- Mais je n'ai pas encore vécu ! m'écriai-je soudain.
Maman avait raison.
Voilà ce qu'on regrettait le plus quand on mourait.
- Crois tu qu'on puisse avoir une aventure avec deux hommes à la fois ?
Tout mais pas ça !
- Pourquoi prends-tu cet air effaré ? C'est pourtant quelque chose qui existe ! Je crois qu'on appelle ça le "polyamour".
- Moi, j'appelle ça une polyidiotie !
Là, les champs de blé s'étendaient à perte de vue devant nous, d'un si beau jaune que Van Gogh se serait recollé l'oreille de joie.
Mes frères et soeurs poussins ouvraient des becs avides pour recevoir eux aussi des vers de terre, et je me pris à espérer très fort qu'aucun être humain réincarné ne se trouvait parmi ces bestioles gluantes.
On oublie de ces choses quand on est soûle ! Et que, par-dessus le marché, on a avalé une ou deux pilules. Et qu’on a des envies. Oui, surtout quand on a des envies.
Peut-être avais-je finalement tiré le gros lot avec cette mort? J'avais laissé mon ancien monde derrière moi, avec tous ses soucsi humains dérisoires - les loyers, les petits boulots, ma carrière ratée...
L'existence de chaque être humain est si extraordinairement improbable que chacun est un miracle.
On ne reconnaît l'amour qu'après qu'on l'a perdu.
Malgré moi, je repensais au cancer de ma mère. Oui, la nature était aussi une bitch. Bien sûr, grâce à elle , nous avions le sexe, les bons petits plats et la marijuana, mais tout cela ne faisait pas le poids devant la souffrance.
« J’avais volé l’une des mes colocataires, piqué le Brésilien de l’autre, arnaqué un chauffeur de taxi et tué le chien le plus aimé du monde, amenant au bord des larmes une star planétaire. »