Je n'ai jamais été une lève-tôt, mais j'essaye de me réveiller à l'heure pour être la première à la douche et avoir droit à un peu d'eau chaude. Après ça, une cloche annonce le petit déjeuner. Puis le déjeuner. Et le dîner... Les autres me rebattent les oreilles avec la beauté du paysage - la silhouette d'un cactus qui se détache sur le ciel au crépuscule, l'aspect des fleurs après une averse, les rouges changeants du sable, l'éclat des étoiles dans les nuits sans lumière. Et blablabla... Je sais qu'ils essayent de voir le verre à moitié plein, mais franchement la chaleur leur monte à la tête ! Je préfèrerai toujours à tout ça les flutes de champagne et la lumière des projecteurs. Toutes ces choses qui étaient ma vie et qu'on m'a volées.
Je baissai les yeux sur l'album de famille composé par mon père, conscience de tout le soin et l'énergie qu'il y avait mis et je sus alors que je ne serai jamais capable de le comprendre, lui, sa vie, ses choix, sa honte. Quelles que soient les explications que ma mère me donnerait, mon père serait toujours celui qui me rouait de coups.