Je voudrais que tu saches ce que je sais; et j'aimerais qu'au lieu d'essayer de ne pas te montrer tel que tu es, tu me dévoiles toutes tes petites laideurs. Je les aime- rais, car elles seraient bien à moi. [...]Rien n'est plus attachant que les faiblesses et les défauts: c'est par eux que lon pénètre l'âme de l'être aimé, âme constamment cachée par le désir de paraître semblable à tout le monde.
On aurait dit que vous cherchiez à me tuer en vous.
J'ai eu mal; peu m'importait les défauts que vous me reprochiez et les qualités que vous me reconnaissiez: vous ne vouliez plus me voir telle que j'étais; et j'ai pleuré de me voir ainsi détruite.
La neige dehors est très blanche; et il règne ce silence étouffé de la neige, ce silence qui attend une révélation dont on sait seulement que l'idée de sa venue fait battre le coeur plus allègrement. Par les fenêtre ouvertes montent les toux incessantes qui hachent les nuits; dans les couloirs, d'autres toux, s'envolent dans la nuit glacée. Il y a la toux de cette jeune femme qu'on ne voit jamais : toute la nuit, inlassablement, sans arrêt, cette toux craque comme du bois sec; pendant combien de jours encore l'entendra-t-on avant qu'elle ne s'éteigne ? Le corps n'est pas assez épuisé pour que ce soit cette nuit que la lueur du petit jour l'emporte.
On dit à une femme : « celui pour qui vous êtes faite » et à un homme : « celle qui est faite pour vous ». Voit-on : « celle pour qui vous êtes fait » ? L’homme est : tout semble avoir été mis à sa disposition…
Et ce qui me fait souffrir, ce n'est pas tant la mort d'un amour que celle d'un être vraiment vivant que nous avions créé l'un et l'autre, que peut-être moi j'avais créé seule... Cet être était une union de vous et de moi, tels que nous nous voulions l'un l'autre.
(P116)
Dois-je douter de l'amour ou de vous ?
(P78)
Partout où j'étais, vous étiez en moi. Vous vous posiez devant mes sensations. Elles étaient tristes parce que vous n'étiez pas là. J'essayais de les garder avec tous leurs détails pour vous les apporter presque brutes. N'avez-vous jamais senti la passion que je mettais à tenter de vous les faire vivre ? Je pensais à vous avoir toujours avec moi pour que vous sentiez ce que je sentais, pour que rien de moi n'ait lieu en votre absence : la lueur du soleil dans mes yeux, l'attitude de mon corps dans une danse... [...] J'ai voulu faire plus de choses, toujours plus de choses, pour vous apporter cet accroissement de ma richesse.
(P54-55)
Celui pour qui l'on est fait, n'est-ce pas celui pour qui l'on accepte d'être fait ? Celui-là, pour moi, eût pu être vous.
page 63
L'amitié, je crois que c'est de l'amour plus fort et plus exclusif... mais moins "tapageur". L'amitié connaît la jalousie, l'attente, le désir...
page 34
...l'amour, en consolant celui qui l'a repoussé, se console lui-même.
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