Avant de se lancer plus avant dans la critique de cette oeuvre magistrale, il convient de rappeler aux plus lacunaires d'entre nous que les toltèques sont ces humanoïdes belliqueux qui ont inventé et construit le grand Condor, ce magnifique engin volant qui sera plus tard piloté par Esteban, Zia et Tao, dans “les Merveilleuses Cités d'Or”. Particulièrement bagarreurs, ces toltèques se seraient ensuite tapé dessus tant et plus qu'ils ont fini par disparaître..C'est en tout cas, ce qui est affirmé dans ce fantastique dessin animé qui fait autorité en la matière. Toutefois, de façon surprenante, le livre “
les quatre accords toltèques” n'en fait nulle part mention, c'est à se demander si l'écrivain s'est renseigné sur le sujet...
Quant à
Miguel Ruiz, l'auteur de cet extraordinaire opuscule, il s'agit d'un chaman, option tambourin et fumette, qui s'est décidé sur le tard à pratiquer le développement personnel de ses finances en expliquant aux occidentaux comment il convenait vraiment d'être heureux. Comme il avait un besoin urgent d'argent, il n'a pas franchement soigné le style et a même largement délégué une partie de l'écriture à son fils de douze ans, ce qui se ressent un peu sur certains passages mais on s'en fout, on est pas là pour ça, le but c'est d'abord de retrouver le chemin du bonheur je vous ferai dire...
Il est difficile de résumer un tel ouvrage, mais je ne trahirai pas l'immense
Miguel Ruiz en déclarant que, pour être en phase avec soi-même et atteindre la plénitude de son développement personnel, le mieux est encore d'écrire un livre sur le développement personnel (ou de le faire écrire par son fils prépubère) et de le vendre en masse. Bien sûr, les toltèques sont déjà pris, mais rien ne vous interdit d'utiliser le peuple picard ou les Creusois dont la sagesse est souvent sous-estimée du côté de Saint-Germain-des-Prés. L'objectif est de délivrer un message d'évidence, propre à ravir d'aise un lectorat en manque de sens, mais aussi épris de conformisme tiède. “Sois gentil avec ton voisin comme il doit l'être avec toi” me paraît une bonne accroche, mais on peut aussi envisager un message un peu plus clivant : “les femmes sont nos amies, il faut les aimer aussi”, ça peut marcher également. N'allez quand même pas trop loin dans le clivant, toutefois, et bannissez toute approche trop polémique du type “ nazisme et développement personnel” ou bien “réglez vos problèmes de voisinage avec une hache”.
Sinon, sur le fond, ne vous embêtez pas à faire dans l'original, ce n'est pas le but, et n”hésitez pas à rabâcher votre concept. N'oubliez pas que les gens n'achèteront pas votre livre pour le lire, mais pour se sentir bien avec eux-même. Limitez également le nombre de pages, faute de quoi vous risquez de faire fuir ceux d'entre eux qui ont vraiment l'intention de le lire (il y en a, c'est vrai). Balancez juste deux ou trois mots qui feront sens comme résilience ou confrontation, ainsi que quelques néologismes anglo-saxons nébuleux, bien plus porteurs qu'une citation latine moisie…
Je vous laisse, je dois attaquer l'introduction de mon propre livre de développement personnel, “il est ici le chemin pour le bonheur”, qui expliquera à tous où est le véritable chemin pour le bonheur (il est ici).
P.S : on me fait dire que pour les Cités d'Or, ce ne serait pas les toltèques, mais les Zolmèques. A vérifier, donc...