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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le vieil homme est assis, face à la mer. Alma va jusqu'à la grande Poste à pied, il fait beau.

C'est là qu'ils se retrouvent presque tous les jours. « Elle voit le vieil homme assis. Il l'attend. C'est lui, sa veste bleu de Chine usée, blanche aux coudes, achetée à Barbès chez les Arabes de la Goutte d'Or, les vestes accrochées à la porte, l'étiquette « pas cher » qu'il ne sait pas lire. »
Alma est écrivain public à la Grande Poste et lui, ouvrier chez Renault en retraite, revenu au Pays.
Au fil des jours s'établit un dialogue entre le chibani et la jeune bourgeoise, entre l'illettré et la lettrée. Cette lettre recommencée chaque jour : Mon cher fils, je voudrais tant pouvoir te parler, je voudrais tant te dire tout ce que je n'ai pas su ni pu te dire…..
Chaque jour, Il parle de Tahar. Chaque jour Alma commence sa lettre, pose une question sans avoir l'air, surtout ne pas brusquer le vieil homme. « Il écrit à son fils, le fils préféré, fils unique, il aurait pu ne pas l'aimer, il l'aime »
Chaque jour le vieil homme confie sa vie à Alma, chaque jour la lettre est recommencée, « La même histoire tant de fois répétée et lui, en bleu de Chine, assis sur une vieille chaise en bois en face de la jeune fille qui vient d'arriver… ». Chaque jour les souvenirs affluent, la France, l'usine, l'île Seguin. « L'île Seguin c'était un pays avec le bruit des chaînes et le bruit des langues étrangères, les belles voitures c'était eux les ouvriers, leurs mains avaient fabriqué tout ça, un jour ils auraient les vieilles Renault d‘occasion, bientôt à la casse, comme eux, chibanis abandonnés. »

Le vieil homme raconte ce qu'il n'a pu partager avec son fils, cette vie de labeur au service de Renault, la nuit du 17 octobre 1961. « Mon fils, je n'ai jamais pu lui raconter. Je ne sais pas pourquoi. J'ai tenté plusieurs fois, et il me disait "Ça ne m'intéresse pas, c'est tes histoires et l'Algérie je n'ai pas envie d'en entendre parler, ni la guerre, ni avant la guerre, ni rien." »
Tahar refuse d'écouter son père, ne veut pas savoir ni comprendre : « « Moi, en bleu de travail dans une usine, jamais, tu m'entends jamais, avec un contremaître qui te surveille même…. Plutôt crever…. » Voilà comment mon fils m'a parlé. Depuis ce jour, je n'ai plus mis mon bleu, même pour réparer la mobylette »
Alma écoute le vieil homme raconter sa vie qui rejoint l'histoire des chibanis venus travailler en France, les drames vécus, l'incompréhension grandissante entre les générations, le racisme, l'islamisme qui monte, qui recrute les jeunes désoeuvrés pour en faire des « combattants-ennemis ».

La poésie et la nostalgie sont là. le présent algérien n'est pas tendre avec sa jeunesse sans travail, avec ses femmes. Comme toujours, Leïla Sebbar nous embarque dans son Algérie et nous parle de ces vies solitaires, de l'exil et du retour.
Un très bon moment de lecture, un grand plaisir de retrouver Leïla Sebbar. Toujours le même soin apporté à ce livre par les éditions Elyzad.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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En France, le travail, travail, travail... l'usine Renault, les collègues, travail, travail, travailler pour nourrir femme et enfants,
De retour au pays, seul et usé, le chibani se souvient, s'interroge, cherche à remettre le main sur le fils qu'il a si peu connu. Il ne sait pas écrire, c'est une écrivain publique qui transcrit pour lui tous ces mots qu'il adresse aux siens. Un très beau texte sur la relation entre le présent et le passé, l'Algérie et la France.
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