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Les Cités obscures tome 7 sur 12
EAN : 9782203343122
64 pages
Casterman (29/07/2000)
3.87/5   81 notes
Résumé :
Dans la belle et élégante cité de Brentano, l’agent d’assurances Albert Chamisso, fraîchement marié, souffre de cauchemars récurrents et terriblement angoissants. Qui plus est, le voilà victime d’une très curieuse affection : son ombre pâlit et prend des couleurs, comme si, symétriquement, son propre corps était en train de gagner en transparence. Et d’ailleurs, n’est-ce pas au fond toute sa personne, tout son être qui manque singulièrement de substance? Impuissant ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
L'ombre d'un homme, du Schuiten et Peeters pur jus ça ne fait pas l'ombre d'un doute! Où il est question d'un homme fraîchement marié rattrapé par ses démons intérieurs sous la forme d'épouvantables cauchemars qui le laissent exsangue et fatiguent passablement sa jeune épouse.
Aprés consultation médicale, et la prise d'un traitement tout semble redevenu normal et les tourtereaux font fêter cela au restaurant mais sur le chemin du retour notre héros constate avec effroi que son ombre n'est pas normale, elle est colorée comme un double de lui-même, sont-ce les effets indésirables du traitement?
Cette incartade à la normalité est fatale à son union et sa complagne le lâche sans préavis, il s'ensuit une descente aux enfers et une remise en question complète de sa vie de petit expert en assurances efficace et consciencieux.
Les images sont superbes, ambiance années 30, art déco pour les décors intérieurs, les couleurs font penser au film Sherlock Holmes avec des bruns orangés des rouges et des jaunes, les extérieurs sont plus futuristes avec des moyens de transports qui feraient pâlir le cinquième élément de Luc Besson.
Certaines planches sont sans texte et le lecteur loin d'être frustré profite de beaux moments de suspens et de poésie.
Un album à la fois psychologique et très esthétique!
J'en reprendrais bien un petit pour la route!
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Ce tome est le dixième dans le cycle des cités obscures, entre le guide des cités (tome 9) et L'affaire Desombres (tome 11). "L'ombre d'un homme" est un album de bandes dessinées traditionnelles, en couleurs, conçu par Schuiten et Peeters, dialogué par Benoît Peeters, dessiné et mis en couleurs par François Schuiten. Ce tome est initialement paru en 1999. le présent commentaire porte sur l'édition de 2009 qui correspond à une version remaniée par les auteurs. le tome se termine avec un texte de Peeters expliquant les raisons de ces modifications (qu'il qualifie de repentirs), ainsi que des exemples de modifications, et la reproduction des 5 planches supprimées de la version originelle du récit.

Ce récit se déroule dans la cité de Blossfeldstadt, autrefois appelée Brentano. Albert Chamisso est un agent d'assurances qui travaille depuis 10 ans pour la compagnie des Assurances Générales. C'est un employé modèle et motivé qui négocie ses contrats avec rigueur, sans état d'âme. Alors que le récit commence, il est marié depuis 3 semaines à Sarah, une très belle femme. Après un terrible cauchemar, il se lève pour aller traiter un dossier épineux. Michel Ardan a écrasé un de ses aéroplanes dans la verrière du dernier étage d'un magasin d'ampoules "Le palais des mille feux". Chamisso en fait porter l'entière responsabilité sur madame Bouchiney, puis avertit Ardan que sa cotisation va être revue à la hausse. Ses cauchemars s'aggravant, Chamisso va consulter le docteur Polydore Vincent qui lui prescrit un médicament révolutionnaire. Il se produit un effet secondaire étrange : l'ombre d'Albert Chamisso devient colorée.

Comme dans "L'enfant penchée", cette histoire donne l'impression d'être détachée de l'architecture ou de l'urbanisme de la ville de Blossfeldstadt. le lecteur repère aisément les personnages récurrents du cycle : Michel Ardan, Stanislas Sinclair (1 case), Axel Wappendorf ou encore le docteur Polydore Vincent (déjà apparu dans Brüsel). Il y a également Lola Minna (une effeuilleuse) qui répète son texte : elle interprète le personnage de Milena dans une pièce intitulée "La tour". Il retrouve un thème récurrent, celui de l'incidence de la sexualité sur le personnage principal, les femmes étant à nouveau plus entreprenantes. Il constate que le thème central du récit ressemble fortement à celui de "L'enfant penchée" : l'ombre différente de Chamisso le place à part de la société des individus normaux. Il doit réinventer sa place dans la société.

À la lecture, l'intrigue semble assez mince, et le récit se lit vite (moins d'une heure). le lecteur a donc envie de feuilleter à nouveau les pages, juste après avoir terminé la lecture pour prêter une attention plus grande aux dessins. Il commence alors à remarquer que dans un premier temps les pièces dans lesquelles évolue Albert Chamisso présentent peu de personnalité. Elles sont surtout fonctionnelles, avec des couleurs chaudes pour son appartement. Il n'y a que le restaurant qui bénéficie d'une architecture avec plus de caractère. Par contre les habillages des immeubles sont plus ouvragés. C'est presque comme si les individus étaient interchangeables, dans des immeubles individualisés, aux architectures remarquables.

Lorsque Chamisso perd son rang social et va habiter dans un quartier défavorisé voué à la démolition à court terme, l'urbanisme reprend des proportions plus restreintes, avec des habitations de 2 ou 3 étages, et des décorations intérieures vétustes, mais plus diversifiées. La conjonction entre la personnalité et la richesse de l'aménagement ne se produit que dans le théâtre du quatrième et dernier chapitre où se produit Max Newman. Toutefois, cela n'empêche pas les dessins de Schuiten d'être minutieux. le lecteur pourra apprécier les décorations de façades, les murs en brique, le marbre du manteau d'une cheminée, le pavage d'une rue, etc. Il pourra également apprécier l'élégance des véhicules volants servant de taxi entre les gratte-ciels.

Schuiten et Peeters consacrent cette histoire au parcours d'un homme qui se voit soudain mis au ban de la société du fait d'une particularité physique extraordinaire (son ombre en couleurs). Néanmoins, dès le début du récit, le personnage principal souffre de terribles cauchemars, l'empêchant d'être heureux et en repos. le nom d'Albert Chamisso met la puce à l'oreille du lecteur assidu du cycle des Cités Obscures : il est trop atypique pour ne pas être une référence. En l'occurrence, il évoque Adelbert von Chamisso, de son vrai nom Louis Charles Adélaïde Chamisso de Boncourt, (1781-1838). Cet homme, écrivain et botaniste, est l'auteur de L'étrange histoire de Peter Schlemihl ou l'homme qui a vendu son ombre (1813), histoire dans laquelle un individu sans ombre doit lui aussi lutter pour trouver sa place dans la société.

Schuiten et Peeters dressent le portrait d'un individu perdant son rang social du fait d'une difformité physique, mais également incapable de s'ouvrir aux autres, d'accepter que l'altérité d'autrui puisse induire une évolution en lui. Il est à la fois introverti et psychorigide. Seul un bouleversement drastique de son statut le contraint à se remettre en cause. Arrivé à ce stade du récit, Albert Chamisso cherche à la fois comment faire de son handicap un atout, et comment transformer son insatisfaction ontologique en une émotion positive. Ce travail sur soi acquiert une résonnance étrange quand le lecteur constate qu'une fois rasé, les traits du visage de Chamisso ressemble fortement à ceux de Peeters lui-même.

Le tome se termine avec quelques paragraphes rédigés par Peeters sur les repentirs. Il indique que d'autres albums ont bénéficié de retouches ou de compléments, mais que celui-ci a bénéficié du plus gros ravalement. Des planches ont été redessinées, d'autres enlevées, et la narration est passée à la première personne. Pour un lecteur ne connaissant la première version de 1999, il n'y a pas de solution de continuité, ou d'impression de rafistolage.

Comme tous les autres, "L'ombre d'un homme" est un album particulier dans le cycle des Cités Obscures, semblable à nul autre. Si le lecteur est venu chercher un urbanisme totalitaire imposant de manière évidente un mode de vie au personnage principal, il y a fort à parier qu'il sera déçu. Si le lecteur se montre moins psychorigide dans ses attentes, il découvrira un récit linéaire doté de belles illustrations, ne révélant leur saveur qu'à la relecture, ainsi qu'une belle méditation sur les aspirations de l'individu, sur l'insatisfaction et la solitude comme source d'énergie vitale, comme carburant pour aller de l'avant. Avec ce tome, Benoît Peeters et François Schuiten sont victimes de leur propre maestria. le lecteur revient aux cycles des Cités Obscures en quête de belle architecture et d'individu subissant le carcan de leur environnement, et il découvre la crise existentielle d'un individu. Albert Chamisso lutte contre son individualité faisant tout pour être un membre modèle de la société. L'obscurité se tapit dans le refus de se connaître et dans l'énigme que je suis pour moi-même, dans l'individu qui ne cesse jamais d'être en devenir. le terme de cité n'est alors plus à prendre au premier degré, mais comme modèle politique, au sens de société.
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Schuiten et Peeters nous ont concocté une histoire fantastique, avec en toile de fond l'architecture grandiose moderne et baroque à la fois, plein de références, de Baltard à Metropolis, fidèle à leur ligne et toujours passionnante et originale. le graphisme monumental est servi par des couleurs douces, possèdant un grain qui donne un aspect rétro. On suit le personnage d'Albert, atteint par un mal mystérieux : son ombre devient colorée. Tout est travaillé en ambiances, un côté steampunk, la solitude d'Albert, le monde fantastique et le romantisme. Cette Bd est une étrangeté belle, merveilleuse et originale. Encore un très bon album du duo belge
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L'ombre d'un homme retrace l'histoire d'Albert, homme tourmenté dont la vie s'écroule le jour où son ombre devient colorée. Dans sa longue déchéance, il devra attendre l'arrivée d'une femme pour inverser la vapeur et arriver à se reconstruire, réconcilié avec sa particularité.
L'ombre d'un homme fait partie des albums que je trouve un peu à part dans Les Cités Obscures (même si certains diront qu'en réalité ils le sont tous). D'une part par son côté chaud et coloré que la couverture illustre assez bien, loin des tons qu'on retrouve plus habituellement. D'autre part par ce que le côté fantastique est moins fort que dans les autres albums. Je trouve notamment l'architecture à la Schuiten plus discrète, même si toujours là. Et justement, s'il n'y avait pas de vues d'extérieur de temps en temps, on pourrait presque croire que ces aventures arrivent à notre voisin de palier vu leur contexte « domestique ».
Ce n'est d'ailleurs pas un reproche et, niveau fantastique, il est évident qu'on ne tombe pas sur des ombres colorées tous les jours.
L'histoire a un charme très poétique que les couleurs servent vraiment, je suis rapidement rentrée dans son ambiance et si j'avais envie de secouer le personnage toutes les deux pages, c'est justement parce que je m'y étais attachée.
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Voici une BD sortie de la réserve de la médiathèque, ce qui me permet de trainer un peu pour la lire... trainer beaucoup, parce que je suis très en retard sur le délai d'emprunt.
mais pour une raison qui m'échappe, elle me faisait peur. Généralement les lectures de référence m'effraie toujours un peu.
Et pourtant encore une fois j'ai beaucoup aimé.
Le dessin tout d'abord dans ce monde étrange, au mode de déplacement futuriste, dans une ville de tours immenses.
Et cette histoire, de cet homme dont l'ombre change... à moins qu'il ne soit devenu l'ombre de lui même, jusqu"à retrouver ses rêves...
A méditer.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Au milieu du chemin de ma vie je me retrouvai par une forêt profonde car la voie droite était perdue...
En évoquant le souvenir de cette nuit âpre et profonde la peur me reprend tout entier...
Entre les monstres et les fauves apparut soudain une femme
Et d'abord je la crus géante...
A peine avions-nous embarqué qu'une tempête se leva
Et bientôt nous avons sombré...
L'île vraiment, le croirez-vous ? n'était pas peuplée de sauvages mais de mains sombres et velues...

Car ces mains que nous avions fuies
Ces mains qui nous faisaient trembler
Ce sont elles qui nous ont sauvés...
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En tous cas, on peut dire que vous avez changé, vous ! Ah c'est que vous avez une vraie gueule maintenant... Une de ces têtes rebelles que j'aime fixer sur mes plaques. La plupart des visages sont devenus si quelconques...
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Vidéo de François Schuiten
FESTIVAL DES UTOPIALES 2023 Rencontre avec Benoît Peeters & François Schuiten
Depuis 40 ans, ce duo de choc, auteur et dessinateur, écume la science-fiction, nos librairies et nos bibliothèques. Expérimentateurs depuis toujours, ils passent d'un renouvellement à un autre dans une esthétique architecturale aussi post-moderne que citadine. Déambulation dans leurs villes aux futurs antérieurs.
Moderateur : Olivier Cotte
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