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Sublime, oui, ce mot est juste, Lumière de Christelle Saïani est sublime !
Un livre plein de tendresse et d'émotion. Après l'émerveillement que j'ai ressenti tout au long de ma lecture, j'ai peur que ma chronique soit bien fade, peur de ne pas savoir exprimer mon ressenti, mon émotion, peur d'une écriture ordinaire au regard d'un chef d'oeuvre.
Ambre est amoureuse, elle le dit elle-même : « le jour où j'ai croisé la vie de Léo, mon désir m'a transpercée. » Ambre et Léo se sont rencontrés chez Guillaume, un ami d'Ambre, artiste peintre, pour lequel elle pose nue. Malheureusement, Léo, ingénieur en robotique sous-marine se déplace souvent et sa prochaine mission est en Inde.
Lors du déplacement de Léo, elle rencontre ses voisins du rez-de-chaussée et leurs deux enfants, une belle famille qui reflète le bonheur, Olivier, Naïs et leur petite famille affectionnent la montagne Ste Victoire et y randonnent régulièrement. Mais ce jour-là, Olivier un peu fatigué est à la traîne, il tousse beaucoup depuis quelques temps, une vilaine bronchite qui ne passe pas.
Alors que Léo et Ambre doivent se rendre à Arles pour y découvrir les vestiges romains, elle reçois un message de Léo, message court mais explicite : « Je préfère arrêter. Pardon Ambre. »
C'est pour elle un cataclysme. Elle se replie sur elle-même, reste prostrée, elle est dévorée par le chagrin.
Olivier quant à lui se décide à consulter un médecin et bientôt le terrible verdict tombe………….
Le hasard fait parfois bien les choses, Ambre, transformée par son chagrin, répond sèchement à son voisin. Gênée par son comportement, elle décide d'aller s'excuser.
C'est ici que je m'arrête, il faut bien vous laisser découvrir la suite, futurs lecteurs, surtout ne vous attendez pas à une histoire à l'eau de rose, (si c'est ce que vous recherchez, arrêtez tout de suite vous vous êtes trompés) non, ce récit est bien plus profond.
Christelle a une écriture très poétique, son vocabulaire est juste et riche, je me suis prise à lire plusieurs fois les mêmes phrases, juste pour le plaisir, j'ai du mal à trouver une citation parmi toutes ces phrases et pour bien faire il faudrait copier l'intégralité du livre !
L'auteur nous fait une description très riche des couleurs de la Montagne Sainte Victoire et même que de la vie indienne dans le Kerala.
C'est également une belle histoire d'amitié, d'amour, une description de la souffrance physique mais également de la souffrance morale, avec des mots qui ne tombent jamais dans le mélodrame.
Christelle, je vous remercie de m'avoir envoyé votre livre, merci également pour votre confiance. Votre livre m'a profondément bouleversée, c'est une ode à la vie, à l'espoir, à l'amour, à l'amitié, à la souffrance, à l'endurance…………bref votre livre est une merveille d'écriture. MERCI

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En préambule, un grand merci à l'auteure qui a eu la gentillesse de me proposer l'envoi de son roman au vu de mes commentaires sur les critiques de mes amis. Je ne l'aurais sans doute pas lu sinon, déjà parce que ma médiathèque n'en avais pas entendu parler avant que je ne l'évoque, mais aussi parce que j'ai un peu de mal avec le thème de la maladie. Pour avoir côtoyé des proches en fin de vie (cancer, mais aussi alzheimer et sida), je sais quelle terrible épreuve cela peut être que de voir, impuissant, s'étioler jour après jour une personne qu'on aime. J'ai donc attendu un peu avant de me lancer dans cette lecture.
Mais point de pathos ou de sinistrose dans l'écriture de Christelle Saïani. Au contraire, elle nous convie à une fête des sens, évoquant les couleurs de la montagne Sainte-Victoire, les goûts et les odeurs de la cuisine du soleil, et les musiques que ma génération affectionne, notamment Bob Marley ou Léonard Cohen...Le toucher a également une large part dans ses pages, les personnages se témoignent facilement leurs sentiments en s'étreignant ou simplement en se prenant par les mains (pas de distanciation sociale, dans ce roman, quel bonheur !).
Le sujet n'est pas joyeux pourtant : entre Ambre qui sombre dans la dépression après avoir été "larguée" (par sms et sans explications) par Léo,
et Olivier qui apprend tout juste qu'il est atteint d'un cancer des poumons, difficile de bâtir un roman optimiste ! Pour couronner le tableau, Ambre n'éprouve au départ que mépris et antipathie pour Olivier et sa famille, qui semblent la narguer de leur bonheur alors qu'elle va si mal ! Mais un jour, elle va frapper à la porte de ce voisin pour s'excuser de l'avoir rembarré alors qu'il lui proposait son aide. Et à partir de là, une relation pleine de tendresse va se nouer entre la jeune femme solitaire et tout l'entourage d'Olivier, sa femme Naïs (un personnage très fort et attachant), ses enfants, mais aussi les copains qui le soutiennent et l'aident à garder goût à la vie.
Olivier fait preuve d'un courage et d'une résilience hors du commun, et entraîne Ambre dans son sillage. Chacun va aider l'autre à sa mesure.
"Lumière" nous donne une leçon de vie, à nous qui souvent nous plaignons pour peu de choses (sisi, ça nous arrive...) et ignorons parfois les souffrances de personnes que nous côtoyons. L'écriture est riche, immersive, et les narrations alternées d'Ambre et d'Olivier nous font suivre l'évolution de leurs états d'esprit respectifs. J'ai moins apprécié les interventions de Léo, sans doute parce que je n'entends rien à son métier, et que je n'ai pas trop compris sa façon de rompre avec Ambre. Au début du récit, j'ai trouvé certaines descriptions un peu longues, mais je n'étais pas encore vraiment "dedans". Par la suite je me suis mieux immergée dans l'histoire, et cela ne m'a plus pesé.
Je ne peux pas parler de coup de coeur, je n'en ai je crois jamais eu pour ce genre de sujet, mais "Lumière" restera une lecture agréable et qui ne m'aura en aucun cas "plombée le moral" !
Je tiens à rappeler, même si d'autres l'ont déjà fait, que Christelle Saïani reverse ses bénéfices d'auteur à la Croix-Rouge pendant toute une année de diffusion, cela mérite d'être signalé.
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"Ma petite pierre veinée de cicatrices"...c'est ainsi qu'Olivier appelle Ambre, sa voisine. Avec son sourire, son regard plein d'empathie, Olivier a ouvert sa porte à Ambre et l'amitié a pansé les plaies d'Ambre et Ambre a accompagné Olivier jusqu'à ....
Qu'il m'est difficile de poser quelques mots sur ce roman lumineux. Lumière des mots, Lumière du coeur, Lumière de partage sans jugement, Lumière douce ou violente, Lumière tendre ou cruelle, Lumière source de Vie ou de départ.
Christelle Saïani prend son lecteur par la main, lui susurre à l'oreille une complainte pleine d'amour et de tendresse. La musique des mots , les silences rythment ce texte et de l'obscurité surgit la Lumière.
Christelle Saïani, une autrice à découvrir ...



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Malgré des sujets difficiles, une rupture, la dépression qui s'ensuit et surtout la maladie et la fin de vie, Christelle Saïani a réussi à écrire une ode à la vie, à l'amitié, à l'amour avec des mots magnifiques.
La superbe écriture de ce roman est ce qui m'a d'abord interpellée. La beauté des mots m'a fait penser à la plume de Gabrielle Danoux.
Ambre, enfermée dans son chagrin depuis que son petit ami l'a quittée, ne supporte pas la gaieté de ses voisins. Ce qu'elle ignore, c'est que le père de famille, Olivier est atteint d'un cancer.
Après la découverte de la souffrance de cette famille, celle du malade ainsi que celle de ses proches, Ambre et Olivier vont se rapprocher et se soutenir.
Lumière est un roman bouleversant, écrit avec une grande sensibilité et beaucoup de poésie.
Certes il est question de maladie, j'évite en général ces sujets dans mes lectures, mais c'est avec un immense talent que Christelle nous parle des liens très forts d'amitié et d'amour qui sont d'un très grand secours dans l'accompagnement de ces épreuves. Christelle nous offre un roman lumineux, le titre correspond tout à fait à l'espoir et à la qualité des sentiments présents dans ce livre. C'est une belle philosophie de vie que nous présente Olivier.
Quant à la couverture, les contours d'un visage éclairés, lumineux aussi, sur fond noir, elle est parfaitement choisie, très "classe" pour accompagner ce roman plein d'émotions.
Merci Christelle pour ce magnifique roman et pour cette Lumière !
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******

Dire que je n'ai fait qu'aimer le livre de Christelle Saïani serait inexact. Je l'ai dégusté voluptueusement comme une friandise. le titre LUMIÈRE et le sobre graphisme de la couverture conviennent parfaitement à cet ouvrage lumineux, tout en émotion poétique.

La lecture par hasard d'un extrait des premières pages du roman avait suffi, curieux, pour que je me décide à commander le livre chez mon libraire. J'avais été saisi par le beau paragraphe décrivant une jeune femme, telle une odalisque, le corps offert, qui acceptait de se déshabiller pour servir de modèle à un ami peintre ayant su faire fondre sa pudeur. Je m'étais dit « C'est ainsi qu'il faut conter l'acte de création d'un artiste », et j'avais voulu en savoir plus.

Ayant particulièrement apprécié la qualité littéraire, une seule méthode s'est imposée à moi pour donner voix à ce livre : laisser parler l'auteure elle même.
La trame du récit s'appuie étroitement sur les deux personnages principaux : Ambre, jeune femme amoureuse, sensuelle, chaleureuse, sensible, traînant quelques cicatrices ; Olivier, généreux, ouvert, qui forme avec sa femme Naïs un couple magnifique.

Je m'efface derrière le style des phrases de l'auteure qui m'a séduit.

Un peintre « croquant » Ambre :
« Mais l'image qu'il avait extraite de mon anatomie était fascinante : une femme callipyge, ensorceleuse, Vénus à chair de lait, sur un lit torturé de nuances pivoine, pourpre et sang. Fusion de la sensualité et d'une forte sensibilité, érotisme manifeste qui crevait la pudeur. »

Ambre et sa sensualité débordante avec Léo. L'aventure se termine mal pour elle.
« Lorsque je me suis endormie dans ses bras, j'étais à lui, sans retenue et sans pudeur, terre labourée et fertile, plus vivante que jamais. Mon corps croulait d'épuisement, brisé par le ressac d'un effort physique poussé à l'acharnement mais fanatisé et refusant de demander grâce. »

Olivier nous décrit sa Sainte-Victoire. Un régal ! Ce joyau de la Provence inspira Paul Cézanne toute sa vie. Son pinceau se délectait des tonalités et des courbes féminines de la roche.
« Ici, la terre est rouge, argileuse, chargée d'oxydes de fer. Elle saigne. Plus haut, renflée à sa base, la Sainte-Victoire, blanche et bleutée, étire son immense colonne vertébrale vers le ciel. Plis déjetés, failles, ravines, falaises calcaires, terre rocailleuse et aride : j'aime cette montagne comme aucun autre endroit, sa géométrie, ses lignes de force, sa lumière. »

Ambre, dépressive, rencontre Olivier dont elle lui envie sa famille et sa joie de vivre :
« Ce sourire, je ne l'attendais pas, ou plus. C'est la vie qui jaillit magnifiquement et sans bruit à travers une rangée de canines, d'incisives, de molaires et de prémolaires. La vie qui claque et frappe un jeu de quilles. »

Olivier, atteint d'un cancer, apprend, avec sa femme, qu'il vient de passer six mois de combat thérapeutique pour rien :
« Je n'ose me tourner vers Naïs. Je te demande pardon chérie, je ne suis pas parvenu à guérir. Je te l'avais promis. Ta main tremble sous mes doigts. Je ne ressens que les ondes de surface. À l'intérieur, les ondes de corps sont en train de te ravager. Ne pas te regarder. Ne pas pleurer. Ne pas céder à l'envie de hurler. »

Une très belle réflexion sur une mère (les mères) :
« C'est la mère qui nous fait naître au monde. Lové en son sein, le foetus découvre ses premières sensations, épurées, adoucies. Lumière, sons, caresses. Il baigne dans un univers d'éther dont il est le soleil, soudé à une chair qui lui est vouée et dévolue. le ventre maternel, la matrice ? Un état sans conscience, délivré du désir et de la peur. »

Ambre rencontre chez Olivier, Alexandre, son futur compagnon de vie :
« Cheveux poivre et sel en spirales épaisses, visage d'adolescent sur lequel courent de fines ridules, regard noir et vif, lustré comme le cuir d'une chaussure italienne. Alexandre me sourit avec aménité et dépose un baiser sur ma joue. »

Tom, le fils d'Olivier, demande à son père de lui décrire à nouveau sa rencontre avec Naïs :
« — Et là… une décharge électrique me traverse des pieds à la tête et me hérisse poils et cheveux : une personne vient de me foudroyer en me frôlant pour s'installer à ma droite sur la banquette : Maman. Bien sûr, elle ne m'a pas encore vu. Une reine peut-elle voir un simple sujet ? Moi, je ne vois qu'elle et sa beauté me décroche littéralement la mâchoire. »

Olivier, très malade, souhaitait voir la mer. Sur la plage, il se confie à son amie Ambre :
« Même si je fais le grand saut, je serai toujours là pour toi… et si l'envie te prend un jour de te balader avec moi, met tes baskets et viens me retrouver sur le massif de la Sainte-Victoire. C'est là que je serai. »

La fin du roman est triste, mais positive et si belle.
Ce livre est riche de chaleur humaine, de joie et de sensibilité. Comme beaucoup de lecteurs j'ai été bouleversé.
J'ai apprécié la comparaison de la frêle silhouette de Naïs avec la « Jeune fille à la perle » de Vermeer, mon peintre préféré.

Dans un message l'auteure m'a expliqué les raisons qui l'ont poussée à écrire ce livre : rendre hommage à un être cher disparu très jeune qui avait la hantise d'être oublié. le personnage d'Olivier incarne tout ce qu'il avait représenté pour elle. Quel bel hommage vous lui avez rendu, Christelle !

Pour un premier essai Christelle Saïani a réussi un coup de maître qui offrira au livre d'autres horizons car il mérite largement de continuer sa route. « Vole »
Merci Christelle.

***

Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Magnifique livre ! et merci à toi Casimir qui par ta critique, m'a donné envie de découvrir ce livre....

Avant de parler du livre lui-même : la couverture. Quelle réussite ! J'avais l'impression d'un dessin et j'ai découvert qu'il s'agissait d'une très belle photo d'un profil féminin. La couverture est vraiment réussie.
Le livre ensuite. Comme vous l'avez sans doute compris, j'ai bcp aimé. Deux histoires qui se croisent, deux destins qui s'approchent, s'accrochent.
Ambre qui sombre suite à une rupture. Qui finit par tout détester y compris la famille de voisins si parfaite. le tableau des voisins est beau en effet, mais une ombre y apparaît et envahit la toile.
Livre émouvant mais sans pathos. Fait d'ombre et de lumière, mais surtout d'ombre.... Une belle écriture.
J'aimerais trouver les mots pour vous inviter à cette lecture, à ce livre si bouleversant....
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Frappés par la douleur, par l abandon, la maladie, la déception amoureuse, qu est ce qui nous empêche de sombrer dans les ténèbres ?

C est cette lumière qui surgit dans nos vies sous de multiples formes. Pour moi, ce fut la naissance de mon fils qui me fit voir le bout du tunnel, ou du moins retrouver quelques forces pour vivre à nouveau.

Pour Ambre, une jeune femme abandonnée lâchement par son amoureux (par SMS et sans aucune explication), qui dépérit , cette lumière se fut la rencontre avec Olivier son voisin. Et pourtant ! Qu est ce qu elle a pu le détester ce voisin qui semble tout avoir: une famille heureuse, des amis. Alors qu Ambre se sent si seule.

Une rencontre qui commence plutôt mal. Alors qu Olivier lui propose son aide, Ambre le rembarre férocement. Prise de honte et de culpabilité, Ambre frappe à la porte de son voisin pour s excuser. Loin de lui claquer la porte au nez, Olivier va prendre la jeune femme sous son aile et lui ouvrir la porte de son coeur. Une belle amitié va naître entre Ambre et Olivier ainsi que sa famille. Ambre va découvrir qu Olivier est très malade et va devenir à son tour une lumière pour Olivier pour supporter ce qui lui arrive et l accompagner jusqu au bout.

Abordant des thèmes graves et bouleversants, ce roman est plein d espoir et de bienveillance. Forte en émotions, cette histoire m a remué les trippes. Je suis toute émue en écrivant ce billet. d'ailleurs j ai laissé passer quelques jours avant de rédiger ma critique pour éviter de pleurer sur mon écran.


L ecriture de Christelle est très belle, les mots soigneusement choisis. l'histoire est aussi très courageuse.

Je ne suis pas prête d oublier Olivier et Ambre.

Merci beaucoup Christelle pour ta confiance.

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Voici un livre que j'aime relire, auquel j'ai eu une attitude particulière. L'histoire est émouvante et intense.
Ambre blessée de sa rupture avec Léo, envie la vie de famille parfaite d'Olivier, son voisin. Voisin qui va changer son regard sur elle et les autres.
Arriver à la fin du chapitre « le hanneton », j'ai songé à poser le livre : par tristesse, le refus de terminer l'histoire, de voir la maladie vaincre. J'ai eu le sentiment de faire partie des amis d'Olivier et le suivre dans la maladie.
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Intituler son premier roman, Lumière, est sacrément osé, mais le voyage que m'a proposé Christelle Saïani a tenu toutes ses promesses.
Le récit démarre comme une curieuse gourmandise, cette gourmandise de la vie qui côtoie les pages jusqu'à la fin du livre, c'est peut-être ce que je voudrais retenir avant tout...
Mais il y a bien autre chose...
Bien sûr il y a ici des personnages aux destins différents qui se croisent, s'effleurent, s'étreignent, comme Ambre, Olivier, Naïs, Léo... c'est un roman choral où chacun vient apporter sa voix, mais le personnage principal de cette polyphonie, c'est bien la lumière qui entre ici par ricochet...
Que serait la lumière sans l'ombre ? Parlerait-on d'étoiles sans évoquer un seul instant la nuit ?
Le roman commence par l'histoire d'Ambre et de Léo, un amour fusionnel... Un jour, Léo rompt brusquement cette histoire sans explication, par un seul et laconique texto... Ambre ne comprend pas ; il n'y a jamais de pourquoi pour dire l'amour qui naît, pourquoi y en aurait-il pour dire l'amour qui finit ?
Ressentir férocement le manque d'une peau contre la sienne, l'absence d'un coeur.
Alors brusquement le sol s'ouvre, Ambre plonge dans une descente abyssale... Pour Ambre, vient l'envie de disparaître, ne plus exister pour soi-même...
« Ne plus exister pour soi-même n'implique pas de ne plus exister pour les autres. »
L'amour fait mal, le bonheur des autres aussi qui lui devient insolent, carrément insupportable, surtout celui de ses voisins Olivier et Naïs... Pourtant, Ambre fait le pas pour s'excuser un jour d'un propos agressif à l'encontre d'Olivier. C'est alors le début d'une rencontre, une autre histoire, un éveil, car Olivier, dans sa joie qu'il offre à Ambre, lui révèle qu'il est atteint d'un cancer et a décidé de se battre... Ambre se relève...
Ce roman est une incroyable insoumission aux malheurs ordinaires, aux blessures de l'existence, à la maladie...
Dès lors, les personnages vont découvrir en eux et autour d'eux des territoires insoupçonnés...
J'ai aimé l'écriture poétique de Christelle Saïani, une écriture qui révèle l'audace, la sensualité à fleur de peau, l'embrasement, nos rêves, nos doutes, nos failles, nos défaites. Ce livre est empli d'odeurs, celle de la terre après la pluie, celle de la peau avant l'amour, celle de la peau après l'amour, ce livre est façonné de respirations et d'odeurs. Et brusquement, au détour des pages est venue l'insoumission, une envie folle d'aimer la vie.
C'est un rendez-vous avec soi, avec les autres.
C'est une invitation à faire la paix avec ses proches, accepter, refermer la porte tranquillement. Se souvenir des belles choses.
Les mots de Christelle Saïani sont des instants de grâce saisis dans l'apesanteur de nos vies, sur ce fil invisible où parfois nous devenons brusquement funambules sans trop savoir comment redescendre sur terre, sauf à avancer un pas puis un autre, les ailes tendues au-dessus du vide.
La rencontre d'Ambre et d'Olivier est un rendez-vous, un chemin qui va permettre de cheminer sur ce fil tendu au-dessus du vide, ce fil qui couture les âmes soeurs et qui s'appelle l'amitié.
« Avoir encore le souci du bonheur au moment où l'univers se rétrécit. »
Sous les rétines de nos yeux étonnés, les pages se déroulent comme si nos doigts éprouvaient ce besoin vital de soleil, de rires en cascade, retenir quelque chose, un geste, un regard, une lumière...
« Aimer et être aimé, c'est ce qui rend la mort redoutable. »
Dire la vie, se faufiler entre les arbres, entre les ramures du vent, parmi les champs de blé, saisir la joie innocente d'un enfant qui ne comprend rien à ce qui arrive ou à ce qui va arriver...
Dès lors que la maladie est là, chaque jour, chaque pas dans l'univers qui rétrécit, devient une forme d'insubordination.
Avec acuité, ce récit dit le corps qui renonce, ce qui devient un souvenir animal... Mais il y a autre chose aussi...
Brusquement, c'est comme un éblouissement : ne plus exister que par notre relation à ceux que nous aimons...
Ce livre m'a touché au coeur par sa petite musique, la justesse, la pudeur des sentiments, le réveil de quelques pans de mon existence forcément, le souvenir de proches qui sont partis comme cela, mon père, ma soeur, des amis aussi. Je pense à ma mère qui disait à propos de ma soeur partie trop vite : « ce n'est pas dans l'ordre des choses ». Mais ce fut juste dans l'ordre des choses qu'une mère protège dans ces moments-là sa fille, son enfant devenue fragile...
C'est ce qui me fait dire que ce récit intime touche à l'universel.
Lire et aimer ce livre n'interdit pas les larmes, elles viennent comme des digues qui s'effondrent, des rivières, des fleuves plus tard, plus loin, mais cela fait un bien terrible.
À présent que j'ai reçu la lumière de ce roman comme une offrande, je voudrais la faire voyager à travers vos yeux, vos rires, les interstices de votre peau, vos bouches gourmandes, vos coeurs fragiles et épris d'un bonheur que je souhaite fou...
«  Ce n'est pas tout de dire la vérité, toute la vérité, n'importe quand, comme une brute : l'articulation de la vérité veut être graduée, on l'administre comme un élixir puissant qui peut être mortel, en augmentant la dose chaque jour pour laisser à l'esprit le temps de s'habituer. »
Vladimir Jankélévitch
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Ce roman vibrant de sensibilité porte bien son titre car sion sujet est bien plus un hymne à la vie et à l'amour qu'un chemin vers les ténèbres. le thème initial est pourtant la maladie d'Olivier qui le conduit inexorablement vers la mort. Il doit avancer vers le renoncement à une vie qu'il adore alors que son chemin va croiser celui d'Ambre qui n'attache plus d'intérêt à la sienne. Ces personnages sont magnifiques,tout comme la femme d'Olivier et leurs amis.
Je ne sais pas où Christelle Saiani a puisé son inspiration mais la force des émotions, la pudeur des sentiments, le réalisme de ce cheminement me laisse penser que sa plume a trempé dans une encre bien personnelle...
J'ai beaucoup retrouvé de l'émotion éprouvée avec "Tout le bleu du ciel" avec cette lecture. Ces deux roman ramènent à l'essentiel, à l'envie, voire le devoir, de partager chaque parcelle de vie avec ceux qu'on aime.
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