Citations sur Le silence de Clara Wight (25)
Il est célibataire, ce qui est une denrée rare dans le coin. Il sort d’une relation compliquée avec une divorcée sexy mais hystérique. Il avait besoin de réfléchir. À force de l’écouter, je vais lui devenir indispensable. C’est ça le plan.
Elle avait de beaux yeux d’un bleu profond et des lèvres bien ourlées. Mais ses joues pleines, légèrement couperosées, la complexaient tout autant que son corps.
Sur le plan sentimental également, Victoria avait une longueur d’avance. Elle avait été la première à embrasser un garçon, et l’un des lycéens les plus populaires l’avait déflorée. « Une expérience extraordinaire et fondatrice », commentait-elle souvent. Ses deux mariages s’étaient soldés par un divorce : un pharmacien, puis un opticien, deux hommes qui, selon elle, ne la méritaient pas. Elle affirmait collectionner les amants depuis qu’elle était redevenue célibataire.
George avait changé. Son regard était toujours aussi doux, mais il s’exprimait avec une autorité nouvelle. Il était parti vivre à Birmingham, où un ami l’avait hébergé. Il avait été successivement barman, vendeur dans un magasin de bricolage et caissier dans un supermarché. Puis il avait été recruté par une agence immobilière de Leeds, car il était le seul candidat à avoir quelques notions de droit. Il était payé à la commission mais se débrouillait pas mal.
Comme anesthésiée, en état de sidération, elle ne sentait plus ses jambes. Elle prit ses clés dans son sac, mais ses mains tremblaient tellement qu’elle dut s’y reprendre à deux fois pour les insérer dans les serrures. D’un naturel méfiant, Sean avait fait poser trois verrous.
En moins d’un an, elle avait vu le nombre de ses patients croître de façon considérable. Elle jouissait désormais d’une solide renommée et soignait, grâce au bouche à oreille, les amis de ses petits patients. Elle refusait cependant les anorexiques, ne se sentant pas de taille à affronter leur corps décharné, ni leur quête mortelle d’une impossible perfection. Les statistiques étaient froides et formelles : une sur dix succombait. Soucieuse de sa réputation, Cassandra ne désirait prendre aucun risque.
Elle était psy. Elle savait qu’elle souffrait d’anorgasmie secondaire. Elle éprouvait du désir sexuel mais n’atteignait jamais l’orgasme. Cela pouvait résulter d’un traumatisme, d’une mauvaise relation avec son propre corps ou de l’éducation qu’elle avait reçue. Dans son cas, c’étaient sûrement les trois à la fois.
Il n’y a pas que le sexe dans la vie, se répétait-elle souvent. Sean était cultivé, passionné par la littérature japonaise. Il affectionnait aussi le jazz moderne, tendance smooth jazz.
Elle reconnaissait être maniaque, mais ce n’était rien par rapport à Sean. Il se lavait deux fois les mains avant de faire l’amour : la première fois après s’être déshabillé, la seconde avant de la toucher. Puis trois fois d’affilée après leur rapport. Ils faisaient l’amour deux fois par semaine, le samedi et le mercredi soir. Le jeudi matin, Sean ouvrait son cabinet deux heures plus tard, ce qui lui laissait le temps de récupérer.
Cassandra avait mis du temps à se confier à Eva. De façon générale, elle avait du mal à communiquer. Trop timide. Trop pudique. Trop froide et réservée en apparence. Elle n’avait qu’une amie, qui vivait à Leeds. Cassandra admirait sa consœur pour tout ce qu’elle n’était pas : spontanée, coquette et sûre de sa séduction.
Eva était conseillère conjugale. Sans jamais se départir de sa bonne humeur, elle recevait du matin au soir des couples en larmes, des épouses hystériques et des maris fuyants. Un travail qui ne l’incitait pas à convoler. Elle avait ainsi découragé de nombreux candidats, attirés par ses formes pleines, sa somptueuse poitrine qu’elle décolletait sans complexe et sa lourde chevelure aux reflets cuivrés.