Je veux bien perdre la tête, mais je veux saisir le moment où je perds la tête et pousser la connaissance au plus loin de la conscience qui abdique. Il ne faut pas être absent de son bonheur.
Le passé devient-il si vite une vieille chose ?
“Mais laissez-moi : vous ne pouvez plus être avec moi. Laissez-moi souffrir, laissez-moi guérir, laissez-moi seule.”
Si on veut retenir un chat qu'on a blessé, il griffe et se sauve.
Si j'arrivais à vous faire sentir cette misère, vous vous hâteriez de l'oublier ; et pour vous rassurer, vous diriez ce que tout homme bien portant dit des lieux où l'on souffre : ce n'est pas si terrible qu'on le dit. Je ne vous dirai rien. Mais laissez-moi. Vous ne pouvez plus être avec moi. Laissez-moi souffrir, laissez-moi guérir, laissez-moi seule. Ne croyez pas que m'offrir l'amitié pour remplacer l'amour puisse m'être un baume.
Il y a votre image qui occupe toute la place; pour que je ne souffre plus, il faut que vous partiez afin qu'un jour votre nom prononcé devant moi passe comme un souffle sans plus rien effleurer. Je veux cet effacement, car j'ai besoin de paix; vous, vous avez le bonheur; un peu d'amour de moi ne vous apporterait rien.
J'essayais de garder un petit appui en dehors de vous, afin de pouvoir m'y accrocher le jour où vous ne m'aimeriez plus. Ce petit appui, ce n'était pas un autre, ce n'était pas un rêve, ni une image. C'était ce que vous appeliez mon égoïsme et mon orgueil ; c'était moi que, dans la souffrance, je voulais pouvoir retrouver. Je voulais pouvoir me serrer moi-même sur moi, seule avec mon mal, mes doutes, mon manque de foi. Dans la détresse, c'est parce que je me sens, que j'ai la force de continuer. Si tout change, si tout me fais mal, je suis moi avec moi-même. Pour que je me sois perdue, il aurait fallu que je fusse sûre de n'avoir plus besoin de moi.
(P45-46)
Quand un parfum plaît, on cherche à le retenir, à le retrouver ; on ne se laisse pas complètement griser, afin de pouvoir l'analyser et s'en imprégner peu à peu, au point d'en avoir la sensation physique rien que par le souvenir; quand le parfum revient, on le respire plus lentement, plus doucement, pour sentir les effluves les plus ténus.
Vous êtes parti, mais je me retrouve et je suis moins seule que ces jours passés où je vous cherchais. Je me suis revenue, et avec moi, je vais lutter pour continuer.
Je suis seule, mais pas plus seule aujourd'hui; moins peut-être. Ce soir, je sais que tout est cassé, et c'est presque un soulagement. Je vais pouvoir réagir sans être arrêtée par l'espoir déprimant que les choses reviendront comme elles étaient.
(...)
Vous êtes parti, mais je me retrouve et je suis moins seule que ces jours passés où je vous cherchais. Je me suis revenue, et avec moi, je vais lutter pour continuer.