Toutes ces choses quotidiennes, dérisoires et pourtant fondamentales. Ces riens qui nous lient, nous tiennent, nous remplissent.
Je lui apprendrai qu’il faut aimer sans retenue.
Qu’il n’y a rien de plus beau que de s’attacher à d’autres humains.
Elle me demandera ce qu’il adviendra, si la mort gagne.
Je lui répondrai que la mort ne gagne jamais.
Manifestement, elle est parvenue à découvrir quelques mètres carrés de végétation au beau milieu de cette aire d’autoroute grisâtre. C’est bluffant, ce don qu’ont les enfants de dénicher la moindre parcelle de poésie sous le bitume.
Pour ne pas souffrir, ne suffit il pas de ne jamais se lier ?
J’ai l’étrange impression de jouer ma vie, notre vie à tous, comme on joue à un jeu de cartes : il suffit d’une mauvaise décision, d’une mauvaise pioche, pour que tout s’écroule, d’un seul coup.
Faut-il être sur le point de perdre un être cher pour se rendre compte de la force du lien qui nous unit à lui ?
Un carpe diem sans fausse promesse.
Alors j’ai fait confiance à nos silences. L’absence de mots était pour moi synonyme de distance préservée. De retenue. De conscience aiguë que tout peut s’arrêter, du jour au lendemain. De moindre implication émotionnelle.
J’ai cru qu’éviter de dire « je t’aime » serait suffisant pour ne pas ressentir.
Sans madeleine de Proust, sans odeur associée à sa propre mère, à ses amoureux ou ses enfants, la vie entière de Sienna sera amputée d’une grande partie des plaisirs de la vie, tout simplement.