le temps lèche les plaies, les cicatrise.
une joie incompréhensible m'habita.
Etais-je heureux ou malheureux ?
Sans doute les deux ensemble.
Et cette eau qui coulait sur mes joues,
j'ignorais si c'était de la pluie ou des larmes.
Je vais essayer de lire un peu, dit il, pour me laver de cette prose insipide.
Ne vous attristez pas, mon cher, tout est pour le mieux … Laissez moi.
Si je me retirais dans mes livres,je n'étais plus hors la vie,je rencontrais tant de gens ,inconnus ou célèbres,je recevais tant de messages,j'analysais tant de caractères ,je vivais dans le monde du travail et de l'action.Mon temps de méditation ne risquait-il pas de rétrécir?Or cette existence partagée entre les travaux quotidiens et le plaisir des rencontres me rendait ,je le crois,meilleur.Les personnages de Flaubert ou de Stendhal,par-delà le génie des romanciers,je les distinguais mieux,je voyais des visages.Aucune image,portrait,photographie,cinéma,illustration,ne pouvait se comparer aux fruits de la création mêlés à cet imaginaire que les auteurs faisaient naître en moi.
nous l'emmenions au restaurant :
il se déplaçait avec difficulté et nous le tenions chacun par un bras.
A table, il fallait l'aider et il manquait sa bouche lorsqu'il buvait.
Nous étions comme des parents accompagnant un enfant.
Sans que nous en parlions, cette attention constante, affectueuse,
était un tribut ou une action de grâce pour remercier quelque dieu
inconnu de nous avoir offert le don de l'amour.
mon poète préféré c'est Jules Supervielle. J'aime tout ce qu'il écrit.
Il dit que le poète est le plus doux de tous les animaux.
Il s'efface derrière ses poèmtes, il est si modeste ...
Je lui réciterai, puis je lui donnerai ma démission en lui flanquant ma main sur la figure …
Parfois je rêve que les phrases deviennent des parfums volatils et qu'ils pénètrent dans ma cervelle par mes narines ou mes yeux
dans un bistrot, un client qui m'est antipathique. Soudain, il va droit au fait : ma détresse. Il m'écoute. Son visage se transforme. "vois-tu, petit, j'ai l'expérience
de la vie et j'en fais profiter les autres".
J'écoute cette voix enrouée. Elle me dit qu'il faut mettre le passé à la
lanterne, ne regarder qu'aujourd'hui et demain.
Ne pas rester immobile, ne pas se complaire.
Retrouver l'énergie perdue.
il demande : Toi, qu'aimes-tu dans la vie ? - les livres.
Alors, qu'est-ce que tu fais là, flemmard ?
VA OU IL Y A DES LIVRES.
Tu verras, ça s'arrangera.
Eleanor n'avait pas pris le déguisement d'une jeune fille. Elle était une jeune fille. Je m'attendais à la voir affublée de quelque tenue empruntée à Olivia. Elle portait un tailleur d'été sobre et élégant. Le seul changement : sa chevelure qu'elle avait coiffée en arrière en deux nattes.
- Julien, ai-je l'air d'une collégienne ?
- Non, Eleanor, pas du tout.
- Ca me rassure. Alors, ce... cinoche ?
Le mot, dans sa bouche, prononcé à la manière d'Olivia, avait un effet comique.
Ma fille cultive le mutisme.
Roland procède la foucades : tantôt pie, tantôt une tombe. Et, l'Oncle vit dans sa cathédrale........