“Nager à contre courant” est un roman graphique écrit et dessiné par une écrivaine et artiste multimédia turque originaire d'Izmir. A l'origine écrit et publié aux États Unis où elle enseigne à l'Université de Nothwestern à Chicago , son titre est « Dare to disappoint : Growing Up in Turkey »,
qu'on peut traduire : « Oser décevoir: une enfance turque ».
Née en 1975 dans une famille modeste laïque , de parents enseignants dans le secteur publique, elle va traverser les années douloureuses 70-80 et plus de l'histoire sociale politique turque,
dans un climat étouffant , coincée entre une famille aimante, séculière mais conformiste, et un milieu scolaire traditionnel machiste à tendance religieuse . Ne voulant pas accomplir ce que la société et sa famille lui prévoit comme futur elle va oser les décevoir. Une déception pour les autres mais une réussite pour elle vu que son premier roman graphique a déjà été traduit en plusieurs langues et reçu des prix littéraires.
Le graphisme fin , original et subtil, renferme beaucoup de petits détails importants. Les textes d'apparence très simples relatent parfaitement l'histoire de cette enfance turque étroitement reliée à la grande histoire assez douloureuse de la république turque des années 70-80. Alors qu'attendant le 14 mai 2023, le pays est à l'orée d'un nouveau destin pour l'avenir de sa république en danger ce petit roman revêt d'autant plus d'importance.
Une lecture simple mais intéressante pour qui s'intéresse à ce pays extrêmement important pour l'avenir de l'Europe.
Un grand bravo à Özge Samancı dont j'espère lire prochainement d'autres oeuvres.
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Nager à contre-courant est un roman graphique touchant et prenant. Nous découvrons la vie d'une famille turque. Les parents sont ouverts d'esprit, enseignants. le père exhorte ses deux filles à travailler dur à l'école pour décrocher un emploi et une rémunération meilleurs, au risque de faire des études et un métier peu épanouissants mais leur assurant une sécurité et une indépendance financière.
Il s'agit là d'une autobiographie : comme Ryad Sattouf ou Maryane Satrapi, Ozge Samanci nous partage son enfance. C'est l'occasion pour nous lecteurs de plonger dans l'histoire politique de ce pays à partir de 1981. On découvre aussi de l'intérieur le système éducatif à deux vitesses, le fondamentalisme qui prend le pas sur la laïcité.
Dans son livre, Ozge partage son enfance et son adolescence : petite fille puis jeune femme créative et énergique, proche de sa grande soeur, elle hésite sur sa voie : sera-t-elle un nouveau Cousteau ? actrice ? mathématicienne ? ou ingénieure ?
J'ai beaucoup aimé cette histoire qui m'a fait découvrir la Turquie contemporaine. le personnage d'Ozge est attachant. Quant aux choix graphiques, ils sont pertinents : on a des phylactères pour les dialogues et les pensées comme dans une BD classique, mais il n'y a pas de case ce qui donne de la liberté dans les pages. Certains dessins sont des croquis, des plans, des cartes ou encore des schémas. Ça me fait penser à un bullet journal ou encore à un sktechnote, mêlant petits dessins et textes de façon organisée.
Le livre est découpé en 15 chapitres, on suit la croissance de l'auteure jusqu'à la fin de ses études. Un dessin pleine page sert de transition en début de chapitre. Parfois, on découvre une illustration pleine page, comme le portrait du père et une phrase qui le caractérise.
Tous ces éléments contribuent à brosser un portrait sensible d'une fille turque, coincée entre ses envies de liberté et une société sclérosante et liberticide.
C'est un petit bijou à découvrir !
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Une très belle découverte ! Un roman graphique que je n'attendais pas réellement... Mais qui a su me captiver, à travers le coup de crayon et tout particulièrement les tranches de vies de cette jeune femme, Ozge, qui revient sur de multitudes de moments de sa jeunesse et son adolescence en Turquie, entre Izmir et Istanbul. J'ai tout particulièrement apprécié la fin de l'ouvrage sur ses doutes sur son chemin de vie, les études, la place de l'amitié, de sa famille, la dureté de son père, la douceur de la mère, le lien avec sa soeur... J'ai également aimé en apprendre plus sur la vie en Turquie dans les années 80-90, la politique... Merci à la maison d'édition du Faubourg BD et à Babelio pour cette découverte grâce à la Masse Critique !
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Dans ce roman graphique d'émancipation, Özge Samanci redéfinit à sa façon le roman graphique. Avant d'être l'histoire des rêves d'une jeune fille, ce roman est une aventure dans le monde des arts et de leur exploitation. Photos, papiers collés, tampons et autres méthodes viennent colorer à merveille cette histoire. Une vraie petite pépite visuelle !
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Son roman graphique « Nager à contre-courant » dresse le portrait très fouillé d’une société turque tiraillée entre nationalisme et conservatisme, laïcité et religion.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Bien raconté et touchant, Nager à contre-courant. Une enfance en Turquie constitue une belle découverte à ne pas bouder.
Lire la critique sur le site : BDGest