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EAN : 9782863163160
128 pages
L'Originel / Accarias (26/03/2019)
5/5   1 notes
Résumé :
Faut-il se résigner à ce que la vie se limite à la somme de nos désirs et de nos aversions, de nos plaisirs et de nos déplaisirs ?
Nous sommes nombreux, au contraire, à aspirer à un ailleurs.
Cet ailleurs est l’infini. Mais l’infini est éclipsé à chaque instant par les conventions de tout poil, par l’encombrement du connu, du prêt-à-penser et du prêt-à-vivre auxquels nous consentons tout en les exécrant.
Telle est notre grande contradiction.<... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un magnifique livre plein de sagesse, de philosophie, de mystique, un des meilleurs de 2019 !

 C'est un très beau livre, éblouissant de philosophie et de sagesse que nous avons ici - un livre singulier comme tous ceux que les éditions Accarias-L'Originel publient, qui seules osent le faire !
 Le livre d'Alain Sainte-Marie, un inconnu pour moi, est articulé en trois parties :
I - Une Alliée contre soi
II - le Grand Ailleurs
III - Butinages

 Les premières pages d' "Une Alliée contre soi" est constituée étrangement, et "annonce" ce livre déconcertant : des pensées, assez courtes, jetées sur le papier, mais n'emplissant que la moitié supérieure des pages (!), mystiques et poétiques.
 Puis les pensées deviennent plus ramassées, et organisées en articles d'une à plusieurs pages, mais sont toujours dans ce même esprit d'intelligence, de sagesse, quelque peu éthérées, volant tellement haut que cela en devient divin.
 La lucidité de l'auteur est incroyable. Dès les premières pages, on est frappé par la force des propos. Des années de sage rumination ont forgé l'âme d'Alain Sainte-Marie : il faut le lire pour le croire ! C'est magnifique à lire, mais je ne peux pas vous copier le livre entier !

 "Le Grand Ailleurs" recueille 11 "essais". Là aussi, les écrits sont courts. Mais ils sont fait d'un concentré plus philosophique, moins mystique, et qui ne sont pas forcément aisés à saisir.  Mais je n'appellerai pas cela des essais vu leur longueur, mais ils sont éminemment philosophiques il est vrai.
 Toutefois, les problèmes philosophiques envisagés sont essentiels, comme je vais vous le montrer. L'auteur fait appel dans ses notes à certains nombre d'ouvrages de philosophie de référence.
 On découvre aussi l'amitié d'Alain Sainte-Marie avec Michel Hulin et André Ramel.

 Les questionnements d'Alain Sainte-Marie portent sur les sujets suivants :
01 - 'Le salut dans le dépassement de soi' - comment le philosophe peut et doit-il se sauver ? de quoi se sauver ? Où cela ?
02 - 'Différence-ressemblance et participation à l'absolu' - qu'est-ce que l'absolu ? la réalité ? l'expérience ?
03 - 'Le grand ailleurs' - impermanence, espace, temps, infini... l'ailleurs ? Tout cela est questionné dans ces lignes gravées à la dynamite. "Le grand ailleurs est ce qui rêve un monde et s'éveille au néant de son rêve. Chercher à le définir, c'est se condamner à le poursuivre comme objet. Aucune chance d'atteindre un horizon que l'on fait reculer en le posant. Se taire, c'est l'assujettir en quelque sorte à son propre silence, lui qui est tout entier expression"...
04 - 'La complétude sous le vide' - "Il serait si rassurant de pouvoir regarder l'abîme sans lâcher la rambarde de sécurité du quotidien, de continuer à croire à la réalité de l'action qui se déroule sur scène malgré l'indigence du texte, le jeu médiocre des acteurs, la grossièreté des décors et la prévisibilité de la mise en scène !"
05 - 'Impermanence et réflexion' - c'est l'essai, je pense, le plus pertinent et important des onze. Je vous donne son introduction : "En dehors de l'expérience réflexive, rien n'a d'intérêt en soi et ne peut être pleinement ni longtemps satisfaisant. Un enchaînement sans suite de désirs, de lubies, de passades, de toquades et de coups-de-tête : telle est la vie. Sottise que de vouloir à tout prix que ce qui arrive ait un sens indépendamment de mon projet. En outre, les grands événements de la vie - comme le fait d'être né, de croître, de déclin et de mourir - ne relèvent pas de l'intentionnalité de l'homme. La notion de signification leur est donc également étrangère. D'où l'absurdité de toute "quête de sens". Seules les intentions humaines qui leur sont surimposées peuvent être qualifiées. En l'absence de valeur intrinsèque, ce que nous appelons communément "réalité" trouve sa raison d'être dans l'amour-connaissance qui confère, par le renouveau du dépassement, de la continuité au transitoire. Nous avons le choix entre l'amour-connaissance et le nihilisme"...!
06 - 'De ce côté-ci de l'espoir' - celui-ci aussi est fameux; voici le début et la fin : "Bonheur et malheur découlent directement en moi de mes préférences et de mes aversions. Or, je suis le seul maître de celles-ci. Je suis donc le seul à pouvoir faire mon propre bonheur ou mon propre malheur." Puis : "En-deçà et à l'intérieur du flux ininterrompu des pensées : la conscience immuable. La conscience absolue se connaît toujours elle-même au travers d'un être concret qui lui est intérieur. Elle s'objective par soi sous forme d'idéations qu'elle prend ensuite pour des réalités, oubliant qu'elle est le seul Réel". Et enfin : "L'absolu est le point de fuite de toutes nos perspectives. Sans point de fuite, point de perspective. Sans l'absolu, point de liberté".
07 - 'Le cercle en sa circonférence' - liberté et responsabilité forment le fond de la pensée d'Alain Sainte-Marie dans cet essai. "De même qu'il n'y a pas de cercle sans circonférence, de même ma liberté n'est pas sans condition. (...) Qui est sans limite est aussi sans liberté, car c'est la limite qui détermine la responsabilité, qui, à son tour, fonde la liberté."
08 - 'La liberté intérieure' - Cet essai me semble être la suite du précédent : la liberté et le libre-arbitre sont ici plus foncièrement examinés.
09 - 'La fleur et le fruit' - Question de vie spirituelle, de dévotion et de gnose. Pas facile à saisir, à l'instar de sa conclusion énigmatique : "Quand c'est la raison, censée éclairer le monde, qui, par sa démesure et son aveuglement, erre, il est sage d'être fou et fou d'être sage. Car alors seuls les fous connaissent le parfum de la fleur et la saveur du fruit qui est en eux."
10 - 'Puissance du dialogue' - Dur de cerner ces deux pages. Je cite ceci : "Le point de vue que l'on met de côté pour le reprendre après en avoir considéré un autre est un point de vue enrichi de l'expérience qui consiste à se mettre à la place d'autrui. L'appréciation subjective du vrai et la pertinence de l'action ne font qu'y gagner. Comment, en effet, un être, si intelligent, savant ou informé soit-il, pourrait-il embrasser à lui seul la totalité du vrai ?"
11 - 'De bonnes raisons d'être en paix' - Difficile aussi de saisir les idées qui mènent au sujet. Voici les premières lignes : "La nature est funeste à l'homme privé des ressources propres à l'humanité. Mais le monde humain devient inhumain à force d'être exclusivement humain à cause de son aliénation. le salut est dans l'homme naturé autant que dans la nature humanisée."

 Enfin, les dernières pages du livre s'intitulent "Butinages". 20 pages de sentences et de maximes d'Alain Sainte-Marie sont rassemblées, en ordre, contrairement à la première partie.
 Certaines sont absolument tonitruantes :
"Tout ce qui est réciproque est un.
Ce qui est divisé règne séparément; ce qui est uni règne ensemble.
La réciprocité est le degré suprême de la confiance. Dans la réciprocité, il n'y a plus de toi ni de moi, mais seulement le flux et le reflux de l'amour, où la joie inhérente au don et la joie inhérente à l'accueil sont une, où être soi passe par le devenir de l'autre".

"La connaissance et l'amour sont une seule et même vision.
T'aimer est le seul moyen que j'ai trouvé de te comprendre.
Mon plaisir n'est pas total tant que le tien ne l'est pas; ma joie n'est pas entière si la tienne ne l'est pas; et mon bonheur est incomplet si tu es malheureuse, car je suis inachevé sans toi.
N'est-ce pas là, après tout, l'origine, la marque et la finalité de la préférence amoureuse ?"

 Vraiment, c'est un grand trésor que ce livre - un des meilleurs que j'ai lu jusqu'ici en cette année 2019 ! de la philosophie pareille, une sagesse si profonde : j'en redemande encore !

 Merci Accarias, merci Alain Sainte-Marie !

 Achetez-le et excellente lecture !

Zuihô
Lien : https://livresbouddhistes.co..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
En dehors de l’expérience réflexive, rien n’a d’intérêt en soi et ne peut être pleinement ni longtemps satisfaisant. Un enchaînement sans suite de désirs, de lubies, de passades, de toquades et de coups-de-tête : telle est la vie. Sottise que de vouloir à tout prix que ce qui arrive ait un sens indépendamment de mon projet. En outre, les grands événements de la vie – comme le fait d’être né, de croître, de déclin et de mourir – ne relèvent pas de l’intentionnalité de l’homme. La notion de signification leur est donc également étrangère. D’où l’absurdité de toute « quête de sens ». Seules les intentions humaines qui leur sont surimposées peuvent être qualifiées. En l’absence de valeur intrinsèque, ce que nous appelons communément « réalité » trouve sa raison d’être dans l’amour-connaissance qui confère, par le renouveau du dépassement, de la continuité au transitoire. Nous avons le choix entre l’amour-connaissance et le nihilisme.
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La connaissance et l’amour sont une seule et même vision.
T’aimer est le seul moyen que j’ai trouvé de te comprendre.
Mon plaisir n’est pas total tant que le tien ne l’est pas; ma joie n’est pas entière si la tienne ne l’est pas; et mon bonheur est incomplet si tu es malheureuse, car je suis inachevé sans toi.
N’est-ce pas là, après tout, l’origine, la marque et la finalité de la préférence amoureuse ?
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"Bonheur et malheur découlent directement en moi de mes préférences et de mes aversions. Or, je suis le seul maître de celles-ci. Je suis donc le seul à pouvoir faire mon propre bonheur ou mon propre malheur. »

Puis : « En-deçà et à l’intérieur du flux ininterrompu des pensées : la conscience immuable. La conscience absolue se connaît toujours elle-même au travers d’un être concret qui lui est intérieur. Elle s’objective par soi sous forme d’idéations qu’elle prend ensuite pour des réalités, oubliant qu’elle est le seul Réel« .

Et enfin : « L’absolu est le point de fuite de toutes nos perspectives. Sans point de fuite, point de perspective. Sans l’absolu, point de liberté."
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Quand c’est la raison, censée éclairer le monde, qui, par sa démesure et son aveuglement, erre, il est sage d’être fou et fou d’être sage. Car alors seuls les fous connaissent le parfum de la fleur et la saveur du fruit qui est en eux.
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Le point de vue que l’on met de côté pour le reprendre après en avoir considéré un autre est un point de vue enrichi de l’expérience qui consiste à se mettre à la place d’autrui. L’appréciation subjective du vrai et la pertinence de l’action ne font qu’y gagner. Comment, en effet, un être, si intelligent, savant ou informé soit-il, pourrait-il embrasser à lui seul la totalité du vrai ?
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