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Ceux de la borde perdue tome 2 sur 2

Editions Il est Midi (Autre)
EAN : 9782491689674
260 pages
AFNIL (22/09/2022)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Septembre 1952. Alors qu’ils sont installés à la Borde Perdue depuis près d’un an, les Bourrel espèrent enfin y avoir trouvé un peu de quiétude. Germain, seul depuis son veuvage, voit son cœur battre à nouveau pour Solange, la fille du forgeron. Louise, tourmentée par ses sentiments pour lui, s’éloigne du clan pour tenter de guérir son mal d’amour.
Mais lorsque des incendies se déclenchent dans leur précédente métairie, le poison de la rumeur et du soupçon va... >Voir plus
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Simone qui semblait être venue pour faire moisson d'informations n'était pas encore rassasiée.
— Et c'est vrai ce qu'on dit sur Louise ? relança-t-elle.
Jean Mandoul la reprit :
— Tu sais, Simone, si on écoute les gens... Et puis, Louise ne vit plus ici comment veux-tu qu'ils sachent ?
— Et qu'est-ce qu'on dit sur Louise ? interrogea Germain, curieux, sur un ton glacial.
— Ah vous n'êtes pas au courant ? s'étonna Simone. Dans ce cas, ce n'est certainement pas à moi de vous l'apprendre.
Elle minaudait tandis que Léonce fulminait.
— Tu devrais pourtant sinon on pourrait croire que tu es une lenga de pelha et on pourrait même se laisser aller à le dire autour de nous.
— Oh mais ne prenez pas comme ça Léonce ! C'était pour discuter...
— Qu'est-ce qu'on dit sur Louise, Si-mo-ne ?
Le ton qu'avait employé Léonce ne laissait aucun doute quant à la colère que l'attitude de Simone Mandoul suscitait chez lui.
— Bon, bon, bon, si vous insistez... dit-elle en essuyant une poussière invisible sur sa robe.
Elle ne poursuivit pas dans la seconde, consciente de souffler sur les braises de la curiosité. Effectivement, dans la pièce, tous les yeux étaient rivés sur elle. Elle continuait d'épousseter ses genoux.
— Tout Florac ne parle que de ça depuis quelques jours. Je suis bien étonnée que cette histoire ne soit pas arrivée jusqu'à vos oreilles.
— On va pas y passer la nuit, non plus, ponctua Léonce, sourcils froncés, pour accélérer le tempo.
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Au départ des gendarmes, Hélène s'était enfuie vers le bois qui jouxtait la métairie. Les larmes roulaient sur ses joues. Comme d'habitude, depuis que les Bourrel étaient à la Borde Perdue et qu'elle avait du chagrin, elle avait eu, comme un instinct, le réflexe de se réfugier parmi les arbres. Comme s'ils comprenaient ses inquiétudes, comme si leurs branchages sombres allaient l'envelopper pour la consoler.
Mais cette fois, elle n'était pas seule. Lorsqu'elle courut avec l'intention de s'enfoncer au plus profond du bois, Marcel était à sa suite. Il avait beau l'appeler de temps à autre, elle semblait ne pas l'entendre envahie par ses pleurs.
Les branches lui frôlaient le visage, l'égratignaient parfois. Enfin, il parvint à la rejoindre.
— Hélène ! Mais enfin vas-tu me dire ce qu'il se passe ?
Mais les sanglots de la jeune fille étaient trop forts pour lui autoriser une quelconque parole. Elle s'était appuyée contre un chêne, la tête dans ses mains.
— Hélène ! Hélène ! Il n'existe pas de problème sans solution, j'en suis la preuve vivante. Je me suis sorti de tout.
Les larmes de la jeune fille se tarirent un peu à cette assertion. Ses vingt ans à peine froissés, le jeune homme parlait déjà comme un vieux sage. Le décalage était surprenant et il rendit même un peu de son sourire à Hélène.
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Sur les coteaux du Lauragais, octobre avait balayé les vendanges pour laisser progressivement la place aux labours. Peu à peu, dans les penchants, sur les reliefs doux, des sillons réguliers se dessinaient comme on remet de l'ordre dans une chevelure décoiffée avec un peigne en corne. Ici ou là, quelques tracteurs crachaient leurs fumées noires à l'assaut des champs pentus, partout ailleurs les bœufs sous leurs jougs tiraient araires.
Les ormeaux, les peupliers renonçaient peu à peu à leur parure verte. Les ocres des houppiers se confrontaient aux rouges, aux nuances orangées tandis que le vent gourmand dispersait un peu partout, feuille après feuille, les souvenirs de l'été.
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Il y avait les flammes bien sûr, rougeoyantes et tournoyantes, attisées par un léger vent de Cers. Elles s'élevaient au-dessus des planches des cabanes qu'elles anéantissaient en faisant craquer le bois sec sous la chaleur du brasier. Parfois des pans entiers incandescents s'effondraient sur le sol suivis par une gerbe d'étincelles. Mais il y avait aussi l'affolement des deux métayers impuissants, les cris, les courses vaines avec des seaux entre l'abreuvoir des animaux, la nauca, et le feu. Ridicules tentatives de pantins désarticulés par la panique.
Jamais il n'avait osé s'attarder autant mais là, la nuit était son alliée. Il ne le regrettait pas. Il sentait dans tout son corps une sensation de toute puissance. Il n'eut même pas peur quand le fils du métayer passa en courant à cinq ou six mètres de lui avec sa lampe tempête à la flamme chancelante chargé d'aller prévenir en urgence le régisseur d'Alfred Belloc. Il resta là vingt minutes, peut-être trente, avant de se décider à regret à quitter les lieux pour disparaître dans l'obscurité.
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La brume entourait les lampes des réverbères d'un halo fragile. S'en échappait une lueur faiblarde qui étirait les ombres au sol des rues désertes de Florac. Aussi loin qu'on regardât, les volets étaient clos en dehors d'un rare fenestron ici ou là qui laissait entrevoir une lampe allumée derrière ses rideaux. A vingt et une heures, un soir de décembre, nul n'aurait eu l'idée de traîner ses guêtres dans le froid vif que poussait le vent de cers en s'engouffrant dans les ruelles tortueuses. Seuls trois ou quatre chats de gouttière un peu plus hardis que les autres avaient osé s'éloigner du rebord ronronnant des cheminées pour affronter l'obscurité.
Pourtant, lorsqu'on s'approchait de la placette, pour aussi incongru que ce fût, deux silhouettes encapuchonnées se détachaient dans la lumière d'un lampadaire. Près d'elles, deux bicyclettes abandonnées contre un platane les attendaient. Leur conversation chuchotée n'était que murmures. Pour qu'on ne les entendît pas ? Ou pour ne pas déranger le village presqu'endormi ?
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