Les stéréotypes au sujet des Chinoises étaient usants... et tellement rebattus.
Ce n'était pas un repas particulièrement extraordinaire - juste des plats cuisinés maison - mais le bruit des baguettes qui s'entrechoquaient contre les parois des bols de riz, du thé que l'on aspirait bruyamment, des os et des fragments non comestibles que l'on recrachait firent monter en moi une joie intense.
Le circuit Chop-Suey était une possibilité que je n'avais pas envisagée. Les artistes juifs parcouraient la ceinture du Borscht dans le Nord de l'état de New-York, se produisant des les hôtels et les centres de villégiature l'été.Les Noirs avaient le circuit Chitlin', et ils sillonnaient les routes en direction du Sud au rythme du blues, jouant dans les cabarets et les salles de bal. Nous, les Chinois, avions le circuit Chop-Suey. Des cabarets dans tous le pays - des établissements grand public - nous invitaient, en tant que Untel chinois ou Untelle pour y présenter nos numéros.
Afin de se distraire, ces femmes avaient pour habitude d'attraper des grillons et de les mettre dans des cages qu'elles installaient près de leurs oreillers. Leur chant - un son envoûtant, qui faisait résonner jusqu'aux cieux l'écho de leur solitude - n'évoquait pas seulement leur propre sort d'insecte mais aussi celui des femmes entretenues, aussi impuissantes les unes que les autres, dans cette cage qu'était pour elle le palais.
Nous achetâmes des vêtements en laine, coton et rayonne parce que ces matières étaient fabriquées en Amérique. Non seulement la quantité et la variété des tissus avaient été drastiquement diminués pour contribuer à l'effort de guerre, mais la gamme des couleurs avait elle aussi été rėduite, car les produits chimiques utilisés pour la teinture étaient maintenant exploités à des fins militaires.
Il écrivit au ministère public du Nevada pour demander s'il pouvait y épouser une Asiatique et reçut en réponse une lettre rejetant sa demande au motif qu'il était interdit å tout caucasien "de se marier avec toute personne de races éthiopienne ou noire, malaise ou brune ou bien mongole ou jaune".
- Il a l'air parfait, dit Ruby.
- Il l'était. Nous étions comme une paire de baguettes - toujours en harmonie. Je m'attendais à ce que cela continue comme ça pour toujours, même si des jours maigres devaient arriver. Nous étions tellement heureux. Mais vous savez ce qu'on dit : la joie intense engendre le chagrin."
Les stéréotypes au sujet des Chinoises étaient usants...et tellement rebattus. Je virevoltai jusqu'a la table d'après où d'autres paroles me parvinrent aux oreilles :
"Si tu t'approches trop, elles te refileront une maladie. Tu en as déjà vu de près ? Il paraît que leurs parties intimes sont complètement différentes, comme leurs yeux.
- Tu veux dire que c'est ėtiré dans l'autre sens, à l'horizontale plutôt qu'à la verticale ?"
…, je me laissai aller, oubliant que croire en ses rêves signifiait passer la moitié de sa vie endormie
Est-ce que tu as vu les photos du débarquement en Normandie dans le journal ? Les hommes en train de patauger dans l'eau pour rejoindre le rivage... Ces images m'ont fait peur. Je sais que ça n'a rien à voir, mais ça me rappelle ce qui m'est arrivé dans la rizière. Quand je vois ces photos, j'entends la mort résonner à mes oreilles. Et l'eau... je m'en souviens si précisément... Le froid et la terreur qui m'envahissent... Le bruit du remous... Mon beau-père qui flotte la tête dans l'eau... Quand je pense à Eddie dans ce...