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Critique de sweetie


« L'amour de la littérature était une chose impossible à expliquer à ses adversaires qui n'aimaient qu'un seul livre, dont le texte était immuable et fermé à toute interprétation puisque c'était de toute éternité l'oeuvre de Dieu. »
Le 14 février 1989, tombait sur la tête de Salman Rushdie une fatwa, sentence mortifère émanant de l'ayatollah Khomeiny, alors président de la république islamique d'Iran. C'est le point de départ de cette autobiographie dense qui traverse dix ans d'une vie d'assignation à résidence pour Rushdie, éclairée par quelques échappées hors de son bocal, non sans peine et sans crainte.
Contraint de vivre en permanence entouré d'une garde de policiers de la Special Branch britannique, le célèbre auteur des Versets sataniques voit son existence familiale et professionnelle complètement chamboulée du jour au lendemain, interdit de séjour dans son pays d'origine, l'Inde, ostracisé par les citoyens de confession musulmane du monde entier, persona non grata de tout événement public et bloqué par la plupart des compagnies aériennes. Ce que raconte Rushdie est profondément choquant et bouleversant, et il le fait sans concession et avec grande ouverture.
J'ai d'abord été déroutée par la narration distanciée qu'il emploie, se livrant au lecteur à la troisième personne du singulier. « Il était un homme sans armée contraint de se battre en permanence sur plusieurs fronts. » L'appui et le soutien de ses éditeurs, de ses amis écrivains et de sa famille lui ont permis de résister à la tempête médiatique, et ce, malgré l'inertie et l'attentisme des politiciens au pouvoir à cette époque. le récit n'est pas sans humour, le genre pince-sans-rire, et qui s'avère ici salutaire à la lecture, donnant un peu d'air frais au huis-clos littéraire.
Joseph Anton (son pseudonyme issu des prénoms de Joseph Conrad et d'Anton Tchékhov) offre plus de 700 pages de papier bible sur les méandres de l'imagination et de l'écriture, éloge de la littérature sous toutes ses formes et quête absolue de la liberté d'expression chère à tout artiste.
Salman Rushdie a déjà prouvé sa résilience et son courage et je souhaite qu'il en trouve encore à puiser en lui-même pour l'avenir de la littérature.

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