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Critique de bobfutur


En ces temps vaguement bibliques, alors que les rois mages se sont déjà mis en route, parlons du dernier roman que ce grand auteur nous a livré, avant d'aller voir s'il n'avait pas mal parié, l'ami Pascal ayant fait preuve de davantage de prudence : la déférence envers un dieu —à l'heure d'éventuellement le rencontrer — n'est pas ce qu'il y a de plus cher à miser.

Comme lui, je ne vais pas m'embarrasser à mettre de majuscule au début d'un nom (pas vraiment) propre, ami imaginaire qu'une humanité toujours pas mature n'en finit plus d'invoquer, aberration que la modernité aurait dû corriger en premier, bien qu'elle en ait les moyens sans les intérêts…

La pagination Saramago, toujours surprenante, façon « Editions Cent Pages », utilise surtout ces majuscules pour marquer, dans les dialogues, les différents interlocuteurs, au lieu d'un retour à ligne.
Cette concentration du texte en bien peu d'espace n'est pas toujours évidente à suivre, et oblige le critique à en parler dans chacun de ses textes dédiés à ce canonisé au comité Nobel, comme de nous alourdir l'esprit avec la liste de ses derniers récipiendaires… (oh non…! encore…)

Au moins, on peut dire que son écriture est écologique : il concentre en moins de 200 pages une histoire qui en prendrait le triple chez une maison coutumière des textes remplis d'air ( coucou le Tripode ).

Donc notre vieux sage portugais prend quelques risques, réinterprétant à sa sauce acido-réaliste une grande part de l'Ancien Testament, ensemble de contes de qualités littéraires inégales, auxquels on préférera Grimm, Hoffmann ou Gripari pour endormir les enfants.
On ne peut que saluer une telle entreprise : enfin un auteur qui s'attaque à la littérature jeunesse sans tenter de leur faire croire que la Terre est plate.
Mais une telle démarche n'est pas là pour ravir nos chers libraires : souvenez-vous qu'il ne leur fera pas vendre beaucoup de papier… et sans s'intéresser au sexe des anges… bien qu'il y soit question de leurs épées de feu…

Quelque peu foutraque, l'organisation de son récit n'en reste pas moins très amusante, avec comme point d'orgue les différentes conversations entre Caïn et Dieu, saisissant effet miroir, où l'évidente absurdité de ces dogmes, ainsi que la notion de Bien et de Mal, éclatent sous la pression du simple bon sens.
L'auteur ne se sert pas du dangereux relativisme, mais d'un humanisme de bon aloi, passant en revue les mythes qui fondent aux trois grands ensembles religieux monothéistes, pour mieux les ridiculiser.

« Le chemin de l'erreur au début est étroit, mais il y aura invariablement quelqu'un qui sera toujours disposé à l'élargir, disons que l'erreur, pour reprendre le dicton populaire, c'est comme manger ou se gratter, le tout est de commencer. »

Anathème et blasphème sont dans un bateau : une bien belle histoire, qui ferait passer Salman Rushdie pour un militant du Femyso.
Et pour finir de s'en convaincre, faîtes un tour du côté de la jolie critique de viou1108, elle qui n'aurait pas laissé flotter l'arche de Noé
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