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Critique de keisha


En ce jour de Saint Valentin 1989 il n'y eut pas que des messages d'amour : Salman Rushdie apprit qu'il était condamné à mort par l'Ayatollah Khomeiny. Son crime? Avoir écrit Les versets Sataniques.

Ma première réaction : c'est fichtrement bien écrit cette autobiographie! Ma deuxième, après que Rushdie ait expliqué en quoi consistaient ces fameux versets : il ne semblait pas y avoir de quoi fouetter un chat!

Dans ce copieux document, très détaillé (au bout d'un moment je n'ai plus trop cherché à retenir qui était qui, policier, éditeur, agent ou autre), et absolument indispensable, Salman Rushdie évoque brièvement sa vie "avant", mais surtout les conséquences de la fatwa pour lui, ses proches, et les professionnels de l'édition qui lui étaient liés, et sa vie "pendant".

Dès le début, les policiers lui demandèrent de choisir un nom. Ce fut Joseph Anton, qui combinait deux écrivains qu'il aimait, Conrad et Tchékov. Dans son livre, Rushdie n'utilise pas le "je", mais le "il", ce qui introduit une distance entre Rushdie et Anton, l'aidant sans doute à considérer cela comme du passé, à l'époque où il écrit, mais introduisant aussi une distance entre lui et le lecteur, sans doute volontaire, car il ne cherche pas à se faire plaindre, mais à argumenter et témoigner calmement.

Les policiers, oui. Car il fut durant de longues années sous surveillance étroite; il rend hommage à ces hommes et femmes dont certains devinrent des amis, mais relate les problèmes soulevés quand il désirait plus de liberté. Il est amusant de connaître les différences entre les pays, les anglais préférant la discrétion, et les américains se la jouant "film de guerre". Pourtant il vivra aux USA des moments beaucoup plus libres qu'en Angleterre.
Mis à part ce côté "roman d'espionnage" , nous avons aussi l'écrivain en tant que créateur -avec les pannes dues à la tension- et ses démêlés avec le monde de l'édition. Il garde contact avec d'autres auteurs de par le monde et explique la genèse des ses romans ultérieurs.
Avec les journalistes, les services de sécurité, les auteurs de la fatwa, c'est la douche écossaise...
Mais le plus étonnant, bien que ce soit normal finalement, c'est que sa vie privée continue! Divorce, rencontre, et même une naissance!

Le moment qui laisse passer une forte émotion, c'est vers la fin, quand il peut retourner en Inde, son pays natal, avec son fils aîné (et que tout se passe bien, contrairement aux craintes de certains).

Pour finir, demeure l'impression d'un témoignage honnête, à lire, vraiment (gare! 700 pages tassées) sur ses luttes personnelles pour la liberté d'expression. Mais "la lutte continue".
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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