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EAN : 9784734737364
Chapitre.com - Impression à la demande (01/01/2014)
4/5   1 notes
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Grand voyageur et romancier prolifique, Joseph-Xavier Boniface, dit Saintine, fut un auteur très apprécié sous la Restauration, et dont l'oeuvre bénéficie encore de nos jours d'une solide réputation. Mais disons-le d'entrée de jeu, il ne vaut mieux pas aborder son oeuvre avec "Chrisna", roman historique terriblement vieillot et d'une mièvrerie assez souvent risible.
Pourtant, l'intrigue de "Chrisna" part d'une idée à la fois intéressante et originale, puisque le roman se situe dans le Montenegro des années 1820, époque fort tumultueuse où des peuples de cultures et de confessions différentes (Croates, Slovaques, Magyars, Turcs) se massacraient ponctuellement pour des questions de territoires. Des territoires pourtant sous domination autrichienne, ce qui fait que tous ces rebelles furent ponctuellement massacrés en proportions égales par l'occupant autrichien.
Touriste érudit mais soucieux avant tout de divertir, Saintine ne s'avance pas trop dans la complexité d'un contexte historique tumultueux, et préfère l'évoquer au travers du portrait d'une femme, Chrisna Carlovitz, beauté ténébreuse et ardente, tiraillée entre deux hommes, puis entre quatre, qui s'entretueront mutuellement, avant que l'ultime survivant, finalement répudié, meure à demi-fou dans un asile.
Bien que Saintine prétende s'être inspiré d'une légende folklorique locale, tout cela ressemble fort à une transposition pré-grandguignolesque de la "Carmen" de Prosper Mérimée dans un Montenegro d'opérette, avec juste assez de variations pour que le plagiat ne semble pas trop évident. Quant à son Montenegro et à ses chefs de tribus, ils ne sont pas sans évoquer l'intrigue âpre du "Tarass Boulba" de Nicolas Gogol. Hélas, Saintine ne sortit pas transfiguré de ces puissantes lectures, et son pot-pourri littéraire fait pâle figure à côté d'aussi remarquables influences.
Sur une intrigue mince et déjà bien éventée en son temps, Saintine dispose un roman-feuilleton d'une grande pauvreté d'inspiration, animé de personnages creux, seulement capables, la plupart du temps, de deux types d'émotions : l'amour désespéré et la haine meurtrière. Une bipolarité assez minimale, dont souffrent quasiment tous les personnages de ce récit, lesquels pourtant sont en guerre entre eux à cause de leurs différences.
De ces différences, d'ailleurs, on ne saura pas grand chose sinon le pedigree géographique de chacun et sa fierté patriotique : tous ces peuples sont fiers et ombrageux, vouent un culte à l'existence guerrière et à la mort héroïque sur le champ de bataille. Néanmoins, Chrisna n'a besoin que d'apparaître pour en faire des chiffes molles, la suppliant de leur céder, et s'empressant de poignarder le rival plus chanceux ou celui qui parvient à l'épouser. Quant à Chrisna, elle est femme, donc elle est inconstante, menteuse, dissimulatrice, irraisonnée, et pousse tous ses amoureux à la folie furieuse tout en les faisant espérer à tour de rôle.
Cette avalanche de clichés grossiers, balourds et éculés, sert essentiellement à dépeindre une nation de barbares qui tous se valent bien, autour d'un ersatz de Carmen qui manque terriblement de charisme et de consistance tant l'auteur s'acharne à la rendre mystérieuse et insaisissable. Peut-être Saintine a-t-il voulu prouver qu'à l'image de ce pays déchiré par des guerres fratricides, Chrisna Carlovitz est le symbole d'une nation agonisante, dont les bourreaux se disputent les reliques avant même qu'elle soit trépassée, mais indéniablement, le symbole est très maladroitement exprimé.
Rien, hélas, n'est vraiment convaincant dans ce roman-feuilleton poussif et mollasson, signé par un écrivain peu soucieux de paraître réaliste : dialogues et situations confinent parfois à la parodie à force de vouloir dépeindre la détermination amoureuse de farouches guerriers fanatisés. de cette surenchère de grandiose, Saintine ne parvient même pas à signer une évocation magistrale du pays et de l'époque qu'il décrit : "Chrisna" pourrait au final se situer dans n'importe quel pays en guerre civile... Seul - et dès la première page du roman-, le Golfe de Cattaro (appelé aujourd'hui plus volontiers "Les Bouches de Kotor") trouve grâce aux yeux de l'écrivain, lequel s'étale avec chaleur, durant tout le début du livre, sur la magnificence du lieu. Mais n'en doutons pas, c'est très probablement parce que c'est là tout ce que Saintine a réellement vu du Montenegro...
"Chrisna" s'avère donc un roman fort médiocre, sur un sujet qui méritait amplement mieux, mais qui n'a guère passionné d'autres écrivains. Il manque à ce livre tout ce qui fait la force d'un grand roman d'aventures historiques : des intrigues complexes, des rebondissements, des personnages bouleversants et attachants, un rythme trépidant, des dialogues qui font mouche, et, pourquoi pas, un humour élégant à la Dumas.
Ici, tout est d'une platitude morne, à peine troublée de temps à autres par une déclaration d'amour larmoyante ou un meurtre particulièrement sauvage. Hélas, même ces montées d'adrénaline d'il y a deux siècles semblent aujourd'hui bien rouillées et obsolètes. Un lecteur indulgent y trouvera peut-être un charme désuet, et néanmoins moderne de par la violence qui y règne, mais même dans cet esprit-là, on doit trouver mieux...
Pour conclure, je ne doute pas que Saintine fasse preuve de plus grandes qualités littéraires dans ses oeuvres les plus renommées, mais ce roman-ci, écrit quelques années seulement avant sa mort, témoigne en tout cas d'un talent passablement endormi, et de ce fait, terriblement soporifique...
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