Je découvre par hasard cette oeuvre et ces auteurs, même si, de ce que j'ai compris, ce n'est pas grave de de pas avoir lu les tomes précédents avant. Or, j'ai été assez fascinée par la beauté des dessins dans un noir et blanc somptueux.
Pour le scénario, je n'ai pas toutes les références des auteurs, mais pour moi, j'ai pensé d'abord et surtout à Gormenghast, ce château univers de
Mervyn Peake qui est en lui-même un personnage. J'ai pensé aussi dans un autre registre à la série Donjon de
Joan Sfar et
Lewis Trondheim, lui aussi un château monstre qui semble illimité, de ses souterrains à sa tour d'astronomie. La tour est effectivement le personnage central, avec ses pierres, ses escaliers, ses balcons, ses rebords... Il faut monter au plus haut pour apercevoir le ciel pour pouvoir redescendre dans les profondeurs et découvrir un autre monde. J'ai été surprise de la fin, ne connaissant pas la série des Cités obscures, avec ce basculement dans le fantastique et dans une autre dimension. Mais après tout, cela s'explique, le récit peut se lire comme une quête initiatique digne de la fantasy, avec un héros guidé par un mentor qui cherche la connaissance. Les tableaux - et les livres - ont une place primordiale dans l'intrigue car ils sont la voie, la porte au sens littéral, vers un imaginaire. Cela explique qu'Elias passe sa vie à les conserver, à les étudier, qu'ils aient même un pouvoir thaumaturge. Et surtout, cela explique qu'ils soient en couleurs, pour souligner leur importance.
En revanche, je suis déçue par le personnage de Milena. Trop belle, trop jeune sans doute pour Giovanni, et surtout trop inutile pour faire avancer l'histoire. Mais l'occasion de dessiner de jolies courbes pour rompre avec la géométrie des pierres, des murs, l'élancement rectiligne de la tour...