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sur 63 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La paternité nouvelle de Samuel le renvoie à ses ancêtres, alors que demain matin il devra aller chercher sa femme et son fils à la maternité il se pose la question de la transmission.
Cette dernière soirée seul fait remonter les souvenirs d'enfance et cette grand-tante dont le nom revient souvent mais que nul n'a plus revu depuis des années: Rosa. La famille de Samuel est originaire de Pologne, elle a fuit les pogroms pour se réfugier en France, un pays qui semblait parfait et qui un jour déportera ses membres. Seul le grand-père de Samuel, caché par un voisin, a échappé à ses trains de la mort et seule Rosa est revenue vivante d'Auschwitz.
Revenue pour partir au plus vite de ce pays qui l'a trahie, se réfugier aux États-Unis et couper les ponts avec les siens.

Rosa a fondé sa vie sur les planches de son cabaret, en plein désert. Refusant de témoigner en tant que dernière survivante de la Shoah, elle se raconte pourtant sur scène tous les soirs depuis des années sans jamais évoquer clairement l'horreur vécue.

Ce court récit pose la question du souvenir et de la transmission, doit-on transmettre le traumatisme ou laisser la vie reprendre son cours, même si le devoir de mémoire nous tiraille. Samuel choisi de raconter, raconter la peur et la souffrance, de raconter Rosa qu'il n'a pourtant pas connu mais tellement chercher à travers des jeux d'enfants. L'auteur donne la parole à chacun pour que l'on comprenne le fragile équilibre qui existe entre le désir d'oublier et le besoin de se souvenir.
Lien : https://leslecturesdestemilo..
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Ce roman raconte une journée très particulière dans la vie du narrateur : il est seul chez lui car il doit aller chercher sa femme et son fils nouveau né à la maternité. Il va devenir père et il se sent complètement bouleversé par ce changement de statut. Saura-t-il transmettre à cet enfant le lourd passé de sa famille à jamais marqué par la Shoa ? Se mêlent alors pour lui son enfance et ses jeux qui tournaient souvent autour de cette tante mythique Rosa, rescapée d'Auschwitz , la dernière encore en vie, qui a fui l'Europe pour monter un cabaret en plein désert. Cette femme a décidé de raconter dans un spectacle incroyable ses souvenirs et terminer par une litanie de noms de toutes les femmes qui sont mortes devant ses yeux.

Samuel son petit neveu a été élevé dans une famille qui ne pouvait pas parler car ils étaient trop malheureux, il dit dans son récit que ces silences l'ont névrosé. Il décrit cette journée où il va accueillir, dans sa maison, son bébé et sa femme, avec une délicatesse qui m'a émue et pourtant, ce qu'il raconte est parfois insoutenable, et il dit avec ses mots et ses difficultés de vivre combien la Shoah a marqué les générations suivantes, victimes ou pas, les survivants traînent en eux une culpabilité qu'ils ont transmise à leurs enfants et petits-enfants.

Un très beau texte, très émouvant.
Lien : https://luocine.fr/?p=15850
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Samuel devient père. En rentrant de la maternité et en pensant au retour à la maison de sa compagne et de son fils, il s'interroge sur ce qu'il veut transmettre à son fils. Sa famille a vécu la Shoah. Sa grand-tante Rosa qui vit aux Etats-Unis est la dernière survivante d'Auschwitz. Que restera-t-il après sa mort ? Son fils doit savoir.
Le roman alterne entre présent et passé. Il se souvient de son enfance avec sa soeur et son cousin lorsqu'ils imaginaient partir à l'aventure jusqu'à Shtlel City chez Rosa.
Rosa, il ne l'a rencontrée qu'une fois à l'enterrement de son grand-père. Ils ne se connaissent pas. C'est la génération du silence, de l'indicible, de la honte. Alors Samuel décide d'écrire une lettre à Rosa. Il en devient obsédé, si bien que sa compagne lui demande gentiment de ne pas transmettre tout de suite ses névroses à leur fils.
Rosa est partie vivre au Texas où elle a monté un cabaret en plein milieu du désert, « Camp Camps ». Elle y donne une représentation tous les soirs où elle parle de ce qu'elle a vécu.
Dans ce très beau roman intime, Joachim Schnerf apporte sa contribution au devoir de mémoire, une façon de ne pas oublier et de transmettre aux générations futures l'horreur de l'Histoire. le roman est très court, 133 pages, et pourra être lus par des adolescents.
J'ai été touchée par cette ritournelle au début des chapitres qui vient d'une chanson des éclaireurs israélites donnée dans son entièreté à la fin du livre : « Quand demain reviendra la lumière… ».
La plume est magnifique et je n'ai qu'une envie désormais, c'est de lire son deuxième roman pour lequel il a reçu le Prix Orange du livre 2018.
Merci à Lecteurs.com et Grasset pour cette lecture
Lien : https://joellebooks.fr/2022/..
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Prix Orange du Livre en 2018, Cette nuit (Zulma) aura fasciné les lecteurs par sa grande fresque familiale en pleine période de Pâque juive. Cette rentrée littéraire, Joachim Schnerf propose un tout autre type de récit, un voyage immersif vers ce Cabaret des mémoires publié aux éditions Grasset. Celui d'une judéité qui garde les stigmates du passé, d'une histoire qu'il faudrait pourtant transmettre malgré l'indicible et l'inaudible.

A l'aube de sa première paternité, Samuel pense à sa grande-tante Rosa, dernière survivante d'Auschwitz. Il se remémore les souvenirs d'enfance au coeur de l'été vosgien durant lequel il se changeait, accompagné de ses cousins, en cow-boy au travers du désert texan pour atteindre Shtetl City, cet eldorado loin de tout où avait émigré Rosa après la guerre. Elle y avait érigé un cabaret où chaque soir elle racontait à demi-mot le drame de sa vie. Façon d'exorciser la douleur ou non, il est temps pour elle de faire ses adieux à la scène tandis que de son côté, le futur père prend la relève avec la lourde tâche de transmettre le vestige des souffrances que l'on ne raconte pas.

Il y aura eu l'enfance puis l'âge adulte, tous deux ornés par la question de la transmission et du devoir de mémoire. Joachim Schnerf offre une possibilité de réponse à un questionnement ô souvent amené, ici sous un récit d'une grande beauté tout en ravivant de multiples interrogations : comment raconter la Shoah ? Quelle est notre légitimité à la dépeindre à la place des victimes ? Comment perpétuer dignement le souvenir des disparus ?

A cela, pas de bonne ou de mauvaise réponse, juste le poids d'un passé qui nous transcende forcément, dans l'histoire collective d'une communauté ou non. Alors Rosa, ultime survivante des heures sombres de l'Histoire devient cette figure déique et métaphorique dans les yeux de l'enfant qui s'accapare et découvre d'une certaine manière sa propre âme juive de toute son innocence juvénile. Cette candeur qui ne voit en Rosa qu'une héroïne, forte et indépendante au fin fond du désert sans y voir encore la victime brisée par le glas du pouvoir en place quelques décennies plus tôt.

L'âge de raison oblige : le personnage principal grandit et comprend les histoires à décrypter sur le bout des lèvres, la pudeur, les traumas que l'on ne mentionne jamais et cette même angoisse de devoir transmettre à un nouveau-né ce passé qui le construira toute sa vie par la force de la filiation. Sa femme s'y oppose pourtant, le priant de laisser le nourrisson tranquille encore quelques jours, « au moins jusqu'à la circoncision, après tu pourras partager toutes tes névroses » comme lui suggère-t-elle.

Préserver de l'absolue brutalité du monde ou initier à l'essence commune d'un peuple dans ses premiers instants a tout du choix cornélien auquel seul le langage de la tragédie peut répondre. Alors Joachim Schnerf l'aborde d'une écriture poétique, fabuleuse, elle-même intimidée par ses propres questionnements impétueux. Il fait de ce roman son ultime acte mémoriel, celui de personnages qui toute génération et âge confondus se seront passés le flambeau de noms et prénoms qui auront survécus outre les camps, outre la douleur, au travers les souvenirs que d'autres se seront transmis.
Lien : https://troublebibliomane.fr..
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