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Citations sur Au nom des requins (26)

Nécessaire prudence

Le coût exorbitant de ces pêches de sécurisation pousse les responsables politiques à surenchérir médiatique ment pour souligner qu'ils ont "la situation bien en main". Alors, rassurés et déresponsabilisés, les usagers de la mer relâchent inévitablement leur attention. Par fois, même, ils transgressent les règles élémentaires de sécurité édictées par les autorités dont ils exigent la protection. Quelle que puisse être l'ampleur des prélèvements, ils n'exonéreront jamais les usagers de la mer de l'apprentissage et du respect des règles de prudence dans un écosystème sauvage.
Alors pourquoi ne pas commencer par là ?
D'autres solutions moins catastrophiques pour le peuple de l'océan sont proposées : surveillance aérienne, vigie sous-marine, protection individuelle. Mais il s'agit toujours de sécuriser un territoire que nous, les humains, avons décidé de nous approprier.
C'est peut-être sur ce point que divergent le plus radicalement défenseurs et pourfendeurs des requins.
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Ces citadins-vacanciers, qui passent quelques jours en bord de mer, ignorent le plus souvent les règles de l'écosystème marin et ne souhaitent pas les connaître. Ils vont en mer avec l'insouciance de ceux qui visitent un parc d'attractions sécurisé. Ils ont payé leurs vacances pour se reposer et rien ne doit les perturber. Ils s'en remettent aux autorités inconséquences.
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... le temps des médias et des pleurs n'est pas le temps de la recherche scientifique.
Mais il est trop tard. Personne ne veut plus croire aux données des chercheurs et aux observations sous-marines. On réclame vengeance. On exige sang pour sang. L'irra tionnel a embrasé les esprits. Personne ne semble se poser la question de la pertinence des pêches "punitives", de "l'exemplarité" de la peine. Comme si la menace de la "pêche-peine capitale" allait être dissuasive dans le grand peuple des requins. Qu'on se le tienne pour dit.

La seule réponse que les autorités proposent à la dou leur des familles est l'élimination exemplaire des requins. Les pêches se multiplient. On assiste à des scènes d'hysté rie et de liesse lorsqu'un requin capturé est massacré sur la plage. Que le requin ait été impliqué dans un accident, ou pas, n'a aucune importance. Tous coupables! Par ail leurs, les squales ne protestent pas et ne pèsent pas lourd comparés à l'économie balnéaire et aux écoles de surf.

Aux pêches punitives "post-attaque" s'ajoute donc l'élimination préventive. On encourage les pêcheurs amateurs à éradiquer la menace en leur offrant des bons d'achat dans des grandes surfaces pour chaque cap ture de requin. On fait les louanges de la participation citoyenne au massacres. Pour éradiquer les requins, les palangres appâtées avec des thons sont posées dans les zones de baignade et jusqu'au coeur de la zone de protection renforcée de la réserve. L'État ne fixe aucune limite, ni au nombre de requins capturés, ni à la durée de la pêche. Il faut maintenir la pression quel qu'en soit le coût... Plus de 11 millions d'euros dépensés à ce jour.
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Beauté hideuse des crèmes au squalène de requin

Si les marchés asiatiques et américains sont les premiers demandeurs d'ailerons, le marché européen, gros consommateur de crèmes de beauté, n'est pas en reste. Une crème sur cinq utilise du squalène, un dérivé d'huile de foie de requin qui favorise la pénétration de la crème dans la peau. "On estime à trois millions le nombre de requins des grands fonds tués chaque année pour répondre spécifiquement à la demande internationale en squalène". Pour certains, c'est près de 95% de la population qui a été décimée", explique Claire Nouvian, directrice de l'association Bloom" qui a mené une grande enquête sur le marché trouble des produits dérivés du requin. Le marché des cosmétiques s'accroît sans cesse, augmentant la demande en foie de requin. Il mobilise toujours plus de laboratoires de recherche pour trouver de nouvelles méthodes d'extraction", de nouvelles crèmes antivieillissement20 et de nouveaux médicaments contre le cancer du fumeur. Et tant pis si les requins profonds sont en danger d'extinction. Tant pis s'ils pourraient être épargnés car le substitut végétal, tout aussi hydratant, existe, mais semble trop cher pour assurer de substantiels bénéfices à ultracourt terme.
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Dans cette course à la connaissance, les requins sont de très fidèles alliés, mais nous les récompensons fort mal. Car leurs déplacements sans frontière, à tra vers l'océan sans barrière, les exposent à nos mortels engins de pêche. À peine sortis des zones où ils sont protégés, les requins sont massacrés pour leurs ailerons, capturés par des engins qui ne leur sont pas destinés. Ils sont d'autant plus exposés que leurs migrations les conduisent en haute mer, zones de non-droit, où les armadas nationales n'agissent pas mieux que les braconniers de misère enrôlés par des trafiquants internationaux.
Les requins disparaîtront-ils avant même d'avoir été compris ?
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...le fameux "Top-down effect" des Anglo-Saxons, très bien documenté en milieu terrestre, en particulier l'impact positif du retour des loups sur la diversité des espèces végé tales de la forêt. Ces exemples remarquables très simples, du type "grand carnivore, grand herbivore, consommateur de jeunes arbres", sont-ils applicables en milieu marin, où les réseaux trophiques sont infiniment plus complexes? Selon ce principe, les requins apex-prédateurs seraient les régulateurs des populations de mésoprédateurs (mérous, carangues, barracudas, murènes). Sans les requins, ces mésoprédateurs pulluleraient. Ils deviendraient alors si nombreux qu'ils anéantiraient les petits poissons planctophages (fusiliers, sardines...). La disparition de ces derniers provoquerait la pullulation de leurs proies: les petits crustacés brouteurs de plancton végétal ! En résumé, par effet domino, si les requins dis paraissent, les petits crustacés seront si nombreux qu'ils brouteront toutes les microalgues du plancton végétal qui fournit deux tiers de l'oxygène atmosphérique.
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Le fretin maître des requins

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le nombre de sardines adultes ne dépend pas de l'appétit des requins, ni même du prélèvement de l'ensemble des prédateurs. Ces ponctions n'affectent qu'à la marge les populations de petits poissons planctophages. Ce qui régule naturellement leurs populations, ce sont les courants océaniques. Grands maîtres du jeu de la vie marine, les courants, déterminés par les vents, la température et la salinité de l'eau, conditionnent la survie des œufs et des larves, extrêmement sensibles aux variations des facteurs physiques du milieu. Les courants transportent également les éléments nutritifs nécessaires au développement des algues planctoniques, base de toute vie océanique. Les sardines dépendent directement de la quantité et de la variété de ce plancton végétal et des microscopiques crustacés qui s'en nourrissent. C'est donc l'abondance de la nourriture qui détermine l'abondance des sardines qui, à son tour, conditionne la survie des grands prédateurs. Et non l'inverse. La régulation des populations se fait toujours du bas vers le haut de la chaîne alimentaire.

Lorsque les courants marins n'enrichissent pas les eaux de surface en sels nutritifs, comme cela se passe en période de "Niño", la production d'algues planctoniques est faible et la reproduction annuelle du fretin (sardines, anchois et anchoveta) est mauvaise. Les populations s'effondrent, et c'est la catastrophe chez les grands prédateurs qui meurent de faim ou n'arrivent plus à nourrir leurs jeunes. Les requins, comme les autres prédateurs, sont remis à leur juste place : ils dépendent de leurs proies. Ce sont les insignifiants anonymes, animaux et végétaux du plancton, qui régulent les populations d'oiseaux, de dauphins, de lions de mer, de baleines et de requins.
....
El Niño: phénomène cyclique correspondant au retour brutal, vers l'est de l'océan Pacifique (Amérique du Sud), des eaux de surface qui avaient été poussées par les alizés vers l'ouest (Australie). Cette masse d'eau chaude couvre alors le courant froid de Humboldt qui, d'ordinaire, remonte les sels nutritifs de l'Antarctique le long des côtes du Chili et du Pérou. Résultat : les sels nutritifs restent en profondeur, loin de la zone éclairée par donc le soleil où vivent les algues, qui ne peuvent pas les utiliser pour leur photosynthèse. Ce phénomène affecte l'ensemble de la circulation atmosphérique et océanique mondiale.
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Les animaux à sang froid, reptiles, batraciens et pois sons sont à nos yeux juste bons à tuer, à pondre ou à être mangés. Que savons-nous de leurs comportements? Nous les pensons stéréotypés, tendus vers un seul objectif : survivre pour se reproduire. Nous voulons voir dans chaque action un exercice imposé par l'inné pour être plus fort. Pourtant, certains comportements semblent parfois sans objectifs immédiats, gaspilleurs de temps et d'énergie.
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La raie amoureuse

Chaque plongeur a, un jour, vécu une rencontre improbable qui a ébranlé ses certitudes. C'est une raie manta (Mobula alfredi) qui me l'a offerte, le 15 mars 1990, à Stort Reef, dans la mer des Mentawai, au large de Sumatra. Quelques heures après, j'écrivais dans mon journal de bord : "Ce matin, j'étais seul dans l'eau. La manta est arrivée face à moi, impeccable dans sa robe noire à ventre blanc. Cette géante d'une tonne avait la grâce superbe de l'albatros, la précision de l'hirondelle et la majesté de l'aigle royal. Elle glissait dans l'eau sans effort. Cette eau qui me freine semblait la propulser. Je me suis figé pour ne pas l'effaroucher. Car, si un rien l'intrigue, le moindre mouvement la fait fuir. Et plus que tout, elle redoute le contact physique. Pourtant, elle s'est approchée et s'est mise à danser. Elle a virevolté sur le dos puis sur le côté. Elle a dessiné des arabesques toujours plus serrées, comme si elle voulait m'hypnotiser. Elle m'a frôlé de son aile et s'est offerte à ma caresse. Je craignais de rompre le charme, mais j'ai caressé sa peau douce et râpeuse, comme un papier de verre très fin. Elle s'est envolée en une large boucle en arrière. Elle a tracé un cercle sur le flanc, puis elle est revenue, dressée face à moi. Je l'ai caressée à nouveau et elle est repartie dans un pas de valse. Je l'ai caressée encore et encore. Lorsque, à court d'air, j'ai dû remonter, c'est elle qui est venue me retrouver. Elle s'est interposée, a tenté de me retenir dans ses ailes comme dans une cape. Deux cabrioles en guise d'adieu, et elle s'est évanouie dans le bleu.
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La sélection naturelle, une sélection positive

La terrible sélection naturelle, censée ne conserver que le meilleur par élimination de tous les perdants, comme dans nos concours, ne fonctionnerait-elle pas tout à fait comme on nous le dit?
Contrairement à la sélection humaine artificielle qui est une sélection négative par élimination, la sélec tion naturelle est une sélection positive. Elle favorise les caractères qui fonctionnent bien et aide à une meilleure reproduction. Mais elle n'élimine pas pour autant les autres formes, sauf si elles sont vraiment rédhibitoires et empêchent la reproduction. C'est pourquoi on trouve dans la nature tout et son contraire... La sélection naturelle passe l'être vivant au filtre de la reproduction, et ce filtre a des mailles très larges.
Car la nature est paresseuse, elle ne sélectionne pas caractère par caractère, mais opère sur l'équipe "morphologie-physiologie-comportement". C'est cet ensemble qui est testé au filtre de la reproduction. Si cette équipe se reproduit, la nature la conserve. Et peu importe si toutes les composantes de l'équipe, prises une à une, ne sont pas les meilleures. Car un caractère formidablement efficace peut compenser d'autres caractères aux bénéfices douteux. Par exemple, le mimétisme étonnant de l'hippocampe compense son incapacité à nager... Un sélectionneur humain aurait tout fait pour qu'il soit également un nageur efficace. La nature n'en a cure. L'hippocampe assure sa descendance, cela lui suffit !
Si la sélection naturelle fonctionnait comme nous, les humains, la pratiquons, nous ne serions pas là ! Car après 3,8 milliards d'années de sélection, il n'y aurait qu'un seul être vivant qui aurait toutes les qualités, une sorte de Superman. Mais la nature fonctionne à l'exact opposé : elle n'a fait que multiplier les espèces. À chaque reproduction, une petite erreur de recopie, une petite variante, une petite mutation... et ces micro différences que la sélection tolère même si elles ne sont pas vraiment utiles, ni vraiment meilleures, font à peu peu la diversité du vivant, ces millions d'espèces que l'on voit aujourd'hui.
C'est à l'extraordinaire diversité des espèces et des caractères que la nature confie sa marche en avant et sa survie sur la planète.
Peut-être que si nous regardions la sélection naturelle sous cet angle, nous, les humains, réfléchirions à deux fois aux conséquences de nos monocultures, causes d'une incroyable involution de la diversité des espèces. Peut-être serions-nous plus tolérants à l'égard de l'altérité quelle qu'elle soit, et délaisserions-nous le terme de "sélection" naturelle pour "diversification" naturelle, ce qui, somme toute, la définit beaucoup mieux.
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