... l'amour qui vient du coeur consiste à aimer quelqu'un en dépit et en raison de ses limites.
« Le combat des femmes qui écrivent consiste davantage à se libérer de ce qui entrave leurs pensées que des limites imposées par leur liberté de mouvement. » (p. 350)
A mesure que les portes se fermaient autour de moi, mon cœur s'ouvrait de plus en plus
Je ne vis pas pas davantage entrer le palanquin qui devait me conduire dans la demeure de mon mari. De sombres pensées commencèrent à s'insinuer en moi, proliférant comme une vigne folle. Avec une tristesse infinie et un désespoir glacé, je compris que je n'allais pas être emmenée chez Ren. Selon la coutume relative aux filles qui sont dans l'incapacité de se marier, ma famille m'avait déposée ici dans l'attente de ma mort.
Le caractère qui signifie ''amour maternel'' est composé de deux éléments : l'''amour'' et la ''souffrance''. J'avais toujours cru que cela correspondait au sentiment que les filles éprouvent à l'égard le leurs mères, quand celles-ci leur infligent ces terribles douleurs au moment du bandage. Mais en voyant les larmes de ma deuxième tante et le courage que manifestait ma mère, je compris que cette souffrance était d'abord la leur. Une mère ne cesse de souffrir : en mettant sa fille au monde, en lui bandant les pieds et en lui disant adieu alors qu'elle la quitte pour aller se marier.
« J'adorais les livres. J'aimais les soupeser entre mes mains, sentir l'odeur de l'encre, le contact du papier de riz... Ne plie pas les coins pour marquer tes pages, me rappela mon père. Ne gratte pas les caractères avec tes ongles. N'humecte pas tes doigts avant de tourner les pages. Et ne te sers jamais d'un livre comme oreiller. »
"Tout ce qui est inapaisé finit par émettre un cri"
J'avais la nostalgie de la propriété de la famille Chen. L'odeur du gingembre, du thé vert, du jasmin me manquait - tout comme celle de la pluie d'été. Après avoir perdu l'appétit pendant de si nombreux mois j'avais brusquement envie de racines de lotus braisées à la sauce de soja, de canard laqué, de crevettes translucides et de crabes du lac. Je regrettais le chant des rossignols, les conversations des femmes dans les appartements intérieurs, le clapotis des vagues qui venaient mourir sur la berge. Je regrettais le contact de la soie sur ma peau et la douceur de la brise qui passait par ma fenêtre ouverte. Je regrettais l'odeur de l'encre et du papier et les livres dans lesquels je me plongeais pour accéder à un autre monde. Mais par-dessus tout, je regrettais ma famille.
Les hommes sont tellement sûrs d'eux-mêmes... Ils croient sincèrement pouvoir changer les choses par la seule vertu de leurs paroles.
« Les filles doivent être aussi délicates que des fleurs. Il importe qu’elles marchent avec élégance et se balancent avec la grâce d’un lys : c’est ainsi qu’elles deviennent plus précieuses que des joyaux. » (p. 82