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Citations sur Et toujours elle m'écrivait (38)

En fait, cette découverte allait m'amener à reconsidérer l'histoire de mes parents et, par voie de conséquence, la mienne, sous un tout autre jour. Petit à petit, avec ce morceau d'histoire retrouvé, j'allais reconstituer le puzzle familial. Quitter le discours habituel pour m'approcher au plus près de la vérité.
J'allais comprendre dans quelle circonstances j'avais été conçu, dans quelles circonstances j'étais né et comment j'avais grandi, dans ma vie bien sûr mais aussi dans la tête de mes parents. Les enfants grandissent d'abord dans la tête de leurs parents.(p. 199)
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Une simple chanson, quelques mots sur une mélodie, une chanson "qui nous ressemble", comme dit Prévert sur la musique de Kosma. Nous avons tous au fond du coeur une chanson qui nous dit, nous décrit et nous résume, et ce n'est pas le hasard si cette forme d'expression nous parle à ce point : nous sommes nés en chanson, nous avons même, in utero, entendu sur la rythmique des battements du coeur maternel la mélodie de sa voix, soutenue par la ligne de basse de la voix paternelle, une chanson prénatale en quelque sorte.
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Un mot sur la fusion. On sait ce que c'est: la transmutation d'au moins deux éléments pour en former un nouveau. C'est l'un des mots qui a le plus de plus de préfixes. Transfusion, effusion, infusion, perfusion, profusion, diffusion. Et confusion. Je ne tiens pas particulièrement à jouer à Lacan, mais tout de même c'est tentant. La confusion, étymologiquement, c'est la "fusion avec". Qu'on le veuille ou non, la fusion avec la mère passe toujours par le con et ne peut donc générer que la confusion.
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"Soudain la vie me sembla dérisoire. On tremble d'aimer ou de ne pas l'être, d'attendre ou d'être attendu. La vie s'arrête, suspendue au souffle, aux regards, aux murmures de l'autre."
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Fédida vous accueillait avec une réelle chaleur dans son cabinet qui n’était autre que son appartement. Le rituel était toujours le même. De son interphone, il ouvrait la porte du bas, puis au moment où l’on arrivait devant chez lui, au premier étage, sa porte s’ouvrait comme par enchantement, sans même que l’on ait besoin de sonner. Il se tenait devant et vous accueillait avec autant de simplicité que de gentillesse. On n’attendait jamais, on ne croisait jamais personne. À la fin de la séance, il vous raccompagnait jusqu’à la porte, qu’il gardait ouverte aussi longtemps que vous étiez à portée de vue. Ce détail m’a toujours surpris. Il y avait dans cette attitude la volonté de signifier au patient que l’analyste l’accompagnait aussi loin qu’il le pouvait dans sa vie, sans pour autant sortir de son territoire. Je vivais cela comme une forme d’encouragement ; je me disais que j’aurais toujours un endroit où me rendre, un interlocuteur à qui parler si j’en éprouvais le besoin.
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JM Savoye :
"L'analyse est à la fois une aventure humaine, intime, solitaire et à bien des égards risquée. Je crois que ces petits signes, cette façon de vous accueillir ou de vous raccompagner sont tout sauf anodins. Ils fixent le cadre, le ton, la couleur de ce qu'il faut bien appeler une cure. Ils participent à l'élaboration de la relation qui s'établit entre patient et analyste au fil du temps et qui va jouer un rôle crucial dans la thérapie, sans même parler de transfert ou de contre-transfert. C'est aussi ce qui va rendre cette aventure "douce". Car enfin, ce n'est pas parce que la traversée est parfois rude, violente, voire profondément triste, qu'il faut qu'en plus elle soit désagréable. La bienveillance de l'analyste, osons le mot, son humanité, est primordiale. Que le patient soit pris en compte avec générosité -car c'est de cela aussi qu'on parle- va rendre sa démarche supportable, parfois même joyeuse, ce qui n'est pas sans effet sur sa vie quotidienne et dans sa relation aux autres. Car enfin l'analyse, ce n'est ni un traitement avec des pilules, ni une suite de séances ponctuelles de quarante-cinq minutes. L'analyse est une démarche totalitaire, qui empiète sur tout, tout le temps. Qui règne sur la réalité comme sur les rêves. Qui interpelle le présent, le passé et le futur. Qui questionne l'amitié, l'amour et le sexe. Qui touche au travail, au pouvoir et à l'argent. Il y a intérêt que l'analyste tienne bon, surveille le cap d'une traversée qui n'est pas la sienne mais dans laquelle il est embarqué".

"Ecrire, c'est commencer à faire face. C'est le premier mouvement, la première réaction, le premier souffle. C'est le moment où seul avec soi-même, la page blanche en miroir, on reprend le dessus. On peut effacer, revenir en arrière, analyser, remettre en question. On peut se tromper, bien sûr, mais ni mentir ni tricher. Ecrire, c'est un moment de vérité infalsifiable. Peut-être est-ce le seul. Comme le filigrane de l'existence. En ce qu'elle est une entreprise de vérité, l’écriture (même romanesque) est siamoise de l'analyse. Les mots que l'on écrit ne sont pas différents de ceux que l'on dit en séance. Il y a une différence de rythme, de phrasé peut-être. Surtout il n'y a pas l'analyste. Et le papier, c'est sa force et sa faiblesse, demeure muet. Pas de transfert, mais une liberté infinie, au risque de se perdre".

"Si au fil des séances, subrepticement, Fédida avait pris une place proche de celle du père, je crois que j'ai assez rapidement investi Grimbert d'une image fraternelle. A vue d’œil il devait avoir une petite dizaine d'années de plus que moi, ce qui collait avec l'âge de mes frères. ---- et puis Grimbert écrivait."

Ph Grimbert :
"Vous voici donc à ma porte. Le tintement de sonnette qui annonce l’arrivée d’un nouvel analysant donne le coup d’envoi d’une aventure qui engage les deux partenaires. Du côté de celui qu’on a coutume d’appeler le patient, attente et inquiétude sont au rendez-vous, à la mesure des changements espérés ; du côté de l’analyste, la tension n’est pas moindre, derrière la professionnelle et tranquille poignée de main. Savoir que l’on va devenir le dépositaire d’une histoire, endosser le rôle de celui qui, durant quelques années, deviendra l’interlocuteur de référence, auquel on confiera sa part la plus secrète, implique chez le praticien détermination et capacité à « tenir la route ».
« De l’analyse, vous attendiez une libération : mettre fin à vos empêchements, qui incluaient celui d’écrire. Mais si elle a rempli cette fonction, il n’en reste pas moins vrai que, tout comme l’analyste, l’écrivain ne s’autorise que de lui-même, pour paraphraser encore une fois la formule de Lacan ».
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Pendant ces sept ans, j'ai plus que débroussaillé le terrain. J'étais guidé par cette envie de comprendre mes échecs si douloureux, de comprendre pourquoi je passais mon temps à le perdre, pourquoi j'étais le spectateur de ma vie.
Au début, c'est facile, grisant aussi. Prendre le temps de raconter son histoire, de revisiter son enfance avec des mots d'adulte fait du bien. On s'allège. Plusieurs fois au cours de mon analyse, j'aurai ce sentiment d'être une montgolfière que l'on déleste de l'incompréhension, des quiproquos et des douleurs sourdes autour desquels on s'est construit. De prendre de l'altitude et de gagner en liberté.(p. 37)
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Ecrire, c'est un moment de vérité infalsifiable. Peut-être Est-ce le seul. Comme le filigrane de l'existence. En ce qu'elle est une entreprise de vérité, l'écriture (même romanesque) est siamoise de l'analyse. Les mots que l'on écrit ne sont pas différents de ceux que l'on dit en séance. Il y a une différence de rythme, de phrasé peut-être. Surtout, il n'y a pas l'analyste. Et le papier, c'est sa force et sa faiblesse, demeure muet. Pas de transfert, mais une liberté infinie, au risque de se perdre.
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