aussi de beaux textes sur la nature, le rapport de l'auteure et de sa soeur avec la nature environnante mais aussi la fuite en avant quant à la perception de la souffrance et de la lente et fatale détérioration de notre enveloppe corporelle.

Un court premier livre qu'il faut absolument découvrir.
Lien : https://passiondelecteur.ove..
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Une jeune femme retrouve sa maison familiale, elle s'adresse à sa soeur disparue, en évoquant leurs souvenirs communs et les blessures de son enfance.
Il est question du patriarcat, des combats incessants des femmes, du déboisement, de la maladie et de la mort.
Ecriture délicate et violente en même temps.

....La mort a ce pouvoir ....elle efface ce qui s'est mal passé ... c'est sa façon ne pas laisser oublier ceux ou celles qu'elle nous enlève ..."
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Douze ans séparent la narratrice de sa grande soeur. Celle-ci vient de mourir des suites d'une leucémie et sa cadette lui écrit un tombeau, au sens littéraire du terme, mêlant les souvenirs d'une sororité assez distante, tant temporelle que géographique, complexe, mais pour elle essentielle. Sa soeur, on la découvre par petits morceaux de souffrances et d'échecs. Anorexique, boulimique, elle a quitté la maison de la mère pour mener des études scientifiques poussées mais qui l'ont finalement frustrée, ne menant qu'à une vie de famille dans la banlieue de Londres, un pavillon, un enfant, un mari, le divorce et la maladie qui lui a rongé les muscles jusqu'aux os.

La narratrice semble avoir suivi un autre chemin, sexe précoce, drogues, conflits avec la mère, puis, elle même devenue mère célibataire, elle est revenue dans la maison de l'enfance partagée, au milieu de bois et de champs, au bout d'un patelin qui se meurt doucement, entre cultures de maïs et route à deux voies.

Les deux soeurs n'ont pas eu le même père mais ont en commun leur absence et la prédominance des figures féminines, la mère, problématique, conflictuelle, un peu hippie, et la grand mère, qui se venge sur le point de croix d'un mariage vénéneux … Toutes ces femmes sont montrées comme des victimes, plombées par leur corps, par la sexualité imposée, la maternité gérée par les hommes, la médecine, les grossesses désirées ou pas, les avortements clandestins, puis autorisés mais non moins violents.

Le texte se veut donc intime, très intime, et je l'avoue trop pour moi. Je n'ai rien contre un bon gros coup de poing dans le patriarcat, avec ruades et colère dressée contre les murs, mais ici, tout passe par le corps, et je ne suis pas convaincue qu'être femme se réduise à avoir un corps de femme ni que la maternité voulue ou imposée soit le seul prisme par lequel il doive être évoqué. Je ne dis pas que ce n'est pas un angle de vue intéressant, juste que moi, je préfère quand l'approche est plus globale, qu'elle met en jeu du social et du politique. L'intime comme porte étendard, pourquoi pas, mais ce cadrage m'a paru réducteur, non par sa radicalité, mais parce que sortir les tripes, même dans une langue poétique, il me semble que cela détourne de la sphère politique. Et donc, de l'essentiel.

Ce tombeau à un corps détruit, en écho à une nature en perdition, est très beau, mais mortifère. Reste en point de mire plus lumineux, l'enthousiasme de la narratrice pour sa petite fille, » invitée d'honneur d'un monde où le printemps ne s'arrête jamais » … La petite descendante de tant de femmes opprimées, semble elle, promise à échapper à tant de déterminisme … Tant mieux pour elle …
Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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Entre récit et poésie, cette "Vie têtue" de Juliette Rousseau est un livre qui hante son lecteur bien après sa lecture. Ce récit familial qui remue les histoires de familles pour s'en arracher se révèle tout de suite puissant, tant par son cadre que par la force des mots. "Nous sommes les héritières d'une détermination farouche, nous les descendantes des avortements ratés, des grossesses imposées". Ce récit entre la vie et la mort, entre les violences ("avoir un utérus, c'est savoir tuer") et la vie qui revient malgré tout, têtue, comme les hirondelles, embarque de toute la puissance de sa sororité. "Nous n'avons pas été élevées pour traverser nos vies sans nous laisser bouleverser". Son ancrage féministe lui apporte une puissance réelle, sa rage contenue plus encore. ("J'ai oublié la plupart des mauvais moments. La mort a ce pouvoir, comme certaines séparations : elle efface ce qui s'est mal passé, et dore tout le reste, le baigne dans un soleil ardent. C'est sa façon de ne pas laisser oublier celles et ceux qu'elle nous enlève."). Ce récit persiste bien après sa lecture, comme s'il nous avait donné à voir des failles abyssales et la puissance de la vie à venir les recouvrir. "Les vivantes ne s'embarassent pas de la vérité, ce n'est pas elle qui guérit". Simple et puissant à la fois.
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J'avais vu passer ce livre dans la rentrée littéraire et je ne savais pas trop s'il s'agissait d'un roman ou d'un récit. J'ai laissé passer le temps et oublié ce titre, jusqu'à ce qu'il fasse partie de la sélection des 68 premières fois.
Ce premier roman alterne prose et poèmes. Construit avec des chapitres courts, parfois il s'agit juste d'un paragraphe. La narratrice s'adresse à sa soeur aînée, morte d'un cancer à l'âge de 30 ans. On ressent tout l'amour qu'elle a pour sa soeur. Elles ont la même mère mais un père différent. Elle évoque le rapport conflictuel avec sa mère, distante, toujours en colère. Elle parle donc de sa mère, mais aussi de sa grand-mère, de ces générations de femmes qui n'ont rien choisi. Son grand-père reproche à sa mère de n'avoir fait que des filles. En 1945, le devoir conjugal peut relever du viol, mais le mot ne s'applique pas encore. C'est une époque où le patriarcat règne en maître. Les femmes n'ont pas de droits, n'ont pas le choix de devenir mère ou non.
Il y a beaucoup de questions sans réponses, sur le corps et la maternité notamment. A l'instar d'un récit intime, ce livre est bouleversant, sensible et fort. Ce premier roman, écrit par une autrice née en 1986, est issu de son retour dans son village d'enfance, dans sa maison familiale. le livre n'est pas gai, je vous l'accorde, mais intéressant car il témoigne d'une époque, de la condition féminine, du rapport entre les hommes et les femmes. Avec son ton féministe, il prend tout naturellement place dans la collection « Sorcières » de Cambourakis.
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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