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Le ROMANTISME en cinquante-trois oeuvres : une Liste chronologique toujours ouvert...
Liste créée par dourvach le 06/12/2014
53 livres.

Le romantisme en quelques dizaines d'oeuvres : liste contributive, donc toujours "ouverte"... à condition d'argumenter "un peu" votre (ou vos) choix esthétique(s) personnel(s) !

Offerte par notre amie babéliote hermant_martine, cette "petite définition du Romantisme" : " Mouvement intellectuel, littéraire, artistique qui visait [et vise toujours] à renouveler les formes de pensée et d'expression en rejetant les règles classiques et le rationalisme, en prônant la nature, le culte du moi, la sensibilité, l'imagination, le rêve, la mélancolie, la spiritualité, en réhabilitant le goût contemporain, la couleur locale, la vérité historique." (Source : CNRTL)

Amitié à tous... et MERCI de vos apports si possible argumentés ! :-)



1. Le Château d'Otrante : Histoire gothique
Horace Walpole
3.38★ (515)

[alicefield] "A ces mots, il prit la main glacée d'Isabelle à demi morte de crainte et d'horreur. Elle poussa un grand cri et s'arracha à son étreinte. Manfred se dressait pour la poursuivre, quand la lune qui était maintenant levée et brillait derrière la croisée opposée, lui montra les plumes du Casque fatal qui s’élevaient jusqu'à la hauteur des fenêtres et s'agitaient en tout sens, comme au souffle d'une tempête en produisant un sourd et profond bruissement. Isabelle, qui s'était peu à peu ressaisie et qui ne redoutait rien que d'entendre Manfred poursuivre sa déclaration, s'écria : — Regardez, Monseigneur ! voyez, le Ciel lui-même se prononce contre vos intentions impies ! — Le ciel ni l'Enfer n'entraveront mes desseins, dit Manfred s'élançant de nouveau pour retenir la Princesse." (un extrait choisi par Slava) [1764]
2. Les Souffrances du jeune Werther
Johann Wolfgang von Goethe
3.75★ (6541)

[GODINHO] Mélancolie des grandes passions. Pour moi Werther est le premier héros romantique, il exprime d'une façon éclatante sa sensibilité ainsi que son malaise... Quel bonheur d'écouter Jonas Kaufmann et Sophie Koch en amants magnifiques dans le chef -d'oeuvre de Massenet... Werther ! une folie sublime. " Que je suis aise d'être parti ! Ah ! mon ami, qu'est-ce que le coeur de l'homme ? Te quitter , toi que j'aime, toi dont j'étais inséparable ; te quitter et être content ! Mais je sais que tu me le pardonnes " [1774]
3. Les Confessions
Jean-Jacques Rousseau
3.37★ (6503)

[alicefield] "Ici commence le court bonheur de ma vie ; ici viennent les paisibles mais rapides moments qui m’ont donné le droit de dire que j’ai vécu. Moments précieux et si regrettés ! Ah ! recommencez pour moi votre aimable cours ; coulez plus lentement dans mon souvenir, s’il est possible, que vous ne fîtes réellement dans votre fugitive succession. Comment ferai-je pour prolonger à mon gré ce récit si touchant et si simple, pour redire toujours les mêmes choses, et n’ennuyer pas plus mes lecteurs en les répétant, que je ne m’ennuyais moi-même en les recommençant sans cesse ? Encore si tout cela consistait en faits, en actions, en paroles, je pourrais le décrire et le rendre en quelque façon ; mais comment dire ce qui n’était ni dit ni fait, ni pensé même, mais goûté, mais senti, sans que je puisse énoncer d’autre objet de mon bonheur que ce sentiment même ? Je me levais avec le soleil, et j’étais heureux ; je me promenais, et j’étais heureux ; je voyais maman, et j’étais heureux ; je la quittais, et j’étais heureux ; je parcourais les bois, les coteaux, j’errais dans les vallons, je lisais, j’étais oisif, je travaillais au jardin, je cueillais les fruits, j’aidais au ménage, et le bonheur me suivait partout : il n’était dans aucune chose assignable, il était tout en moi-même, il ne pouvait me quitter un seul instant." (un extrait choisi par ladyoga) [1782 & 1789/ 1813]
4. Les Brigands
Friedrich von Schiller
3.75★ (223)

[Nastasia-B] [extrait de sa critique] Comme je n'ai pas peur des mots, et encore moins du ridicule, je dis que cette pièce est une pièce maîtresse de la littérature mondiale, malgré ses faiblesses, ou plutôt même, en raison de ses faiblesses. C'est un peu comme les premiers tubes de Beatles, il y a à redire, mais quel jus, quel peps ! Cette pièce en particulier, ainsi que l'autre pièce maîtresse, à savoir "Les Souffrances du jeune Werther" de Goethe ont changé la face du monde littéraire (et peut-être même un peu plus). Nous sommes au XVIIIème siècle finissant, mais la Révolution Française n'a pas encore eu lieu et pourtant, tous les ferments de la révolte sont là, le Romantisme allemand va naître de ça, et de là, le Romantisme tout court, avec toutes les suites qu'on lui connaît. Et tout ça, cela vient d'où ? Des "Brigands" de Schiller. Alors, c'est vrai, elle n'est pas parfaite cette pièce, c'est une oeuvre de jeunesse, elle en porte tous les stigmates, Johann Christoph Friedrich Schiller ne s'appelle pas encore "von" Schiller, il a encore toute la fougue et l'inexpérience de son jeune âge, mais aussi, et surtout, toutes les qualités. [1792]
5. Guillaume Tell
Friedrich von Schiller
3.96★ (140)

[Nastasia-B] [extrait de sa critique] Ce récit mythique, fondateur de l'identité suisse, dont on retrouve la trace écrite pour la première fois dans le livre blanc de Sarnen, qui a pour théâtre le Lac des Quatre Cantons situé en plein coeur de la Suisse moderne, tombe à pic pour Schiller. L'Europe est secouée par le tremblement de terre idéologique et politique que constitue la révolution française. L'ordre ancien vacille et le désir des peuples à l'autodétermination et à l'émancipation n'a jamais été aussi fort, notamment sous la houlette des Lumières. L'émergence de Napoléon, le leader national issu du peuple et combattant la tyrannie des monarques européens consanguins fait son oeuvre dans les cerveaux un peu partout en Europe. Le romantisme commence à pointer le bout de son nez, donc, quoi de mieux pour Schiller que cette légende ancienne, montrant la réussite d'un soulèvement populaire pour l'accession au plus fondamental des droits de l'homme ? La liberté. [1804]
6. Le Prince de Hombourg
Heinrich von Kleist
3.51★ (185)

[Nastasia-B] [extraits de sa critique] "Le Prince De Hombourg" est un drame héroïque et romantique en cinq actes de l'éphémère mais flamboyant Heinrich von Kleist, auteur à la destinée et au tempérament presque aussi fantasque et baigné du sens de l'honneur que celui de son héros. (...) Personnellement, j'ai bien aimé cette pièce, l'ai trouvée agréable mais sans plus, sans foudre, pas de celles que je juge mémorables. Je n'ai pas vibré autant qu'aux accents flamboyants d'un Schiller par exemple. Cette pièce -- et notamment le rôle principal -- fut rendue célèbre par une prestation mémorable de Gérard Philipe en Avignon dans les années 1950 et dont on trouve encore l'enregistrement sonore. À voir donc si vous vous sentez des affinités pour ce genre de théâtre, pour les autres, probablement pas un indispensable. Mais quoi qu'il arrive, ce sera toujours à vous d'en juger car ce n'est là qu'un avis, non princier, c'est-à-dire, pas grand-chose. [ "Prinz Friedrich von Homburg oder die Schlacht bei Fehrbellin", 1808-1810]
7. Le chevalier Harold
Lord Byron
3.82★ (35)

[Nastasia-B] [extraits de sa critique] Qu'est-ce que c'est que ce truc bizarre ? Force m'est de constater que ce n'est pas banal. Sans trop de certitude, je le catégoriserais volontiers comme étant une sorte de récit de voyage en vers avec émission d'une opinion politique et culturelle. (...) Le lord George Gordon Byron, petit fils du grand navigateur, explorateur et commodore John Byron qui avait été le précurseur de James Cook, écrasé par le poids de son ascendance et probablement désireux de se faire un prénom a tout juste la vingtaine lorsque les morts de sa mère et d'un ami proche le plongent dans une profonde mélancolie et l'incitent à prendre la mer et à s'embarquer dans un long voyage. Son projet initial de Byron était de rallier les Indes britanniques en passant par la Méditerranée, l'Anatolie, et la Perse. Il n'accomplira jamais la partie terrestre de ce voyage, se contentant de caboter en Méditerranée. En 1809, il s'embarque donc, en deuil ou peu s'en faut, en direction de Malte en faisant escales au Portugal et dans le sud de l'Espagne. Son "Childe Harold" est donc un ouvrage en vers principalement et largement autobiographique auquel il souhaite donner un air moyenâgeux dans le vocabulaire et les tournures employées. (...) ["Childe Harold's Pilgrimage", publié entre 1812 et 1818]
8. Frankenstein ou Le Prométhée moderne
Mary Shelley
3.91★ (13475)

[stalker] (*) Outre le fait qu'il inaugure des réflexions qui vont parcourir toute la science-fiction jusqu'à aujourd'hui (rapports entre l'homme et une science qui risque de le dépasser), "Frankenstein" possède quelques chapitres qui sont une véritable pépite littéraire. (...) C'était, à ma connaissance, la première fois que l'on donnait la parole au monstre, et non aux hommes chargés de l'anéantir. (...) Dans ce processus, la poésie romantique joue un grand rôle, en faisant du poète un être possédant un regard unique sur le monde. Le subjectif prend le pas sur l'objectif. Plus de discours impersonnel et normatif, mais les cris de l'âme. Dans l'univers du roman, on présente volontier des personnages exceptionnels qui nous donnent un regard différent sur le monde. L'un des procédés les plus intéressants dans cette recherche d'un discours subjectif et unique, et j'en reviens à Frankenstein, est l'utilisation d'un narrateur intérieur : on voit le monde par les yeux d'un être caractérisé par sa singularité (de l'enfant à l'animal, du monstre à l'ange). Et lorsque la narration est à la première personne, que le personnage singulier prend lui-même la parole, on aboutit à une vision totalement subjective. (...) "Frankenstein or The modern Prometheus" [1818] (*) L'intégralité de cette critique est à découvrir chez notre ami stalker...
9. Eugène Onéguine
Alexandre Pouchkine
4.22★ (2362)

[Nastasia-B] [extrait de sa critique] "Eugène Onéguine", c'est l'histoire d'une rencontre. C'est l'histoire d'un avortement amoureux. C'est l'histoire d'une erreur de timing qui rend chacun malheureux. Eugène est un dandy russe, viveur mais déjà blasé, des choses comme des gens, des amours également. Fuyant l'univers mondain, il se réfugie à la campagne, tâcher de redonner quelque sens à sa vie. Tatiana, elle, est jeune, intacte, non encore abîmée dans ses rêves et dans sa vie, prête à croire et à s'enflammer. Onéguine est celui qu'elle attend, au creux de ses rêves. Mais elle, est-elle celle qu'Onéguine espère ? Olga, la soeur de Tatiana en pince pour Lenski, l'ami d'Onéguine. Deux amours, un orgueil offensé, en faut-il davantage pour convoquer un duel ? Le reste, je vous le laisse à découvrir. C'est surprenant de savoir, après coup, combien le duel dépeint dans Eugène Onéguine annonce la fin réelle d'Alexandre Pouchkine, mort lui aussi dans un duel, par un froid hiver... [entre 1821 et 1831]
10. Indiana
George Sand
3.71★ (1415)

[GODINHO] C'est un très beau roman, à mon avis sur l'émancipation féminine entre la soumission et la rébellion. Indiana est un personnage plein de courage et de convictions. George Sand dresse un portrait du mariage tel qu'il était vu à son époque. Le suicide romantique à l'époque était très mode, voyez Hernani, Ruy Blas mais dans Indiana le suicide èchoue, intervention ou maladresse (divine) belle fin. En conclusion, il faut le lire. Vous vous rendrez mieux compte par vous-même . [1832]
11. Lorenzaccio
Alfred de Musset
3.68★ (9530)

[Tarendol] " LE DUC : Quelle est donc cette belle femme qui arrange ces fleurs sur cette fenêtre ? Voilà longtemps que je la vois sans cesse en passant. LORENZO : Où donc ? LE DUC : Là-bas, en face, dans le palais. LORENZO : Oh ! ce n’est rien. LE DUC : Rien ? Appelles-tu rien ces bras-là ! Quelle Vénus, entrailles du diable ! LORENZO : C’est une voisine. LE DUC : Je veux parler à cette voisine-là. Eh, parbleu ! si je ne me trompe, c’est Catherine Ginori. LORENZO : Non. LE DUC : Je la reconnais très bien ; c’est ta tante. Peste ! j’avais oublié cette figure-là. Amène-la donc souper. LORENZO : Cela serait très difficile. C’est une vertu. LE DUC : Allons donc ! Est-Ce qu’il y en a pour nous autres ? LORENZO : Je lui demanderai, si vous voulez, mais je vous avertis que c’est une pédante ; elle parle latin. LE DUC : Bon ! elle ne fait pas l’amour en latin. Viens donc par ici ; nous la verrons mieux de cette galerie. " (un bel extrait de l'acte II choisi par notre amie Nastasia-B...) [1834]
12. Eugénie Grandet
Honoré de Balzac
3.67★ (23018)

[dourvac'h] Le coeur d'Eugénie, tellement vaste. L'humour descriptif balzacien ici débridé : tableau vivant d'un milieu matérialiste où cette fleur s'épanouit. Son amour naïf, si désintéressé, pour son cousin désargenté. La rouerie du père Grandet, l'égoïste, intraitable... Son épouse "soumise", qui n'en pense pas moins : résistante ? ... Tout y est si fin. Tout nous touche, tout émeut. Nous habitons chaque mur de la maison Grandet, à Saumur. Si belle oeuvre, vraiment... [1834]
13. La Peau de chagrin
Honoré de Balzac
3.88★ (21162)

[dourvac'h] La misère et la tentation du suicide ont amené le jeune Raphaël de Valentin errant dans Paris à cette rencontre maudite... Drôle d'antiquaire et sa "peau de chagrin" en son pacte faustien... « Si tu me possèdes, tu posséderas tout, mais ta vie m'appartiendra ». Désormais rien à faire, car cette peau de chameau rétrécit à chaque fois qu'un voeu s'accomplit : l'on tombe malade et l'on mourra lorsque le talisman ne sera guère plus gros qu'une tache de café ... Sauf que la richesse, la gloire, la séduction des femmes -- que l'on aura connues avant -- vous laisseront à l'âme un goût de vide... Formidable récit, entre réalisme du pavé parisien (où l'on cotoie l'arriviste Rastignac) et cette fantasmagorie d'une boutique obscure à l'existence bien incertaine ... Un chef d'oeuvre du fantastique romantique balzacien. [1831]
14. Le Lys dans la vallée
Honoré de Balzac
3.74★ (13318)

[choix de Eve-Yeshe] « Oui, la première femme que l'on rencontre avec les illusions de la jeunesse est quelque chose de saint et de sacré. » Balzac en fit l'expérience. Il imagine son roman comme une confession. Félix de Vandenesse raconte, avant de l'épouser, ses amours passées à la comtesse de Manerville. Très jeune, au cours d'un bal, il couvre de baisers les épaules - d'une belle inconnue assise à ses côtés. Mme de Mortsauf était douce et maternelle. Il l'aima, et ce lys dans une vallée de Touraine brûla d'amour pour lui. Son mari ne vivait que pour la défunte monarchie, et Félix quitta la vallée pour une brillante carrière politique et mondaine à Paris, au bras d'une sensuelle marquise anglaise. Mme de Mortsauf avait la beauté d'un ange, elle le devint. Le roman de Balzac est aussi «l'histoire des Cent Jours vue d'un château de la Loire». [Source : Le Livre de Poche] [1836]
15. Mémoires d'outre-tombe : Anthologie
François-René de Chateaubriand
3.89★ (2397)

[Musardise] ... avec cet extrait d'une étude de Bruno PINCHARD, 2008 : "Virgile vit au milieu de la campagne, mais il ne peint nulle scène campagnarde, réservant cet art aux académismes qui lui survivront. En revanche, Chateaubriand « peint » toujours sur fond de désastre affectant un Sens majeur, désastre parfois heureux et souvent malheureux : il proclame dans le "Génie du Christianisme" qu?il y a une jouissance irrépressible à peindre les paysages immenses de la nature lorsque le « troupeau des petits dieux » du paganisme a été effacé de nos horizons par le christianisme vainqueur. Mais il peint aussi dans les "Mémoire d?Outre-Tombe" et dans "La Vie de Rancé" tant d?horizons vidés parce que l?ancien monde n?est plus, que les grandes pondérations cosmiques se sont effacées et qu?avec l?âge, la fatigue est venue, et que, sincèrement, il est trop tard pour peindre un beau, un grand, un digne paysage?, et ce faisant il peint de façon poignante, inoubliable, telle dispersion des tombes dans la campagne romaine ou tel jeu de la terre et de la mer dans les campagnes pélagiques de son pays natal. (...)" [1809-1841]
16. Jane Eyre
Charlotte Brontë
4.30★ (43464)

[dourvac'h] Une lecture toujours "actuelle" : une âme dévouée, splendide... Grace à Jane, on comprend mieux ce qui se passe dans la tête des jeunes femmes kurdes, se sentant aujourd'hui capables -- et surtout désireuses -- d'affronter en ARMES les tristes psychopathes de "Daech", au cerveau lavé au Blanc Bonux... L'opiniâtreté imperturbable et l'empathie salvatrice sont les seules forces de Jane. Et quelles ressources !! Un personnage capable d' "agrandir" l'âme de son lecteur ou sa lectrice. Ses scrupules incessants, son intelligence sensible, ses affects : charme de cette voix intérieure qui ne nous lâche pas, tout au long de ce récit dense, superbement illustré au cinéma en 2006 par Cary Fukunaga, dans les landes magiques de Cornwall ! [1847]
17. Les Hauts de Hurle-Vent
Emily Brontë
4.13★ (48292)

[hermant _martine] Si tout a été dit et redit sur la formidable puissance des "Hauts de Hurlevent", sur le génie tragique de son auteure dans le contexte de l'époque, il reste que cette force a traversé le temps associée à l'image d'une lande balayée par le vent. Je me suis moi-même "fait avoir" en y cherchant une phrase décrivant cette dite ambiance. Eh bien, en le relisant, je n'ai trouvé que très peu de descriptions de paysages : autant dire l'impact de l'atmosphère du roman pour les avoir fixées en vision éternelle. C'est également pour cette raison que la passion de Cathy et d'Heathcliff représente LA référence absolue d'un amour résistant à tous les obstacles, même à la mort. Voilà qui lui attribue bien le mérite d'être considéré comme un exemple de littérature romantique et un des premiers romans "gothiques" ! [1847]
18. Le Domaine d'Arnheim
Edgar Allan Poe
3.30★ (26)

[dourvac'h] Quelle belle nouvelle ! Un rêve-paysage qui se construit page après page... Nous remontons le fil d'une rivière qui se termine en ruisseau dans un paysage cerné de collines rondes et de montagnes brumeuses à l'approche de la nuit... Une longue et prenante "nouvelle" féerique (plutôt que fantastique) traduite de l'américain par Charles Baudelaire. [1847]
19. Premier Amour. Nouvelles et poèmes en prose
Ivan Tourgueniev
3.67★ (2630)

[Eve-Yeshe] Pour moi, ce livre est une petite merveille. le narrateur âgé de quarante ans, raconte au cours d'une soirée avec ses amis, son premier amour (c'est la thème de la soirée). Il a seize ans alors, et il tombe amoureux d'une voisine Zinaïda et il nous dévoile toutes ses émotions d'alors, sa découverte de l'amour pur, unique, platonique. C'est un adolescent qui s'éveille à l'amour et qui va rencontrer aussi des désillusions lorsque peu à peu Zinaïda s'éloigne de lui, devient plus froide. C'est très bien écrit, touchant avec ce qu'il faut de pudeur. Bref, la belle époque du Romantisme. Un parcours initiatique qui va faire de l'adolescent un homme. Je l'ai lu il y a longtemps, je ne me souviens plus du nom du héros mais le prénom Zinaïda est resté dans ma mémoire... [1860]
20. Tess d'Urberville
Thomas Hardy
4.04★ (5940)

[dourvac'h] Si précis, cruel, touchant, psychologiquement crédible, historiquement juste, littérairement accompli... Nous vivons les évévements (amoureux puis déplorables) au gré des coeurs d'Angel et Tess, bien évidemment... Une des oeuvres-phares du romancier britannique Thomas Hardy, un livre dense qui fut magistralement adapté au cinéma par Roman Polanski en 1979 [1891]
21. Anna Karénine
Léon Tolstoï
4.28★ (19331)

[Eve Yeshe] [extrait de sa critique] Ce roman est un chef-d'oeuvre. Je l'avais beaucoup aimé lors de ma première lecture à l'adolescence . Un demi-siècle plus tard, j'ai eu à nouveau un coup de foudre pour la langue, l'écriture de Tolstoï. C'est une belle histoire, très bien construite pendant laquelle on découvre trois couples dont les destins sont liés sans forcément se côtoyer au quotidien. Anna est une belle femme qui a fait un mariage de raison avec Alexis Karénine, haut fonctionnaire en vue dans la ville de Saint-Pétersbourg dont elle a eu un fils Serge. Tous deux mènent une vie aisée, sortent le soir ou invitent des amis. Son frère Stepan Oblonski a épousé Dolly qu'il trompe avec tous les jupons qui passent et mène une vie oisive, opportuniste et un comportement d'éternel adolescent qui le rend très vite insupportable. le troisième couple est formé par Kitty, la jeune soeur de Dolly et Lévine, un ami de Stepan. Un couple qui se construit et repose sur l'amour en opposition avec la passion d'Anna pour Vronski. Tolstoï nous propose ainsi plusieurs facettes du mariage, du couple... Anna n'est pas seulement belle, elle est intelligente, sensible et après, avoir longtemps résisté, elle finira par choisir de partir avec Vronski, sacrifiant son fils au passage. Tolstoï décrit très bien ses périodes d'hésitation, ses tourments de mère, la façon dont elle est écartelée entre le devoir et l'amour ou plutôt la passion, car elle ne sait pas mentir. Tous les personnages sont étudiés en détails, leurs qualités, leurs défauts, Tolstoï n'en fait jamais des icônes mais des êtres de chair. Il réussit même à nous émouvoir quand il plonge dans l'âme de Karénine qui au premier abord nous paraît froid insensible, mais qui est prêt à fermer les yeux pour que la vie continuer comme avant. Un autre personnage intéressant : Lévine. Amoureux d'abord éconduit de Kitty, il se réfugie dans ses terres et essaie de moderniser l'agriculture, pour améliorer ou rentabiliser les récoltes, ce qui ne plaît pas forcément aux paysans qui n'ont pas envie de changer leurs habitudes. Il lit beaucoup, en particulier tout ce qu'il peut trouver dans ce domaine et on voit apparaître des idées de réformes, (nous sommes à la fin du 19e siècle). Un contraste important avec le mode de vie des gens aisés de la noblesse. On sent que Tolstoï aime ce personnage ; il s'identifie un peu à lui, son nom est inspiré de son propre prénom Lev. Il lui prête aussi une réflexion sur la vie et la mort. Anna et Lévine sont les deux personnages que j'ai préférés dans cette deuxième lecture, car ils sont puissants, avec leurs forces et leurs faiblesses, ils évoluent tout au long du roman, ils tiennent les rênes de leur existence... [1877]
22. La légende de Gösta Berling
Selma Lagerlöf
4.04★ (344)

[madameduberry] Pasteur révoqué pour inconduite, Gösta Berling est aussi un personnage qui va très loin dans l'abjection, puisqu'il pousse à la mise au ban et jette dans la misère sa bienfaitrice, puissante maîtresse de forges de ce pays enneigé, où les longues nuits se passent dans une forme de terreur supportée grâce à l'ivresse. Ce personnage légendaire étreint un large public, bien au-delà de la Suède, par la force de ses passions , par le caractère démesuré de ses actions, son côté jusqu'au- boutiste et ses échecs répétés, sa lucidité qu'il essaie de tuer dans ses excès sans y parvenir. Il rejoint le groupe des héros à la fois cérébraux et romantiques: la trinité Lucien , Fabrice et Julien, et naturellement Solal. De beaux personnages féminins jalonnent la route de ce mercenaire de la vie et des sentiments, tour à tour chef de bande, maître de forge, mendiant et gueux, jouisseur, amoureux, et éternel insatisfait. L'écriture, exaltée comme son personnage, donne à cette légende, ou saga, la dimension d'une homélie, l'aspect intemporel du chant d'un barde, la force lyrique d'un opéra . Un des livres fulgurants, qui comptent le plus pour moi. [1891]
23. Bruges-la-morte
Georges Rodenbach
3.79★ (831)

[hermant_martine] J'ai aimé ce long cheminement du personnage, cheminement de son deuil, cheminement de l'amour perdu et cru retrouvé, cheminement dans les rues de Bruges, ville écrin et vivante à l'unisson, en symbiose avec la désespérance du veuf ... C'est admirablement bien écrit, éclairé d'images poétiques, justes, superbement évocatrices et de réflexions subtiles. Il faut dire que le sujet de l'amour survivant à la mort, ainsi que les références à d'autres récits d'élection, ne pouvaient que se trouver en résonance avec mes affinités. Et comment ne pas se délecter dans la façon dont l'histoire s'effile, tel un poème symphonique tant la langue est musicale, avec juste ce qu'il faut d'ironie dans l'observation des situations et des êtres... jusqu'au dénouement si implacablement romantique ? [1892]
24. Les enfants Tanner
Robert Walser
4.00★ (529)

[dourvac'h] Ce jeune Simon Tanner chez sa logeuse Klara (femme mariée). Logé à l'oeil, se permettant même d'y inviter comme coloc' son frangin Kaspar, peintre fauché (mais talentueux)... Rivages lumineux du lac (de Bienne ou "Bielersee"). Suisse alémanique bourgeoise d'il y a cent ans. Simon-"le-non-héros" ne s' y embarasse pas de conventions... Pas un feignant, juste un drôle d'oiseau sentimental, posé sur une branche pour un jour ou six mois, peut-être ailleurs demain... La magie imprévisible Walser, un an avant son chef d'oeuvre, "Le Commis". Une écriture lyrique. On ne sait jamais de quelle matière sera faite la phrase. Du sable ? Du rêve ? Ou est-ce l'air qui tremble ? [1907]
25. Vie de Samuel Belet
Charles-Ferdinand Ramuz
4.45★ (105)

[dourvac'h] La vie des humbles sous la rigueur des temps (avant et après 1871), sous les grands froids du ciel. Jamais une oeuvre n'aura "chanté" pareillement -- "sonné" à nos oreilles engourdies ! Un son mat comme celui des sabots de Gauguin sur le granit breton... Existentialisme et romantisme des bords du lac (Léman, pour ne pas le nommer). Un des plus beaux romans jamais écrits : autant dire une rare merveille artistique -- au ton humaniste et sobrement lyrique -- parfaitement inconnue des "masses"... [1913]
26. Le grand Meaulnes
Alain-Fournier
3.75★ (44788)

[mariech] En Sologne, à la veille de la "Grande Guerre"... L'aventure d'Augustin Meaulnes, racontée par son ancien camarade de classe, François Seurel, devenu son ami. Augustin Meaulnes fut pensionnaire dans la maison des parents de François... Roman que j'ai lu à l'adolescence et qui me semble être un incontournable de la littérature romantique. Ne comptez pas sur moi pour raconter l'histoire, je l'ai oubliée mais je n'ai jamais oublié l'atmosphère de ce livre qui m'avait enchantée. La quête du héros qui part à la recherche de la femme de ses rêves, celle aperçue lors d'une soirée magique. Et puis la mort de l'auteur au début de la grande guerre, les promesses d'écrivain non tenues. Il y a quelques mois on a reparlé de l'auteur, le 22 septembre 2014, on célébrait le centième anniversaire de sa mort. [1913]
27. La Montagne magique
Thomas Mann
4.04★ (7589)

[Nastasia-B] [extrait choisi de "Der Zauberberg"] " Je suis ici, depuis assez longtemps, depuis des jours et des années, je ne sais pas exactement depuis quand, mais depuis des années de vie, c'est pourquoi j'ai parlé de « vie » et je reviendrai tout à l'heure sur le destin. Mon cousin, auquel je voulais rendre une petite visite, un militaire plein de braves et de loyales intentions, ce qui ne lui a servi de rien, est mort, m'a été enlevé, et moi, je suis toujours ici. Je n'étais pas militaire, j'avais une profession civile, une profession solide et raisonnable qui contribue, paraît-il, à la solidarité internationale, mais je n'y ai jamais été particulièrement attaché, je vous le confie, et cela pour des raisons dont je ne peux rien dire, sauf qu'elles demeurent obscures. Elles touchent aux origines de mes sentiments (...) pour Clawdia Chauchat (...) depuis que j'ai rencontré pour la première fois ses yeux et qu'ils ont eu (...) déraisonnablement raison de moi. C'est pour l'amour d'elle et en défiant Settembrini, que je me suis soumis au principe de la déraison, au principe génial de la maladie auquel j'étais, il est vrai, assujetti depuis toujours, et je suis demeuré ici, je ne sais plus exactement depuis quand. Car j'ai tout oublié, et rompu avec tout, avec mes parents et ma profession en pays plat et avec toutes mes espérances, (...) de sorte que, je suis définitivement perdu pour le pays plat et qu'aux yeux de ses habitants je suis autant dire mort. " [1924]
28. Les Demoiselles de Wilko Le Bois de bouleaux
Jaroslaw Iwaszkiewicz
4.33★ (25)

[dourvac'h] Que de belles lumières en ces deux courts romans -- ici indissociablement réunis en notre souvenir mais aussi notre coeur -- de Jaroslaw Iwaskiewicz... "Le Bois de bouleaux" (Brzezina, 1933) et "Les Demoiselles de Wilko" (Panny z Wilka, 1932). Un jeune homme tuberculeux se meurt, plein d'énergie vitale encore... ("Le Bois de bouleaux") tandis qu'un "plus tout jeune homme" revient sur les lieux de ses premières amours... ("Les demoiselles de Wilko"). Le printemps puis l'été qui se meurt... Bientôt l'automne. Soif d'amour et sensualité vive qui se cognent à la mort... ("Le Bois... ") ou désenchantement puis amertume qui préludent aux renoncements de la vieillesse... ("Les Demoiselles... "). Ajoutons la traduction française de Paul Cazin, magnifique (Editions des Autres, 1979) ! Deux oeuvres magistrales de la littérature polonaise, qui furent portées à l'écran -- respectivement en 1970 et 1979 -- par le grand Andrzej Wajda. [1932 - 1933]
29. La Maison du canal
Georges Simenon
3.81★ (288)

[dourvac'h] Perle que cette atmosphère-là... Atmosphère "malade", certes... mais que nous ne sommes pas prêts d'oublier... Comme l'arrivée de la jeune citadine chez ces rustauds du Canal... et la mélancolie de cette longue "ligne d'eau dormante" entre ses deux rangées de gardiens feuillus. L'événement qu'est l'arrivée d'une péniche... ou ce drame peut-être prévisible... Simenon l'immortel. [1933]
30. L'âme romantique et le rêve
Albert Béguin
4.35★ (58)

[nadejda] « L'âme romantique et le rêve » offre une analyse fouillée du mouvement romantique envisagé sous l'angle des rêves, expression de l'âme intérieure dans ses aspects lumineux et terrifiants, rêves dans la nature, exploration de la nuit, rêves envisagés comme conduisant à l'éveil d'une surconscience. Albert Béguin décline son étude en deux parties : « Le rêve et la nature », préromantiques du XVIIIe siècle, « Le rêve et la poésie » où il analyse les textes des romantiques allemands et ce recours au rêve qui les rapprochent de français comme Charles Nodier, Maurice de Guérin ou Marcel Proust et de poètes tels Nerval qui reconnait « La vieille Allemagne, notre mère à tous », Victor Hugo, Baudelaire, Mallarmé et Rimbaud « le voleur de feu » pour aboutir aux surréalistes. [1937]
31. Les aventures de Tintin, tome 7 : L'Île Noire
Hergé
3.96★ (8837)

[dourvac'h] Le plus beau peut-être de tous les "Tintin" (1937, mis en couleurs pour la première fois en 1943)... En tout cas le plus romantique ! Paysages du Sussex et de l'Ecosse d'une beauté incroyable, douce harmonie des couleurs, "ligne claire" à la limite d'un tracé de vitrail, profonde magie romantique de "L'île Noire" (qui préfigure celle de la "Shutter Island" de Martin Scorsese) -- où manque juste la femme fatale de roman noir en haut du donjon du "Kastell" de Ben More sur son îlot déchiqueté --, vivacité téridante des épisodes, majesté brumeuse des paysages... Ah, et ce bel avion rouge (et jaune) dès le début... et encore, "Ach !, der zinistre Doktor Müller" avec sa barbichette et sa fichue Villa bientôt en flammes... Tout est décidément parfait en ce sommet des 23 "Tintin" achevés par Georges Rémi (signant "Hergé") entre 1929 et 1976... [1937]
32. La Marie du port
Georges Simenon
3.60★ (104)

[dourvac'h] La jeune Marie, Odile sa soeur aînée et Chatelard : tout ce petit monde, entre Port-en-Bessin et Cherbourg... Les coeurs -- et les corps aussi -- ne restent pas si longtemps indifférents... A dix-huit ans, on se lasse vite du service au Café du Port... Comme le précédent, un des plus inspirés, beaux, lents et romantiques parmi les 117 "romans durs" de Georges Simenon, parus entre 1931 et 1972... [1938]
33. La Pitié dangereuse
Stefan Zweig
4.34★ (3010)

[dourvac'h] 1938-1939... et comme ce livre (seul des trois romans qui soit achevé de l'auteur viennois) est toujours beau ! Anton Hofmiller et sa "banale" vie de garnison de province, Edith de Kekesfalva "l'infirme" au Château, son père anobli et désespéré, la soeur protectrice, le médecin Condor - figure d'une merveilleuse et terrifiante empathie sans limites - , sa femme aveugle... tant de figures qui se croisent, VIVENT devant nous, "comme de l'intérieur"... Dieu que ce livre est tout-puissant !!! Comme la Littérature était encore magique, en ces temps-là... Ces années du sidérant "Désert des Tartares" de Dino Buzzati ou du farouche et presque romantique "Pilote de guerre" de Saint-Ex. ... Que vive l'art littéraire indétrônable -- empathique et romantique -- de Stefan Zweig ! [1939]
34. Le Désert des Tartares
Dino Buzzati
4.08★ (7772)

[dourvac'h] Giovanni Drogo, aspirant-lieutenant au fort Bastiani : face au désert. Et ces chevaux blancs, qui en sont les cavaliers ? Le collègue Angustina qui se meurt. Le temps et les rêves. Les microbes tapis dans les murs d'argile. L'enfance lointaine. La mort. L'attente... peut-être en vain, mais qui sait ? L'écriture magique et animiste de Buzzati. L'oeuvre fut somptueusement portée à l'écran en 1976 par son compatriote Valerio Zurlini. [1940]
35. Le Roi pêcheur
Julien Gracq
4.20★ (117)

[dourvac'h] Poésie du "Roi Pêcheur"... des noms de lieux, de personnages mythiques : Montsalvage et ses ruines, Amfortas "au corps pourrissant", la belle, altruiste et fière silhouette de Kundry, Perceval "le très pur" confronté à son tour à l'échec de ses idéaux... Puis cette scène (ou cène ?) finale - éblouissante - du nain qui doit escalader l'épaule de la belle Kundry pour tenter d'apercevoir - l'espace d'un instant - le "Saint-Graal" descendant sur la procession dans la grand salle de l'autre côté du mur : être difforme et supposé "impur" qui devient l'unique "voleur de feu", ayant pour mission de décrire au fur et à mesure au chevalier - et dans le détail - tout ce que lui seul parvient à épier de l'assemblée mystique. Un spectacle aux lueurs indicibles auquel Perceval n'accédera jamais... Que vive l'art romantique -- immortel -- de Julien Gracq !!! Cet artiste si humble et exigeant, dont je me je me remémore encore l'extrême gentillesse : lui qui avait eu la belle générosité d'accepter de dédicacer -- à ce visiteur & lecteur presque inconnu que j'étais -- l'exemplaire bleu clair (dont je m'étais muni) de son petit chef d'Oeuvre de "Matière de Bretagne"... C'était à la fin de l'été 2007 lors de ma première et, hélàs, dernière visite à sa "Maison Haute" de St-Florent-le-Vieil. Terrible nostalgie, aujourd'hui... [1948]
36. Le Rivage des Syrtes
Julien Gracq
4.19★ (2660)

[dourvac'h] Oeuvre d'une si belle lenteur... construite patiemment, impression après impression, rêverie après rêverie... On doit s'y "acclimater"... comme aux murs (galcés) de L'Amirauté... Qu'est-ce qu' y attend Aldo, au fond, toutes ces mornes années ? Comme Drogo à Bastiani : "l''occasion" d'un acte de bravoure (et la mort) qui -- peut-être -- donnerait du SENS à sa vie et -- peut-être -- au final, se dérobera... Vanessa ne pourra pguère infléchir son destin... Ah, il y avait de quoi -- franchement -- en 1951 refuser l'imposture du Goncourt, Prix" emblématique de tous les susucres à caniches parisiens... Vive la province et l'eau fluiviale des rêves !!! Et voici l'un des nombreux extraits (celui du Chapitre VII : L'Île de Vezzano). choisi par notre amie babéliote Nastasia-B : " La mer des Syrtes, avec ses vagues rêches et dansantes crevait partout ses courtes volutes d'écume ; autour de nous, des oiseaux de mer par bandes s'ébattaient et s'envolaient sans cesse sur les plaines variées des étendues changeantes, comme dans le soir paisible des terres labourées. Tout autour de nous s'envolait, se gonflait doucement vers un paradis d'efflorescence plumeuse : longs battements ouatés des mouettes piquetés de cris rauques, douces plumes arrachées à l'écume, pennes battantes du vent sur le visage, glissement fuyant comme le dos d'un cygne de la houle soulevant le bateau. " [1951]
37. Le Pays où l'on n'arrive jamais
André Dhôtel
3.73★ (1792)

[mariech] Ça me revient, merveilleux titre inoubliable ! Mais oh... oui, j'avoue j'ai aussi oublié l'histoire ! En tout cas cette liste remue mes souvenirs de lectrice. Je pense aussi à cette collection mythique des années 60, enfin mythique pour moi, premiers possédés avec quelques francs belges que j'oubliais... de rendre à ma mère lorsque je faisais des courses, la collection des "Deux coq d'or", "Bibliothèque bleue" et "Bibliothèque rouge". La vallée des rêves, l'illustration de première page montre un petit garçon en train de rêver, c'était un peu mon frère de papier, et ce pays des rêves, où ce "Pays où l'on n'arrive jamais" font partie de mes préférés... [1955]
38. Mèmed le mince
Yachar Kemal
4.13★ (336)

[dourvac'h] Le premier roman du turco-kurde Yachar Kemal (né en 1923 au village d'Hémité en Cilicie) est une perle de "l'aventure" : aventure sans espoir qu'est tout révolte face aux Puissants du moment... Pour exemple, cette "scène des amours" de Mèmed avec sa belle sous les rougeoiements d'un feu dans la grotte où les deux amants ont dû se refugier restera --- pour l'histoire de la Littérature mondiale -- une merveille de pudeur et de lyrisme. Il s'agissait du premier roman d'un quadryptique consacré à la vie précaire, la mort précoce inévitable et la légende d'un "bandit d'honneur" hantant les Monts du Taurus et cette "plaine creuse" -- si fertile en périls de tous ordres -- qu'est la (désormais mythique) Tchoukourova... Par "La Légende des mille Taureaux", Kemal nous confirmera son solide "tempérament" romantique... Magnifiquement traduit en français par sa compatriote Guzine Dino. [1955]
39. Les romantiques allemands
Armel Guerne
4.50★ (54)

[nadejda] « Les romantiques allemands » présentés par Armel Guerne rassemble un choix étendu de textes, pour la plupart en version intégrale, qui en fait un incontournable pour ceux que passionne Le romantisme allemand. A mon avis il complète parfaitement « L'âme romantique et le rêve » de Albert Béguin en permettant de découvrir les textes qui en sont l'illustration. Dans ce recueil, une place est faite à deux femmes remarquables souvent négligées : Karoline Von Günderode et Bettina Brentano-Von Arnim. [1956]
40. La petite gare et autres nouvelles
Iouri Kazakov
4.12★ (155)

[dourvac'h] ... Dans ce recueil de 12 nouvelles de Iouri KAZAKOV , une nouvelle méconnue intitulée "Le bleu et le vert"... - "Le bleu et le vert" (pages 100 à 139) est la merveille des merveilles. Digne du justement célèbre roman stendhalien (ce dernier est-il volontairement "cité" dans le titre bichrome ?) ... Ici "Julien Sorel" est jeune, moscovite et timide : il est le narrateur. Il rencontre Lilia et la perdra... le coeur du lecteur se serre et souffre avec celui du "héros"... Mille "petits détails vrais"... pensées, sensations que nous avons tous et toutes connues, sans doute ! Cette histoire, universelle et immortelle, est sans doute la plus juste description des foudroyants aléas de notre sentiment amoureux, en cet âge terrible de l'adolescence. Cette nouvelle devrait être traduite dans toutes les langues humaines et être connue de tous les Terriens. Elle st sans doute - à nos yeux - le sommet de l'art exceptionnel de Iouri Kazakov... [1956]
41. L'homme qui rétrécit
Richard Matheson
3.89★ (1211)

[dourvac'h] Passer dans un champ de radiations ne vous vaut que des déboires... On croit s'en être sorti indemne mais 15 jours plus tard, 3 centimètres vous manquent... Alors ne plus sortir de chez soi, devenir objet de risée des voisins, objet de honte ou de ridicule pour votre propre femme... Penser à se faire engager dans un cirque puis devoir habiter dans une maison de poupée. Finir par être regardé bizarrement -- avec curiosité et appétit --par le chat du logis... Bientôt, devoir se battre avec une araignée pour rester en vie... et un jour peut-être disparaître dans la lumière aveuglante des atomes. "The Shrinking Man" est un chef d'oeuvre du fantastique romantique au style concis et aux images furieusement poétiques. Tout Matheson est dans ce vertige et cet équilibre-là... Littérature, oui ! Car Richard MATHESON , romancier, nouvelliste et scénariste fut un prodigieux et modeste "homme de lettres" en Terre d'Amérique -- véritable inventeur et "poète" dans un monde de "faiseurs"... [1956]
42. Un balcon en forêt
Julien Gracq
4.22★ (1126)

[dourvac'h] Quotidienneté. Souffle des saisons. Grandeur. Puretés minérale, végétale, animale... "Drôle de guerre", avec ses soldats oubliés dans un fortin... Alors pourquoi ne pas prendre le temps de rêver face à une boucle de la Meuse ? On "sent" L'Ennemi en face : il se tait... Odeur de feuilles décomposées sous la futaie. Givre des nuits de maraude. Magie amoureuse. Grange & Mona -- "Tristan & Iseult des Ardennes".... [1958]
43. Adieu, mes quinze ans
Claude Campagne
3.90★ (73)

[mariech] J'ai longtemps oublié cette lecture qui m'est revenue à l'esprit en voyant le livre sur Babelio, j'ai tout de suite fait des recherches un peu fébriles , oh oui je l'ai toujours, par quel miracle ? Je ne possède presque plus aucun de mes livres lus à l'adolescence et celui là , oh quel plaisir de le retrouver, ce livre dont j'avais jusqu'à oublié l'existence. Ce n'est pas romantique, ça, comme histoire ? Et voilà que j'ai un vague souvenir du héros venant de Narvak (?) ... Heureusement que j'ai écrit quelques critiques sur Babelio, il y a des preuves que je lis et que j'ai des souvenirs... Car dans ce cas je n'ai quasi-pas de souvenir, oui c'est une belle histoire d'amour, qui m'a fait rêver adolescente, et ça, ça ne s'oublie jamais. [1960]
44. Ma chère âme
André Dhôtel
4.33★ (26)

[dourvac'h] L'île de Samos. Petros Colydas, encore gamin, rencontre Achyro, jeune beauté grecque. La jeune fille qui se noie dans un dernier plongeon. L'exil. Le magasin de denrées coloniales de l'oncle grec à Paris. La dispute et le départ pour la banlieue parisienne. Dur travail de pépiniériste. Hélène, la jeune fille de rencontre : oh !, ressemblant si étrangement à Achyro... On a envie d'y croire : on y croit ! La magie Dhôtel à l'état pur (et sans scories). [1962]
45. Palais de glace
Tarjei Vesaas
3.88★ (631)

[dourvac'h] La jeune fille et les glaces. L'amitié et la mort. Siss l'enjouée perd Unn la taciturne. Ce qui se passe dans l'au-delà des choses, derrière les masques d'une nature figée par l'hiver. Une écriture onirique qui provoque l'arrivée de tous les rêves et des plus sombres présages. La cascade prise dans la glace et l'oeil dans le tombeau. Le chef d'oeuvre de l'écrivain-fermier du Telemark norvégien, Tarjei Vesaas. [1963]
46. La nuit des temps
René Barjavel
4.20★ (48872)

[mariech] Livre-culte des années 70 et 80, qui m'a fait pleurer, qui a fait pleurer ma soeur, n'est ce pas T. ? Je n'écris que l'initiale, "T" est son surnom, pas envie de le rendre public même sur Babelio... Ah, ce roman de Barjavel qui est encore lu aujourd'hui à mon grand étonnement, je pensais qu'il avait mal vieilli, et puis non, bien sûr, les romans d'amour ça ne vieillit pas, n'est ce pas ? Une histoire de science-fiction triste et émouvante . Ah ce n'est pas un résumé ? Non et je l'assume... C'est un livre intemporel, indémodable. [1968]
47. Le roi Cophetua
Julien Gracq
4.20★ (14)

[dourvac'h] la troisième nouvelle du recueil de Julien Gracq, publié en 1970. Il comprend trois textes : « La Route », « La Presqu'île » et « Le Roi Cophetua. » L'adaptation de la nouvelle par André Delvaux (neveu du peintre surréaliste Paul Delvaux) lui rendit un vibrant hommage... Le talent du peintre préraphaélite Edward Burne-Jones et la présence radieuse de son tableau "Le Roi Cophetua et la mendiante aveugle" sont le mystère se cachant au coeur de cette merveille sans âge, tapi au centre des champs de bataille de 1914-1918... [1970]
48. La légende des mille taureaux
Yachar Kemal
4.38★ (55)

[dourvach] " Ah, bon sang !!! Quelle merveille... Maître Haydar, "forgeron de l'épée des sultans"... son errance sans fin avec ceux de sa Tribu, nomades yöruks au passé flamboyant, désormais déchus, de plus en plus misérables dans cette plaine de la Tchoukourova, se cognant aux portes de cités sans âme : un des plus beaux et purs de romans-poèmes tissés dans la verve épique et lyrique -- inusable -- du conteur -- "aède" -- turco-kurde Yachar Kemal , né en 1923. "Binbogalar Efsanesi" paraît à Istanbul en 1971 et sera publié pour la 1ère fois en France en 1979 (éditions Gallimard, "Du monde entier"), magistralement traduit du turc par Münevver Andaç. [1971]
49. Chronique des événements amoureux
Tadeusz Konwicki
3.36★ (15)

[dourvac'h] Le ténébreux Witek, la très charmante espiègle Alina : soit deux évadés des murs de leurs Lycées respectifs, qui passent leur temps à s'observer. C'est le printemps puis l'été de l'année 1939 en Pologne. Fluide et musical comme le chant d'une rivière et le bruissement de saules blancs en contrebas... Un chef d'oeuvre méconnu du grand romancier polonais contemporain, qui fut magistralement adapté en 1986 au cinéma par Andrzej Wajda, "le romantique". [1974]
50. Le Jeune Homme, la mort et le temps
Richard Matheson
3.83★ (784)

[dourvac'h] Richard Collier, condamné par la médecine. Saloperie de tumeur au cerveau ! Et l'impression tenace de n'avoir encore jamais vécu... Que faire ? Tromper l'ennui et le temps... Un musée et une photographie jaunie, oubliée... Ah, si l'on pouvait aller "à rebrousse-temps", tiens, qui sait ? S'il suffisait seulement de "se mettre en condition"... Connaître au moins les beaux mystères de l'actrice Elise Mc Kenna, au faîte de sa carrière il y a soixante ans de cela... "Richard Matheson le romantique" : celui qu'on pouvait deviner au travers de ses scénarios magistraux, adaptés d'Edgar Allan Poe ou H.-P. Lovecraft (pour les films de Roger Corman), celui de "Duel" (pour ce film de Steven Spielberg) mais aussi au travers de ses romans les plus célèbres : "Je suis une Légende", "L'homme qui rétrécit" et "La maison des damnés". L'amour plus fort que la mort, vraiment ? Magnifique... [1975]
51. Les eaux étroites
Julien Gracq
4.12★ (228)

[dourvac'h] Oeuvre enchantée dans le droit sillage de la précédente : plus d'un siècle a passé et Monsieur Louis Poirier (alias Julien Gracq, demeurant pour l'éternité à Saint-Florent-le-Vieil) nous fait monter dans sa barque à fond plat pour remonter un discret affluent de la Loire passant sous ses fenêtres : ces "eaux étroites" sont celles de l'Evre... Les paysages arborescents touffus s'espacent peu à peu et les rêveries sur les plus beaux ouvrages de la littérature française du XIXème siècle affleurent, comme surgis des odeurs de vase remuée et des grands lointains où paissent quelques paisibles ruminants dans la lumière dorée des songes. Gracq le romantique, notre grand Passeur de "vraie" Littérature... [1976]
52. A La Recherche de Peter Pan, tome 1
Cosey
4.02★ (361)

[dourvac'h] Une solide introduction à l'oeuvre montagnarde de "notre" cher C.F. Ramuz... L'écrivain "Sir" Melvin Woodworth surprend la jeune Evolena... Pureté d'aquarelle, jus de blancs et de bleu ciel entre les lignes d'encre de Chine : grands espaces de neige sous les cieux d'un hiver sans nuages "là-haut". LE chef d'oeuvre graphique et scénaristique de Cosey (Tome I). [1992]
53. A la recherche de Peter Pan, tome 2
Cosey
4.22★ (166)

[dourvac'h] Par-delà le village menacé par les craquements du glacier, un troisième personnage se chargera d'unir à jamais Melvin et Evolena, la jeune inconnue du Lac -- fantômatique pianiste du Grand Hôtel abandonné. Encore "Tristan & Iseult"... Librement inspiré du somptueux "Derborence" (1934) et de "Farinet ou la Fausse monnaie" (1936). La suite DU chef d'oeuvre graphique et scénaristique de Cosey (Tome II). [1992]
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