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Comtesse de Gence (Traducteur)Noël Heuleu (Illustrateur)
316 pages
Albin Michel (30/04/1934)
4/5   1 notes
Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« L'Émeraude de Ceylan » fait partie des quelques ouvrages traduits et publiés dans les années 30 par la Comtesse de Gencé pour la collection « Les Belles Aventures » des éditions Albin Michel.
Comme souvent avec Salgari, il est difficile de dire s'il s'agit bien d'un ouvrage écrit de son vivant, ou d'un roman apocryphe rédigé par des nègres littéraires sur la demande de son éditeur après la mort de l'écrivain.
Toujours est-il que ce livre-ci est une plongée extrêmement envoûtante dans un Orient de pacotille et de carton pâte, où malgré un souci ponctuel de faire connaître cette région du monde, tout y est décrit de manière assez farfelue.
L'action se déroule, au début du roman, au royaume de Siam (l'actuelle Thaïlande), en un temps inconnu mais qui ressemble fort à l'Inde du XIXème siècle. le héros de cette aventure, Somoa-Krab, est le fils du dresseur d'éléphants Yang-Thar, fournisseur officiel du Mandarin (?) Cham-Chee-Wee. Somoa-Krab est fiancé à la très belle Dhavinia, que convoite l'ignoble grand chambellan du Mandarin, le sinistre Sampon-Laya. Pour discréditer son rival, Sampon-Laya fait prendre une drogue à l'éléphant Moa-Bir, que Yang-Thar et son fils sont venus présenter au Mandarin. Sous l'effet de cette drogue, Moa-Bir est pris d'une crise de folie, alors que le Prince, fils du Mandarin, le chevauche pour l'étrenner. L'éléphant finit par s'effondrer au sol, écrasant le Prince (Royal ? Mandarinal ?) sous son poids. Fou de douleur, son père, le Mandarin Cham-Chee-Wee, fait emprisonner Yang-Thar et le condamne à être exécuté par son propre éléphant, qui lui broiera la tête de sa patte.
La honte de cette mort absurde retombe sur Somoa-Krab, qui ne peut plus épouser Dhavinia en étant devenu bien malgré lui le fils d'un assassin d'un membre de l'aristocratie mandarino-siamoise. (Vous suivez ?)
Somoa-Krab propose alors un pacte au Mandarin : s'il lui accorde six mois, il promet d'aller à Ceylan (l'actuel Sri-Lanka) et de ramener l'Émeraude Sacrée, dite "Tête D'Éléphant", cachée dans le Temple de Bouddha du Pic d'Adam. L'endroit est inaccessible et fort bien gardé. le pari semble impossible, aussi le Mandarin l'accepte-t-il avec ironie, bien que le lecteur soit en droit se demander en quoi la possession de cette émeraude pourrait consoler le Mandarin de la mort de son fils unique, mais bon, ne compliquons pas les choses avec de dérisoires considérations psychologiques !
Somoa-Krab part donc pour un Sri-Lanka qui ressemble surtout au Tibet, où il aboutira après une longue quête chargée d'embûches, en compagnie de son serviteur fidèle Kalon et d'un marin cambodgien appelé Nankon, qui lui est venu en aide lors d'une tentative de piraterie. Hélas, en réalité, Nankon est l'âme damnée du cruel Sampon-Laya, et sa mission est d'assister Somoa-Krab jusqu'à ce qu'il s'empare de l'émeraude, puis de la lui voler pour la remettre personnellement au grand chambellan, qui la remplacera par une copie grossière en verre, faisant croire au Mandarin que Somoa-Krab a voulu se moquer de lui...
L'intrigue, on le voit, est à la fois rocambolesque, emberlificotée et pas crédible un seul instant. D'où effectivement le rythme trépidant de ce petit roman, qui enchaîne les aventures toutes plus improbables les unes que les autres avec une frénésie qui a comme premier souci de parvenir à ce que chaque nouvelle aventure empêche le lecteur de réfléchir au réalisme de celle qui précède. La méthode était sans doute plus efficace en 1934 qu'elle ne l'est aujourd'hui : il faut vraiment avoir gardé une âme incroyablement candide pour apprécier ce roman au premier degré. Néanmoins, au second degré, il se laisse lire comme une aventure de Tintin (l'humour en moins, mais l'exubérance italienne en plus), même si Emilio Salgari - ou son héritier - a fait mieux par le passé.
En effet, malgré ce condensé d'action et d'aventures très rythmé et sans temps mort, il manque peut-être à cette « Émeraude de Ceylan » une petite touche de folie burlesque qu'on a pu déjà croiser dans d'autres livres du même auteur. Là, on sent que, soucieux de rendre crédible aux yeux de ses lecteurs une civilisation peu connue, y compris de lui-même, Emilio Salgari se sent moins à l'aise que lorsqu'il évolue dans des contrées exotiques déjà bien exploitées en littérature ou dans l'imaginaire collectif.
Ceci dit, « L'Émeraude de Ceylan » ne manque pas de certains passages truculents, mais le rythme effréné de cette quête de l'émeraude empêche qu'on se sente vraiment installé dans ce récit bien trop houleux. Payé à la ligne et assez misérablement, Emilio Salgari n'a eu que très peu l'occasion de prendre son temps pour écrire, ne se relisait pas, et beaucoup de ses romans témoignent encore de l'urgence et du stress de leur auteur. À ce titre, « L'Émeraude de Ceylan » est clairement un de ses romans les plus stressés, et donc indirectement, les plus stressants. Mais le débit imaginatif de Salgari, son art d'installer pièges et rebondissements au risque de s'y perdre lui-même, fait que même s'il semble un peu bâclé, son roman témoigne de cette impressionnante force narrative et de l'engagement total de l'auteur dans son récit, deux des qualités essentielles du génie à la fois douteux et fascinant d'Emilio Salgari.
On ne peut que regretter qu'il n'y ait que si peu d'oeuvres d'Emilio Salgari qui aient été traduites en français, tant ses romans, même s'ils ne sont pas toujours très bons, portent encore en eux cette richesse frénétique de la narration que l'on cherchera en vain dans d'autres auteurs du genre, et qui confère à sa littérature, aussi bon marché soit-elle, un caractère vraiment unique.
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