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Carla Speed McNeil (Illustrateur)
EAN : 9781595829931
160 pages
Dark Horse (12/11/2013)
4/5   1 notes
Résumé :
Lives intersect in the most unexpected ways when teenagers Anne and Lewis cross paths at an estate sale in sleepy Failin, Oregon. Failin was once a thriving logging community. Now the town's businesses are crumbling, its citizens bitter and disaffected. Anne and Lewis refuse to succumb to the fate of the older generation as they discover - together - the secrets of their hometown and their own families. Bad Houses is a coming-of-age tale about love, trust, hoarding,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il s'agit d'un récit complet indépendant de tout autre en noir & blanc, paru initialement en 2013. le scénario est de Sara Ryan, les dessins et l'encrage de Carla Speed McNeil (l'auteur de la série Finder).

L'action se déroule à Failin, une petite ville située dans l'Oregon et fondée en 1881. Lewis Gilbert est un jeune homme d'à peine 20 ans qui fait de l'aïkido, qui habite chez sa mère (il n'a jamais vu son père qui est parti avant qu'il soit né, et dont sa mère ne parle jamais) et qui l'aide dans son entreprise. Catherine Gilbert exerce la profession de liquidation des biens d'un logement ou d'une maison, en cas de décès du ou des propriétaires. Alors que l'histoire débute, elle a organisé la vente dans une maison, dont la fille de la défunte ne peut pas se déplacer pour se charger de vider la maison. Catherine Gilbert (avec l'aide de son fils) attribue un prix à chaque objet, appose une étiquette correspondant au prix dessus. Elle fait paraître l'avis de mise en vente, reçoit les candidatures des personnes intéressées, établit la liste par ordre d'arrivée, surveille la journée de vente et encaisse les paiements des achats.

Lors de cette vente, Anne Cole fait partie des curieux venus chiner. Elle a repéré un album souvenir de photographies ayant appartenu à la défunte, avec les clichés de sa famille. Danica Cole (sa mère) exerce le métier d'aide soignante dans une maison de retraite médicalisée, où AJ Roby sert d'homme à tout faire. Il vient également de faire admettre sa mère dans l'établissement. Lewis et Anne font connaissance alors qu'elle feuillète l'album photos et qu'il lui demande de sortir de la maison, la vente étant terminée.

Les dessins de Carla Speed McNeil sont sans prétention, avec une apparence vaguement amateur. Les personnages disposent tous d'une apparence bien établie, d'une morphologie spécifique et réaliste. Les environnements sont décrits sans beaucoup de détails, mais toutefois assez pour qu'ils ne soient pas génériques. Les accessoires sont présents en tant que de besoin, très nombreux dans la pièce principale de la maison des Cole, très sommaires dans les chambres de la maison de retraite médicalisée.

McNeil ne s'intéresse pas beaucoup aux détails techniques, les voitures sont vaguement esquissées, et l'urbanisme de Failin est inexistant. Elle structure bien chaque séquence à l'échelle de la page, en termes de découpage en cases. Par contre elle conçoit les éléments matériels de chaque case (décor, accessoires) case par case, sans plan d'ensemble, sans structure spatiale.

Elle s'avère plus convaincante pour faire apparaître les émotions des personnages. La direction des acteurs n'a rien de remarquable, par contre les expressions des visages sont mesurées et nuancées. Il émane une forme de quotidien ordinaire des personnages, sans qu'ils ne soient fades, qui facilite le contact avec eux. Ce sont des individus normaux, avec leurs petites bizarreries et leurs névroses ordinaires, comme tout le monde.

Sara Ryan invite le lecteur dans une petite ville américaine, souffrant du chômage, avec des jeunes gens normaux, sans esprit de rébellion marqué, sans volonté de carriérisme. le métier de Catherine Gilbert est tout de suite intriguant, car il n'y a pas d'équivalent exact en France. L'explication des modalités de ces ventes sur place est rapide, concise et claire. Tout de suite, Ryan intègre la mort dans son récit, sans que le lecteur ne voit aucun décès, ni même scène de deuil. Ce sont des étrangers qui viennent faire une bonne affaire en achetant un objet que le propriétaire ne risquait pas d'emmener dans sa tombe, en le réutilisant, dans une forme de récupération positive. Bien sûr toute la charge émotionnelle investie dans cet objet par son ancien propriétaire s'est volatilisée avec sa disparition.

Un ou deux personnages effectue une observation sur la valeur plus sentimentale que matérielle de tous ces objets, qui ont accompagné une partie de la vie d'une personne à jamais disparue. Il y a le cas très particulier de cet album de photographies familiales, a priori un objet des plus personnels, des émotions rattachés à des souvenirs d'instants vécus Pourtant cet objet si intime présente également une valeur vénale pour des acheteurs potentiels.

Ces relations aux objets d'un défunt jettent un éclairage étrange (sans être morbide) sur les relations que les vivants établissent ou entretiennent avec les objets de leur vie. Ces mêmes relations fournissent un point de comparaison inhabituelle pour les relations que les individus entretiennent entre eux. le ton du récit n'est ni morbide, ni dépressif, il y plane un soupçon de mélancolie, un soupçon d'impuissance des jeunes adultes, face à la génération précédente, à leurs parents.

Sara Ryan se garde bien de donner une réponse toute faite à la question de la charge affective et émotionnelle dont les individus investissent les objets qu'ils possèdent. L'aspect psychanalytique reste à l'arrière plan, sans que l'auteur n'utilise le vocabulaire afférent. Elle montre plutôt les habitudes des uns et des autres, et leur rapport aux objets, ainsi qu'à ceux qui les entourent.

Sara Ryan et Carla Speed McNeil proposent au lecteur de participer à l'émancipation de 2 jeunes adultes, de la tutelle de leurs mères respectives, sans qu'il s'agisse d'individus rebelles ou désespérés. Elles installent leur intrigue dans une petite ville américaine, sans grande animation, en exposant un métier révélateur d'une facette de la condition humaine, de manière inattendue, grave et dérisoire. le récit aurait gagné à disposer de personnages un peu plus affirmés ou un peu plus développés. En l'état, il est très agréable et original, présentant un regard personnel, avec une réelle sensibilité, sans tomber dans la sensiblerie.
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