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"Le rocher" se situe dans un cadre historique, méconnu du grand public. de 1809 à 1814, quelques 110000 soldats de l'armée napoléonienne furent emprisonnés sur l'île déserte de Cabréra sans rien, sans eau et avec de très maigres rations. Environ 3500 furent libérés en 1814. Des chiffres qui font froid dans le dos. C'était un des premiers camps de concentration en Europe, au début du XIXème siècle. Parmi ces soldats, il y avait une poignée de femmes. Dans ce livre, nous suivons l'histoire d'Angelique, une cantinière, veuve, âgée de dix-huit ans. Nous vivons ses amitiés, ses amours, ses deuils, ses épreuves...


Ne prenez pas peur en lisant le prologue du livre. Il est un rappel des événements historiques, nécessaire pour appréhender ce roman. J'avoue que c'est une période de l'Histoire que je connaissais mal, contrairement à Elisa Sebbel. Docteur en Littérature Française, l'auteure donne des cours dans une université espagnole et fait de la recherche. Passionnée par l'histoire, elle s'intéresse particulièrement au XIXème siècle et à l'Empire. Elle a publié de nombreux articles académiques de littérature et participé à de nombreux congrès et colloques. le rocher est son premier roman.
J'aime les lectures qui m'apportent des connaissances, sans que je m'en aperçoive. le travail de recherche de l'auteure est si fourni que, j'ai appris beaucoup sur ce fait de notre histoire. A la fin du livre, une série de documents authentiques, objets retrouvés sur l'île, lettre, etc... apportent un vrai plus.


Au départ, j'ai été surprise par la longueur des phrases. Et très vite, je me suis aperçue que ce qui me surprenait au début, me plaisait. Cela donne un charme à cette écriture, et lui donne un rythme qui, s'impose naturellement au lecteur. J'allais toujours plus loin dans ma lecture.
J'ai énormément apprécié le style de l'auteure : les mots sont recherchés, elle maîtrise l'emploi des temps. J'ai adoré que ce livre soit au passé simple. J'aime quand une plume me rappelle que la langue française est belle et riche.


Cette histoire est racontée du point de vue d'Angelique. Elle nous est dépeinte avec ses forces, ses faiblesses. Plusieurs signes me montrent que j'ai adhéré au personnage : il m'est arrivé de ne pas vouloir qu'elle fasse certains choix, tout en la comprenant; je voulais savoir ce qui allait se passer pour elle. J'ai une image physique d'elle qui ne correspond pas à sa description, ce qui me démontre que je suis entrée dans l'histoire, que j'en ai fait mon histoire. Je me suis aussi attachée à d'autres protagonistes : Henri, Louis, Gilles, etc... Chacun d'eux a un rôle auprès de l'héroïne : l'un est protecteur, l'autre est passionné, un autre est un vrai ami, etc...
Angélique est une femme de coeur, indépendante de caractère, avec ses passions. Nombreuses sont les femmes qui se reconnaîtront en elle. Les hommes, quant à eux, l'aimeront.
L'auteure maîtrise bien les fins de chapitre. Plusieurs fois, il se passe un événement qui nous "oblige" à lire la suite. Vous savez, quand on dit "Je lis la fin du chapitre et j'arrête." Et bien non, l'annonce d'un rebondissement fait, que vous continuez la lecture.


Cela fait plusieurs semaines que j'ai terminé ce livre et je m'aperçois que j'y pense encore. Angélique m'est toujours proche. Je ne l'ai pas oubliée. La bonne nouvelle, c'est que le dernier chapitre laisse la porte ouverte à une suite que, je lirai avec plaisir.


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5 mai 1809, cinq mille soldats de l'armée napoléonienne sont faits prisonnés et débarqués sur l'île déserte et perdu de Cabréra, en pleine Méditerranée.
Sans rien, presque pas d'eau, de très maigres rations alimentaires. Un camp de concentration avant l'heure ...
Au nombre de la foule des militaires, vingt et une femmes s'y trouvent presque par hasard, malgré elles, débute alors un long calvaire pour toutes ces personnes livrées à une terre inconnue, isolées de tout, oubliées.
La même question se lit alors sur tous les visages, les a-t-on vaiment abandonnées sur ce rocher ?
Parmi l'une de ces femmes, l'histoire d'une jeune cantinière de dix-huit ans, Angélique Delage, mariée très jeune et déjà veuve, son mari n'ayant pas supporté le voyage en bateau.
Le commencement d'une nouvelle vie ...

L'auteure introduit d'abord un rappel des faits historiques, manière de situer le contexte géopolitique, cela peut paraître de prime abord un peu fastidieux mais indispensable.
Il permet d'appréhender, de comprendre, de s'immerger dans les tourments de l'histoire avec un grand H, celles qui va façonner et bouleverser l'Europe dans les troubles et les méandres de son évolution telle qu'on la connaît aujourd'hui.

Dès les premières lignes, à travers un récit à la première personne, je me suis fondu dans le personnage principal d'Angélique.
Ce qui frappe d'emblée, c'est l'écriture limpide, un style littéraire juste et équilibré, alternant descriptions intérieurs et extérieurs avec des dialogues aérés, tout est magiquement imagé, un sentiment de pénétration avec tous les états d'âme d'une femme prise comme dans un étau, pas seulement en prise avec cette île déserte, une terre hostile, âpre.

Mais au milieu de tous ces hommes, sans tomber dans le piège de considérer tous les hommes comme des masochistes, dans un petit espace à forte tendance masculine, il faut déjà se rappeler l'époque du livre, ces militaires viennent d'être battus, humiliés lors d'une guerre en Espagne (Bataille de Bailén), la plupart sont des conscrits en pleine fleur de l'âge, ils sont là parce qu'ils ont été appelés, selon la loi française.
Angélique n'aurait jamais dû se trouver en cet endroit pour des raisons que vous pourrez découvrir dans ce livre qui peut se lire comme une forme de journal intime, jour après jour (ou presque).
En sus du prologue historique, l'auteure sait de quoi elle parle, elle a fait des recherches poussées, en épluchant des mémoires et des archives historiques (dont vous trouverez les sources en fin d'ouvrage), j'apprécie le style de ne pas trop abonder dans le sens du roman historique.
Avant tout, c'est le récit d'une femme, miroir de toutes ses acolytes qui ont dû survivre, prendre sur elle, vivre et composer avec tous les éléments naturels et humains.

Angélique est vivandière ou cantinière, elle l'est devenue pour suivre son mari, Armand, conscrit. Un métier qui consiste à rendre des services (cuisine, infirmière etc ...) au sein des régiments militaires.
Quand elle doit faire le deuil de son mari qui n'a pas survécu à la traversée jusqu'à l'accostage sur ce rocher, le récit débute. Je n'ai pas mis longtemps à faire battre mon coeur à l'unisson de celle qui va tout donner, un symbole, un exemple ... jusqu'à la dernière ligne.
Fort d'une écriture fluide et sans temps mort, c'est un livre qui se lit d'une traite, la succession des chapitres appelle à toujours savoir, à avancer, un concept original pour mieux happer le lecteur, donner un cachet d'urgence, cette zone de survie et quelque peu en vase clos, même si l'île fait une dizaine de kilomètres carrés, il n'en reste pas moins plus de 5 000 personnes présentes.

Basé sur des faits historiques rigoureux, l'auteure a choisi la liberté de conter l'histoire de cette vivandière, en insufflant une inspiration romanesque, un souffle prégnant, les caprices du destin, la solitude d'une jeune femme même si l'amour n'est jamais loin, à l'instar de ses compagnons d'infortune, homme ou femme, Angélique oscille souvent entre espoir et désespoir, illusion et désillusion, la faim et la soif d'une part, les affres du temps (froid, chaleur) ne seront pas en reste, tous les moyens sont bons pour arriver à survivre un jour de plus et encore un autre, la culpabilité et le remord ne sont pas ici des notions abstraites, elles s'imposeront de force ou pas, les aléas de la vie, en lutte et en butte devant les préjugés, j'ai été impressionné par la capacité de l'auteure à donner cette consistance et cette épaisseur à plusieurs d'entre eux, pas seulement à la protagoniste.
L'aspect psychologique est palpable car souvent, c'est un long processus qui découle de tel ou tel, latent, irrévocable, irréversible.
Aux situations les plus précaires et les chaotiques succèdent ceux qui rivalisent d'émotions les plus inattendues et les plus belles, comme un signe divin, une larme ici, des sentiments contrariés là. Ses forces et ses opposées, ses faiblesses et ses contraires.

"... mes angoisses, mes peurs, mes doutes, ma culpabilité ..."

Une réussite pour reconstituer un microcosme à l'échelle d'un petit bout de rocher, c'est criant de vérité dans l'attitude de chacun, dans l'attente espérée non seulement d'une vie meilleure ou d'un avenir s'il existe mais surtout cette lueur, ce petit bout d'étincelle qui suffirait à leur bonheur, de croire à son prochain, de se considérer encore comme faisant parti de l'humanité.
Au milieu de l'horreur de cet abandon et de cette déperdition quasi totale, l'amour peut-il redonner force et vitalité, courage et espérance ?

L'autre point fort de ce roman est l'espace géographique décrite, le titre éponyme est le rocher, les lieux si désertiques sont époustouflants d'authenticité, c'est bien simple, en suivant les traces et les pas d'Angélique, on s'y croirait, après avoir baigné le lecteur du contexte historique au départ, puis de présenter les personnages au fur et à mesure de la progression de l'histoire d'Angélique, cet environnement erratique et d'une nature sauvage va petit à petit dévoiler ses secrets, les ruines d'un château par ci, le petit puit qui va permettre se sauver bien des personnes, d'autres sources naturelles viendront compléter donnant une ampleur inattendue.

J'avais appréhendé que l'auteure n'en fasse trop dans la partie "historique" de l'époque du livre, bien au contraire, j'ai découvert un vrai roman littéraire en ce sens qu'elle est arrivée à me captiver de bout en bout, à me faire éprouver de l'empathie exponentielle à l'égard d'Angélique mais pas seulement, une forme de compassion jamais gratuite ni complaisante pour bon nombre des personnages jusqu'à un pic culminant du livre, vous le découvrirez assez tôt, en un mot, déchirant.

L'intrigue se conjugue à plusieurs niveaux de lecture.
Un mariage réussi de la grande histoire réelle et de la petite histoire (celle d'Angélique) qui m'a ému, littéralement parlant et ... humain. La vie et c'est tout.

Un roman littéraire auto-édité qui mérite d'être lu par le plus grand nombre, un magnifique hommage à toutes ces femmes oubliées de l'histoire, c'est mon premier coup de coeur littéraire de l'année 2018, le rocher de Elisa Sebbel. ❤️

Je remercie l'auteure de m'avoir contacté, un soir de décembre😉, pour me faire découvrir son premier roman.

N'hésitez pas à vous rendre également sur le superbe site de l'auteure https://elisasebbel.weebly.com/unique.html qui est vraiment agréable à l'oeil, complet et d'une inspiration divine, vous y découvrirez notamment les premiers chapitres de son roman pour vous donner une idée et bien d'autres choses qui valent la peine de les lire ... à travers ses mots et sa pensée.

Je termine en vous laissant avec cette citation extraite des mémoires du soldat, Sébastien Boulerot qui était présent lors de cette période, il m'a accompagné pendant toute la lecture, la voici :

"Il y avait parmi nous des femmes ; ce furent des anges ! Quel dévouement ! Quelle activité ! Eh bien, quoiqu'en butte aux outrages et aux vexations de nos bourreaux, elles se portaient mieux. Elles étaient dans un perpétuel mouvement pour donner des soins aux uns et aux autres et le mouvement était le remède qu'il nous fallait.".
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Grande fan des romans historiques de Druon en passant par Merle et Champion, j'avais peur de m'embarquer sur le rocher. Grave erreur. je ne peux que m'incliner face à la performance et au véritable talent d Elisa Sebbel. Une conteuse hors pair, une maîtrise littéraire digne des meilleurs du genre, et une connaissance historique sans précédent. Dévoré en une nuit, il était impossible de laisser la jeune Angélique sur les cruelles rives de l'histoire sans savoir ce qu il allait advenir. Un immense bravo à cette auteur dont on entendra parler avec certitude et qui m'a fait passer un délectable moment.
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En mai 1809, l'île déserte de Cabrera, dans l'archipel des Baléares, va servir de prison à cinq mille soldats de l'armée napoléonienne. Cinq mille hommes et seulement une vingtaine de femmes, pour la plupart cantinières. Imaginez un Koh Lanta à grande échelle où chacun essaie de survivre face à l'affaiblissement des autres et à leurs morts... C'est dans ce contexte que nous découvrons l'héroïne du roman, Angélique, tout juste 18 ans et déjà veuve. Son mari est mort dans le bateau qui les menait jusqu'à leur prison, cette petite île rocheuse hostile à l'homme. Une poignée de femmes pour cinq mille hommes, c'est peu, et les dures conditions de vie font parfois tourner la tête à ces soldats : il est dangereux d'une femme à Cabrera... Comment vont-ils s'organiser pour survivre ? Les femmes doivent vite se choisir un homme pour les protéger des autres, sinon elles deviendront des proies. Une société se recrée naturellement avec des codes, des grades, des devoirs.
Et l'amour dans tout ça : est-il encore possible ? Est-il encore permis d'aimer ?

Plus sur mon blog :)
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Magnifique roman historique, je l'ai lu d'une seule traite!! On est très vite transporté dans l'histoire, on a l'impression de vivre avec les personnages, les émotions sont d'une telle force et d'une telle intensité!! Je recommande vivement ce roman. Merci à l'auteure Elisa Sebbel de m'avoir donné l'opportunité de découvrir ce chef d'oeuvre!! Véritable coup de coeur!!
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Jamais facile d'aller à contrecourant d'un raz-de-marée de dithyrambes. Ce "rocher" m'avait été très chaudement recommandé, il cumulait les avis plus que positifs et c'était un roman historique, genre que j'affectionne particulièrement, donc je m'y suis attelé avec un a priori très positif.
Je l'ai lu très rapidement, et sans me forcer pour le finir, là n'est pas le problème. Ça se lit très bien, comme on lit un livre d'histoire, et pour en avoir "englouti" quelques-uns, je sais de quoi je parle.
Elisa Sebbel sait elle aussi de quoi elle parle, c'est indéniable. Elle maîtrise son sujet sur le bout des doigts, ça ne fait pas l'ombre d'un doute : elle est documentée, experte même, et c'est quelque chose que j'apprécie particulièrement dans un roman historique. Qui plus est, l'auteure avait saisi là un fait méconnu, tiré d'une époque pas toujours très exploitée dans la littérature, et le potentiel romanesque de cette histoire de débris d'armée vaincue et abandonnés à leur sort sur une île était très élevé.
Alors me dira-t-on, où est le problème ?
Eh bien, il est sur tout ce qui n'est pas L Histoire, justement. Autant sur ses aspects historiques et documentaires, ce livre est irréprochable, autant sur le plan "fictionnel", je suis resté à la porte. D'abord diffus, le sentiment s'est développé tout au long de la lecture que cela ressemblait bien plus à une chronique historique qu'à un roman historique.
Il n'y a qu'à voir par exemple le recours massif à l'imparfait et au plus-que-parfait plutôt qu'au passé-simple, cela saute aux yeux. Or, l'imparfait nous dit ce qui était, le plus-que-parfait nous dit ce qui avait été : ils expriment des faits, des réalités, là où le passé-simple, le temps des rebondissements par excellence, nous dit typiquement "ce qui se produisit soudain".
Sauf que quand il se passait quelque chose, je l'avais souvent deviné dès les premiers mots de la phrase.
De même, les dialogues, qui ont pour fonction de mettre du rythme dans le récit, sont peu nombreux. Quand il y en a, ils sont souvent convenus, voire peu crédibles.
Quand il se passe quelque chose avec un gros potentiel dramatique (un exemple parmi tant d'autres : la mort de l'âne Robinson), l'évènement est souvent éludé en un paragraphe, parfois même en une phrase. L'auteure ne veut pas s'y attarder, elle passe à la suite de son récit... et c'est la frustration.
Les personnages ne sont pas mauvais en soi, mais ils sont souvent survolés, tout particulièrement les relations entre eux. On voit très peu de rivalité, de jalousie, de haine, de violence, d'égoïsme... ils sont tous étonnamment solidaires, finalement, vu ce à quoi ils sont confrontés. Connaissant l'Homme, cela sonne étrangement.
(Aparté : j'ai été agacé par les scènes explicites, et par le vocabulaire employé. Là, je confesse qu'il s'agit de quelque chose de très personnel : j'ai très peu de goût pour la romance, et aucun goût pour la littérature érotique.)
Au final, tout cela (en-dehors de l'aparté) créé une distanciation entre l'auteure et son récit, qui reste assez "froid", déclenche peu ou pas d'émotion, assez peu d'empathie envers les personnages. Un contexte historique parfaitement maîtrisé, mais dont l'auteure n'aura finalement pas réussi à s'affranchir, donnant lieu à un roman ressemblant trop à une chronique.
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Un roman historique…
Quand Elisa Sebbel m'a proposé ce roman, je me suis interrogée sur l'époque dans laquelle elle ancrait son récit. L'époque et donc, le fait historique. Je dus bien me rendre à l'évidence que je n'y connaissais rien. Elisa Sebbel nous plonge au coeur de l'île de Cabrera au XIXè siècle. Ce nom ne vous dit rien ? À moi non plus, alors que cet événement revêt une importance capitale pour la France, puisque ce sont des milliers et des milliers de soldats, marins, femmes et même enfants, qui y ont été abandonnés. Un camp de prisonniers créé par les Espagnols. Fort de faits avérés, de références bien menées, et même de documents historiques, le Rocher est un un récit prenant et immersif. le fabuleux travail de recherche de l'auteur est à souligner, surligner oserai-je même, et je suis admirative. le rendu est à l'image du travail effectué : il est grandiose !

Une douce romance…
Ce roman nous expose donc la vie des nouveaux habitants de ce rocher, leur quotidien, à quoi ils sont confrontés. Un peu leur routine quotidienne, finalement. Ainsi, saupoudrée d'une pointe d'action tout de même, cette histoire nous propulse dans une douce léthargie contemplative, tant et si bien qu'on en oublie le monde extérieur, nous laissant voguer au rythme de l'intrigue. Et, tout en élégance, se dessine en arrière plan, une romance douce-amère. Angélique, belle jeune femme, se retrouve veuve et seule. Pour la protéger, on lui trouve un mari. Henri. Ce qu'elle éprouve pour lui est fort, mais est-ce vraiment de l'amour ? Puis, de nouveaux malades sont amenés sur l'île, parmi eux : Louis. Louis est beau. Et il provoque de drôles de sensations chez Angélique. C'est donc une jolie histoire d'amour, à la fois subtile, triste et magnifique.

La place des femmes…
Je vous disais un peu plus haut qu'Angélique avait dû se remarier, pour ne plus être seule. Pourquoi ? Parce que sur l'île, les femmes sont très peu nombreuses, trop peu. Et des dérives peuvent découler de cet état de fait. Des dérives qui ont d'ailleurs déjà eu lieu et qui marquent un tournant dans le roman. On prend alors conscience du danger auquel les femmes sont exposées, de leur besoin d'être protégées. Ainsi, tout au long du récit, on nous expose la place des femmes dans cette nouvelle société. Ce qui leur arrive quand elles n'ont pas trouvé de mari attentif et honnête. Les femmes redeviennent des marchandises, des esclaves. Cet aspect du roman d'Elisa Sebbel est parfaitement amené, et particulièrement intéressant.

L'écriture…
Je m'attarde pour terminer sur le style de l'auteur. J'ai remarqué les longues phrases, construites et fluides, entraînant une contemplation encore plus accrue de la plume de l'auteur. C'est propre, limpide. Je comparerai ce phrasé à l'écoulement tranquille d'un ruisseau, que l'on suit doucement des yeux. Je n'ai relevé ni fautes d'orthographe, ni répétitions. Ainsi, en plus d'un travail historique richement mené, Elisa Sebbel nous offre un roman de qualité, émouvant et élégant.
Lien : https://leshistoiresdameliae..
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Elisa Sebbel nous offre un récit poignant, criant de vérité basée sur des faits historiques avérés, capable de chambouler, de faire pleurer et sourire. L'angoisse est au rendez-vous autant que l'appréciation de petites scènes simples, mais synonymes de tant d'allégresse pour ses personnages.

Avant toute chose, avant même votre lecture, je (oui « je ») vous conseille de jeter un oeil à la bibliographie et galerie disponible à la fin de l'ouvrage. J'ai regretté de ne pas l'avoir fait avant, malgré les guidances d'Elisa dans son prologue. Cela m'aurait permis une meilleure immersion et des supports à mon imaginaire, sans compter que c'est une grande richesse. Quittons à présent le « je » …

Elisa Sebbel parvient à dépeindre la vie après l'arrivée de tous ces soldats, marins, officiers et vivandières sur cette île de Cabréra avec une dureté curieusement tendre. C'est là tout le talent que l'on peut souligner : une qualité d'écriture indéniable au service d'une poésie relatant des conditions inhumaines, intolérables à nos jours – et pourtant encore si vraies, quelque part dans ce monde – avec finesse, passion, investissement. L'éloquence littéraire est si agréable, si accessible à la fois si soignée et soutenue ! Cette poésie dans les mots correspond bien au caractère d'Angélique qui tente de se raccrocher au moindre bonheur, au moindre rayon de lumière à travers un ciel obscurci.





Son travail de recherches est digne de respect, sans compter que l'autrice réussit à nous inculquer de l'Histoire, des anecdotes, des moeurs avec une pédagogie au récit romancé avec classe. Peu de longueurs, jamais une page sans intérêt. Tout y est.

Quant aux personnages, ils sont humains dans leur déshumanisation. C'est bouleversant, aidé par les backgrounds travaillés que leur confère Elisa. Aucun de ceux qui sont mis en avant ne sont laissé pour compte, et ont chacun leur propre passif et devenir, caractère, profondeur. Il est possible de s'identifier à au moins un protagoniste.





Elisa ne nous présente pas non plus une simple narration traitant de l'internement sur Cabréra. Elle soulève des interrogations, des morales (ou des immoralités) sur lesquelles nous pouvons nous poser et réfléchir. Qu'aurions-nous fait, nous ? Aurions-nous abandonné ? Nous serions-nous raccrochés à la vie ? Dans cette situation-là, quelle aurait été mon alternative ?
Si nous commettons un tel acte, sommes-nous bons… ou mauvais ?
Pouvons-nous parler de manichéisme lorsqu'il est question de survie ?





À côté de cela, madame Sebbel met en lumière la condition féminine à cette époque, exacerbée par le mode de vie sur ce fameux rocher. Des situations qui nous soulèvent le coeur, contractent l'estomac, nous fait grimacer… et d'autres qui nous rassurent, nous font soupirer de soulagement.

Difficile de ne pas verser une petite larmichette à défaut de sangloter à la lecture de certains passages. Les émotions sont vivaces, limpides.

En réalité, Elisa Sebbel a réussi un coup de maître : son roman n'est pas un témoignage ou une fiction basée sur des faits historiques, un pan de notre Histoire oublié. C'est l'Humain que l'on découvre au travers de ses pages.
Et ça, c'est beau.

Tout est bien dosé, pas de pathos inutile. La romance ne prend pas le pas sur le reste et est agréable, loin d'être niaiseuse. Les relations et explications un peu plus poussées, narration romancée, sont équilibrées.

Elisa Sebbel est une orfèvre. Ce livre est un somptueux bijou avec pour écrin une superbe écriture.

Bravo pour toutes ces recherches. Ce travail faramineux.
Bravo pour cette scénarisation au service de l'Histoire sans la dénaturer.
Bravo à l'autrice.
Lien : http://surlesailesdunlivre.f..
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Tous les faits historiques de ce roman sont réels. Il s'agit d'un roman à la fois historique très bien documenté, uns histoire romanesque pleine de passion, d'amour et d'amitié, et une fiction.

Ce 5 mai 1809, Angélique, vingt femmes et cinq mille soldats faits prisonniers lors de la bataille de Baylen, opposant les troupes napoléoniennes aux Espagnols. Ce sera une défaite pour l'Empereur. Ces prisonniers seront débarqués sur l'île de Cabrera, Toute petite et désertique, sur laquelle il ne trouveront qu'un fort en ruines, une unique source d'eau potable, et un âne qui leur sera très utile. Quand ils atteignent ce bout de rocher, après une traversée meurtrière du fait des conditions hygiéniques impossibles et du manque de nourriture, Angélique a perdu son mari. Celui-ci n'a pas supporté les conditions de ce voyage.

Alors franchement, les romans historiques et les histoires d'amour, ce n'est pas du tout du tout mon truc. Mais ce roman-ci…. Ca se lit tout seul. le style est agréable, fluide, prenant. Ce n'est pas qu'un roman historique et un roman d'amour. C'est bien plus que cela. J'ai découvert une page d'histoire que j'ignorais totalement, et déjà rien que pour ça, c'est top. La partie historique, le quotidien de ces hommes et femmes sur leur bout de rocher, est très bien documenté. C'est captivant.

Et puis, il y a ces personnages auxquels on s'attache très vite. Angélique, notre héroïne, qui après avoir perdu son amour, va être agressée (21 femmes, 5000 hommes…). Pour se prémunir des convoitises, elle va alors chercher la protection de Henri, chirurgien gradé, qui devient son compagnon sur l'île et qui va de ce fait la protéger. Avec l'aide aussi de quelques amis. Il y a Henri, Victor, Louis, Marie qui a accouché de jumeaux sur cette île aride … Toutes les jeunes femmes débarquées à Cabréra n'auront pas la « chance » d'Angélique. Les régiments se répartissent le terrain, le quotidien s'organise, qu'ils tentent comme ils peuvent d'agrémenter un peu.

J'ai adoré vivre avec Angélique sa captivité, ses doutes, ses espoirs, les moments de bonheur, la détresse parfois, l'amitié si forte qui les lient tous, les sentiments et les émotions étant forcément exacerbés par l'isolement et leurs difficiles conditions de survie.

Je remercie chaleureusement Elisa Sebbel de m'avoir permis de découvrir son univers. La fin laissant une porte ouverte, j'espère vivement lire la suite de leurs aventures.

Lien : https://lyseelivres.wordpres..
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Élisa Sebbel, nous transporte au coeur de l'histoire sous Napoléon 1er et du quotidien de la vie de ses hommes et ses femmes qui ont été déposer sur l'ile de Cabréra.

Nous allons donc suivre Angélique durant cette période historique où d'ailleurs nous parlons du premier camp de concentration européen tellement les conditions de survie y sont horribles. Comment arriver a survivre a travers cet enfer et la mort qui l entoure au quotidien.

Angélique est une jeune femme battante, passionnée indépendante et pleine d'espoir !!!! Nous suivrons ces déboires amoureux malgré les conditions de vie et savoir ce qu'elle choisira : la raison ou le coeur ??? Henri ou Louis ? Arriverons t il a survivre à cet ile , isolé de tout ? aurons t il un avenir plus serein ?

J'ai adoré ce roman et pourtant je ne lis jamais de roman historique car je trouve cela trop complexe et ca m à toujours un peu freiner . Mais L'auteur à réussit a me faire aimer ce genre de littérature et je pense maintenant en lire d'autres et même j avoue avoir hâte de lire un nouveau roman de cette auteur .

Il faut également savoir qu' Élisa Sebbel sait très bien ce qu'elle écrit vu qu'elle a un doctorat de littérature et enseigne l'histoire. du coup , c est la force de ce roman car tout est vraiment juste et il n'y a pas de fausses notes . Elle y a incorporer de la romance et à bon escient , sans en abuser ni tourner ce roman comme un simple roman à l eau de rose .

J ai été happer par son écrit du début a la fin . C est un roman qui se lit facilement et qui j en suis sur sera votre coup de coeur du moment par sa dureté des faits que l'on ne connait pas forcement finalement. Par la plume de l auteur qui est vraiment fluide et très très bien écrit pour un premier roman.

Si vous avez envie d'histoire, de romance , le tout écrit avec une justesse incroyable allez y procurer vous son roman, vous ne serez pas déçu.
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