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Gabrielle Danoux (Traducteur)
EAN : 9791097292096
17 pages
(23/01/2020)
4.57/5   7 notes
Résumé :
Auteur à la destinée tragique, fortement engagé à gauche, Alexandru Sahia reste trop souvent oublié. Si ses considérations politiques, ici absentes, ont mal vieilli, son sens de l'observation et sa compassion vis à vis des plus modestes n'ont pas pris une ride. Il est aussi resté profondément roumain et démontre ici son attachement à la terre, comme tant d'autres célèbres auteurs roumains.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans son Istoria literaturii române de la origini până în prezent (L'Histoire de la littérature roumaine des origines jusqu'à présent), l'incontournable critique George Călinescu consacre quelques lignes à Alexandru Sahia et cite précisément un passage de cette nouvelle. Aussi, j'ai jugé utile de proposer une nouvelle traduction de ce bref, mais intéressant texte, celle de Valentin Lippatti (1962) étant quasi introuvable.
Symbole de fertilité, la pluie ne semble-t-elle pas également exprimer ici la faveur d'un Dieu qui n'a pas complètement oublié ces paysans pauvres ?
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Récit découvert grâce à mon amie Tandarica.
Une peinture forte de la condition du paysan roumain avec des descriptions qui m'ont fait penser à celles des tableaux ruraux du XIXème français.
Mais, à la différence des glaneuses de Millet, des scènes fermières de Cazin ou des rivages de Bohème de Julien Dupré, dans lesquels les paysans ont une relative aisance et respirent un certain bonheur au contact de la nature, Petre Magaun et Ana, les personnages, sont écrasés par leur condition.
La pluie viendra-t-elle et si elle vient leur apportera-t-elle la fertilité des terres ?
La corvée et la blairie qui s'ajoutent à la charge de leur neuf enfants, leur laisseront-ils de quoi vivre ?
Le boeuf de Lisandru Lucea cessera-t-il de venir saccager leur semis ?
Peu sensible à la symphonie des champs, Petre et Ana subissent les événements.
L'écriture de d'Alexandre Sahia est précise et sans concession, noire, avec les personnages :
"Petre Magaun était grand et sec, avait un long cou comme une autruche. Une tresse de jonc lui serrait la taille. Il travaillait pieds nus, ses pantalons toujours retroussés jusqu'aux genoux dévoilaient l'absence de muscles durs sur sa jambe droite tranchée par un éclat d'obus pendant la guerre. C'est pourquoi elle ressemblait à une latte rongée par les scolytes, plus ou moins rigides"
"A ses côtés travaillait Ana, enceinte jusqu'aux yeux. Elle avait du mal à bouger et ressemblait à une oie grasse. Elle écartait les jambes et poussait de faibles gémissements. Elle était pieds nus, elle aussi. Elle avait une paluche large et crevassée et ses doigts s'écartaient sur les côtés, comme pour former un travouil."
A l'opposé, sa description des éléments est grandiose voire poétique et contribue à l'effacement des personnages à leur renoncement et illustre leur misère :
"Du côté du marais se formait une pâte de nuage blanc, qui ressemblait davantage à une volute de fumée prête à s'éteindre. La sécheresse s'étendait, enveloppait comme une épidémie."
"L'atmosphère était devenue étouffante. La terre avait pris des teintes violacées. On aurait dit un incendie sur la plaine du Baragan."
"Un vent léger et chaud se mit à souffler du côté de la Russie. Il fit faire des galipettes aux rondeaux d'écumes de pissenlits et de chardons"
"D'abord impalpable comme l'haleine du vent, comme un nuage de fines gouttelettes la pluie, bientôt, tomba en rafales. Elle courait, échevelée, déchaînée, au-dessus du Baragan."
Les éléments aussi se liguent contre Petre et Ana :
"Il avait plu, oui, mais son étroit lopin de terre n'en serait guère plus fertile. Pour ceux qui possédaient une centaine d'hectares et exploitaient leurs serviteurs, c'était bien autre chose."

Une mention particulière pour Gabrielle Danoux la traductrice.

Je vais poursuivre cette découverte de la littérature roumaine contemporaine par le collectionneur de sons.
Lien : https://camalonga.wordpress...
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Cette nouvelle du Roumain Alexandru Sahia traduite par la babeliote Tandarica (Gabrielle Danoux) est une pépite. le style descriptif et vivant rend assez bien compte de la vie aux champs et de ceux qui y travaillent, les paysans. Aussi, l'empathie de l'auteur est palpable comme dans cet extrait : "Pourtant, les paysans travaillaient. On ne voyait que leurs os. Ils avançaient voutés à travers les champs de blé."

Pluie de juin s'arrête sur l'un de ces couples qui en plus de leurs sept enfants s'apprête à accueillir des jumeaux, dans des conditions difficiles. Prétexte à attirer l'attention sur ces "forçats" de la terre.
Apre mais indispensable document sur une période clé de la Roumanie.
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Une nouvelle, publiée à Bucarest en 1935. La moisson dans la plaine du Baragan que j'ai découverte avec les Chardons du Baragan de Panaït Istrati qui est un livre que j'aime tant que je le prête à qui me demande un livre et qui ne reste jamais longtemps sur mes étagères. 

Misère de ces paysans qui récoltent à la main le blé, pieds nus. La femme accouche dans le champ et, se sentant allégée, retourne à ses gerbes. Un récit poignant.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La sécheresse s’étendait, enveloppait comme une épidémie.
On la sentait dans le bleu opaque du ciel, dans le mugissement des bêtes, dans chaque tige et dans chaque épi, dans la terre épuisée. Elle se répandait, sourde, pesante comme la mort, engloutissait les eaux et la vie.
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Măgăun sortit de la cour. Il se rendit chez Antonie Lungu, pour apprendre chez qui on avait le plus levé de couvertures en guise de blairie.
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Une paix amère régnait sur le Bărăgan. On la distinguait dans l’air, comme le tremblement contenu du soleil. La terre brûlait. C’est pourquoi les tiges de blé se brisaient facilement. Les feuilles de maïs trop tôt jaunies se recroquevillaient en entonnoirs.
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Petre Măgăun faucha avec acharnement, saisissant avidement de sa large paluche de grosses touffes d’épis.
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