L'ancêtre

J'ai trouvé mon remède à l'insomnie... En temps normal j'aurais dit cela avec enthousiasme, mais le fait que ce remède soit un livre me désole plutôt. En l'occurrence un livre qui ne manque pas de qualités comme vous l'avez sûrement découvert avec toutes les critiques élogieuses disponibles, mais un livre qui me tombait des bras au bout de 4 pages à chaque fois que j'y retournais...

Entre le détachement du narrateur-héro, qui fait de nous les simples spectateurs de ses propres observations et réflexions, les phrases parfois interminables de digression, l'absence de chapitres au profit de pleines pages de texte... j'avoue que j'ai souffert pour rester concerné par ce que je lisais. La distance entre l'histoire et moi n'a fait que s'accentuer malgré la beauté de certains passages, et des questionnements poétiques sur la perception, la réalité, l'essence des choses.

Bref, une déception pour moi plutôt liée à la forme et au style de l'auteur je pense. Un bon page-turner après-ça pour me remettre de mes non-émotions, et à moi les nuits blanches :)

Gênant de passer à côté d'un ouvrage que la plupart des lecteurs considèrent comme un chef d'oeuvre, de s'ennuyer à cent euros de l'heure alors qu'on devrait jubiler. Il y a de quoi s'interroger sévèrement.
En premier lieu l'écriture pose un problème par sa densité voire sa lourdeur et ses redondances. Il est permis de trouver cette langue belle, riche et travaillée mais aussi indigeste.
Sur le fond il s'agit d'un roman philosophique, qui soulève des questions bien connues sur l'homme sauvage et l'homme, soi-disant civilisé, et ce qui les sépare. Bien évidemment la conclusion est déjà connue l'homme sauvage appartient à un autre monde et l'homme civilisé est sauvage à bien des égards mais un sauvage bas de gamme.
Suivent des digressions sur le monde primitif en parfait équilibre : vie/mort, joie/peine tout doit se compenser jusqu'au moindre objet perdu ; sur un monde incertain, où tout n'est qu'illusions et n'est réel que ce qui est dans le coeur de l'homme. Un homme ancien qui est mû par des forces irrépressibles venant de la nuit des temps qui le guident en harmonie avec son environnement et sa vraie nature. « Je mange les autres donc je suis le vrai Homme ». Le moderne lui est plein de certitudes, son monde est scientifique, il tue de façon industrielle mais il rompt l'équilibre cosmique.
Des questions profondes aux réponses creuses il n'y a pas loin.

Ce livre m'a ennuyée. le récit du narrateur est sec, très descriptif. Il est vrai qu'il s'agit d'un conte philosophique : l'auteur y développe une réflexion sur les notions d'humanité et de civilisation lorsque deux mondes aussi différents qu'ils peuvent l'être entrent en contact : celui de conquérants espagnols du 16ème siècle et celui d'une tribu "primitive" d'indiens cannibales (emplacement actuel de Santa Fe, Argentine) pour qui "être" se dit "paraître". Qu'est-ce qui constitue l'humain ? Qu'est-ce qui fonde l'existence d'une civilisation ? Quel est le rôle de la violence ? Quels sont les fonctions des rites, des tabous? Une culture a-t-elle besoin de la reconnaissance d'une autre culture ? Ces questions sont intéressantes mais je m'attendais à lire un roman et cette oeuvre n'en est pas franchement un.

Si le thème est intéressant et original avec une inversion de la découverte j'ai trouvé la narration aride et l'écriture peu fluide.