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Citations sur Sésame et Les lys (22)

[...] combien peu de rois ont jamais entassé des trésors qui n'avaient pas besoin d'être gardés, des trésors tels que plus ils auraient de voleurs, mieux cela serait.
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Je dis d'abord que nous avons méprisé la littérature. En quoi, comme nation, avons-nous souci des livres? Combien croyez-vous que nous tous réunis nous dépensions pour nos bibliothèques publiques et privées, comparativement à ce que nous dépensons pour nos chevaux?
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Dans l’ensemble de sa vie il sent que ceci est la chose, ou le groupe de choses qui est réel pour lui ; ceci est le fragment de connaissance véritable ou vision, que sa part de la lumière du soleil, son lot sur la terre lui ont permis de saisir. Il voudrait le fixer pour toujours, le graver sur le rocher s’il le pouvait, en disant : « Ceci est le meilleur de moi ; pour le reste, j’ai mangé et dormi, aimé et haï comme un autre, ma vie fut comme une vapeur[, et n’est pas, mais ceci je le vis et le connus ; ceci, si quelque chose de moi l’est, est digne de votre souvenir. » Ceci est son écrit, c’est dans sa petite capacité d’homme et quel que soit le degré d’inspiration véritable qui est en lui, son inscription ou écriture. Ceci est un « Livre ».
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Un livre est essentiellement une chose non parlée, mais écrite[, et écrite dans un but non de simple communication, mais de permanence.
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DES TRÉSORS DES ROIS

À M. Reynaldo Hahn, à l’auteur des « Muses pleurant la mort de Ruskin », cette traduction est dédiée en témoignage de mon admiration et de mon amitié.
M. P.


« Vous aurez chacun un gâteau de Sésame et dix livres. » Lucien : Le Pêcheur[1]

Un cercle de l’intelligence humaine n’est jamais ouvert que momentanément et partiellement à ceux qui sont au-dessous. Nous pouvons, par une bonne fortune, entrevoir un grand poète, et entendre le son de sa voix, ou poser une question à un homme de science qui nous répondra aimablement. Nous pouvons usurper dix minutes d’entretien dans le cabinet d’un Ministre, et obtenir des réponses pires que le silence, étant trompeuses, ou attraper une ou deux fois dans notre vie le privilège de jeter un bouquet sur le chemin d’une princesse ou d’arrêter le regard bienveillant d’une reine. Et pourtant ces hasards fugitifs, nous les convoitons ; nous dépensons nos années, nos passions et nos facultés à la poursuite d’un peu moins que cela, tandis que durant ce temps, il y a une société qui nous est continuellement ouverte, de gens qui nous parleraient aussi longtemps que nous le souhaiterions, quels que soient notre rang et notre métier ; nous parleraient dans les termes les meilleurs qu’ils puissent choisir, et des choses les plus proches de leur cœur. Et cette société, parce qu’ elle est si nombreuse et si douce et que nous pouvons la faire attendre près de nous toute une journée (rois et hommes d’État attendant patiemment non pour accorder une audience, mais pour l’obtenir) dans les antichambres étroites et simplement meublées, les rayons de nos bibliothèques, nous ne tenons aucun compte d’elle ; peut-être dans toute la journée n’écoutons-nous jamais un seul mot de ce qu’elle aurait à nous dire !
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Nous sommes absurdes et d’une absurdité sans excuse quand nous parlons de « la supériorité » d’un sexe sur l’autre, comme s’ils pouvaient être comparés en des choses similaires. Chacun possède ce que l’autre n’a pas ; chacun complète l’autre et est complété par lui ; en rien ils ne sont semblables, et le bonheur et la perfection de chacun a pour condition que l’un réclame et reçoive de l’autre ce que seul il peut lui donner.
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Prenez maintenant, quoique plus brièvement, de plus graves témoignages — ceux des grands Italiens et des Grecs. Vous connaissez bien le plan du grand poème de Dante — c’est un poème d’amour qu’il adresse à sa Dame morte ; — un chant de bénédiction à celle qui a veillé sur son âme. S’inclinant seulement jusqu’à la pitié, jamais à l’amour, elle le sauve pourtant de la destruction, — le sauve de l’enfer. Il va se perdre, pour l’éternité, dans son désespoir ; elle descend du ciel à son aide, et, pendant toute la durée de l’ascension au Paradis, est son maître, se faisant pour lui l’interprète des vérités, les plus ardues, divines et humaines ; et, en ajoutant les réprimandes aux réprimandes, le conduit d’étoile en étoile[18].

Je n’insisterai pas sur la conception de Dante ; si je commençais, je ne pourrais finir ; d’ailleurs ; vous pourriez penser qu’elle n’est que le rêve arbitraire — et isolé — d’un cœur de poète. Aussi je veux plutôt vous lire quelques vers d’un ouvrage sûrement composé par un chevalier de Pise en l’honneur de sa dame vivante, pleinement caractéristiques de la sensibilité des hommes les plus nobles du xiiie siècle ou du commencement du xive, conservé entre tant d’autres semblables témoignages de l’honneur et de l’amour chevaleresques que Dante Rossetti a recueillis pour nous chez les anciens poètes italiens :

« Car voyez ! ta loi ordonne
Que mon amour soit manifestement
De te servir et honorer :
Et ainsi fais-je ; et ma joie est parfaite,
D’être accepté pour le serviteur de ta règle[19].

À peine reçu, je suis dans le ravissement
Depuis que ma volonté est ainsi dressée
À servir, ô fleur de joie, ton excellence.
Ni jamais, semble-t-il, rien ne pourra plus éveiller
Une peine ou un regret.
Mais en toi prend son appui chacune de mes pensées et de mes sensations
Parce que de toi toutes les vertus jaillissent
Comme d’une fontaine.
Ce qu’il y a dans les dons que tu fais, c’est la meilleure et la plus profitable sagesse
Avec l’honneur sans défaillance.

En toi chaque souverain bien habite séparément
Remplissant la perfection de ton empire.

Dame, depuis que j’ai reçu ta plaisante image dans mon cœur,
Ma vie s’est isolée

Dans une brillante lumière, au pays de vérité.
Elle qui jusqu’alors, à vrai dire,
Avait tâtonné au milieu des ombres d’un lieu obscur
Et pendant tant d’heures et de jours
Avait à peine gardé le souvenir du bien.
Mais maintenant mon servage
T’appartient, et je suis plein de joie et de repos.
C’est un homme que de la bête sauvage
Tu as tiré, depuis que par ton amour je vis. »
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Dans Roméo et Juliette, l’habile et courageux stratagème de la femme aboutit à une issue désastreuse par l’insoucieuse impatience de son mari. Dans le Conte d’Hiver, et dans Cymbeline, le bonheur et l’existence de deux maisons princières, le premier perdu depuis de longues années, la seconde mise en péril de mort par la folie et l’entêtement des maris, sont rachetés à la fin par la royale patience et la sagesse des femmes. Dans Mesure pour Mesure, la honteuse injustice du juge et la honteuse lâcheté du frère sont opposées à la victorieuse véracité et à l’adamantine pureté d’une femme. Dans Coriolan le conseil de la mère, mis en pratique à temps, eût sauvé son fils de tout mal ; l’oubli momentané où il le laisse est sa perte ; la prière de sa mère, exaucée à la fin, le sauve, non, à vrai dire, de la mort, mais de la malédiction de vivre en destructeur de son pays.
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Un livre est essentiellement une chose non parlée, mais écrite, et écrite dans un but non de simple communication, mais de permanence.
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DES JARDINS DES REINES

51. Il sera peut-être bon comme cette conférence est la suite d’une autre donnée précédemment, que je vous expose rapidement quelle a été, dans les deux, mon intention générale. Les questions qui ont été spécialement proposées à votre attention dans la première, à savoir : « Comment et Ce que il faut lire », découlent d’une autre beaucoup plus profonde, que c’était mon but d’arriver à vous faire vous poser à vous-mêmes : « Pourquoi il faut lire. » Je voudrais que vous arriviez à sentir avec moi que, quelques avantages que nous donne aujourd’hui la diffusion de l’éducation et du livre, nous n’en pourrons faire un usage utile que quand nous aurons clairement saisi où l’instruction doit nous conduire et ce que la lecture doit nous enseigner. Je voudrais que vous vissiez qu’une éducation morale bien dirigée et tout à la fois des lectures bien choisies mènent à la possession d’un pouvoir sur les mal-élevés et sur les illettrés, lequel pouvoir est, dans sa mesure, au véritable sens du mot, royal ; conférant en effet la plus pure royauté qui puisse exister chez les hommes : trop d’autres royautés (qu’elles soient reconnaissables à des insignes visibles ou à un pouvoir matériel) n’étant que spectrales ou tyranniques ; spectrales, c’est-à-dire de simples aspects et ombres de royauté, creux comme la mort, et qui « ne portent que l’apparence d’une couronne royale »[2] ; ou encore tyranniques, c’est-à-dire substituant leur propre vouloir à la loi de justice et d’amour par laquelle gouvernent tous les vrais rois.
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