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Citations sur Les aventuriers de la mémoire perdue (11)

La Réforme luthérienne va donner un tournant imprévu à la Renaissance.
Il faut se garder de l’illusion rétrospective qui fait dater la Réforme de 1517. Pendant plus d’une génération les négociations restaient possibles et Luther est mort deux mois après l’ouverture du concile de Trente.
Dans ce domaine encore, les choix des princes laïques seront aussi décisifs que ceux des princes de l’Église, puisque la rupture finale entre les deux Europes (catholique et réformée) se jouera en deux temps :

D’abord, l’acceptation du principe hujus regio, cujus religio (Tel prince, telle religion, 1555) par Charles Quint près de dix ans après la mort de Luther. Seule la Pologne, l’Irlande et la Bavière resteront obstinément catholiques, tandis que l’Angleterre et les pays scandinaves passeront à la Réforme, avec leurs colonies.
Ensuite, l’achèvement du concile de Trente en 1563 et la publication de son acte final, sous les acclamations des Pères du concile : « Anathème à tous les hérétiques ! »

Les conséquences de la rupture se feront sentir jusqu’à nos jours dans les domaines de la politique et des arts.
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Le Prince est une longue supplique adressée par un politicien disgracié à son vainqueur. Il est vraisemblable que son destinataire – Laurent II de Médicis – ne l’ait jamais lue. L’auteur cherche à rentrer en grâce auprès du nouveau maître en lui offrant les clés de la prise du pouvoir et de sa conservation. S’il suit ses conseils, Laurent pourra devenir un nouveau César.

Si Machiavel est fasciné par les exploits des héros de l’Antiquité, c’est parce qu’il y voit les modèles permettant de juger ceux de ses contemporains. Il ne croit pas un instant que Dieu favorise quiconque. Pour lui, seule l’audace et l’intelligence garantissent le succès. Après avoir longuement analysé les qualités et défauts de tous les grands rois, papes et capitaines de son temps, il s’attarde sur les aventures du héros qui, selon sa démonstration, illustre le mieux la virtù.
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La principale doctrine médicale transmise par Hippocrate est la théorie des humeurs, qui restera dominante en Occident jusqu’au xixe siècle. Elle se fonde sur la très ancienne idée que la nature se compose de quatre éléments fondamentaux, qui se combinent à l’infini : le feu, l’eau, l’air et la terre, eux-mêmes affectés par deux couples de qualités contradictoires : chaud/froid et sec/humide, selon des combinaisons quasiment infinies.

    Les quatre « humeurs » correspondantes sont des liquides qui circulent dans le corps humain et assurent son développement harmonieux (sa santé) selon les natures respectives des organes qui les produisent et qu’ils parcourent. La moindre perturbation de cet équilibre subtil provoque la maladie :

Humeur.    Organe.     Élément.   Qualités.                       Tempérament
Sang.         Cœur.         Air.             Chaud et humide.       Sanguin (chaleureux)
Lymphe.    Cerveau. Eau.           Froid et humide.         Lymphatique
Bile jaune. Foie.          Feu.            Chaud et sec.              Bilieux
Bile noire.  Rate.         Terre.          Froide et sèche.          Atrabilaire (mélancolique)
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Parmi les acteurs de la diffusion de l’humanisme au nord des Alpes, la place d’honneur revient sans conteste au moins « épique » d’entre eux, Érasme de Rotterdam animant son vaste réseau de correspondants. Son disciple Melanchthon lui doit d’être devenu le « précepteur de l’Allemagne » et la reine Élisabeth d’Angleterre n’a jamais caché son attirance pour ses vues religieuses. On peut sans doute en dire autant de Copernic. Au-delà des Alpes, l’Europe rallie la Renaissance principalement parce que ses princes sont fascinés par les fastes des cours italiennes.

On pourrait à leur propos parodier la célèbre formule d’Horace à propos de l’engouement des Romains antiques pour la Grèce : « L’Italie conquise conquit son farouche vainqueur et porta les arts au sein de la rustique Europe. »
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Outre les problèmes techniques, Gutenberg doit faire face à deux difficultés majeures : l’importance de la mise de fonds initiale et l’adaptation au marché, car à la Renaissance, la grande majorité de la population est illettrée. Un imprimeur doit donc avoir un bon banquier et s’installer dans une ville où se trouvent des lecteurs potentiels, c’est-à-dire abritant de préférence une université, une grande institution judiciaire (parlement, bailliage) ou un siège religieux important (cathédrale, archevêché). Le développement rapide de l’imprimerie aura trois conséquences sur le livre :

Son prix de revient diminue considérablement. Le prix d’un imprimé est peut-être mille fois moins élevé que celui du même texte manuscrit, car le temps de travail nécessaire à le fabriquer est divisé d’autant.

Le nombre d’exemplaires en circulation est multiplié dans une proportion équivalente, car le premier tirage d’un livre s’approche en général du millier alors que le nombre des manuscrits produits dans un atelier de copistes dépasse exceptionnellement quelques dizaines.

Les livres en langues modernes et illustrés trouvent aisément des acheteurs dans la population peu instruite.
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La perspective n’était pas inconnue des artistes médiévaux (ni de ceux de l’Antiquité), qui savaient parfaitement qu’un personnage semble d’autant plus petit qu’il est plus éloigné. Mais ils ignoraient la construction des points de fuite et ils créaient généralement à l’intérieur d’un même tableau plusieurs zones distinctes qui avaient chacune sa propre perspective, indépendamment des autres. Ainsi, les tableaux de vies de saints (ou de Jésus) juxtaposaient une succession de lieux, abritant chacun un épisode de la vie du saint en question. Le personnage principal y apparaissait autant de fois qu’il y avait d’épisodes et le décor de chaque lieu était construit selon des lignes de fuites particulières. Giotto fut l’un des grands maîtres de ce procédé « agrégatif ».

Cette juxtaposition avait l’avantage de permettre de raconter facilement une histoire. On l’utilisait avec bonheur dans les commandes publiques : pour un roi qui fait raconter ses hauts faits ou ses campagnes militaires ; mais surtout pour les images d’édification religieuse, dont les prédicateurs étaient particulièrement friands. Ils pouvaient en effet illustrer par le menu leurs sermons par des images édifiantes tirées de l’histoire « sainte » ou des vies des saints peintes sur les murs. Les « chemins de croix » ont ainsi fidèlement orné les murs des églises jusqu’au xxe siècle.
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L’énorme liberté fantasmatique de la culture païenne antique a sans doute exercé une attraction considérable sur la société médiévale qui se pensait comme close – enserrée par les liens de la féodalité et de l’Église. Chez les Romains et les Grecs de l’Antiquité (aussi bien chez les hommes que chez les dieux), pas de nobles, de clercs, ni de roturiers, mais beaucoup de héros et d’héroïnes hauts en couleur entraînés par des passions extrêmes. Cela explique sans doute pourquoi les arts nouveaux de la Renaissance ont eu tant d’adeptes. Ceux ou celles qui rêvaient d’un ailleurs allèrent le chercher dans le réel au-delà des mers, à leurs risques et périls, mais aussi dans la mémoire enfouie de l’Antiquité. Cette conquête fut suffisamment stimulante pour nourrir la culture occidentale jusqu’à nos jours.
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Quatre mois après le retour triomphal de Christophe Colomb (avril 1493), l’humaniste allemand Hartmann Schedel publie à Nuremberg un Livre des Chroniques contenant une histoire et une géographie universelles. Ce volumineux ouvrage, [...] donne une image précise de la façon dont les Européens de la Renaissance se représentaient le monde et son histoire.

Schedel et ses contemporains ne voient pas, comme nous, dans l’histoire une progression menant l’humanité d’un temps primitif vers la civilisation. Ils y voient au contraire – selon un schéma hérité des Grecs à travers l’évêque Augustin* d’Hippone – une succession d’« Âges », ordonnés selon les grands récits bibliques, qui nous éloignent inexorablement du Paradis terrestre (l’Âge d’or des Grecs). Ces « âges » nous rapprochent du Jugement dernier et de la Fin du monde – reprenant l’image des sept jours de la création judéo-chrétienne. [...]

❧ Les sept Âges de l’humanité selon Schedel
Après la création du monde (sept jours) et le temps primordial du Paradis, viennent :
❧ le 1er Âge : d’Adam au Déluge (1 656 ans) ;
❧ le 2e Âge : du Déluge à Abraham (292 ans) ;
❧ le 3e Âge : d’Abraham au roi David (940 ans) ;
❧ le 4e Âge : de David à la captivité des juifs à Babylone (484 ans) ;
❧ le 5e Âge : du retour de Babylone à la naissance du Christ (590 ans) ;
❧ et enfin le 6e Âge : de la naissance du Christ à nos jours (1 493 ans).
❧ Après nous viendra encore le 7e Âge du Jugement dernier. Schedel prend la précaution d’ajouter à cette énumération 4 pages blanches, où les lecteurs du futur pourront résumer la chronique des principaux événements de leur temps. ❧

La partie consacrée au 6e Âge est à elle seule deux fois plus longue que les cinq premières. Elle se construit sur la démonstration du triomphe du christianisme et de l’Empire, selon un axe double formé par les lignées des empereurs romains puis germaniques, ainsi que celle des papes. Il ne s’agit donc pas à proprement parler d’une histoire, mais d’une tentative de concordance entre l’histoire « laïque » et l’histoire « sacrée ».
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Clio : Fallait-il vraiment invoquer Steven Spielberg pour intituler un livre sur la Renaissance ?
L’Éditeur : L’expérience nous a montré naguère que le beau nom de Renaissance n’attirait plus le lecteur. À qui la faute ?
L’Auteur : Patience ! Cette question mérite d’être posée et nous y viendrons sans tarder.
L’Éditeur : Le mot « aventuriers » nous a séduits, car il indique à la fois curiosité et danger. C’est une pure coïncidence si Spielberg a trouvé jadis un titre qui ressemble au nôtre. (l’éditeur se retire discrètement)
Clio : Passons au contenu. Pourquoi publier un nouvel ouvrage sur la Renaissance, alors que les librairies en contiennent à foison ?
L’Auteur : Pour deux raisons. D’abord parce que, si les études abondent sur des domaines particuliers de la Renaissance (notamment les beaux-arts), très rares sont celles qui traitent du phénomène dans son ensemble, prenant en compte des activités aussi éloignées entre elles que le droit, la peinture, la médecine ou l’astronomie.
Clio : Vous pensez donc qu’il y a un rapport entre le cheval de bronze de Léonard de Vinci et l’héliocentrisme de Copernic ? Entre le bon géant Gargantua et la Folie d’Érasme ?
L’Auteur : Oui, le désir de comprendre les Anciens et de les mettre à l’épreuve pour explorer le monde d’aujourd’hui.
Clio : Quelle est la seconde raison ?
L’Auteur : Cet ouvrage est le fruit d’une enquête dans l’infinie variété des sources d’époque, menée à l’écart des querelles de clochers universitaires historiographiques ou idéologiques.

(INCIPIT)
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La tradition fait débuter la Renaissance littéraire avec deux écrivains florentins majeurs, qui furent des amis très proches : Pétrarque et Boccace. Leurs compatriotes les surnommèrent, avec Dante, « Les Trois Couronnes » parce qu’ils ont donné à la langue toscane ses lettres de noblesse.
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