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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Publié en 1908, "Der Weg ins Freie", premier roman d'Arthur Schnitzler, partiellement autobiographique, fut ultérieurement titré en français "Vienne au crépuscule".
Pas besoin d'être un germanophone averti pour supputer que les titres en allemand et français n'ont aucun rapport, remarque qui ne s'applique pas aux autres romans de Schnitzler.
Selon que l'on s'attachera à l'allemand ou au français, on n'espérera pas la même oeuvre.

"Der Weg ins Freie", littéralement "le chemin à l'air libre", est un titre peu explicite voire peu vendeur. Outre le fait que je le trouve très beau, il caractérise parfaitement l'itinéraire suivi par en même temps que l'état psychique du "héros" Georges de Wergenthin (profession: hédoniste, hobby: musique) et oriente l'intuition vers la narration d'une aventure individuelle, ce qu'est principalement ce roman. Individuelle, sentimentale par nature plus que dans les faits, car Georges est un homme dont les émotions fluctuent en raison inverse de l'intérêt qu'il éprouve pour lui-même, qui prédomine la majeure partie du temps. Ses déambulations tant mentales que géographiques ne m'ont paru ni captivantes, ni originales, voire un peu lassantes pour ne pas dire nauséeuses à l'occasion, à l'image d'un grand verre d'eau tiède quand, au surplus, on n'a pas soif. Je les ai pourtant bues jusqu'à l'hallali. Schnitzler, médecin avant d'être écrivain, compose au bistouri.

L'éditeur français a dû penser qu'il convenait qu'un titre eût un sens univoque et offrît quelque certitude à l'acheteur. A ce effet, "Vienne au crépuscule" polarise vers un lieu, une ambiance et, l'auteur étant situé, une époque. Cet axe de lecture ne ment pas, tout en étant, dynamiquement parlant, secondaire dans l'oeuvre. Je veux dire que la trame de l'itinéraire individuel de Georges prend nettement le pas sur le reste dans lequel il ne fait que baigner.
Cet axe "social" est pourtant, de très loin selon moi, le plus intéressant. le temps comme suspendu, la ville et sa banlieue encore bucolique, la futilité des relations sociales et la barrière des classes, la montée d'une oppositions politique au conservatisme monarchique sont évoquées avec une précision chirurgicale et substantiellement développées avec, omniprésent, le sentiment juif, la question du sionisme ainsi que, déjà, presque prémonitoire, l'ombre projetée d'une certaine pureté allemande lourde de menaces. Témoignage passionnant pour qui s'intéresse à ces sujets.

L'ensemble est cohérent mais le résultat est, à mon goût, déséquilibré au bénéfice de la composante "roman de gare de qualité", et finalement un peu frustrant. Il me semble que Schnitzler manque la cible quand, à peu près au même temps et chacun dans son genre bien cerné, un Zweig ou un Martin du Gard font carton plein.
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Très déçue par cette lecture d'autant qu'une de mes libraires "amie" m'en avait fait de grands éloges.
Je n'ai absolument pas apprécié le comportement, les pensées de certains protagonistes dont ceux de Georges en particulier.
Si Zweig est très souvent sombre, réaliste face aux comportements humains, il demeure toujours, cependant, une part "d'âme" dans ses romans.
Malgré tout et pour être juste envers l'auteur, j'ai trouvé dans ce roman de belles pages poétiques mais toujours à propos de nature, de paysages, non d'êtres humains.
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Georges est pianiste. C'est un bourgeois autrichien-allemand. Il est doué, il a du talent semble-t-il, mais c'est aussi un dilettante. Sa vie est facile, de visite courtoise en promenades en passant par une habitude des voyages en Europe et notamment en Italie, il est sûr de lui. Capable de s'arrêter de jouer quand il le veut, de reprendre son art quand il le souhaite, il surfe sur la certitude de son avenir. le travail n'est pas sa préoccupation, la vie lui est douce. La mort de son père le perturbe, c'est sur ce thème que s'ouvre ce roman d'Arthur Schnitzler.
Georges évolue dans un milieu bourgeois où les autrichiens côtoient les juifs. La judaïté est un des thèmes centraux de cet ouvrage. le rapport des non-juifs aux juifs, celui des juifs aux non-juifs et celui des juifs à eux-mêmes émaillent tout le roman au travers de différents personnages qui donnent à voir toute la force et la complexité de cette appartenance, au moins religieuse.
Georges est un homme sympathique et attachant. Par de nombreux côtés il nous séduit. Par de nombreux aussi, il nous insupporte. Son dilettantisme frôle parfois la lâcheté et l'histoire qu'il vit avec Anna en sera le point d'orgue.
Il l'aime, mais pas assez pour l'épouser, pas maintenant, elle n'est peut-être pas faite pour lui, et puis, il est jeune, pas prêt à renoncer aux femmes… Il lui fait un enfant, joie et inquiétude, envie et déjà regrets. Il pense à cet enfant à naître, à la future mère. Il est attendri, enthousiaste et finalement doute et parfois même les oublie dans les bras d'une autre femme.
Tellement proche et tellement loin de nous Georges est notre miroir, le reflet de ce que l'on ne veut pas voir. Il ne sait pas en fait, il ne sait rien. Il tâtonne, il se trompe, il renonce, il n'ose pas, mais aimerait tant, mais ne sait pas quoi…
Ce n'est pas une histoire d'amour, c'est une histoire d'hommes dans un Empire en fin de courses où les scandales se succèdent les uns aux autres ou l'identité pose question.
Une belle galerie de personnages aussi, qui illustrent, qui souligne ou tel Henri et Nunberger font office de psychanalystes.
Une écriture classique, sobre et somme toute belle. Un bon moment.
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Nous sommes dans les salons viennois de la fin du XIXème siècle, les salons où l'on cause, où l'on brille. Toute cette superficialité pare "agréablement" l'écrasante victoire d'une caste arrogante (je m'y suis beaucoup perdue, dans les 150 premières pages, impossible de savoir qui est qui dans cet entrecroisement mondain d'Ehrenberg, de Nurnberger, d'Oberger).

Les juifs, sourire crispé ou rictus effrayé, aveugles ou clairvoyants, mais humiliés toujours, croient encore (pour certains) pouvoir échapper à leur sort par l'assimilation ou le sionisme. Les femmes papillonnent, les jeunes filles attendent le mari, les jeunes hommes, libérés des soucis matériels, écrivent ou composent, voyagent (ah ! le voyage en Italie !), prennent les femmes comme d'aimables êtres jetables : les utilisent, les échanges, les négligent, les abandonnent…

Bien des façons de se livrer à ce petit jeu : avec la distinction forcenée du jeune Georges von Wergenthin , Monsieur le Baron, avec l'ironie mordante et désespérée de Nurnberger, avec le désespoir défaitiste et égocentré de Bermann. Tous se cachent derrière leur bons mots, leur haute opinion d'eux-mêmes, leurs hautes aspirations. Quel égoïsme, quelle autosatisfaction (mon dieu, que la vie leur est compliquée!). Ce sont d'infâmes mâles imbus d'eux-mêmes, persuadés de leur bon droit et de leur raffinement.

C'est assez bavard et souvent ennuyeux, et ma lecture fut laborieuse, mais il y aussi de bons moments, et peu à peu s'est dévoilée une réflexion sur la destinée au sein de cette société infatuée qu'on voudrait agonisante. le décorticage méticuleux de la nature humaine et notamment masculine finit par déclencher un certain dégoût. Ces homme sont des porcs croisés de paons : parés, artistes et intellectuels, c'est à dire soi-disant pensants et pleins de sensibilité, ils se délectent dans une perpétuelle introspection déculpabilisante, qu'ils croient raffinée, mais qui est en fait bornée, condescendante et auto-satisfaite.
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