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Marion Sarano (Autre)Sandra Bessudo (Autre)
EAN : 9782330160340
304 pages
Actes Sud (02/02/2022)
4.51/5   39 notes
Résumé :
Vingt mètres de profondeur. L'eau bleu sombre est peuplée de plancton. Face à moi, Lady Mystery, une énorme femelle requin blanc, soeur des "Dents de la mer" : 5,5 mètres, une tonne et demie. Puissance extrême que rien ne peut arrêter. Scientifique, je ne me laisse pas distraire : je consigne profondeur, heure, sexe et taille. Et soudain, à quelques mètres de l'oeil qui me fixe, je réalise le dérisoire de ces informations, si réductrices qu'elles trahissent la créat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Finalement, c'est quoi, un requin ?
Un poisson un peu plus gros que la moyenne aux innombrables dents légèrement plus acérées.
Pas de quoi en faire un surimi.

François Sarano maîtrise son sujet.
Docteur en océanographie, plongeur professionnel, conseiller scientifique de Cousteau, l'homme, à contrario du serrano, est loin d'être un jambon en la matière.

Sa dernière quête ô combien louable, désacraliser cette peur irrationnelle du requin largement suscitée par un septième art surfant allègrement sur la vague d'une surenchère de fougue mal contrôlée associée à un physique peu enclin à jouer les premiers rôles sur une affiche vantant les mérites de la calinothérapie.

Car oui, soyons honnête, le squale, de visu, affichant pourtant son plus beau sourire, fout immanquablement les foies. La morue de s'insurger illico, passons.
Les dents de la mer comme déclencheur puis moult nanars dispensables aussi mémorables que la seizième décimale de pi (Sharknado, Ghost Shark, L'attaque du requin à deux têtes (sic)...) n'en finiront jamais de nourrir cette pétoche irraisonnée alors que peu d'entre nous, on se dit tout, auront véritablement eu affaire à ce seigneur des océans.

François Sarano de s'imposer en défenseur patenté de l'espèce en passant par le menu (ichtyophage) les différentes espèces, leurs modes de fonctionnement aussi divers que variés, parvenant ainsi à ébranler cette terrifiante image d'épinal au profit d'une vision bien plus globale et réaliste d'un requin qui ne demande qu'une seule chose, qu'on lui foute la paix sans lui associer constamment ce délit de sale gueule à l'aggressivité débridée.

Car le requin, comme tout un chacun, connait son lot de drames.
Surpêche, mythes conduisant à ce qu'on le relâche à la mer une fois ses ailerons prélevés, signe d'une mort inévitable et par trop souvent irréversible, maillon particulièrement apprécié dans la chaine alimentaire de l'orque...
Bref, le squale n'est pas ce super prédateur que l'on veut nous vendre.
Il est fascinant de par sa nature profonde, ses spécificités phénoménales et sa propension à susciter un enthousiasme plus que relatif dès lors qu'il s'agit d'en évoquer simplement le nom.

François Sarano aura su, de par son approche particulièrement étayée et vulgarisée, me réconcilier avec Lady Mystery (requin blanc de 5,5 m de long, d'1,5 tonne d'amour) et toute sa famille.
De là à aller batifoler parmi eux dans mon maillot de bain ficelle, y a encore de la marge.
D'environ 5,5 m et d'1,5 tonne, la marge, mais j'y travaille.

Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud pour la balade en eaux troubles.
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Ce livre est plein de profondeurs : profondeurs des abysses où l'auteur s'est enfoncé pour rencontrer des requins, et profondeur de ses réflexions sur ces animaux.
François Sarano nous présente cette famille ancienne et (encore) diversifiée de poissons cartilagineux, avec des informations riches sur la genèse, les biotopes et les modes de vie de plusieurs espèces de requins.

Cette lecture est à la fois agréable et dérangeante. Elle casse en effet beaucoup d'idées reçues et nous invite à réfléchir sur nos rapports avec l'environnement.
Dans son récit l'auteur mêle les éléments scientifiques et ses propres ressentis, et nous fait ainsi partager sa riche vision des choses. Il nous convainc aisément de la nécessité de défendre ces animaux, y compris ceux réputés "mangeurs d'hommes".

J'ai cependant trouvé superflues les vingt dernières pages de l'ouvrage, dans lesquelles il cherche à prouver cette nécessité. Elles me sont apparues légèrement trop moralisatrices et redondantes, cette démonstration ayant déjà été brillamment apportée dans ce qui précédait par le simple récit des rencontres de l'auteur avec des requins et de ses connaissances sur les animaux.

Je regrette de ne pouvoir lire les QR codes éparpillés dans l'ouvrage. Heureusement des schémas et illustrations y sont aussi intégrés.

Merci à Babelio et à Actes Sud (livre offert dans le cadre d'une opération Masse Critique).
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L'homme n'est pas au-dessus des autres êtres vivants. La collection « Mondes sauvages pour une nouvelle alliance » lancée en 2017 par Acte Sud nous le rappelle à chaque nouvelle publication.

Ceux dont j'ai lu un peu de l'histoire dans « Au nom des requins » constituent 530 espèces différentes (dont 5 potentiellement dangereuses pour l'homme) nous le rappellent, indirectement, à travers cet ouvrage unique.

Dans les mers et les océans apparemment uniformes pour nous Sapiens, ce sont des nuages d'odeurs, des masses électromagnétiques, tout un monde de turbulences hydrodynamiques qui constituent pour ces mal-aimés du genre humain, les requins, un monde bien éloigné de celui pensé par nous, par moi jusque-là.

En ce qui me concerne l'aventure a commencé par la rencontre avec un habitué des requins réputés dangereux. Avec une patience, une pédagogie douce et éclairante, avec sa culture scientifique intelligemment dosée, avec des petites vidéos trésors de compréhension et des interactions possibles entre le monde moderne et quelques requins, dits « mangeurs d'hommes », il a ouvert le coeur et l'esprit d'une bande de gamins et de leur maîtresse plus quelques adultes privilégiés présents ce jour-là.

Puis, celui que je surnomme dorénavant l'homme-requin (sans qu'il le sache), a glissé ce merveilleux livre entre mes mains pour faire suite à notre après-midi improbable et inoubliable. Deux mois après, les gamins et les adultes en parlent encore.

Donner une voix aux sans-voix, c'est donc possible !

Poursuivre cette rencontre incroyable grâce au pouvoir des mots et des idées, c'est ce que propose aussi «Au nom des requins », en réhabilitant des espèces haïes, en brisant un tabou pour découvrir sans préjugé aucun la vraie nature de tous les requins.

Cet ouvrage a donc la lourde tâche de nous renseigner pour plaider la cause des sauvages dont on a peur parce qu'on les méconnait, et parce que, souvent, on interagit maladroitement avec eux.

« Au nom des requins » vous propose un voyage incroyable, un voyage  océanographique emprunt de tolérance, mais c'est également un voyage visuel qu'il offre grâce à des petites vidéos auxquelles on a accès avec des codes-barres, au fur et à mesure de notre lecture.

Ces petits films rythment les chapitres par des moments touchants et instructifs.

Donner la main à l'homme passionné et passionnant qu'est François SARANO, le fondateur de Longitude 181. Se laisser porter par une langue fluide jamais plombante, c'est toute la promesse de cet ouvrage unique qui vous mènera vers l'ailleurs, vers l'autre, vers la vie telle qu'on ne nous l'a jamais enseignée jusque-là.

Une collection à découvrir assurément !
Lien : http://justelire.fr/au-nom-d..
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Extrêmement riche d'informations scientifiques, très fouillées, des chapitres très instructifs, notamment celui intitulé "La sélection naturelle, une sélection positive", ce roman est un plaidoyer « pour Lady Mystery, pour tous les requins, pour tous les sauvages qui n'auront jamais la parole, pour tous ceux qui sont différents et dont on a peur parce qu'on les méconnaît. Mais il s'agit aussi d'une supplique pour nous-mêmes, car nous pressentons que, comme l'aurait si bien écrit Romain Gary dans sa "lettre à l'éléphant", c'est notre Humanité que nous massacrons quand nous effaçons la liberté sauvage de Lady Mystery. »

Pour plaider la cause des requins, François Sarano, docteur en océanographie, plongeur professionnel et fondateur de l'association Longitude 181, explore, recherche, analyse les comportements, entre dans leur tête pour mieux les connaître. Il va aussi à la rencontre aussi de ces hommes et femmes qui évoluent aux côtés des requins. Ceux qui créent du lien et alertent sur les comportements humains inappropriés, colonisateurs irrespectueux...qui amènent à des accidents graves et ... évitables.
« Nos échappées dans des univers virtuels plus vrais que nature, dans lesquels la possibilité de reset laisse croire que l'on peut impunément perdre ou ôter la vie, nous étourdissent. le requin, dernier grand symbole de la vie sauvage, est là pour nous rappeler à quel monde nous appartenons vraiment. Un monde sensitif, sensoriel et sensuel, un monde-chair. Il rétablit le lien empathique avec les "Autres" que l'univers virtuel détricote. Il nous réinsère dans le grand cycle du vivant et de la mort, apportant une lumière à notre questionnement existentiel auquel nous tentons vainement d'échapper en nous égarant dans des univers contrôlés factices. »
Comment préserver la vie sauvage ? Comment faire changer les opinions ? Quel monde souhaitons-nous pour les générations à venir ? Et peut-être déjà pour nous aussi ?

« Consacré à nos cousins de l'océan, ce livre est aussi une réflexion sur notre relation au monde et à l'altérité : le requin, comme symbole du "sauvage" qui échappe à nos règles, qui nous fait peur parce que nous le méconnaissons, symbole de tous les inutiles et tous les encombrants... de tous ceux qui sont différents par leurs manières de vivre, leurs traditions, leurs religions, leurs cultures. En ce sens, apprendre à connaître l'animal sauvage pour tenter de trouver une diplomatie avec lui pourrait être une belle école de vie en société. »

Enrichissante lecture, lue en Guadeloupe où j'ai eu la chance de rencontrer, sur Petite Terre, un requin citron adolescent, déjà impressionnant ;-)
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Un livre passionnant sur les mals-aimés des océans écrit par un ancien de l'équipe du commandant Cousteau. On y apprend une foule d'informations sur ces animaux en voie de disparition. Les trois derniers chapitres sont fort instructifs à ce sujet.
J'ai néanmoins un reproche à faire sur ce très bon livre : les illustrations sont accessibles en flashant un QR code, c'est frustrant et la présence de cette bestiole informatique m'irrite au plus au point.
L'écriture est fluide, les paragraphes courts, ,l'information est claire.
A lire absolument pour détruire les préjugés que l'on a de ces animaux après la vision du film les dents de la mer.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
In-différent

Nous, les humains, avons effacé ou poussé au bord de l'extinction tant d'espèces que, malheureusement, nous avons le recul nécessaire pour dire que le monde sans elles n'est pas très différent. Reclus dans nos cités, "hors sol", égarés dans nos nouveaux mondes virtuels, nous n'avons pas vu les bouleversements écologiques que ces disparitions ont entraînés. Nous ne nous plaignons même pas de l'extrême pauvreté des mono cultures que nous appelons "nature" ! Nous avons exterminé les espèces jusque dans nos pensées. Elles étaient pinson, bergeronnette, chardonneret, rousserolle effarvatte, pouillot véloce..., il n'y a plus qu'oiseau". Elles étaient goujon, vairon, ombre, rotengle, tanche..., il n'y a plus que "poisson". Elles étaient des millions, toutes différentes, elles se résument au décor "nature-soleil" dans lequel passer des vacances Elles ne sont plus que des images dans les livres pour enfants. Nous sommes des Mowgli égarés dans des mégapoles, orphelins de Bagheera et de Shere Khan. Nous sommes Romain Gary dont la lettre est revenue avec la mention "pas d'éléphant à l'adresse indiquée. Nous sommes le Petit Prince sans le renard. Nous ne connaissons du dodo, du loup de Tasmanie, du grand pingouin que leurs effigies au verso de pièces de monnaie. Bientôt, nos enfants se demanderont dans quel imaginaire insensé les dessinateurs du film d'animation Le Roi lion ont puisé leur bestiaire extraordinaire.
Malheureusement, nous vivons déjà sans eux ! Comme nous pourrions très bien vivre sans les peintures de la grotte Chauvet et sans les chefs-d'œuvre du musée du Louvre. Comme nous sommes totalement indifférents au sort des fresques préhistoriques du Messak Setaffet ou à celui du temple d'Apollonia soumis aux ravages de la guerre en Libye.
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L'autre raison de l'importance exagérée que nous accordons aux requins dans l'écosystème est sémantique : la confusion des mots "rôle" et "place". Le choix du mot "rôle" par les auteurs introduit un biais : il focalise la recherche sur l'impact "descendant" du prédateur sur les autres espèces, négligeant l'impact de ces dernières sur le requin. Pis, le scientifique essaie de mettre en évidence plus encore qu'une fonction, une "mission" au service d'un "projet". (...) Résultat : sur le terrain, l'observateur veut absolument montrer comment le requin, super-prédateur, exerce son "métier" de régulateur de l'équilibre et de "garant" de la bonne santé de l'écosystème. Il lui attribue l'objectif d'éliminer les malades, les nuisibles et les surnuméraires s'aveuglant lui-même sur les relations réciproques qui se nouent en réalité entre les espèces. Cette vision finaliste de la nature répond à une culture judéo-chrétienne omnipotente, qui est d'autant moins remise en question qu'elle justifie la hiérarchie de notre société construite sur la primauté du plus fort.
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La sélection naturelle, une sélection positive

La terrible sélection naturelle, censée ne conserver que le meilleur par élimination de tous les perdants, comme dans nos concours, ne fonctionnerait-elle pas tout à fait comme on nous le dit?
Contrairement à la sélection humaine artificielle qui est une sélection négative par élimination, la sélec tion naturelle est une sélection positive. Elle favorise les caractères qui fonctionnent bien et aide à une meilleure reproduction. Mais elle n'élimine pas pour autant les autres formes, sauf si elles sont vraiment rédhibitoires et empêchent la reproduction. C'est pourquoi on trouve dans la nature tout et son contraire... La sélection naturelle passe l'être vivant au filtre de la reproduction, et ce filtre a des mailles très larges.
Car la nature est paresseuse, elle ne sélectionne pas caractère par caractère, mais opère sur l'équipe "morphologie-physiologie-comportement". C'est cet ensemble qui est testé au filtre de la reproduction. Si cette équipe se reproduit, la nature la conserve. Et peu importe si toutes les composantes de l'équipe, prises une à une, ne sont pas les meilleures. Car un caractère formidablement efficace peut compenser d'autres caractères aux bénéfices douteux. Par exemple, le mimétisme étonnant de l'hippocampe compense son incapacité à nager... Un sélectionneur humain aurait tout fait pour qu'il soit également un nageur efficace. La nature n'en a cure. L'hippocampe assure sa descendance, cela lui suffit !
Si la sélection naturelle fonctionnait comme nous, les humains, la pratiquons, nous ne serions pas là ! Car après 3,8 milliards d'années de sélection, il n'y aurait qu'un seul être vivant qui aurait toutes les qualités, une sorte de Superman. Mais la nature fonctionne à l'exact opposé : elle n'a fait que multiplier les espèces. À chaque reproduction, une petite erreur de recopie, une petite variante, une petite mutation... et ces micro différences que la sélection tolère même si elles ne sont pas vraiment utiles, ni vraiment meilleures, font à peu peu la diversité du vivant, ces millions d'espèces que l'on voit aujourd'hui.
C'est à l'extraordinaire diversité des espèces et des caractères que la nature confie sa marche en avant et sa survie sur la planète.
Peut-être que si nous regardions la sélection naturelle sous cet angle, nous, les humains, réfléchirions à deux fois aux conséquences de nos monocultures, causes d'une incroyable involution de la diversité des espèces. Peut-être serions-nous plus tolérants à l'égard de l'altérité quelle qu'elle soit, et délaisserions-nous le terme de "sélection" naturelle pour "diversification" naturelle, ce qui, somme toute, la définit beaucoup mieux.
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Nécessaire imprévisibilité de la vie sauvage

La prise de contrôle de l'homme sur le monde rétrécit son univers. Que serait un monde qui ne serait peuplé que d'espèces élevées, contrôlées, engraissées, dépendantes, asservies. Où est la magie? Que serait un monde dont les créatures qui nous dérangent seraient supprimées? Souhaitons-nous une Terre où des représentants de chaque espèce, autrefois libre, seraient conservés pour mémoire dans des aquariums géants et des zoos, arches de Noé pathétiques et dérisoires ? Cette prise de contrôle nous emprisonne en nous sécurisant, Elle referme notre espace de liberté. Quels choix, quelles responsabilités, quelle liberté, dans un parc d'attractions? En souhaitant échapper à l'imprévisibilité des requins et à celle de tous ceux qui nous échappent, nous construisons les remparts qui nous enferment. En revanche, l'imprévisibilité créatures qui ne répondent pas à nos règles élargit notre horizon, c'est une fenêtre sur le rêve, la surprise, le merveilleux. C'est une école de la rencontre, où l'on apprend patiemment la distance juste pour apprivoiser l'"Autre", celui qui est irréductible.
Quel monde voulons-nous offrir à nos enfants? Des monocultures, des fermes d'aquaculture, des lieux de production de protéines? Je serais malheureux d'avouer à mes enfants et petits-enfants: "Quand j'étais sur la Calypso, j'ai profité des derniers grands animaux sauvages. Ils m'ont offert des joies immenses, des moments de plénitude. Mais je n'ai pas su vous les transmettre." Pis: "Je savais. Tout le monde savait. Les scientifiques avaient tiré le signal d'alarme. Tous les gouvernements du monde avaient signé l'appel de Rio en 1992. Nous étions abreuvés de chiffres qui mesuraient, pas à pas, la dégradation de la biodiversité. Nous avions des statistiques qui nous offraient des prospectives sans ambiguïté... et je n'ai rien fait pour vous offrir des requins dans un monde sauvage."
Certains, oubliant que nous sommes parcelles de vivant, irrémédiablement liés à tous les êtres vivants, passent les espèces au filtre de l'utilité. Ils séparent ainsi le bon grain de l'ivraie, les bons poissons des requins, les utiles des nuisibles. Si nous utilisons le filtre de la rentabilité pour juger de ce qui doit être conservé ou pas, qui retiendrons-nous, tant les normes varient avec les époques, les territoires, les traditions, les cultures, les philosophies? Suis-je utile ? Serais-je conservé ? En revanche, si nous savons faire de la place aux encombrants et aux insignifiants, nous saurons faire de la place à chacun d'entre nous, humains et non-humains, avec ses différences et sa singularité.
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Le fretin maître des requins

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le nombre de sardines adultes ne dépend pas de l'appétit des requins, ni même du prélèvement de l'ensemble des prédateurs. Ces ponctions n'affectent qu'à la marge les populations de petits poissons planctophages. Ce qui régule naturellement leurs populations, ce sont les courants océaniques. Grands maîtres du jeu de la vie marine, les courants, déterminés par les vents, la température et la salinité de l'eau, conditionnent la survie des œufs et des larves, extrêmement sensibles aux variations des facteurs physiques du milieu. Les courants transportent également les éléments nutritifs nécessaires au développement des algues planctoniques, base de toute vie océanique. Les sardines dépendent directement de la quantité et de la variété de ce plancton végétal et des microscopiques crustacés qui s'en nourrissent. C'est donc l'abondance de la nourriture qui détermine l'abondance des sardines qui, à son tour, conditionne la survie des grands prédateurs. Et non l'inverse. La régulation des populations se fait toujours du bas vers le haut de la chaîne alimentaire.

Lorsque les courants marins n'enrichissent pas les eaux de surface en sels nutritifs, comme cela se passe en période de "Niño", la production d'algues planctoniques est faible et la reproduction annuelle du fretin (sardines, anchois et anchoveta) est mauvaise. Les populations s'effondrent, et c'est la catastrophe chez les grands prédateurs qui meurent de faim ou n'arrivent plus à nourrir leurs jeunes. Les requins, comme les autres prédateurs, sont remis à leur juste place : ils dépendent de leurs proies. Ce sont les insignifiants anonymes, animaux et végétaux du plancton, qui régulent les populations d'oiseaux, de dauphins, de lions de mer, de baleines et de requins.
....
El Niño: phénomène cyclique correspondant au retour brutal, vers l'est de l'océan Pacifique (Amérique du Sud), des eaux de surface qui avaient été poussées par les alizés vers l'ouest (Australie). Cette masse d'eau chaude couvre alors le courant froid de Humboldt qui, d'ordinaire, remonte les sels nutritifs de l'Antarctique le long des côtes du Chili et du Pérou. Résultat : les sels nutritifs restent en profondeur, loin de la zone éclairée par donc le soleil où vivent les algues, qui ne peuvent pas les utiliser pour leur photosynthèse. Ce phénomène affecte l'ensemble de la circulation atmosphérique et océanique mondiale.
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Vidéo de François Sarano
« Avec la vie sauvage, et les requins en particulier, on ne peut pas tricher. Ils vous permettent de vous découvrir pleinement et de comprendre que notre rapport au monde sauvage pourrait être infiniment riche de paix et de bonheur. » François Sarano
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**Au nom des requins** de François Sarano :
Vingt mètres de profondeur. L'eau bleu sombre est peuplée de plancton. Face à moi, Lady Mystery, une énorme femelle requin blanc, soeur des « Dents de la mer » : 5,5 mètres, une tonne et demie. Puissance extrême que rien ne peut arrêter. Scientifique, je ne me laisse pas distraire : je consigne profondeur, heure, sexe et taille. Et soudain, à quelques mètres de l'oeil qui me fixe, je réalise le dérisoire de ces informations, si réductrices qu'elles trahissent la créature indomptée que je cherche à connaître. Comment raconter cette élégance sauvage ? Comment traduire ce que ses sens, profondément différents des nôtres, lui disent de cette rencontre et de l'océan qui nous entoure ? Je me coule contre son flanc. Nous nageons épaule contre nageoire. La distance qui nous sépare ne se mesure pas en centimètre, elle se mesure en confiance réciproque. Minute d'éternité. Nous ne faisons qu'un corps. Je suis en paix. Rencontre authentique, sans calcul, qui procure la joie profonde de communier avec la vie.
https://www.actes-sud.fr/catalogue/nature-et-environnement/au-nom-des-requins #mondessauvages #nature
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