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Citations sur Sésame et Les lys (22)

Les livres peuvent se diviser en deux groupes : les livres du moment et les livres de toujours.
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Notre mode de communication avec les personnes implique une déperdition des forces actives de l'âme que concentre et exalte au contraire ce merveilleux miracle de la lecture qui est la communication au sein de la solitude. Quand on lit, on reçoit une autre pensée, et cependant on est seul, on est en plein travail de pensée, en pleine aspiration, en pleine activité personnelle: on reçoit les idées d'un autre, en esprit, c'est-à-dire en vérité, on peut donc s'unir à elles, on est cet autre et pourtant on ne fait que développer son propre moi avec plus de variété que si on pensait seul, on est poussé par autrui dans ses propres voies. Dans la conversation [...], la communication a lieu par l'intermédiaire des sons, le choc spirituel est affaibli, l'inspiration, la pensée profonde, impossible. (Note du traducteur)
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Un livre ne vaut quelque chose que s'il vaut beaucoup et n'est profitable qu'une fois qu'il a été lu, et relu, et aimé, et aimé encore, et marqué de telle façon que vous puissiez vous référer au passage dont vous avez besoin comme un soldat peut prendre l'arme qu'il lui faut dans son arsenal ou comme une maitresse de maison sort de sa réserve l'épice dont elle a besoin.
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Car tous les livres peuvent se diviser en deux classes: les livres du moment et les livres pour tous les temps. Notez cette distinction: elle ne concerne pas seulement la qualité. Ce n'est pas simplement le mauvais livre qui ne dure pas, et le bon qui dure.
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Faisons cela maintenant. Voyons si les plus grands, les plus sages, les plus purs de cœur des hommes de toutes les époques sont tombés d’accord dans une certaine mesure sur le point qui nous intéresse. Écoutons le témoignage qu’ils ont laissé sur ce qu’ils ont tenu pour la vraie dignité de la femme, et pour le genre de secours dont elle doit être à l’homme.

56. Et d’abord prenons Shakespeare.

Notons d’abord, pour commencer, que, d’une manière générale, Shakespeare n’a pas de héros ; il n’a que des héroïnes. Je ne vois pas, dans toutes ses pièces, un seul caractère complètement héroïque, excepté l’esquisse assez sommaire de Henri V, exagérée pour les besoins de la scène ; et celle plus sommaire encore de Valentine dans les Deux Gentilshommes de Vérone. Dans les pièces travaillées et parfaites vous n’avez pas de héros. Othello aurait pu en être un, si sa simplicité n’avait été si grande que de se laisser devenir la proie des plus basses machinations qui se trament autour de lui ; mais il est le seul caractère qui du moins approche de l’héroïsme. Coriolan, César, Antoine se tiennent debout dans leur force fêlée et tombent entraînés par leurs vanités ; — Hamlet est indolent et s’endort dans la spéculation[4] ; Roméo est un enfant sans patience ; le Marchand de Venise se soumet languissamment à la fortune adverse ; Kent, dans le roi Lear, est entièrement noble de cœur, mais trop rude et trop primitif pour être d’une utilité véritable au moment critique et il tombe au rang d’un simple domestique. Orlando, non moins noble, est toutefois dans son désespoir le jouet du hasard, et il est conduit, réconforte, sauvé par Bosalinde. Tandis qu’il n’y a guère de pièce dans laquelle nous ne voyions une femme parfaite, inébranlable dans un grave espoir et un infaillible dessein ; Cordelia, Desclémone, Isabelle, Hermione, Imogène, la reine Catherine, Perdita, Sylvia, Viola, Hosalinde, Hélène et la dernière et peut-être la plus aimable, Virgilie, sont sans défauts ; conçues sur le plus haut modèle héroïque d’humanité.

57. Puis en second lieu observez ceci. Les catastrophes[5], dans chaque pièce, ont toujours pour cause la folie d’un homme ; elles ne sont rachetées, si elles le sont, que par la sagesse et la vertu d’une femme, et si celle-ci fait défaut, elles ne sont pas rachetées. La catastrophe où sombre le Roi Lear est due à son propre manque de jugement, à son impatiente vanité, à sa méprise sur les caractères de ses enfants.La vertu de sa seule vraie fille l’aurait sauvé des outrages des autres, s’il ne l’avait lui-même chassée loin de lui. Et, cela étant, elle le sauve presque.
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Car donner à sa pensée une forme brillante, plus accessible et plus séduisante pour le public, la diminue, et fait l'écrivain facile, l'écrivain de second ordre. Mais envelopper sa pensée pour ne la laisser saisir que de ceux qui prendraient la peine de lever le voile, fait l'écrivain difficile qui est aussi un écrivain de second ordre. L'écrivain de premier ordre est celui qui emploie les mots mêmes que lui dicte une nécessité intérieure, la vision de sa pensée à laquelle il ne peut rien changer [...]. (Note du traducteur)
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Tout autour, les jours actuels, les jours que nous vivons circulent, se pressent en bourdonnant autour des colonnes, mais là brusquement s’arrêtent, fuient comme des abeilles repoussées ; car elles ne sont pas dans le présent, ces hautes et fines enclaves du passé, mais dans un autre temps où il est interdit au présent de pénétrer. Autour des colonnes roses, jaillies vers leurs larges chapiteaux, les jours actuels se pressent et bourdonnent. Mais, interposées entre eux, elles les écartent, réservant de toute leur mince épaisseur la place inviolable du Passé : — du Passé familièrement surgi au milieu du présent, avec cette couleur un peu irréelle des choses qu’une sorte d’illusion nous fait voir à quelques pas, et qui sont en réalité situées à bien des siècles ; s’adressant dans tout son aspect un peu trop directement à l’esprit, l’exaltant un peu comme on ne saurait s’en étonner de la part du revenant d’un temps enseveli ; pourtant là, au milieu de nous, approché, coudoyé, palpé, immobile, au soleil.
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Nous parlons de la nourriture de l'esprit comme celle du corps; or,un bon livre contient une telle nourriture, inépuisablement; c'est une provision pour la vie,et pour la meilleure partie de nous-mêmes.
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Avec les livres, pas d'amabilité. Ces amis-là, si nous passons la soirée avec eux, c'est vraiment que nous en avons envie. Eux,du moins, nous ne les quittons souvent qu'à regret. Et quand nous les avons quittés, aucune de ces pensées qui gâtent l'amitié :Qu'ont-ils pensé de nous ? ---N'avons -nous pas manqué de tact?---Avons -nous plu?---et la peur d'être oublié pour tel autre. Toutes ces agitations de l'amitié expirent au seuil de cette amitié pure et calme qu'est la lecture.

Marcel Proust (Préface)
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[...] combien peu de rois ont jamais entassé des trésors qui n'avaient pas besoin d'être gardés, des trésors tels que plus ils auraient de voleurs, mieux cela serait.
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