Gerbert d'Aurillac, ça vous dit quelque chose ? Si vous vivez à Aurillac ou dans le coin, ou si vous l'avez visité, vous connaissez. Il y a une statue de lui, avec des quantités de détails anachroniques, mais peu importe. Il faut se souvenir de lui, il a été le premier pape français, sous le nom de Sylvestre II, en plus il l'a été en l'an mil (ça marque). Toutefois, ce n'est pas cet aspect du personnage qui a retenu l'attention d'
Alain Schärlig pour écrire ce livre. Ce qui était pour lui le plus intéressant, c'est que Gerbert était mathématicien. Car l'auteur est lui-même un prof de maths en retraite, qui se consacre désormais à l'Histoire du calcul.
Gerbert a donc été à son époque un érudit, à la fois grand connaisseur et enseignant de pointe. Notamment, il professait le quadrivium, qui réunissait quatre arts : l'arithmétique, la musique, l'astronomie et la géométrie. Ces disciplines n'avaient alors pas grand-chose à voir avec ce qu'elles sont de nos jours.
L'important, c'est que Gerbert a inventé un abaque qui permettait de réaliser des calculs. Cette création est tombée dans l'oubli, c'est ce qui a motivé l'auteur à écrire ce livre. de plus, Gerbert est l'un des précurseurs qui ont introduit en Europe l'usage des chiffres dits arabes. Tout cela vous semble anecdotique ? Essayez donc d'additionner ccxvii et dxviii (oui, les chiffres romains s'écrivaient en minuscules). Eh bien, l'abaque inventé par Gerbert a non seulement réussi à imposer des systèmes de calculs plus simples et plus digestes, mais en plus, il permettait d'effectuer des multiplications et des divisions, ces dernières étant particulièrement délicates avec les moyens et méthodes de l'époque.
Il est certain que Gerbert maîtrisait ce que nous appelons la numération positionnelle, alors quasi inconnue. Par exemple, dans 222, chaque 2 n'a pas la même valeur, selon son emplacement. Ce n'était pas le cas à ce moment-là. de plus, Gerbert connaissait probablement le zéro, indispensable à la numération positionnelle, toutefois il n'en aurait rien dit à cause des tabous de cette période, qui voulaient qu'un signe bien réel représentant du rien était forcément diabolique.
Dans le domaine de l'astronomie, il a créé des instruments de mesure révolutionnaires à son époque. Il était incontestablement un des plus grands génies de son siècle, c'est ce que ce petit livre nous raconte.
Par contre, ce n'est pas de la haute littérature, c'est un bouquin écrit par un autre érudit. Donc, c'est par moment assez rébarbatif dans la forme, avec des citations et des renvois aux textes de référence, avec année de parution, numéro de page, etc. le résultat est tout de même un document très intéressant, merci à Masse Critique de m'avoir permis de le découvrir.