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sur 1272 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rousseau voulait être aimé et il voulait mériter de l'être. Sa grande connaissance des auteurs antiques l'a ainsi tout naturellement entraîné à devenir une personnalité sublime, toujours prêt à défendre les idées les plus contraires à son siècle et aux puissants qui en modelaient les opinions politiques et philosophiques.
Il vivra ainsi de nombreuses déceptions en amitié et en amour, il devra varier dans ses appartenances religieuses extérieures, il vivra aussi l'exil et à la longue, à forces d'être constamment blessé, il deviendra un vieil homme de plus en plus méfiant des autres, un interprète de plus en plus attentif aux moindres signes qui pourraient indiquer de mauvaises intentions envers sa personne dans son entourage, son pauvre cerveau frôlera le délire paranoïaque, mais sans rien perdre de sa géniale beauté. C'est dans cet état de trouble qu'il accomplira l'étrange projet suivant : « Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateurs. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature; et cet homme ce sera moi. » (t.1, 21)
Et il en raconte des choses sur sa personne. Il ne s'épargne rien. Il se montre sans pudeur dans toute sa fragilité et ses maladresses. Il fait de son auditoire une divinité analogue au Dieu chrétien, qui aurait besoin de se faire raconter ce qu'il savait déjà afin de lui accorder la reconnaissance de son bon coeur. Il est bien convaincu lui-même de son bon coeur : « Pour moi, je le déclare honnêtement et sans crainte : quiconque, même sans avoir lu mes écrits, examinera par ses propres yeux mon naturel, mon caractère, mes moeurs, mes penchants, mes plaisirs, mes habitudes, et pourra me croire malhonnête homme, est lui-même un homme à étouffer. »(t.2, 486) Mais il avait un cruel besoin d'être reconnu par un entourage qui le jugeait comme la règle juge toujours l'exception : comme une erreur, comme quelque chose de laid ou de mal.
Rousseau, on peut être en accord ou non avec ses idées, à mon avis, cela importe peu. Ce qu'il représente pour moi d'extraordinaire, c'est qu'il nous entraîne toujours à des considérations débordantes de bons sentiments, toujours belles et sincères et il me semble qu'on se doit de l'aimer. On le doit à ce que l'on a de meilleur en nous.
Avec moi, il gagne donc son pari haut la main. Je n'ai aucun doute qu'il ait été un honnête homme, c'est-à-dire une entité imparfaite, mais perfectible et remplie de la meilleure des volontés et des plus beaux sentiments.
Ceci dit, si je suis convaincu de cela, j'avoue que j'étais gagné d'avance par ses Discours, par son Émile, et surtout par son Héloïse!
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J’avais lu, il y a fort longtemps, "Les Confessions" de Jean-Jacques Rousseau et j’en avais conservé un souvenir mitigé. C’est pourquoi j’ai désiré les relire maintenant, même si cela demande énormément de temps. Comme chacun sait, cet ouvrage constitue, dans la littérature française, la première autobiographie vraiment digne de ce nom. L’auteur insiste plusieurs fois sur sa volonté de tout révéler sur sa personne. Il écrit par exemple: « Dans l’entreprise que j’ai faite de me montrer tout entier au public, il faut que rien de moi ne lui reste obscur ou caché; il faut que je me tienne incessamment sous ses yeux, qu’il me suive dans tous les égarements de mon cœur, dans tous les recoins de ma vie ». Ce projet est justifié, semble-t-il, par son désir de vérité face à ses nombreux détracteurs, mais aussi par son narcissisme et peut-être par une sorte de masochisme un peu pervers.
Ce qui m’a surtout intéressé, ce sont les premiers livres qui retracent son enfance et ses années de formation. Avec beaucoup de candeur et un peu de rouerie, Rousseau livre au lecteur de nombreuses anecdotes caractéristiques de sa jeunesse, souvent peu glorieuses, très étonnantes sous la plume d’un auteur du XVIIIème siècle. Il n’hésite pas à détailler ses incohérences et ses petites vilénies. A peine a-t-il commencé la confession de ses erreurs d’enfance qu’il note: « J’ai fait le premier pas et le plus pénible dans le labyrinthe obscur et fangeux de mes confessions. Ce n’est pas ce qui est criminel qui coûte le plus à dire, c’est ce qui est ridicule et honteux ». Parmi les nombreux passages étonnants ou scabreux de ces premiers livres, il y a par exemple le célèbre aveu au sujet du ruban volé. Mais je retiendrai surtout un épisode qui a lieu dans l’hospice où il est amené à abjurer son protestantisme: un des catéchumènes, homosexuel, le poursuit de ses assiduités alors qu’il est encore très jeune. Rousseau dit ou plutôt suggère tout, sans langue de bois mais dans des termes choisis. Il en est de même pour sa première relation sexuelle avec "Maman" (que le lecteur peut trouver choquante). Le commentaire de Rousseau sur son initiation est franc: « Je me vis pour la première fois dans les bras d’une femme, et d’une femme que j’adorais. Fus-je heureux ? Non, je goûtai mon plaisir. Je ne sais quelle invincible tristesse en empoisonnait le charme. J’étais comme si j’avais commis un inceste ». Un clair pressentiment du complexe d'Oedipe ?
"Les Confessions" marquent bien l’irruption du JE dans un récit qui se veut absolument authentique. Je trouve passionnant cet éclairage cru que le cher Jean-Jacques jette sur les faits intimes qui ont contribué à sa formation d’homme; il n’est pas exempt de complaisance, mais il me semble précieux. A mon avis, ces premiers livres - vraiment novateurs - pourraient se suffire à eux-mêmes. Rousseau a cru bon de poursuivre son récit bien au-delà de sa jeunesse. L’auteur n’a de cesse de rapporter toutes les intrigues et cabales qui ont rendu si difficile sa vie d’adulte à Paris. J’ai trouvé ces derniers livres moins intéressants, même s’ils renferment d’importantes informations concernant l’histoire intellectuelle et littéraire du XVIIIème siècle. J'ajoute que, vers la fin de ma lecture, je me suis senti las. Cette œuvre est un monument (trop grand ?) que Rousseau a érigé uniquement pour la postérité de sa personne.
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Certains diront que raconter sa vie, ça n'a aucun intérêt, encore moins de la lire. Rousseau a montré, en "créanté l'autobiographie, que lire la vie d'un autre, cela permettait de se poser des questions sur soi-même. Dans ses confessions, on ne s'ennuie pas, il y a des événements simples mais surprenants. On lit avec plaisir, on s'amuse, parfois on le trouve bien mièvre ou benet. C'est un passage obligatoire pour comprendre l'autobiographie et Rousseau.
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Étudié en cours, je n'ai pas lu l'intégralité de cette oeuvre (jusqu'au chapitre 22 de mémoires, c'était une édition réduite).
Je me suis immédiatement passionnée pour ce livre. La forme narrative et le style m'ont tout de suite plongée au coeur du livre et je tournais les pages avec un intérêt toujours plus vif.
Facile à lire, je le recommande.
Je ne dis bien sur pas de prendre tout ce qui est dit pour argent comptant, mais néanmoins c'est une lecture attrayante et intéressante.
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Qu'il est bizarre de lire un auteur du XVIIIème, tout en se disant que chaque idée, chaque pensée se trouve être similaire aux nôtres, aux pensées de ce pauvre lecteur du XXIème. Outre ce trouble de lecture, j'ai trouvé ces Confessions très intéressantes, où justement les faits autobiographies sont chaque fois entrecoupés de pensées philosophiques dont Rousseau nous a tant et agréablement habitué. Pourtant, les autobiographies ne sont franchement pas ma tasse de thé, mais je trouve Rousseau (en tant qu'homme, écrivain et philosophe) très intéressant, ce qui rend ses Confessions beaucoup plus agréable que certaines autres autobiographies.
En somme, pour ceux qui auraient peur du nombre de pages, je leur conseillerais tout de même de commencer par une autre oeuvre de Rousseau, en guise d'avant goût, comme les rêveries.
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Rousseau ambitionne de dévoiler Jean-Jacques tel qu'il est dans sa mémoire et en son coeur, sans fard ni mensonge. Ainsi confesse-t-il ses petites vilenies, ses actes irréfléchis, ses fautes condamnables et ses inconséquences. On y découvre un être sensible, rêveur; tour à tour timide et ardent, docile et fier - voire indomptable, jaloux parfois, impulsif souvent. Pour les critiques qui voient tout à l'aune de la psychologie, on pourrait dire que le promeneur solitaire est un cyclotomique. Rousseau met toujours en regard l'état de nature et la société des hommes. On peut dire que l'homme naturel et franc de la première partie, cède la place à l'homme malheureux en société, c'est un peu le rêve du bonheur perdu. Il y a une grande disparité dans l'intérêt des deux parties qui composent ces confessions : la première (les six premiers livres), menée tambour battant, est non dénuée d'ironie, on y perçoit des intentions parodiques, le tout est agrémenté de détails fort lestes et piquants. La seconde partie est nettement plus pesante, on a affaire à un homme malade, qui se sent persécuté, qui développe une obsession du complot, de la cabale que ses amis trameraient contre lui.

Opus inégal donc, les Confessions n'en demeure pas moins un livre précieux à plus d'un titre : il est un manuel de sagesse et de bon sens, on y trouve toute la philosophie de l'auteur, il donne des clés précieuses pour la compréhension de l'oeuvre du philosophe de la nature. La première partie est ce que j'ai préféré de mes lectures de Rousseau.
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Rousseau raconte Jean-Jacques, et par la même occasion, révolutionne la littérature...qu'importe si de mauvaises langues en profite pour le rabaisser au rang d'égocentrique paranoïaque...certainement oui, il l'était! et alors? on compatit à ses malheurs, dont certains sont d'ailleurs sacrément originaux, tout de même, et on se permet un peu de détachement quand la mauvaise foi est vraiment trop évidente...mais comment refuser d'accorder son amour à un écrivain qui nous le réclame avec tant de détresse et de douleur? oui, Jean-Jacques, moi aussi j'aimerais un coeur transparent qui comprendrait toutes mes peines! et puis, c'est tellement bien écrit...
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Ma connaissance de ce philosophe se limitait à son ''Discours sur la science et les arts'', et quelques unes de ses notions sur le désir. J'ai beaucoup aimé son ''Discours sur la science et les arts'', c'est ça et d'avoir lu ''Les mémoires d'outre-tombe'' De Chateaubriand il y a quelques années qui m'ont donnés envie d'en savoir plus sur ce philosophe. Donc quoi de mieux que ses confessions, ou Rousseau se dépeint ''dans toute sa vérité .'' Il nous offre une autobiographie classique dans son déroulement, depuis une rapide partie sur la rencontre des ses parents, jusqu'à sa vieillesse. Une autobiographie où il n'hésite en effet pas à montrer ses mauvais cotés, ses mauvaises actions, en plus des bonnes. Un document très intéressant sur l'intimité d'un des plus grands philosophes des Lumières, qui était certes loin d'être parfait, dont une certaine opinion de lui-même, mais qui avait, la plupart du temps, le courage des ses opinions, dont la majorité était à contre-courant. Et on voit à travers cette oeuvre qu'oser prôner des idées à l'encontre de la pensée générale des Lumières pouvait s'avérer risqué. A noter cependant que l'on a là évidement que le point de vue de Rousseau, il lui est arrivé dans ses souvenirs de s'être trompé (volontairement ou non) et qu'il a toujours été enclin à une certaine paranoïa qui n'a fait que s'accentuer avec l'âge. Ses descriptions de faits ainsi que ses jugements sur certaines personnes sont donc, parfois, à prendre avec des pincettes. Les passages dans la 2ème partie du livre où il tient absolument à se justifier sur certains évènements par l'apport de lettres écrites ou reçues m'ont parut un peu lourds. Mais ça en dit également beaucoup sur son caractère.
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Il m'a énervée Jean-Jacques. Déjà car ce soir où je devais préparer mon exposé sur Rousseau et les femmes en classe de première, il y avait un concert des Backstreet Boys sur MTV, et en direct, et que Everybody et leurs déguisements de vampires en soldes chez Lidl ont été mon premier émoustillement. Je reprends, pardon.
Le type qui a eu le toupet d'écrire un bouquin sur l'éducation en ne s'occupant pas des siens s'écoute écrire, s'écoute penser, en jouit trop souvent, mais il le fait avec une telle vérité que, ce soir-là, j'étais presque heureuse de dire à Mme Courtois, ma professeure de français en Géorgie (oui, j'ai appris Molière à Tbilissi, et en VO pour moi) à quel point je méprisais la façon dont il les considérait, sa faiblesse. Et oublier les Backstreet Boys.
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J'ai aimé retrouver la vie de cet auteur. le projet autobiographique est intéressant. Rousseau tente d'expliquer ce qu'il est en essayant de nous raconter et de réfléchir à son enfance et son éducation. Ainsi, il retrace la mort de sa mère, le partage de la lecture avec son père, l'apprentissage du sentiment amoureux… C'est un Rousseau touchant qui se livre. Et comme dans tout projet autobiographique, on se demande quel est la part de fiction, de romancé. L'auteur, qui écrit ce qu'il était enfant, adolescent, se sent persécuté. Il est en quête de reconnaissance. C'est ce qui m'a le plus touché ! J'ai essayé de comprendre comment on peut arriver à ce point à un tel sentiment de persécution.

Derrière la vie de Rousseau, c'est une peinture de la société que nous livre l'auteur : la place du catholicisme, l'hypocrisie, la fausse dévotion, inégalités entre les Hommes.

Finalement on a envie de l'aimer ce Rousseau, de lui souhaiter d'être heureux et reconnu. C'est une belle relecture pour moi. Et vous, tentés ?
Lien : http://lesbavardagesdesophie..
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