Citations sur La Petite Fadette (248)
l’école du malheur était bonne et développait des forces que le calme finit par engourdir.
« Les papillons ne sont que des fleurs envolées un jour de fête où la nature était en veine d’invention et de fécondité » ….
Si elle a le malheur d'être mal apparentée, elle en a d'autant plus de mérite à être ce qu'elle est, et je n'aurais jamais cru que des âmes chrétiennes pussent lui reprocher le malheur de sa naissance.
Je n’ai pas besoin de plaire à qui ne me plaît point.
On me l'a dit assez souvent pour que je le sache ; et, en voyant combien les gens sont durs et méprisants pour ceux que le bon Dieu a mal partagés, je me suis fait un plaisir de leur déplaire, me consolant par l'idée que ma figure n'avait rien de repoussant pour le bon Dieu et pour mon ange gardien, lesquels ne me la reprocheraient pas plus que je ne la leur reproche moi-même. Aussi, moi, je ne suis pas comme ceux qui disent : Voilà une chenille, une vilaine bête ; ah ! qu'elle est laide ! il faut la tuer ! Moi, je n'écrase pas la pauvre créature du bon Dieu, et si la chenille tombe dans l'eau, je lui tends une feuille pour qu'elle se sauve. Et à cause de cela on dit que j'aime les mauvaises bêtes et que je suis sorcière, parce que je n'aime pas à faire souffrir une grenouille, à arracher les pattes à une guêpe et à clouer une chauve-souris vivante contre un arbre. Pauvre bête, que je lui dis, si on doit tuer tout ce qui est vilain, je n'aurais pas plus que toi le droit de vivre.
Je m'inquiète bien peu de ce que l'on peut dire de moi ; mais je ne souffrirai point ce qu'on dit contre elle, et je veux que mon père et ma mère sachent de moi, pour se tranquilliser, qu'il n'y a point sur la terre, deux filles aussi honnêtes, aussi sages, aussi bonnes, aussi désinteressées que cette fille là. Si elle a le malheur d'être mal arpentée, elle en a d'autant plus de mérite à être ce qu'elle est, et je n'aurai jamais cru que des âmes chrétiennes puissent lui reprocher le malheur de sa naissance.
Incipit:
Le père Barbeau de la Cosse n'était pas mal dans ses affaires, à preuve qu'il était du conseil municipal de sa commune. Il avait deux champs qui lui donnaient la nourriture de sa famille, et du profit par-dessus le marché. Il cueillait dans ses prés de foin à pleins charrois, et, sauf celui qui était au bord du ruisseau, et qui était un peu ennuyé par le jonc, c'était du fourrage connu dans l'endroit pour être de première qualité.
Il est vrai que le bon dieu m’a faite curieuse, si c’est l’être que de désirer connaître les choses cachées. Mais si on avait été bon et humain envers moi, je n’aurais pas songé à contenter ma curiosité aux dépens du prochain. J’aurais enfermé mon amusement dans la connaissance des secrets que m’enseigne ma grand-mère pour la guérison du corps humain. Les fleurs, les herbes, les pierres, les mouches, tous les secrets de la nature, il y en aurait eu bien assez pour m’occuper et pour me divertir, moi qui aime à vaguer et à fureter partout. J’aurais toujours été seule, sans connaître l’ennui ; car mon plus grand plaisir est d’aller dans les endroits qu’on ne fréquente point et d’y rêvasser à cinquante choses dont je n’entends jamais parler aux personnes qui se croient bien sages et bien avisées.
Préface de 1848
Dans le temps où le mal vient de ce que les hommes se méconnaissent et se détestent, la mission de l'artiste est de célébrer la douceur, la confiance, l'amitié et de rappeler aussi aux hommes endurcis ou découragés, que les mœurs pures, les sentiments tendres et l'équité primitive sont ou peuvent être encore de ce monde.
C'est bon d'être fort et leste ; c'est bon aussi de n'avoir peur de rien, et c'est un avantage de nature pour un homme. Mais pour une femme trop est trop, et tu as l'air de vouloir te faire remarquer. Aussi on te remarque, on te taquine, on crie après toi comme après un loup. Tu as de l'esprit et tu réponds des malices qui font rire ceux à qui elles ne s'adressent point. C'est encore bond 'avoir plus d'esprit que les autres ; mais à force de le montrer, on se fait des ennemis. Tu es curieuse, et quand tu as surpris les secrets des autres, tu les leur jettes à la figure bien durement, aussitôt que tu as à te plaindre d'eux. Cela te fait craindre, et on déteste ceux qu'on craint. on leur rend plus de mal qu'ils n'en font. Enfin, que tu sois sorcière ou non, je veux croire que tu as des connaissances, mais j'espère que tu ne t'es pas donnée aux mauvais esprits ; tu cherches à le paraître pour effrayer ceux qui te fâchent, et c'est toujours un assez vilain renom que tu te donnes là.