AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,59

sur 626 notes
Voilà plusieurs jours que je ruminais les péripéties énervantes d'un conflit de voisinage bien stupide. Et puis je mets la main sur cet opuscule. "L'Art d'avoir toujours raison", voilà le livre qu'il me faut me suis-je dit. Ce soir je vais philosopher "utile", venez-y voir.

Ce petit livre m'aura quand même éclairé sur la raison première de bien des tourments qu'endurent les idéalistes dans mon genre. Voyez-vous, les gens, dans une grande majorité, cherchent à avoir le dernier mot. Ils veulent avoir raison. Et moi aussi je veux avoir raison. Mais je me trompe de chemin car pour avoir raison je cherche le chemin de la Vérité.

Je vous entends rire bande d'animaux sociaux. Mais oui, vous aviez bien compris qu'une vérité mal argumentée prend toujours l'eau dans un océan de mauvaise foi. Avoir raison est étranger à la Vérité, on appelle ça la dialectique et c'est un sport.

Je vais vous dire, le pire ennemi de la Vérité c'est bien l'esprit de compétition !
Commenter  J’apprécie          693
Voilà un titre qui me plait beaucoup. Pure coïncidence, mais c'est mon cas : j'ai toujours raison. Mais ce n'est pas un art chez moi, non c'est inné, depuis l'âge d'un jour, j'ai toujours eu raison, c'est comme ça, je n'y peux rien...
Mais revenons à Arthur. Notre philosophe positif nous dit : " Chez certains, la vanité innée est accompagnée d'incontinence de langage et d'une malhonnêteté native... On croit souvent avoir raison alors qu'on se trompe " . Tout à fait d'accord ! C'est incroyable le nombre de vaniteux qui pensent avoir toujours raison !
Schopenhauer nous dit aussi : " La dialectique scientifique, telle que nous la concevons, a pour principale mission d'élaborer les stratagèmes de la malhonnêteté dans la controverse" . Joli programme qui me convient tout à fait.
Il poursuit : " Il faut mettre l'adversaire en colère ; car, dans sa fureur, il est incapable de porter un jugement exact et de s'apercevoir de son avantage. On l'agace en étant ouvertement injuste à son égard, en le harcelant en étalant d'une manière générale son impudence. Et si l'adversaire se met particulièrement en colère lorsqu'on utilise un certain argument, il faut l'utiliser avec d'autant plus de zèle : on peut présumer avoir mis le doigt sur le point faible de son argumentation et qu'il est d'autant plus exposé que maintenant qu'il s'est trahi ". Oui mais il faut quand même faire attention avec la colère, si votre adversaire à un physique à la Teddy Riner, ça peut mal se finir...
Et Arthur de conclure : ""Très peu de gens savent réfléchir et si votre adversaire est timide, ou stupide, et que vous vous montrez suffisamment audacieux et parlez suffisamment fort, déconcerter le, stupéfier le par un flot insensé de paroles. " C'est précisément ce que je fais avec mon vouazin quand il se plaint qu'on fait du boucan en écoutant du métal jusqu'à pas d'heures...
Commenter  J’apprécie          5147
Aristote, dans ses Topiques, n'avait écrit « presque que des choses allant de soi et que le bon sens prend en considération de lui-même » et Cicéron, dans un ouvrage du même titre, n'avait rien commis de mieux qu'une imitation « faite de mémoire, extrêmement superficielle et pauvre ». Arthur Schopenhauer s'inscrit donc en critique sévère de ses prédécesseurs : comment de tels timorés ont-ils pu réellement analyser la dialectique ? Avec leur gaucherie pleine de bonnes intentions, ils semblent avoir oublié le motif principal de toute controverse : le triomphe. C'est ce qui fonde la dialectique éristique dont la conclusion sonne comme une victoire, et peu importe que les thèses et la matière n'aient aucun rapport avec l'exactitude. On se trouve près de la dialectique sophistique, si ce n'est que cette dernière atteint un degré d'infamie un peu plus élevé car si celle-ci méprise également toute éthique dans sa démarche, elle cherche en plus à s'octroyer un gain financier ou mondain. Mais Schopenhauer n'en est pas encore là…


Avec son cynisme légendaire et outrancier, Arthur Schopenhauer déploie une liste de stratagèmes tous plus immoraux les uns que les autres : faire semblant de ne pas comprendre les arguments de son adversaire et les retourner contre lui, postuler ce qui n'a pas été dit, fâcher l'adversaire, parier sur son idiotie, son manque d'assurance ou du peu de crédit dont il bénéficie vis-à-vis de l'auditoire, raconter n'importe quoi, paraître intelligent en utilisant des grands mots, en inventant des références ou des théories d'autorité, faire diversion ou détourner la conversation –tous stratagèmes qui se foutent de la raison pour mieux dénigrer la bassesse des motivations qui incitent les hommes à jouer aux intellos. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la publication de ce traité hautement pédagogique survint à une période où la philosophie s'encanaillait de sciences. Depuis Port-Royal, Frege et Kant, aucune analyse dialectique ne semblait digne d'être étudiée si elle n'avait pas le moindre rapport avec le modèle mathématique. Mais tout cela sera toujours basé sur du vent, tant que n'aura pas encore été élucidée la nature même, triviale et bestiale, des intentions secrètes des hommes. Schopenhauer procède à la démystification dans ce faux traité pédagogique, moins hypocrite que les autres en raison même de son irrationalisme.

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          452
"On croit souvent avoir raison alors qu'on se trompe." ( Schopy )
"La vanité innée, particulièrement irritable en ce qui concerne les facultés intellectuelles, ne veut pas accepter que notre affirmation se révèle fausse." ( Schopy )
Bon, voilà pourquoi nous sommes obligés de nous défendre contre ce que j'appelle les OTR, ceux qui Ont Toujours Raison !
Ce petit livre consiste en 38 stratégies pour contrer l'Adversaire.
Si l'Adversaire était à la recherche de la Vérité comme Schopy, tout serait simple, mais la plupart du temps, c'est plus compliqué : les hommes veulent "valider" leur thèse au mépris de la Vérité.
Les deux adversaires présentent deux thèses ;
il y a controverse ;
et ensuite, soit on chemine vers la Vérité ;
soit il y a dialectique, l'art de se défendre, avec réfutation directe ou indirecte. C'est à ce moment que Schopy part sur les techniques dialectiques issue des topiques d'Aristote, et nous balance grec et latin, tout au long de ses 38 stratagèmes.

Quand on comprend que l'Adversaire cherche à gagner plutôt que d'aller vers la Vérité, alors on utilise les mêmes armes que lui : la dialectique.
La dialectique, c'est une joute intellectuelle qui ressemble à un jeu d'échecs. On essaye de prévoir les coups-arguments de l'Adversaire.
Cela ressemble aussi parfois à du jiu jitsu : utiliser la force de l'Adversaire, accentuer ses arguments afin de le faire tomber.
Enfin, les derniers stratagèmes prennent à témoin le public ignorant qu'il est plus facile à manipuler;
il y a aussi ceux qui appuient sur le point faible de l'adversaire pour le mettre en colère, afin qu'il perde sa concentration.
Le 38è stratagème est l'ultime parade quand on voit qu'on a perdu : l'attaque personnelle : c'est un peu ce qu'il a fait avec Cicéron ou Hegel.
Je pense que les avocats et les politiques s'en donnent à cœur joie avec la dialectique.
Dans "Les Provinciales", de Pascal, j'avais déjà remarqué la sacrée dialectique dont faisaient preuve les rusés jésuites.

Bon, je suis nul en dialectique, je n'aime pas ça. En tous cas, j'aurais honte à utiliser la stratégie 38.
J'ai eu de rares OTR dans les commentaires de mes critiques, j'ai préféré les virer !
Commenter  J’apprécie          384
Un très court livre à l'usage de ceux qui aimeraient remporter des débats, améliorer leur rhétorique et leur éloquence. Il est remplit de stratégèmes amusants, appuyés d'exemple, pour triompher d'un adversaire lors d'un débat.
Commenter  J’apprécie          260
Ce livre aurait pu avoir plusieurs titres: "L'Art d'être sophiste", ou pourquoi pas "L'Art de la mauvaise fois". Je ne vais pas être tendre dans cette critique, il faut dire qu'à bien des égards cette œuvre m'a révoltée. Que l'homme ne cherche dans les débats qu'à assujettir son adversaire, quitte à omettre la Vérité, soit. Mais est-ce une raison pour que Schopenhauer se livre à une énumération de tous les procédés de mauvaise fois (son dernier stratagème invite sans vergogne à insulter son interlocuteur, en cas d'échec inévitable, afin de le faire sortir de ses gonds ... ), est-ce donc une raison pour inviter ses lecteurs à utiliser des stratagèmes médiocres et trompeurs ? Plutôt que d'avilir l'homme et la pensée, la philosophie ne devrait-elle pas au contraire tenter de le grandir et de le ramener à la raison? Sans parler du style pompeux voire incompréhensible du livre (même si ici je n'incriminerai pas Schopenhauer, n'ayant lu qu'une traduction et non l'œuvre dans sa langue originale). Bref, je n'ai pas du tout aimé ce livre. Mais après tout peut-être ne suis-je qu'une idéaliste utopiste refusant d'accepter la médiocrité de notre espèce...
Commenter  J’apprécie          238
Titre alléchant mais : les premiers feuillets sont encombrés de notes de bas de pages. Peut-être utiles quand on veut préciser sa pensée ou la situer plus justement. Mais là, c'est un vrai raz-de-marée. Elles occupent les trois quarts de l'espace et dans le fil de la lecture, on s'aperçoit, un peu plus loin, que l'idée (ne parlons même pas de pensée) est de nouveau développée mais dans le corps du texte cette fois-ci. Devant ce désordre, j'ai laissé tombé étant donné que "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire viennent facilement". Si l'auteur lui-même n'est pas en état de composer sa pensée de manière claire et ordonnée quelle chance y a-t-il que moi, pauvre néophyte, je puisse la saisir.
Commenter  J’apprécie          230
Je trouve particulièrement intéressante cette recherche des paralogismes, des confusions, des maneuvres de rhétoriques qui tendent à noyer le poisson et à faire prendre les vessies pour des lanternes. Schopenhauer devait regarder les débats à la télé !
Commenter  J’apprécie          170
Idéalistes, s'abstenir! le titre en dit plus long que tous les discours qu'on pourrait faire...

Schopenhaueur, tout à sa philosophie pessimiste, déclare posément dans cet opuscule que dans toute dialectique ou toute discussion, la vérité n'est pas le but à atteindre. L'objectif est d'avoir raison face à l'interlocuteur, ravalé ici au rang d'adversaire. En somme, la capacité à raisonner de l'homme n'est pas dirigé vers une vérité objective. Elle sert uniquement à argumenter de façon à contre-carrer et abattre les arguments opposés. Si une vérité en ressort, ce n'est que purement fortuit.

Schopenhauer reprend au niveau de la dialectique les conseils de Machiavel en politique: profiter des faiblesses de l'adversaire afin de le vaincre. Il serait en effet imprudent de ne pas agir ainsi puisque rien ne prouve que l'autre ne jouera pas sur nos propres faiblesses. Fair-play et confiance, connaît pas chez le philosophe allemand!

Schopenhauer se fait une piètre image de l'espèce humaine, assimilée pour la majorité à "des moutons qui suivent le bélier de tête, où qu'il les conduise: il leur est plus facile de mourir que de penser".
Si la lecture de son opuscule laisse un arrière-goût un peu amer, on ne peut dénier l'intérêt qu'il comporte.
Commenter  J’apprécie          140
Je pense que le titre est beaucoup attirant mais le contenu comporte beaucoup d'ironies on est bien sûr loin de la quête de la vérité mais bien dans l'objectif d'avoir raison, malgré tout ça Schopenhauer reste plus ou moins unique dans son style
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (2352) Voir plus



Quiz Voir plus

Woody Allen ou Schopenhauer ?

"Les uns croient au communisme, les autres en Dieu, les autres à la psychanalyse, mais à la fin, on termine tous dans une tombe."

Woody Allen
Schopenhauer

11 questions
131 lecteurs ont répondu
Thème : Arthur SchopenhauerCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..